ALL STAR WRESTLING #69

ALL STAR WRESTLING #69

01/03/1980

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Pour la suite et fin des enregistrements dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie, Vince McMahon et « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino nous présentent la carte de ce All Star Wrestling, en date du 1er mars 1980.

Joe McHugh s’enquiert des rituelles présentations et précise que le catch proposé ce soir sera sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique d’État, représentée sur place par John Santoro. Dr. George Zahorian siège toujours en ringside en compagnie de Mike Mittman à la cloche, tandis que nos arbitres seront Billy Caputo et Dick Woehrle.


MATCH 1 : 3-ON-2 HANDICAP TAG TEAM MATCH : THE WILD SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO VS BILL BERGER, JOHN BUFORD & STEVE KING (06:08)

VAINQUEURS : THE WILD SAMOANS

PRISE DE FINITION : TOP ROPE FALLING HEADBUTT

APPRÉCIATION : SQUASH IMPRESSIONNANT DE LA PART DES SAMOANS


Commençons avec les challengers à l’or Tag Team, toujours détenu par Tito Santana et « Polish Power » Ivan Putski. Une épaisse chevelure crépue et des faciès de sauvages, Afa et Sika s’avancent en direction du ring, managés par ce filou de Lou Albano. Suscitant crainte et stupeur de la part du public, les Wild Samoans combattent dans le tout premier 3-on-2 Handicap Match de l’histoire du programme. En face, on retrouve un frêle trio de choc, composé de Bill Berger, John Buford et Steve King, tous les trois habitués à perdre dans ce genre de rencontre.

Samoan Drop

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

C’est une punition, purement et simplement. Afa et Sika bouffent littéralement leur opposition. Un chant à l’intention de Pat Patterson est lancé par le public alors qu’Albano s’invective nerveusement à l’extérieur du ring. Un plan rapproché fait honneur au talent d’acteur d’Afa, affichant des expressions faciales toutes plus terrifiantes les unes des autres. Que ce soit Berger, Buford ou King, tous les trois se heurtent à la tête des Wild Samoans, qui ne sentent rien du tout ! D’habitude, Afa l’emportait avec son Samoan Drop, mais ce soir, les Samoans ont tâché d’offrir à la foule une fin des plus impressionnantes. Alors qu’Afa a écrasé Berger au sol, Sika grimpe sur la troisième corde et retombe avec un Top Rope Falling Headbutt. Superbe victoire pour les Wild Samoans qui auront redoublé d’efforts pour faire forte impression, à quelques semaines de leur sacre.


MATCH 2 : RENÉ GOULET VS BARON MIKEL SCICLUNA (07:39)

VAINQUEUR : RENÉ GOULET PAR DQ

PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE

INDICATEUR : **


Annoncé de Paris, capitale de la France, René Goulet semble être en plutôt bonne forme, même s’il affiche près de quarante-huit ans au compteur. Ce soir, l’ancien partenaire de Karl Gotch se mesure à un autre vétéran des rings, en la personne du Baron Mikel Scicluna, de retour sur ce territoire à l’âge de cinquante-et-un ans en ce début d’année 1980. On apprend par l’intermédiaire de Sammartino que Scicluna revient d’une tournée en Europe et au Proche-Orient.

Attention à ne pas porter trop d’importance à l’âge de ces deux briscards. En effet, on s’échange de nerveux contacts, voyant Scicluna s’imposer avec un Mat Wrestling redoutable, gardant Goulet au sol. Le franco-canadien s’en sort de façon plutôt athlétique, se relevant en saut carpé, à la manière d’un Édouard Carpentier. Sur un tombé, une petite altercation a lieu entre le maltais et l’arbitre Dick Woehrle, largement au fait des tactiques parfois douteuses du Baron. Celui-ci s’empare à cet égard d’un objet illicite, caché dans son caleçon. Gérant habilement son tour de passe-passe, Scicluna est un véritable maître dans l’art de tromper son monde. Goulet subit les coups répétés, portés à l’aide de cet objet et se fait envoyer à l’extérieur du ring. De retour et accusant le coup, Goulet sait toutefois répondre et cadenasse le Baron dans une Full Nelson. Ce dernier est immobilisé et l’officiel en profite alors pour s’emparer de ce fichu objet, en fouillant lui-même dans le caleçon de Scicluna ! L’arbitre fait immédiatement sonner la cloche, proclamant une disqualification pour le maltais. Goulet ressort donc victorieux et repart sous les acclamations du public d’Allentown, confirmant que pour certains, l’âge n’est qu’un chiffre.


