WORLD WRESTLING FEDERATION – MSG #14

WORLD WRESTLING FEDERATION

MADISON SQUARE GARDEN #14

24/03/1980

Madison Square Garden

Madison Square Garden

24 mars 1980. Le Madison Square Garden de New York City affiche complet pour ce grand événement de catch nord-américain. Vince McMahon est notre hôte et sera l’unique commentateur de cette soirée, placée sous le signe de la World Wrestling Federation. Howard Finkel s’occupe des présentations sérotinales alors que l’action commence sans plus attendre.


MATCH 1 : DICK « BULLDOG » BROWER VS FRANKIE WILLIAMS (08:53)

VAINQUEUR : DICK BROWER

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE

APPRÉCIATION : PLUTÔT LONG ET SANS GRAND INTÉRÊT


Briscard dans l’âme, Dick « Bulldog » Brower est un compétiteur endurci par l’âge et l’expérience des rings de catch et ce, depuis la fin des années 1950. À près de cinquante ans et dans les dernières années de sa carrière, Dick Brower est toujours le bagarreur qu’il était vingt ans plus tôt. Ce soir, Brower se frotte à Frankie Williams, originaire de Columbus dans l’Ohio, catchant en tant que souffre-douleur attitré depuis le début des années 1970.

Attention à ne pas se fier au caractère « à sens unique » de la rencontre puisque Williams est ce soir plutôt mordant et sait répondre. Physiquement, Brower n’est plus au sommet de sa forme d’autrefois et doit parfois se reprendre à genoux, une position humiliante pour le « Bulldog ». Les coups de genou et de poing mettent la technique au placard et voient Brower prendre l’ascendant, puis le perdre pour enfin le reprendre. Près de neuf minutes, c’est peut-être trop pour ce match qui s’étale en longueur. Dick Brower l’emporte grâce à une série de descentes du coude, directement dans le cou et dans la nuque de ce pauvre Williams, qui essuie une défaite de plus, qui plus est sur le ring du Garden.


MATCH 2 : JOSÉ ESTRADA VS KERRY VON ERICH (10:49)

VAINQUEUR : KERRY VON ERICH

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : ** ½


José Estrada Sr se tient sur le ring et reçoit quelques sifflets, lui qui était autrefois le partenaire d’un certain « Unpredictable » Johnny Rodz. D’origine portoricaine, Estrada connaît le ring du Madison Square Garden pour s’y être illustré à plusieurs reprises, notamment face à Tatsumi Fujinami en 1978. Le portoricain rencontre alors un jeune athlète, qui effectue ce soir ses débuts sur ce ring sacré. Âgé de seulement vingt ans et possédant une musculature impressionnante, Kerry Von Erich nous gratifie ce soir de sa présence. Quatrième fils de Fritz Von Erich, patriarche de la légendaire dynastie des Von Erich et tête d’affiche de la World Class Championship Wrestling de son père, Kerry est le troisième Von Erich à combattre sur le ring du Garden.

Kerry est dans une forme physique irréprochable et détonne avec le catch parfois « classique » de ce territoire. Il le prouve d’emblée avec une série d’Armdrags, au détriment d’un Estrada rapidement désabusé. Aussi agile que puissant, Kerry s’illustre également avec de sublimes sauts chassés. Fidèle à ses vielles rengaines, Estrada revient avec des tactiques peu louables, coupant l’air du fils Von Erich avec un sale coup de genou dans l’abdomen. Ne parvenant pas à se reprendre, alors sous le feu des coups du portoricain, Kerry est en déroute. Porté par sa ferveur et l’appui du public, Kerry est de retour et se focalise désormais sur l’une des jambes d’Estrada. Désormais, c’est ce jeune homme de vingt printemps qui prend les rennes de la rencontre, donnant une leçon au portoricain. Projeté dans l’un des coins, Kerry surprend son antagoniste en l’enroulant en petit paquet, ce qui suffit pour le compte de trois. Le public tout entier se lève pour la victoire du jeune Von Erich, qui n’a eu qu’a apparaître une fois pour s’accaparer le soutien de la foule, prémices d’un succès incontrôlable.


