CHAMPIONSHIP WRESTLING #27

CHAMPIONSHIP WRESTLING #27

16/08/1980

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous accueillent dans l’enceinte confinée du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie, à l’occasion de cette édition de Championship Wrestling, le programme télévisé vedette de la World Wrestling Federation. Ils nous annoncent ensuite, entre autres, la présence d’Harley Race, Champion en titre de la National Wrestling Alliance.

– Vince compare alors maladroitement, dans l’objectif de construire cette fameuse rivalité entre Harley Race et Bob Backlund, plusieurs grands sportifs de cette période. Il ose dire que Race et Backlund sont les seuls grands Champions de catch d’Amérique du Nord. Et en soi, il n’a pas tort, mais cette remarque a certainement du irriter certains promoteurs et catcheurs d’autres territoires.


MATCH 1 : SGT. SLAUGHTER W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS MARC POLE (02:56)

VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER

PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH

APPRÉCIATION : TRÈS BONS DÉBUTS POUR LE SGT. SLAUGHTER


Sifflet en bouche et chapeau d’instructeur vissé sur le crâne, on reconnaît évidemment ce personnage. Fraîchement débarqué du camp d’entraînement de Parris Island en Caroline du Sud, le Sgt. Slaughter effectue ce soir ses débuts à Championship Wrestling. Flanqué du Grand Wizard of Wrestling, Slaughter a commencé sa carrière sur les rings de la NWA au milieu des années 1970. Du côté de la AWA, Slaughter catchait sous un masque, sous le nom de Super Destroyer Mark II. Le sergent s’apprête à redresser les torts d’un certain Marc Pole, jobber de la promotion.

Sgt. Slaughter

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Tout comme le sergent Hartman dans Full Metal Jacket, Slaughter humilie ce pauvre Marc Pole en l’attaquant sur son physique. Il le sèche ensuite avec de grosses manchettes qui claquent dans toute la salle. Pole est totalement impuissant, et se laisse balancer hors du ring comme un moins que rien. Slaughter enchaîne avec un marteau-pilon et en finit avec sa prise d’endormissement qu’on appelle le Cobra Clutch, un nom sans doute inspiré des Cobra Corps de l’armée américaine. Première victoire concluante pour Sgt. Slaughter, qui signe donc ici sa première apparition.


MATCH 2 : HARLEY RACE VS « QUICKDRAW » RICK MCGRAW (03:50)

VAINQUEUR : HARLEY RACE

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

APPRÉCIATION : TROP COURT POUR ÊTRE PLEINEMENT APPRÉCIÉ


Annoncé en début d’émission, le Champion du monde de la NWA nous gratifie à nouveau de sa présence cette semaine. Fier représentant de la « Ten Pounds of Gold » qu’il arbore autour de la taille, Harley Race combattait à cette période du côté de Houston et de Saint Louis, contre des adversaires tels que Dusty Rhodes ou encore Kerry Von Erich. Harley se mesure ce soir au bondissant Ricky McGraw, qui trépigne d’impatience à l’idée de croiser le fer avec le Champion incontesté.

D’emblée, Race valdingue d’un bout à l’autre du ring et nous gratifie d’un selling toujours aussi incroyable. Le Champion reprend l’avantage avec une souplesse arrière et enchaîne avec un marteau-pilon. McGraw est en difficulté, et Race dicte maintenant le rythme de la rencontre. McGraw serre les dents et se redonne du poil de la bête, mais le Champion est bien trop rusé et l’envoie contre les cordes avec une Slingshot. Harley enchaîne avec une Vertical Suplex et, à la surprise générale, il l’emporte en un peu moins de quatre minutes. Emballé, c’est pesé mais le combat aurait pu faire dix minutes de plus sans souci, ce qui est réellement dommage pour Ricky McGraw, qui aurait pu en montrer davantage.


MATCH 3 : THE HANGMAN W/FREDDIE BLASSIE VS RENÉ GOULET (02:17)

VAINQUEUR : THE HANGMAN

PRISE DE FINITION : BRISE-DOS

APPRÉCIATION : TOUJOURS TROP COURT ET POURTANT ÇA PARTAIT BIEN !


C’est un réel plaisir de retrouver « Classy » Freddie Blassie. Celui qu’on surnomme « The Hollywood Fashion Plate of Wrestling » accompagnait ce soir The Hangman, un catcheur plutôt bourru annoncé en provenance d’Europe. Arborant un personnage de bourreau, le Hangman aime en effet pendre ses adversaires avec le nœud coulant qu’il garde toujours à portée de main. Il rencontre ce soir un défi de taille, en la personne de René Goulet, qui s’est offert un solide retour en grâce en cette année 1980.