– Haletant et peinant à reprendre son souffle, Goulet remercie le public pour son soutien et accepte de répondre à quelques questions de Vince McMahon. Goulet discute des différences entre le catch européen et le catch américain, pour lequel il a une petite préférence. Le franco-canadien se dit intéressé de repartir après l’or par équipe et souhaiterait s’allier avec André le Géant ! À cet égard, McMahon le questionne quant au statut de « gloire nationale d’André en France, ce à quoi Goulet répond qu’il est un héros de la culture populaire française. Bien que cela fasse partie du folklore entourant le mythe d’André, en particulier de son personnage de « Géant Ferré », André ne fut presque pas (en dehors des fans de catch) connu en France, du moins pas en tant que gloire nationale. En effet, le crépuscule des années 1970 et l’orée des années 1980 sont une période où le catch connaît un déclin significatif. À ce jour, alors que la discipline semble progressivement renaître de ses cendres, aucun monument ni plaque commémorative à l’effigie d’André n’existe sur le sol français.


MATCH 3 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE VS CHARLIE BROWN (07:05)

VAINQUEUR : LARRY SHARPE

PRISE DE FINITION : PILEDRIVER

APPRÉCIATION : LONG, BEAUCOUP TROP LONG


Futur entraîneur de renom et co-fondateur de la World’s Famous Monster Factory, celui qu’on surnomme « Pretty Boy » n’est pas franchement apprécié par la foule du Agricultural Hall. Nous ne l’avions plus aperçu sur ce territoire depuis sa courte association avec « Dynamite » Jack Evans, entre 1978 et 1979. Ce soir, Sharpe se mesure à Charlie Brown, catcheur originaire de Georgie.

Méthodique, Sharpe se focalise sur l’épaule gauche de son antagoniste et ne la lâche plus. Totalement impuissant et coupé de l’une de ses extrémités, Brown ne peut rien faire, subissant le catch du natif de Woodbury, dans le New Jersey. Tandis que ce pauvre Charlie Brown souffre le martyr, McMahon revient sur le cas Larry Zbyszko, Sammartino restant muet tout au long de la rencontre. C’est long, c’est abusivement long et on s’ennuie ferme, tant l’issue du match est prévisible. Parfois, Brown se sent pousser des ailes, rapidement calmé par un autre coup ou une autre prise de Sharpe. Ce dernier l’emporte avec un marteau-pilon, remportant une autre victoire, sans impressionner pour autant. Larry Sharpe est en effet le premier a avoir tué le public du Agricultural Hall d’Allentown.


MATCH 4 : TONY ATLAS VS JOJO ANDREWS (03:46)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

APPRÉCIATION : BON SQUASH D’ATLAS QUI CONTINUE DE S’AFFIRMER


Originaire de Roanoke en Virginie et fort d’un parcours sur les rings du Sud-Est des États-Unis entre 1974 et 1979, celui qu’on surnomme « M. USA » effectue son entrée sur ce ring. Extrêmement populaire, Tony Atlas est apprécié des foules pour son énergie entre les cordes. Ce soir, Atlas s’oppose à JoJo Andrews, future tête d’affiche des programmes de la Stampede Wrestling de Calgary.

Je me répète peut-être mais quel physique possède Tony Atlas. J’ai rarement vu un athlète d’une telle condition physique. Pour lancer les hostilités, Andrews s’autorise quelques coups de poing, alors qu’Atlas ne semble pas apprécier ces quelques offenses. Loin du rythme affligeant de la rencontre précédente, ce match est réellement agréable à suivre, même s’il est à sens unique. Pour l’emporter, Atlas s’offre une petite acrobatie et enroule Andrews en Sunset Flip, s’arrogeant une victoire de plus.


