ALL STAR WRESTLING #42

ALL STAR WRESTLING #42

26/05/1979

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Sorti de la caméra de Ridley Scott, un nouveau monstre apparaît dans les salles obscures. Alien s’empare de l’équipage du vaisseau Nostromo et des craintes des spectateurs, redéfinissant au passage le genre science-fiction et entrant immédiatement dans l’imaginaire collectif de la pop-culture.

Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous présentent ce programme d’une heure de catch étiquetée All Star Wrestling. Gary Cappetta s’occupe des traditionnelles présentations et précise que le catch proposé ce soir est sous la juridiction de la Commission d’État, représentée sur place par Nick Santoro. Dr. John Woods est en compagnie de Mike Mittman à la cloche tandis que nos arbitres seront ce soir Gilberto Roman, John Stanley, Mario Savoldi et Dick Woehrle.


MATCH 1 : PAT PATTERSON W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS BOBBY FULTON (04:31)

VAINQUEUR : PAT PATTERSON

PRISE DE FINITION : BOMBS AWAY

APPRÉCIATION : SOLIDE EXPOSITION DES CAPACITÉS DE PAT PATTERSON


Pierre Clermont, qu’on connaît davantage en tant que Pat Patterson, effectue ce soir ses débuts à All Star Wrestling. Effectuant ses premiers pas sur les rings de Montréal, ce catcheur franco-canadien connut un premier parcours sur la côte Ouest des territoires du côté de Big Time Wrestling et de la Pacific Northwest Wrestling entre 1965 et 1977. Après un an passé à la American Wrestling Association, Patterson s’exporte au territoire de New York et signe à la World Wrestling Federation. Son passage à la côte Est sera définitif, Patterson restant ensuite fidèle à la famille McMahon. Accompagné du Grand Wizard of Wrestling, Patterson se mesure ce soir à un certain Bobby Fulton, âgé de 18 ans au moment des faits. Fulton ira rencontrer du succès et forger sa carrière sur différents territoires au cours des années 1980.

Pat Patterson

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

À cette époque cantonné à un rôle de jobber, Fulton se fait malmener par un Patterson mordant. Emprunt de l’esprit « French-Canadien Wrestling », un mélange de rudesse et d’agressivité, Patterson sait également s’imposer par la technique. Étranglé sur la seconde corde, Fulton se fait écraser de tout le poids de Patterson. Quelques enfourchements précèdent une descente du genou du haut des cordes, qui permet au québécois de s’arroger une première victoire pour sa première apparition.


– Directement après son match, Patterson est questionné par Sammartino à propos des trente ceintures qu’il aurait apparemment remporté. Le principal intéressé réplique en clamant que Bruno et lui sont de bons catcheurs mais que lui-même est encore supérieur. Patterson termine en disant que s’il a mis tout ce temps à signer ici, c’est parce qu’on ne lui proposait pas suffisamment d’argent ! Patterson fut le premier détenteur officiel de la ceinture Intercontinentale en 1979 et fut en action jusqu’en 1984 et sa retraite des rings. Toutefois, Patterson sut s’impliquer en coulisses et devint l’un des plus proches conseillers de Vince McMahon. Dave Meltzer du Wrestling Observer Newsletter, écrit à son sujet : « Vince McMahon’s right-hand man » and « one of the chief architects of the WWE, playing an integral role in helping it become a global phenomenon ». Également créateur du concept du Royal Rumble Match, Patterson fut intronisé au Hall of Fame de la WWE en 1996 et au Professionnal Wrestling Hall of Fame en 2006.


MATCH 2 : TITO SANTANA VS FRANK « MOOSE » MONROE (06:07)

VAINQUEUR : TITO SANTANA

PRISE DE FINITION : STANDING DROPKICK

INDICATEUR : **


Une semaine suivant ses débuts sur cette même antenne, Tito Santana est ce soir sur le ring face au robuste Frank « Moose » Monroe, originaire du Canada. Monroe a également catché pour la World Wrestling Council de Porto Rico et pour la All Japan Pro Wrestling de Tokyo au Japon. Opposition de styles et de gabarits tout à fait marquée qui a tout le potentiel d’offrir une confrontation intéressante.

Commençant par quelques prises de contact, Tito résiste malgré sa différence de carrure et tient tête au large canadien. Moose reste fidèle à ses tactiques habituelles, sans doute héritées de ses associations avec Mikel Scicluna ou George Steele, utilisant un objet illicite qu’il enfonce dans la gorge de Santana. Ce dernier réplique avec un saut chassé qui voit l’imposant Moose retomber et s’entremêler dans les cordes. Pour autant, Monroe s’en sort et étire Santana, lui maintenant fermement les bras en arrière, le pied enfoncé dans ses omoplates. Santana décide d’y aller façon brute et envoie des coups de poing, suivi d’un sacré uppercut. Sans doute quelque peu groggy, Monroe succombe à un saut chassé et ne parvient pas à se dégager du compte de l’arbitre.


– Haletant, Santana accepte de répondre à quelques questions au microphone de McMahon. Tito mentionne son entraînement régulier et son parcours en football américain. Vince signale à Tito son tempérament parfois sanguin, ce à quoi ce dernier reconnaît qu’il agit souvent dans le feu de l’action. Santana termine en disant qu’il a perfectionné son catch et plus particulièrement son saut chassé, plus que n’importe quel autre athlète.


