CHAMPIONSHIP WRESTLING #11

CHAMPIONSHIP WRESTLING #11

19/04/1980

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous accueillent à l’occasion de cette édition du programme Championship Wrestling, encore et toujours enregistré dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie. Ils nous annoncent la carte et nous informent de la présence rarissime de notre Champion du monde, en la personne de Bob Backlund.

Joe McHugh s’occupe des présentations sérotinales et précise que cette heure de catch est placée sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par John Santoro et représentée sur place par ses officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres mandatés qui officieront ce soir sont messieurs Dick Kroll, Gilberto Roman et Dick Woehrle.


MATCH 1 : TOR KAMATA W/FREDDIE BLASSIE VS MIKE MASTERS (04:21)

VAINQUEUR : TOR KAMATA

PRISE DE FINITION : SPLASH

APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT SOLIDE DE KAMATA


Large compétiteur originaire de l’île d’Hawaï, l’imposant Tor Kamata se tient dans l’un des coins tandis que son manager, le légendaire « Classy » Freddie Blassie, s’amuse avec sa canne du côté de messieurs Mittman et Zahorian, assis en dehors du ring. Face à Kamata ce soir, un tout jeune garçon du nom de Mike Masters qui effectue ses premiers pas dans le catch en cette année 1980.

On ne donnait pas cher de la peau de Masters et pourtant, c’est lui qui frappe le premier, et comment ! À rien de se faire surprendre, Kamata est bousculé mais rétorque avec ses atémis tranchants. Dès lors, Masters est projeté hors du ring et peine à reprendre la main. Avec sa langue tirée et ses mimiques dérangées, Tor Kamata inspire autant la crainte que l’effroi auprès du public. Masters se redonne du poil de la bête et s’offre un bref retour en force, mais se fait calmer par un saut chassé pas franchement académique de la part de Kamata. Celui-ci ne perd pas une seconde et enchaîne directement avec un Splash porté avec force, empêchant de fait Masters de s’en dégager au compte de l’arbitre. Plutôt bon match.


MATCH 2 : PROFESSIONNAL WRESTLING EXHIBITION MATCH : BOB BACKLUND VS JOSÉ ESTRADA (10:00)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS RÉGLEMENTAIRE

APPRÉCIATION : ***


Place à l’attraction principale de la soirée. Sur le ring, José Estrada patiente sagement en attendant l’entrée de son prestigieux adversaire. En effet, ce n’est pas tous les jours que Bob Backlund, Champion du monde de la World Wrestling Federation depuis 1978, nous gratifie de sa présence. Et ce soir, il ne s’agit pas d’une rencontre à la régulière comme on a l’habitude d avoir sur ces programmes. Il s’agit d’une exhibition de catch pure et simple où l’objectif est de montrer toute l’étendue de ses capacités.

On assiste à un tour de chauffe plutôt intéressant. Estrada croit alors prendre l’ascendant en surprenant le Champion, mais Backlund le surprend à son tour avec une série de bras à la volée portés avec frénésie. Dès lors, Backlund possède l’avantage psychologique. Et pour être honnête, malgré tout le respect et l’admiration que je porte à Estrada, Backlund dispose d’une longueur d’avance sur chacun des échanges. Fait notable, c’est l’attitude respectueuse d’Estrada vis-à-vis de Backlund. On le sait, Estrada est une sale caractère, mais lorsqu’il s’agit du Champion, le respect est de mise. Et ce n’est pas ces poignées de main, échangées tout au long de la rencontre, qui me feront dire le contraire. Et ce malgré l’humiliation d’être soulevé en position d’Atomic Drop, puis reposé au sol, l’air de dire « je gagne quand je veux ». Techniquement et c’est un fait, Backlund est injouable. Il faut être honnête, le Champion est purement et simplement intouchable. Couché par une superbe souplesse arrière, Estrada accuse le coup mais ne baisse pas sa garde. Projeté dans les cordes, ce même Estrada est attrapé en position d’Airplane Spin par Backlund qui le fait tournoyer dans les airs. Et c’est à cet instant que sonne la cloche, signalant que le temps réglementaire s’est écoulé. Marque de respect ultime, le Champion relève son challenger et soulève son bras, signe du respect mutuel que se vouent ces deux compétiteurs. C’est du catch !


