ALL STAR WRESTLING #110

ALL STAR WRESTLING #110

07/03/1981

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon est notre unique hôte et précise à nouveau que Pat Patterson compte le rejoindre en cours d’émission. McMahon nous présente la carte de ce All Star Wrestling et met particulièrement l’accent sur le Cobra Clutch Challenge du Sgt. Slaughter. 

Gary Cappetta s’occupe des introductions sérotinales et stipule que l’heure de catch proposée ce soir est placé sous l’étroite juridiction et contrôle de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée sur place par Bill Longo. Dr. John Woods siège alors en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres seront ce soir Gilberto Roman, John Stanley et Dick Woehrle. 


MATCH 1 : THE HANGMAN W/FREDDIE BLASSIE VS S.D JONES (10:00)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : TIME LIMIT

INDICATEUR : * ½


Pleinement de retour sur ce programme, The Hangman fait partie intégrante de la Blassie Army. Le bourreau des rings porte toujours son mortifère nœud coulant et inspire crainte et méfiance auprès du public et de ses adversaires. Supposément invaincu lors de tournois de catch en Europe, celui-ci est en réalité originaire du Québec et a longtemps combattu au Japon et à la Stampede Wrestling de Calgary. Son antagoniste est également sur le retour en ce début d’année 1981 et semble sur une pente ascendante. S.D Jones, qu’on surnomme « Philadelphia’s Favorite Son », se tient sur le ring et apparaît en plutôt bonne forme physique. 

Jones comme le bourreau restent sur leurs gardes et paraissent quelque peu réticents à l’idée d’engager le combat. En effet, l’un comme l’un autre pourrait très rapidement prendre l’avantage. Et c’est ce que fait S.D en ce début de rencontre. Pourtant pas né de la dernière pluie, The Hangman écrase la tête de Jones dans le coin, sans comprendre que ce dernier est pour le moins insensible à ce genre d’offenses. Certaines phases sont plutôt longues et révèlent une construction de match qui indique qu’on se dirige vers un match nul. The Hangman s’affirme alors grâce à la brutalité de ses coups et immobilise S.D au sol avec une clé de bras. Celui-ci subit alors cette douloureuse élongation de l’épaule et souffre de longues minutes durant. Jones jouit de l’appui du public d’Hamburg et s’en sort pour se redonner du poil de la bête. S.D se relève et s’en sort, envoyant ses droites et ses gauches comme lui seul sait les envoyer. Jones déroule ses coups de tête tandis que The Hangman répond avec de gros coups de poing. La cloche sonne alors, signe que le temps réglementaire de la rencontre s’est écoulé. Malgré l’animosité persistante et l’envie d’en remettre une couche, la décision de l’arbitre Dick Woehrle est claire. Il s’agit d’un match nul.


MATCH 2 : « THE MAGNIFICENT » DON MURACO W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS PETE MITCHELL (03:18)

VAINQUEUR : DON MURACO

PRISE DE FINITION : THUMB TO THE THROAT

APPRÉCIATION : MURACO EXCELLE DANS SON RÔLE


Fort de très bons débuts lors de la précédente émission, Don Muraco est emmené au ring par « The Manager of Champions » en la personne du Grand Wizard of Wrestling. S’amenant au ring sous les sifflets de la foule du Fieldhouse, celui qu’on surnomme « The Magnificent M » est déjà détesté. Surfant sur les récifs de Sunset Beach à ses heures perdues, Muraco compte coûte que coûte s’imposer sur les rings de catch nord-américains. Son défi du soir se nomme Pete Mitchell, catcheur barbu et moustachu. À priori originaire de New York City, Mitchell catchait de 1980 à 1984. 

Aussi charismatique qu’efficace, Muraco assoit sa dominance et en impose grâce à son catch acéré. « The Magnificent One » nous offre à nouveau des prises qu’on ne voyait pas souvent sur ce territoire. Ainsi se succèdent donc Gutwrench Suplex et autres belles manœuvres sorties de son répertoire. Mitchell apparaît « greener than grass » et affiche un selling déplorable. Muraco n’en a cure et l’emporte en un peu plus de trois minutes en enfonçant son pouce dans la gorge de son antagoniste. Don Muraco s’offre ainsi une victoire de plus et continue de faire forte impression. 