MATCH 3 : TOR KAMATA VS MIKE MASTERS (05:46)

VAINQUEUR : TOR KAMATA

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

APPRÉCIATION : SQUASH ASSEZ ATYPIQUE


À près de 160kg à la pesée, Tor Kamata est un poids-lourd du circuit. Peu présent sur nos écrans, Kamata est toutefois l’une des figures les plus détestées de cette époque. Catchant au début des années 1970 pour la Stampede Wrestling de Stu Hart, ce n’est qu’en 1976 que ce compétiteur originaire d’Hawaï rejoignit la World Wide Wrestling Federation. C’est au Japon que Tor Kamata connut ses affrontements les plus violents, notamment face à Abdullah the Butcher. Ce soir, Kamata foulait donc le ring du Garden pour se mesurer à Mike Masters, qui effectuait ce soir ses débuts au Madison Square Garden.

Avant même que ne sonne la cloche, Kamata se jette sur son antagoniste, le martelant de lourds coups de coude dans l’arrière du crâne. On peut prendre peur face au faciès de Kamata, affichant des expressions terrifiantes. Toutefois, Masters a du répondant et fait reculer son imposant adversaire. Malheureusement, malgré tout l’entrain du monde, Masters est encore un novice et ne bénéficie pas du soutien du public. Il envoie quand même Kamata s’écraser en surpassement et alors qu’il partait pour un second, ce dernier lui décoche un sale coup de pied en pleine face. Une descente du genou plus tard et l’affaire est pliée pour Tor Kamata, qui quitte ensuite précipitamment l’arène en direction du vestiaire.


MATCH 4 : LARRY ZBYSZKO VS BRUNO SAMMARTINO W/ARNOLD SKAALAND (15:31)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO PAR DQ

PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE

INDICATEUR : **** ½


Bourreau de l’icône Sammartino et bête noire unanimement haïe, Larry Zbyszko se tient sur le ring du Garden, se tenant prêt à catcher le match le plus important de sa jeune carrière. Fruit de semaines de provocations, d’insultes et d’un acte ô combien répréhensible, Larry doit ce soir répondre de ses actes et ce, au sein de l’arène la plus célèbre au monde, symboliquement bâtie par Bruno Sammartino. Celui-ci se fait attendre alors qu’une électricité palpable s’empare progressivement du Madison Square Garden. Comme un seul homme, la foule se lève pour saluer l’ancien Champion du Monde de la World Wide Wrestling Federation, porte étendard d’une ère et héros d’un autre temps. Au microphone, l’annonce d’Howard Finkel a de quoi vous donner des frissons. Si Bruno Sammartino a ce soir rechaussé ses bottes, c’est pour redorer son honneur sur la plus grande scènes de toutes. Qu’on se le dise, car même si cela n’est pas officiellement annoncé, ce match est l’attraction de la soirée.