Pas de phase de contact, ils se rentrent directement dedans. Acculé dans l’un des coins, Goulet se retire in-extremis d’une charge du Hangman, qui s’encastre violemment dans le poteau. Le choc est hallucinant et le public laisse échapper un cri de stupeur. Revenu sur ses pieds, Hangman éjecte maintenant Goulet par-dessus les cordes, celui-ci s’écrasant lourdement en contrebas. Remonté tant bien que mal sur le ring, le québécois est ensuite rattrapé par le Hangman qui lui assène un sale brise-dos. L’arbitre compte et à la surprise de toutes et tous, Goulet ne se dégage pas, terminant cette rencontre d’une manière plus qu’abrupte, en à peine deux minutes.


MATCH 4 : THE FABULOUS MOOLAH & BEVERLY SHADE VS KANDI MALLOY & PEGGY LEE (09:49)

VAINQUEURS : THE FABULOUS MOOLAH & BEVERLY SHADE

PRISE DE FINITION : BACKSLIDE

INDICATEUR : * ½


C’est toujours un plaisir que de tomber sur du catch féminin de cette période. Certes, The Fabulous Moolah est toujours plus ou moins impliquée, mais essayons de ne pas négliger le sort des trois autres femmes présentes à ses côtés. Avec Moolah, nous retrouvons une certaine Beverly Shade, lutteuse qui a commencé sa carrière au début des années ’60 et qui a remporté le titre de Championne Tag Team de la NWA. Elles rencontrent un tandem de jeunes femmes, sans doute elles aussi élèves de Moolah. Il s’agit de Kandy Malloy, qui a commencé le catch en 1978, ainsi que Peggy Lee, plus connue encore sous le nom de Peggy Lee Leather, belle-sœur de Winona Littleheart qui a lancé sa carrière au début des années ’80.

Moolah & Grable

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

Les échanges sont plutôt scolaires et on sent que la salle d’entraînement, à savoir le dojo de Moolah, n’est pas très loin et qu’elles n’ont pas encore l’habitude de se produire face à une foule. Moolah est évidemment la plus expérimentée, et apparaît réellement mature dans son catch. À cet égard, Vince et Bruno discutent aux commentaires de son règne de Championne féminine dont Sammartino se moque un peu en disant qu’à chaque fois qu’il voit Moolah en action, c’est lors de matches en tag. D’ailleurs, en amont de la rencontre, Bruno ne cachait pas son sarcasme en s’exclamant qu’il avait hâte de voir Moolah, ce qui sonne évidemment faux. Sur le ring, c’est un peu brouillon, mais on retrouve quand même de bonnes phases à quatre, qui sont plutôt intéressantes. Moolah est une dure à cuire et nous le prouve lorsqu’elle envoie Peggy Sue directement dans le public. Les heels ont le match en main et jouent un jeu simple mais toujours efficace. Comme souvent lors de ces matches, l’arbitre, se laisse prendre au jeu, et finit par être bousculé, pris au piège par ces jeunes femmes. Et en un peu moins de dix minutes, Moolah l’emporte pour son équipe en esquivant un saut chassé, enchaîné avec un tombé.


MATCH 5 : TONY GAREA VS JOSÉ ESTRADA (05:13)

VAINQUEUR : TONY GAREA

PRISE DE FINITION : ABDOMINAL STRETCH

INDICATEUR : * ¾


José Estrada se tient sur le ring pour notre prochain combat. Un petit garçon essaie alors de s’approcher pour obtenir un autographe, qui lui est refusé par Estrada. Tout d’un coup, le public se lève comme un seul homme, et c’est pour accueillir un lutteur qui effectue ce soir son grand retour. Il s’agit de Tony Garea, que nous n’avons plus vu ici depuis l’année dernière. Agressé par Larry Zbyszko lors du dernier épisode, on peut imaginer que cela a contribué à précipiter son retour.

Briscard des rings, Garea arbore un catch très terre-à-terre, sans fioriture ni exubérances. À côté, Estrada est toujours aussi virevoltant et impressionnant dans son selling. Si Garea souhaitait montrer le meilleur de lui-même lors de son retour entre les cordes, Estrada est tout simplement l’adversaire parfait. Avec Tony Garea, tout est méthodique et calculé, pas un seul pas de travers dans le catch du néo-zélandais, plus mature que jamais. Au terme de près de cinq minutes d’un plutôt bon combat, c’est bien Garea qui l’emporte avec une Abdominal Stretch, de laquelle Estrada ne se sort pas. Bienvenue à nouveau !