MATCH 3 : YOSHIAKI YATSU VS FRANK SAVAGE (06:45)

VAINQUEUR : YOSHIAKI YATSU

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

APPRÉCIATION : ÉTRANGE ET PLUTÔT DÉCONCERTANT


Alors qu’on s’était habitués à ce que le troisième segment de l’émission soit une promo en ringside, on passe désormais au troisième match d’affilée de la soirée. Frank Savage, qui ne présente aucun lien de parenté avec le futur « Macho Man » Randy Savage se tient sur le ring. Originaire de Oura dans la province de Gunma au Japon, ce compétiteur japonais effectue ses premiers pas sur cette antenne. Médaillé d’or des Asian Games de Bangkok en 1978, Yoshiaki Yatsu s’est ensuite redirigé vers les rings de catch de la New Japan Pro Wrestling. Entraîné par Hiro Matsuda, Yatsu fut banni du Comité International Olympique en 1980 pour sa décision de se tourner vers le catch. 

L’affiche est très étonnante et pour le moins déconcertante. Il est rare qu’un tel athlète soit à l’affiche de la sorte. Alors qu’une rencontre de ce genre se présente d’habitude comme un squash, c’est à dire un match à sens unique, ce combat est plutôt compétitif et Savage, qui endosse pourtant le rôle du jobber, domine et garde l’avantage une grande partie de la rencontre. On sent l’important bagage sportif de Yatsu, qui ne semble pas encore très à l’aise sur un ring de catch, malgré de bonnes notions de Ground Wrestling et de Catch Wrestling. Toutefois, la sauce ne prend pas et le public reste majoritairement muet. Yatsu l’emporte ensuite en enroulant maladroitement Savage dans une sorte de petit paquet, sans que je ne sache que penser de ce match incongru. 


– Accueilli en ringside par Vince McMahon, ce sacré Freddie Blassie s’est amené avec l’un des ses protégés, en la personne de Killer Khan. Blassie annonce que Khan compte bientôt repartir en Mongolie et s’absenter de nos écrans. Vince semble amusé et ne sait cacher son sourire lorsque Blassie nous gratifie d’une blague aux antipodes de l’humour. McMahon enchaîne et s’interroge sur la nature de la coupe de cheveux de Khan, ce qui semble irriter Blassie. Ce dernier clame à nouveau que son poulain est un descendant direct de Genghis Khan, un argument de vente totalement absurde. Vince rend l’antenne et conclut cette interview plutôt cocasse.  

– On se rend désormais au Agricultural Hall d’Allentown pour une récente édition du Cobra Clutch Challenge. Sur le ring, Black Demon se tient assis et s’apprête à relever le défi du sergent. Ce dernier effectue alors son entrée et reçoit une pluie de sifflets. Et alors que Slaughter entourait la tête du Demon, celui-ci a préféré jeter l’éponge et repartir au vestiaire. Le sergent repart donc et croise la route de Pat Patterson. Lassé d’être sans cesse provoqué et insulté, Patterson tombe le veston et accepte de se mesurer au Cobra Clutch de Slaughter ! La foule est en délire et la scène est totalement surréaliste. La prise est portée et Patterson se jette alors dans l’un des coins, essayant coûte que coûte de faire basculer le sergent. Le québécois montre qu’il a étudié et analysé cette redoutable prise et bataille alors pour s’en sortir. Toutefois, et malgré une lutte infatigable de son challenger, Slaughter tient bon et ne lâche rien. Porté par l’appui sans relâche d’un public chaud bouillant, Patterson passe à rien de s’en retirer, lorsque Slaughter lui décoche un sale coup de genou dans l’abdomen. Au sol, Patterson est épuisé et ne peut se retirer d’un terrible coup de chaise porté directement sur le crâne. En sang, Patterson subit à nouveau ce Cobra Clutch et ne peut cette fois-ci plus se défendre. L’arbitre est dégagé mais Dominic DeNucci et les Champions Tag Team accourent pour essayer de les séparer. Le sergent relâche son étreinte et repart alors au vestiaire sous un torrent de huées, laissant pour mort un Pat Patterson en sang et agonisant sur le ring. 


MATCH 4 : DOMINIC DENUCCI & « QUICKDRAW » RICK MCGRAW VS THE MOONDOGS W/CPT. LOU ALBANO (05:03)

VAINQUEURS : THE MOONDOGS

PRISE DE FINITION : BRISE-ÉPAULE

INDICATEUR : * ¾


On reste dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown alors que Joe McHugh reprends le cours des introductions. Dominic DeNucci s’allie encore une fois ce soir avec l’un de ses anciens partenaires et amis, en la personne de « Quickdraw » Ricky McGraw. Leurs antagonistes s’amènent au ring en portant leurs os rognés et sont toujours managés par ce filou de Lou Albano, qui ne s’arrange pas. Rex et King ont une allure aussi repoussante que terrifiante et, je pense qu’on peut le dire, une sale gueule. 