Une première phase laisse planer un suspens, Zbyszko s’agitant frénétiquement tandis que l’italien semble plus mesuré. Larry se lance et se voit emporter dans un tourbillon de bras à la volée, voyant le public se lever à l’unisson. Le ton est donné lorsque Bruno soulève son ancien élève, toujours maintenu par le bras. Ce soir, Sammartino n’est pas ici pour donner une leçon, mais pour infliger une correction. Un plan rapproché se centrant sur le regard noir de Bruno peut en attester. Techniquement, on assiste à une domination totale du maître, mettant au pied celui qui fut un temps son protégé et proche ami. Un coup de coude sèche l’italien, c’est ici l’ouverture pour Zbyszko qui saute sur l’occasion en envoyant de sales coups de pied. Forcé de se reprendre à l’extérieur du ring, Larry profite d’un moment d’inattention pour repartir à la charge, brisant la garde de son antagoniste. Dès lors, Zbyszko ne montre aucune compassion pour celui qu’il idolâtrait pourtant. Sur une double collision, Sammartino est lourdement envoyé à l’extérieur du ring. Groggy suite à sa chute, Bruno essaie coûte que coûte de remonter sur le ring, à chaque fois empêché par des coups de pied de Larry. Rejoignant les abords du ring, celui-ci lui éclate le crâne contre le tablier du ring, alors que le public retient son souffle. Malgré les coups et le compte de l’arbitre, l’italien parvient à se hisser sur le ring, ne tenant presque plus debout. Devant s’aider des cordes, l’ex Champion du Monde absorbe les coups, mais résiste. Voûté, l’icône Sammartino tient sa garde et s’avance, tel un vieux lion, tenant tête au jeune loup. L’image vaut mille mots. Fuyant à l’extérieur du ring, Zbyszko est poursuivi par Bruno, sauf qu’en se coinçant le pied dans les cordes, Larry est rattrapé, pris au piège par son mentor. À cet instant, Sammartino fit éclater toute sa rage, toute cette rancœur accumulée, dans un sublime accès de fureur vengeresse. Faisant fi des avertissements de l’arbitre, Bruno étrangle Zbyszko, sans se soucier des règles du combat. Bousculé, l’officiel doit faire sonner la cloche, alors que Skaaland doit s’interposer. Tel un animal enragé, Sammartino ne lâche plus sa proie, offrant à Zbyszko ce qu’il tant cherché. Debout, l’italien est dans une colère noire et l’est encore plus au moment du verdict. L’arbitre proclame Larry Zbyszko victorieux, par disqualification. Sammartino est fou de rage et le fait comprendre. Magnifique et bouillonnante revanche qui vit un Bruno Sammartino aveuglé par sa propre haine et submergé par ses émotions, enfreignant les règles pour offrir la victoire à sa némésis. L’histoire n’est pas terminée, le point culminant de cet arc narratif s’annonce d’ores et déjà gigantesque.


MATCH 5 : WILD SAMOAN AFA VS DOMINIC DENUCCI (09:42)

VAINQUEUR : WILD SAMOAN AFA

PRISE DE FINITION : COUP DE TÊTE

INDICATEUR : * ¼


Sans son partenaire habituel à ses côtés, Arthur Anoa’i Sr, qu’on connaît ici en tant qu’Afa, combat ce soir en solo, comme le fera son frère dans le prochain match. Originaire des îles Samoa, Afa fut entraîné par High Chief Peter Maivia, patriarche de cette légendaire dynastie. Le samoan se mesure ce soir à Dominic DeNucci, populaire compétiteur originaire de Venise en Italie. À quarante-huit ans, l’italien est également dans les dernières années de sa longue carrière. À noter que les Samoans sont ce soir annoncés en tant que « Samoan #1 » et « Samoan #2 », une appellation peu élogieuse pour les challengers à l’or par équipe.

Face à cet imposant personnage, Dominic semble un peu perdu, ne sachant trop comment s’y prendre face à un tel spécimen. En quelques minutes, l’italien s’écroule sous les coups de son adversaire, ne parvenant pas à s’imposer. Faisant jouer son talent d’acteur, Afa nous gratifie d’expressions toutes plus terrifiantes les unes des autres. Une grande partie du combat est paralysée par une prise des trapèzes d’Afa, figeant totalement le rythme de la rencontre. C’est long, beaucoup trop long, même si le but est de faire jouer la théâtralité d’Afa, au détriment d’un in-ring qui s’en retrouve déprécié. Dominic s’offre un petit retour en force, porté par l’appui d’une foule quelque peu endormie, alors qu’Afa semble montrer des signes de faiblesse. Toutefois, l’élan de l’italien est coupé net par un coup de tête, qui suffit pour qu’Afa puisse l’emporter au compte de trois.