MATCH 3 : DOMINIC DENUCCI VS PAUL MAURET (03:11)

VAINQUEUR : DOMINIC DENUCCI

PRISE DE FINITION : SWING

APPRÉCIATION : DOMINIC DENUCCI EST GÉNIAL !


Originaire de Venise en Italie, Dominic DeNucci se produit sur les rings de catch depuis le début des années ’60. Endurci par des décennies de coups et de chutes, ce briscard des rings possède près de vingt ans d’expérience et est adoré du public d’Allentown. Dominic se frotte ce soir à un certain Paul Mauret, un nom à consonance francophone qui indique peut-être des origines québécois ou françaises.

Fidèle à lui-même, Dominic tourne son adversaire en bourrique, et cela plaît au public. Ce pauvre Paul Mauret est en effet tourné en ridicule et en joue très bien. Quelques croc-en-jambes et des claques qui résonnent, Dominic s’amuse et s’en donne à cœur joie, pour le plus grand bonheur de la foule qui réagit à chaque situation. Il s’agit très clairement d’une rencontre largement teintée de Comedy Wrestling, remportée par l’italien grâce à un Giant Swing, une prise consistant à faire tournoyer son adversaire dans les airs en le tenant par les pieds.


MATCH 4 : RENÉ GOULET VS KEN PATERA W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING (06:21)

VAINQUEUR : KEN PATERA

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

INDICATEUR : ** ½


Vétéran des rings originaire de Québec City au Canada, René Goulet se tient sur le ring et s’apprête à affronter son plus gros défi depuis son retour en forme en ce début d’année. Il s’agit de l’un des hommes les plus forts du monde, en la personne de Ken Patera. Ancien champion d’haltérophile, Patera est toujours managé par le Grand Wizard of Wrestling qui l’accompagne au ring. Fait intéressant, ce match qui nous est diffusé a été enregistré lors d’un récent épisode de All Star Wrestling.

Malgré son âge avancé, Goulet ne se laisse pas intimider par Patera et c’est même lui qui prends les rennes en ce début de match. Si Patera peut sembler féroce, Goulet n’est pas né de la dernière pluie et combat intelligemment. Surpris par un ciseau de tête de la part du québécois, Patera effectue un plutôt mauvais début de rencontre. Toutefois, Patera se retire d’une descente du coude et laisse Goulet s’écraser durement. C’est l’ouverture, et Patera en profite pour en rajouter une couche avec une souplesse arrière. René Goulet se relève plutôt rapidement et cette fois-ci, c’est lui qui couche Patera avec une Gutwrench Suplex. À la suite d’une séquence énergique, Patera le soulève et le fait alors basculer en dehors du ring. La chute est rude et Goulet semble sonné. L’arbitre Dick Woehrle compte 10 et est obligé de faire sonner la cloche, Ken Patera l’emportant donc par décompte, au grand regret d’un René Goulet visiblement déçu. Match plus que correct dont le résultat n’a rien d’étonnant, mais a le mérite de ne pas trop heurter le momentum du québécois.


– Ensuite reçu au micro de McMahon, Patera et son manager nous gratifient d’une promo. Patera met en garde quiconque se mettrait en travers de son chemin et nous informe qu’il applique à la lettre la formule « gagne si tu peux, perds si tu dois, mais triche toujours ! ». Le Wizard semble fatigué d’être sous-évalué et Patera rajoute que personne, ni même les cadors de la promotion, parmi lesquels sont cités André le Géant, Bruno Sammartino ou encore Tony Atlas, ne seront épargnés.