MATCH 6 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS KID SHARKEY (02:37)

VAINQUEUR : KEN PATERA

PRISE DE FINITION : SWINGING FULL NELSON

APPRÉCIATION : SQUASH CLASSIQUE DE PATERA


On termine ce programme avec notre Champion Intercontinental Ken Patera en personne. Cheveux plus courts et humides, Patera est dans la forme de sa carrière, et reste toujours aussi détesté. Cela est sûrement dû à son association avec le diabolique Ernie Roth, plus connu sous le nom de Grand Wizard of Wrestling. Patera se frottait ce soir à un garçon du nom de Kid Sharkey, jobber de la promotion.

Agressif, Patera ne perd pas une seconde et matraque directement ce pauvre Sharkey. Le pauvre garçon ne peut rien faire et est totalement impuissant dans les mains de Patera. Il lui assène ensuite une grosse souplesse arrière, mais choisit de faire durer sa souffrance encore un peu en relevant son épaule du compte de trois. Finalement, il l’emporte grâce à sa Swinging Full Nelson, une manœuvre aussi impressionnante que dangereuse.


Semaine plutôt dense du côté de la World Wrestling Federation, à quelques jours à peine du Showdown at Shea. Tony Garea signe son retour, Sgt. Slaughter effectue ses débuts, et les femmes ont le temps d’antenne le plus élevé de la soirée, c’est tout ça et bien plus encore à Championship Wrestling.

– Pour réassurer sa position de Champion du monde, et dans l’optique d’un affrontement contre Bob Backlund, Harley Race était ce soir opposé à Ricky McGraw. L’affiche est folle et promettait de faire des étincelles. On regrette toutefois que la rencontre ait duré moins de quatre minutes, se soldant inévitablement par une défaite de McGraw, un peu abrupte à mon goût. À ce moment, pourquoi ne pas faire ça contre un jobber ?

– De même pourrait être dit à l’égard de ce combat entre René Goulet et le Hangman. Sur le papier, l’affiche est sympathique et peut offrir un bon match. Pourtant, et en dépit d’un début de match explosif, la rencontre s’est négociée en à peine moins de trois minutes et a vu la défaite de Goulet. C’es trop dommage, et c’est encore plus court qu’un match de jobbers !

– Ce soir marquait également les débuts d’un personnage clé du succès de la compagnie dans les années à venir. Avec son sifflet et sa dégaine d’instructeur militaire, il s’agit bien entendu du Sgt. Slaughter, qui effectuait donc ce soir ses premiers pas sur les rings de la World Wrestling Federation. Le début d’une grande aventure, et de l’un des personnages les plus complets de cette ère.

– Une semaine après s’être fait agresser par Larry Zbyszko, Tony Garea est remonté sur le ring, comme si cette agression avait précipité son retour entre les cordes. Toujours aussi populaire qu’au début des années 1970, lorsqu’il catchait aux côtés d’Haystacks Calhoun Garea s’est imposé avec panache contre l’adversaire parfait pour ce genre de rencontres, j’ai nommé José Estrada, impérial. À près de trente-cinq ans, voyons voir ce que Garea a encore dans le ventre.

– En ne reconnaissant que deux Champions majeurs y compris le sien, Vince McMahon la joue stratégique, certes, car l’objectif est avant tout de construire une grande rivalité mais cela nous montre l’état d’esprit dans lequel il se trouve, à quelques années seulement de sa conquête du monde du catch nord-américain. On peut déjà y retrouver des aspects de sa volonté et de sa faculté à réécrire l’histoire, toujours du point de vue des vainqueurs, et sans le souci d’occulter de très nombreux détails.

– Les grosses affiches masculines sont réduites à une poignée de minutes, tandis que ce sont les femmes qui ont eu le temps d’antenne le plus long de la soirée. Bon, qu’on se le dise, ce n’était pas du grand catch, mais tout de même. De nos jours, le catch féminin se paye les plus grosses affiches, mais il ne faut pas oublier qu’il revient de loin, de très très loin. Car si ces femmes n’ont pas signé la performance de la soirée, et même en dépit de la présence de Moolah, il est important de reconnaître ces femmes que l’histoire du catch a oublié, et qui méritent pourtant d’être reconnues.

Nathan Maingneur

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