MATCH 6 : WORLD WRESTLING FEDERATION CHAMPIONSHIP MATCH : WILD SAMOAN SIKA W/CPT. LOU ALBANO VS BOB BACKLUND © W/ARNOLD SKAALAND (18:32)

VAINQUEUR : BOB BACKLUND

PRISE DE FINITION : ENFOURCHEMENT

INDICATEUR : * ½


Quant à l’autre moitié des Wild Samoans, l’enjeu de la rencontre est légèrement plus important. En effet, Leati Anoa’i, plus connu sous le nom de Sika, a ce soir l’occasion de s’arroger l’or suprême de la World Wrestling Federation, toujours détenu par Bob Backlund depuis 1978. Accompagné par un Captain’ Lou Albano qui a perdu quelques rondeurs, Sika est aussi terrifiant que son frère, même si selon moi, Afa est plus impressionnant. De l’autre côté du ring, Bob Backlund, prodige de Princeton dans le Minnesota, se tient prêt à remettre sa ceinture en jeu, toujours épaulé par le « Golden Boy » Arnold Skaaland.

D’emblée, Albano se prend une droite du Champion et préfère fuir en direction des vestiaires. Je vous le dis tout de suite, c’est le moment le plus divertissant du match. Profitant du manque d’agilité de son challenger, Backlund peut naturellement s’imposer en se focalisant sur l’une de ses épaules. Au sol, celui qu’on surnomme « All American Boy » est impeccable de technicité, disposant à cet égard d’une forme physique irréprochable. Toutefois, Backlund fait durer le plaisir (et c’est peu dire) de cette prise, où l’on compte pas moins de cinquante élongations. Alors que le public s’endormait tout doucement, Sika s’en sort et applique une Stomach Claw à Backlund, paralysé au tapis. C’est long, c’est excessivement long et rien ne se passe. Anesthésiée, la foule du Garden est totalement silencieuse, réagissant à peine pour son Champion. Au bout de ce qui a semblé être une éternité, Backlund s’en dégage et plante Sika avec un Piledriver du tonnerre. Sauf que Sika a la tête dure et ne sent presque rien, se relevant presque instantanément. La rencontre semble enfin décoller, Backlund y allant de ses coups sur le crâne du samoan. Contre toute attente, Sika lui assène un Samoan Drop, prise de finition des Wild Samoans. Au lieu de partir pour le tombé, le samoan s’engage en direction des cordes. Sur la troisième corde, Sika s’élance en Falling Headbutt et touche sa cible ! L’arbitre compte, le public retient tout son souffle et Backlund se dégage à un ! Ce n’est pas une blague, Backlund s’est dégagé à un, tuant complètement le momentum de Sika et de la prise de finition des Wild Samoans ! Sika remonte alors sur les cordes, mais Backlund est debout et l’envoie s’écraser sur le ring. Le Champion l’emporte alors au compte de trois, au terme d’une rencontre brouillon, incohérente et soporifique. Alors que je pensais que son broadway d’une heure face à Greg Valentine était certainement le meilleur combat de la carrière de Backlund, celui-ci est sans conteste le pire.


MATCH 7 :  PAT PATTERSON & ANDRÉ LE GÉANT VS « COWBOY » BOBBY DUNCUM & KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING (11:04)

VAINQUEURS : PAT PATTERSON & ANDRÉ LE GÉANT

PRISE DE FINITION : SPLASH

INDICATEUR : *** ¼


Doré et pailleté, tel est l’accoutrement d’Ernie Roth, ou Grand Wizard of Wrestling, qui s’avance d’un pas déterminé vers le ring, y emmenant ses poulains. Ceux-ci sont ce soir « Cowboy » Bobby Duncum et Ken Patera. Ce dernier est officiellement annoncé en tant que « World’s Strongest Man » ! En face, l’opposition est de taille et c’est peu dire. Pat Patterson et… André le Géant rejoignent le ring sous les acclamations de la foule, accordant toujours à André cet unique statut d’attraction. Quelle affiche !