Dominic se chauffe comme à l’ancienne et semble plutôt enclin à l’idée de se frotter à ces gentils toutous. Comme souvent lors de ces matches, les chiens d’Albano sont tournés en bourrique et reprennent l’avantage grâce à des tactiques plutôt douteuses. DeNucci subit un temps les coups répétés de Rex et de King et se fait étrangler sur la corde du milieu. Distrait par la filouterie des Moondogs, l’arbitre ne notifie pas l’intervention de ce sacré Albano, toujours partant pour en rajouter une couche. Ricky entre enfin et fait le ménage en couchant Rex avec un énorme enfourchement. Le garçon de Charlotte en Caroline du Nord est ensuite pris à partie en contrebas et finit projeté dans le poteau. Un peu groggy, celui-ci subit ensuite un sale brise-dos et ne relève pas l’épaule du compte de trois. Les Moondogs s’arrogent une victoire de plus, au détriment d’une énième déception pour Ricky McGraw. 


MATCH 5 : ANGELO « KING KONG » MOSCA W/CPT. LOU ALBANO VS JOSÉ ESTRADA (02:32)

VAINQUEUR : ANGELO MOSCA

PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER 

APPRÉCIATION : MOSCA EST AUSSI ROBUSTE QUE BRUT DE DÉCOFFRAGE


On termine ce programme avec la présence d’un compétiteur que l’on surnomme « King Kong » Angelo Mosca. Seul protégé en solo du capitaine Lou Albano, Mosca a tout récemment signé sur ce territoire et ne cesse d’écraser des jobbers. Mosca s’oppose ce soir à José Estrada, qui possède en soi les outils pour s’en sortir. 

Face à l’agilité d’Estrada, Mosca joue la carte du méthodisme et le calme d’emblée avec de gros coups portés à l’ancienne. L’ancien joueur de la CFL affiche un catch brut de décoffrage qui colle à son physique robuste et endurci. Estrada n’a pas l’occasion de briller et succombe en moins de trois minutes au Canadian Backbreaker de « King Kong » Mosca. 


En date du 07 mars 1981, ce All Star Wrestling est encore une fois morcelé de toutes parts et ponctué de différents passages de Championship Wrestling. Je ne cache pas ma déception quant à l’attraction de la soirée, qui opposait ce soir S.D Jones et le bourreau des rings. Poussant la rencontre jusqu’à sa limite réglementaire, Jones et The Hangman n’ont pas su tirer profit du temps qui leur fut accordé. C’est avec plaisir qu’on revoit ce soir Don Muraco, qui a effectué des débuts remarqués lors de la précédente émission. Seul et unique protégé de Lou Albano, Angelo Mosca est un atout non-négligeable pour ce programme qui ne manque jamais de brutes épaisses. Et à cet égard, les Moondogs du capitaine étaient à l’affiche et se mesuraient une fois encore à ce tandem composé de Dominic DeNucci et de Ricky McGraw. Mettant toutes leurs chances de leur côté, ces derniers n’ont toutefois pas réussi à s’imposer face aux chiens d’Albano. C’est toujours aussi dommage pour « Quickdraw » qui a tout le potentiel d’être une tête d’affiche de haut rang. On note également les débuts d’un certain Yoshiaki Yatsu, un nom qui ne dit peut-être pas grand chose mais ce combattant était l’un des athlètes les plus en vue de son époque, notamment au Japon. Bien que son arsenal technique soit plutôt rôdé, sa place ne semble malheureusement pas sur le rings de la World Wrestling Federation. Ce All Star Wrestling fut toutefois le théâtre du point de départ de l’une des rivalités les plus sanglantes de l’histoire de la promotion. Vivement provoqué et insulté des mois durant, Pat Patterson eut l’audace de se mesurer au Cobra Clutch Challenge du Sgt. Slaughter. S’en sortant plus ou moins au terme d’un âpre bataille, Patterson perdit malgré tout au change, victime d’un coup de chaise de l’infâme Slaughter. Le sang a coulé et Pat Patterson voudra très certainement se venger d’une manière ou d’une autre. Ce véritable casus belli n’est que le début d’une guerre qui se terminera sur le ring ensanglanté du Madison Square Garden, au terme d’un Alley Fight resté dans toutes les mémoires comme l’un des matches les plus sanglants et violents de l’histoire du catch nord-américain. 

Nathan Maingneur

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