MATCH 3 : DICK « BULLDOG » BROWER VS STEVE KING (04:57)

VAINQUEUR : DICK BROWER

PRISE DE FINITION : POWERSLAM

APPRÉCIATION : BROWER FAIT DU BROWER ET CELA FONCTIONNE TOUJOURS


On le surnomme « One Man Riot Squad » en raison de son tempérament agressif et de sa brutalité notoire. Dick « Bulldog » Brower est à près de cinquante ans, une menace de premier rang et s’oppose ce soir à Steve King, annoncé de Panama City au Panama, pourtant d’origine portoricaine. On remarque l’absence du Captain’ Lou Albano et de son sifflet, une récurrence des matches du Bulldog.

Ce pauvre King se fait traiter comme un sac de frappe par Brower. Entre une série de coups de pied ou de poing, ce dernier mord, griffe et nous gratifie d’expressions faciales plus terrifiantes les unes des autres. Envoyé à l’extérieur du ring, King se prend un coup de chaise dans le dos, l’arbitre laissant impuni ce geste pourtant interdit. De retour, King tente un vain retour mais se fait éclater au sol par un Powerslam autoritaire, voyant Brower remporter cette punition de cinq longues minutes.


MATCH 4 : THE GREAT HUSSEIN ARAB OF IRAN W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS JOSÉ ESTRADA (04:06)

VAINQUEUR : THE GREAT HUSSEIN

PRISE DE FINITION : COUP DE PIED AU VISAGE

APPRÉCIATION : SUPERBE DÉMONSTRATION DU CATCH DE HUSSEIN


Cette fois-ci accompagné du Grand Wizard of Wrestling qui remplace à priori un « Classy » Freddie Blassie en vacances, The Great Hussein of Iran nous offre de prime abord une démonstration de force en jonglant avec ses poids persans. C’est José Estrada, récemment passé du côté des bons gars, qui s’oppose ce soir au maître des souplesses.

Une distraction fortuite du Wizard permet à Hussein d’attaquer Estrada de dos. S’ensuit alors une véritable exhibition du catch de l’iranien où cinq variations de souplesses se succèdent. On retrouve une Gutwrench, une Butterfly et une German Suplex particulièrement brutale. Hussein reste dans son personnage d’étranger détesté et l’emporte en utilisant la corne de sa botte comme une arme. Au microphone, Hussein s’emballe et part dans une tirade dans sa langue natale à l’encontre de Bob Backlund et d’une pléthore d’autres challengers.


MATCH 5 : TED DIBIASE & STEVE TRAVIS VS BARON MIKEL SCICLUNA & JOHNNY RODZ (07:14)

VAINQUEURS : TED DIBIASE ET STEVE TRAVIS

PRISE DE FINITION : ELBOW SMASH

INDICATEUR : ** ½


Pour ce dernier combat, on reprends les codes du catch à plusieurs, un schéma qui fonctionne toujours, en particulier à cette époque. Ted DiBiase et Steve Travis s’allient à nouveau, ce tandem s’étant déjà illustré lors d’un récent épisode d’All Star Wrestling. Ce duo de choc s’oppose ce soir à l’association du Baron Mikel Scicluna, originaire de l’île de Malte et de « Unpredictable » Johnny Rodz, un catcheur malheureusement souvent relégué à un rang inférieur à son talent.

En entrée de jeu, Scicluna tente de garder Travis au sol, se ralliant à ses techniques de « Mat Wrestling ». Profitant d’une bonne cohésion et de tags fréquents, Rodz et Scicluna parviennent à isoler Travis de son partenaire. Chaud bouillant, Ted DiBiase entre enfin et part se battre avec Scicluna à l’extérieur du ring. De nouveau en action, Travis peine face au catch aérien de Johnny Rodz et subit un brise-dos à la Billy Robinson. Sur un nouveau hot tag plein d’énergie, DiBiase fait le ménage et envoie Rodz s’éclater en surpassement. Envoyé au sol avec un coup de coude, DiBiase l’emporte avec un Elbow Smash qui suffit pour le compte de trois. Travis et DiBiase s’alignent désormais de fait comme challengers potentiels aux ceintures des Valiant Brothers.


Sur une plutôt bonne lignée, ce All Star Wrestling est pertinent à bien des égards. La construction de heels crédibles tels que « Bulldog » Brower ou The Great Hussein est plutôt maîtrisée, chacun ressortant de son match respectif en portant une image menaçante et imposante. Sur la scène Tag Team, Steve Travis et Ted DiBiase confirment l’hypothèse selon laquelle ils pourraient former au plus ou moins long terme d’éventuels prétendants à l’or des Valiant Brothers, ce soir d’ailleurs notablement absents. En solo, Tito Santana s’affirme comme un athlète à surveiller de près. Encore trop frais pour prétendre à de plus grosses opportunités, sa construction est pour le moins intéressante. Santana pourrait toutefois être un opposant sérieux à la ceinture nord-américaine de Ted DiBiase dans ce qui pourrait donner de formidables oppositions. Le point notable de cet épisode est toutefois le premier match de Pat Patterson, qui à près de quarante ans, débarque dans ce nouveau territoire. Patterson s’ajoute à une écurie déjà plutôt impressionnante et bien rafraîchie en ce milieu d’année 1979. La suite, on la connaît, c’est la naissance d’une certaine ceinture Intercontinentale.

Nathan Maingneur

Les commentaires sont fermés