Alors que la cloche n’a même pas sonné, Patera et Duncum se jettent sur André, qui répond avec d’énormes coups de tête. Celui qu’on surnommait autrefois « Géant Ferré » déroule, ne se laissant pas intimider par ses redoutables adversaires. Sur un coup de genou de Duncum, André est lourdement envoyé à l’extérieur du ring. De retour, André est malmené, victime du catch malhonnête de Duncum et Patera. Faisant son entrée, Patterson se focalise sur le genou du « Cowboy » qu’il éclate contre le poteau, alignant ensuite Patera avec un crochet du droit. Assis sur Duncum, André s’autorise une pause, alors que Patterson lui grimpe dessus. Debout, Patterson assis sur ses épaules, André s’avance vers Patera, l’image est saisissante ! Redescendu de la tour Eiffel, Patterson est aux prises avec l’ancien haltérophile olympique, relativement mis en difficulté par la force de son futur challenger. La tension monte, André trépignant d’impatience dans son coin, alors que l’arbitre ne voit pas les tricheries des heels. Passant sous les jambes de Duncum, Patterson offre le relais à un André déchaîné, qui entre sur le ring tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Cadenassé dans une prise de l’ours, Patera a l’air d’un bébé dans les bras d’André, c’est dire la taille de cet extraordinaire personnage. C’est l’anarchie, au plus grand bonheur du public, l’officiel tentant vainement de faire respecter l’ordre. Patera et Duncum sont projetés l’un dans l’autre alors que Patterson en profite pour placer une prise en quatre sur Duncum. De son côté, André prend son élan et se jette dessus avec un Splash gigantesque, aplatissant totalement ce pauvre Bobby Duncum, qui n’aurait pas pu se dégager d’un compte de cent. Patterson et André s’offrent donc une belle victoire, au terme d’un match où l’accent a été mis sur le côté divertissant de ce que peut être un combat de catch, préfigurant d’une certaine façon le changement qui sera opéré au cours de cette décennie.


MATCH 8 : BARON MIKEL SCICLUNA VS RENÉ GOULET (06:17)

VAINQUEUR : RENÉ GOULET

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

INDICATEUR : * ¼


C’est un re-match d’une confrontation qui a récemment eu lieu au Agricultural Hall d’Allentown lors d’un épisode d’All Star Wrestling. Goulet en était alors ressorti victorieux après que l’arbitre ait du chercher dans le caleçon de Scicluna pour s’emparer de son objet illicite ! Annoncé de Paris en France, René Goulet n’a pas mis les pieds au Garden depuis 1971, où lui et Karl Gotch défendaient alors les ceintures de Champions par équipe de la World Wide Wrestling Federation. En face, le Baron Scicluna est le seul catcheur originaire de l’île de Malte, prétendument issu de sang royal, recevant quelques sifflets du public.

Devant gérer les tricheries de Scicluna, Goulet est envoyé au sol par de grosses droites du maltais. Maintenu par une clé de jambe, le franco-canadien dérouille en ce début de rencontre. Goulet s’en sort en saut carpé et peut envoyer ses coups, se focalisant à son tour sur l’une des jambes du Baron. Loin d’être le match le plus intéressant de la carte, ce n’est pas non plus une purge, on peut sentir un réel effort de la part de chacun des protagonistes, qui catchent à un âge déjà plutôt avancé. Suite à une projection dans les cordes, Scicluna se fait enrouler par Goulet qui l’emporte avec un Sunset Flip.


MATCH 9 : TITO SANTANA VS « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE (08:28)