MATCH 5 : PEDRO MORALES VS MARC POLE (02:08)

VAINQUEUR : PEDRO MORALES

PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB

APPRÉCIATION : TRÈS BON RETOUR DE PEDRO MORALES


Sur le ring, un jobber du nom Marc Pole patiente en attendant l’entrée de son adversaire. Au micro, Joe McHugh mets les formes et demande au public d’offrir une ovation à celui qui s’apprête à effectuer son entrée. Absent des écrans depuis 3 ans, l’ancien Champion du monde de la World Wrestling Federation, en la personne de Pedro Morales, réalise ici son retour à l’antenne de Championship Wrestling. Accueilli comme il se doit par le public d’Allentown, Morales semble en forme. En effet, Pedro n’a pas chômé, puisqu’en dehors des rings de la WWWF, Morales a combattu du côté de Big Time Wrestling, de l’AWA de Verne Gagne, mais aussi du Japon et du Canada entre 1978 et 1980.

Pedro Morales

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Une chose est sûre, Morales n’a pas perdu son « Puertorican Fire » qui le caractérisait si bien à son apogée. Toujours aussi apprécié par la foule, Morales pourrait encore faire un solide Champion (on en reparle en fin d’année). Face à l’emblème du catch portoricain, ce pauvre Marc Pole ne peut rien faire. Aux commentaires, Bruno Sammartino se remémore certains de ses plus farouches combats contre Morales, en particulier ce combat, disputé pendant près d’une heure et quart sur le ring du Shea Stadium en 1972. Morales ne perd pas de temps et, à la suite d’un gros coup de poing dans le panier à pain, l’emporte avec un Boston Crab.


MATCH 4 : « MR. USA » TONY ATLAS VS B.B COLEMAN (03:28)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : MILITARY PRESS SLAM

APPRÉCIATION : PLUTÔT BELLE DÉMONSTRATION D’ATLAS


On termine ce programme avec une séquence qui semble plus ancienne. Il s’agit à priori d’une édition de Championship Wrestling peut-être datée de 1979. Sur le ring, un certain B.B Coleman reçoit quelques sifflets. Tout le contraire de son défi du soir, qui s’avance au ring sous une pluie d’applaudissements. Originaire de Roanoke en Virginie, Tony Atlas est peut-être l’étoile montante du moment.

Les premiers contacts sont à l’avantage d’Atlas qui en impose de par son gabarit. Et par son physique, l’un des plus impressionnants de l’histoire de ce sport. Coleman est inutile et subit plus qu’autre chose le catch d’Atlas. Et lorsque B.B Coleman se permet quelques coups de pied, cela énerve plus Tony qu’autre chose. Atlas sonne la fin des débats avec un surpassement quelque peu raté et l’emporte ensuite grâce à son Military Press Slam, une prise absolument impressionnante que seul Atlas semble capable de porter.


Édition assez importante et plutôt qualitative de Championship Wrestling. La présence de trois Champions du monde, le retour en force de Pedro Morales, du bon catch et encore du bon catch, c’est ça Championship Wrestling !

– Fait rare, et surtout à cette période, c’est la présence rarissime du Champion du monde, en la personne de Bob Backlund. Aux prises avec José Estrada à l’occasion d’une petite exhibition de catch purement scientifique, Bob Backlund nous a rappelé une chose, c’est qu’entre les cordes, il est purement et simplement intouchable.

– Victorieux contre René Goulet, Ken Patera en a profité pour mettre en garde quiconque se mettrait en travers de son chemin. Personne, et cela inclut les plus grands noms de la promotion, ne seront épargnés par la force de cet ancien haltérophile olympique. Et en ce mois d’avril, Ken Patera est au sommet de sa carrière et s’apprête à remporter la ceinture de Champion Intercontinental toujours détenue par Pat Patterson.

– En comptant Bruno Sammartino, c’est donc trois Champions du monde qui étaient de la partie lors de ce programme. En effet, cet épisode marquait également le retour de Pedro Morales après une longue période d’absence. Porte-étendard de la World Wide Wrestling Federation entre 1971 et 1973, Morales demeure l’une des figures les plus populaires de cette période, dont la popularité n’avait d’égale que celle d’un certain Bruno Sammartino.

Nathan Maingneur

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