– Accueilli en ringside par Vince McMahon, Tony Atlas nous gratifie d’un petit entretien. Atlas remercie les fans pour leur soutien et leur support unanime. Avec un style affirmé et une aisance certaine au micro, fruit de son parcours sur les territoires du Sud-Est, Atlas s’offre une belle petite promo et repart sur une poignée de main et les encouragements de McMahon


MATCH 5 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS FRED MARZINO (01:55)

VAINQUEUR : HULK HOGAN

PRISE DE FINITION : DESCENTE DE LA CUISSE

APPRÉCIATION : SQUASH BRUTAL D’HOGAN QUI A BESOIN DE RÉELLE COMPÉTITION


On conclut ce programme avec « The Incredible » Hulk Hogan, écrasant tout sur son chemin depuis la fin de l’année 1979. Toujours managé par « Classy » Freddie Blassie, Hogan s’avance en direction du ring, vêtu de sa longue cape dorée. Lorsqu’il la retire, le natif de Venice Beach en Californie dévoile une musculature de titan. En face, nous retrouvons le fébrile Fred Marzino, dont la carrière sur les rings de catch nord-américains s’étale entre 1976 et 1985.

En arrière-plan, une partie du public commence à quitter l’arène, ce match étant en effet le dernier de la série d’enregistrements de ces épisodes. Hogan et Blassie semblent s’échanger quelques mots à ce sujet. Alors, Marzino se sent pousser des ailes et fonce sur Hogan, de dos. Sauf que ce dernier n’a pas la carrure de Fred Marzino. En moins de deux minutes, Hogan roule sur ce pauvre gars et l’emporte en lui assénant pas moins de trois descentes de la cuisse. La scène est saisissante et aura eu le mérite de faire rester une partie du public, friande de ce genre de massacre. La suite est d’autant plus brutale qu’Hogan ira lui porter deux descentes de la cuisse en plus, alors que McHugh s’occupait du temps du match. Inerte, le corps de Marzino doit être sorti sur un brancard de fortune.


Troisième et dernière partie des enregistrements réalisés au Agricultural Hall d’Allentown, cet épisode d’All Star Wrestling est pertinent sur bien des points. Tout d’abord, je me dois de féliciter l’initiative de ce 3-on-2 Handicap Match où les Wild Samoans auront écrasé leur compétition, en ressortant plus que jamais prêts à s’arroger l’or Tag Team de Putski et Santana. À oublier, c’est ce supplice qui nous fut imposé par « Pretty Boy » Larry Sharpe, prenant tout son temps et plus encore pour l’emporter et nous endormir par la même occasion. Peu alléchant de premier abord si l’on se réfère à l’âge des protagonistes, ce clash de vétérans entre Goulet et Scicluna fut toutefois plutôt bien mené, notamment grâce à leur expérience du terrain et aux facultés naturelles d’expression et de théâtralité du maltais. Pour ceux qui ont du talent, l’âge n’est qu’un chiffre. Absent de ce programme, c’est l’infâme Larry Zbyszko qui devrait tôt ou tard obtenir ce qu’il souhaite, à savoir une rencontre de plus face à Bruno Sammartino, ce soir particulièrement en retrait. Quant à eux, Tony Atlas et Hulk Hogan auront ce soir fait forte impression. Le premier continue de gagner en popularité de semaine et semaine et pourrait bel et bien être la prochaine grosse sensation. Le second, qui se contente d’habitude du strict minimum (parce qu’il peut se le permettre), a ce soir offert une véritable mise à mort, voyant un des deux compétiteurs repartir sur un brancard. Si cela fut improvisé par Hogan et Blassie en dernière minute suite au départ prématuré du public, pour tenter de faire rester la foule qui quittait l’arène car elle connaissait le résultat évident, c’est d’autant plus impressionnant que cela a fonctionné. C’est la preuve s’il en fallait que le résultat n’est que secondaire dans la représentation de cette formidable discipline qu’est le catch professionnel.

Nathan Maingneur

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