VAINQUEUR : HULK HOGAN

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

INDICATEUR : ** ½


Sans son partenaire à ses côtés, le co-détenteur des ceintures par équipe de la promotion, en la personne de Tito Santana, rejoint le ring du Madison Square Garden sous les acclamations de la foule. Accompagné de « The Fashion Plate of Wrestling » Freddie Blassie, Hulk Hogan s’avance lentement mais sûrement sur cette rampe, faisant état d’un physique de colosse. C’est également un re-match d’une rencontre qui s’était tenue sur ce même ring, où Hogan s’était alors imposé par décompte.
Tournant le dos, Santana se fait charger par un énorme coup de genou d’Hogan, qui le projette ensuite fortement dans le coin. Le protégé de Freddie Blassie donne le ton en séchant Tito avec un sale coup de la corde à linge et un coup de coude tonitruant. Hogan est ultra dominant et s’impose en écrasant le dos de Santana dans plusieurs des coins du ring. Porté par sa ferveur habituelle, Tito répond avec des droites et parvient à se reprendre, mettant Hogan à genoux avec un saut chassé. Toutefois, cela ne suffit pas pour calmer Hogan qui le ramène au sol avec un tour de hanches autoritaire. Projeté à l’extérieur du ring, Santana parvient in-extremis à remonter sur le ring, une petite piqure de rappel à leur précédente rencontre. Épuisé et largement dominé, Santana ne se laisse pas vaincre et répond coup pour coup, soutenu par l’appui du public. Aux situations désespérées, mesures désespérées pour Tito qui écrase le pied d’Hogan, le couchant ensuite avec une droite. Malgré cet effort, Hogan se retient aux cordes sur une planchette japonaise et laisse retomber Santana en arrière. Hogan l’emporte ensuite avec un magnifique Vertical Suplex, s’arrogeant une grosse victoire sur le ring du Garden. Hulk Hogan solidifie son statut de menace sérieuse, venant à bout d’un Tito Santana qui aura tout donné.


Le Madison Square Garden était l’arène de prédilection de la World Wide Wrestling Federation depuis sa fondation en 1963. À l’entrée des années 1980, le Garden s’apprête à vivre certains des plus grands événements de l’histoire de la World Wrestling Federation. On commence par celui-ci. Sur le papier, la carte est alléchante et propose un certain nombre de têtes d’affiche. C’est peut-être en effet l’une des dernières fois qu’on retrouve simultanément Bruno Sammartino et André le Géant au Garden. On peut noter un début de carte plutôt faible, uniquement relevé par l’apparition d’un certain Kerry Von Erich, fils du célèbre promoteur et terreur des rings Fritz Von Erich. D’habitude pourtant associés, les Wild Samoans se sont ce soir retrouvés en solo, pour le pire et pour le pire. Face à Dominic DeNucci, Afa s’en sort tout juste, grâce à ses expressions terrifiantes. Quant à Sika, c’est une autre histoire. Pourtant opposé à Bob Backlund pour la ceinture suprême, le samoan n’a pas été une menace comme le sont d’habitude les challengers de Backlund. En effet, ce match est peut-être le pire du règne du Champion (jusqu’ici en tout cas c’est certain) et a notamment vu Backlund se relever à un, comme si de rien n’était, de la prise de finition des Wild Samoans, enterrant toute la tension que procure d’habitude un tel scénario. En guise de conclusion, Hulk Hogan et Tito Santana auront offert un beau combat, voyant un Hogan ultra dominant s’imposer face à un Santana vaillant et résistant. D’une certaine manière, ce genre d’affiche préfigure l’entrée de la prochaine ère, portée par de nouveaux personnages et intrigues et par un concept : « Sports Entertainment ». Dans ce registre, on peut mentionner ce formidable combat où Pat Patterson et André le Géant se sont imposés au terme d’une pur condensé d’action, faisant la part belle au divertissement, incitant encore une fois à un tournant qui sera pris un peu plus tard au cours de cette décennie. Toutefois, l’intérêt majeur de ce programme réside dans la présentation de la rivalité de l’année (et peut-être bien de la décennie) entre Bruno Sammartino et Larry Zbyszko. Fruit de mois, de semaines d’anticipation, ce match est une petite pépite de storytelling, de tension et d’intensité, portée par une foule des grands soirs. Alors que Larry Zbyszko ressortait de ce combat avec l’assurance d’une carrière toute écrite, Bruno Sammartino en ressortait quant à lui avec la certitude d’une légende et d’un héritage immortels.

Nathan Maingneur

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