ALL STAR WRESTLING #91

ALL STAR WRESTLING #91

13/09/1980

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Seul, Vince McMahon semble être tombé malade et nous reçoit dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en guise d’ouverture de ce All Star Wrestling. Aucun mot sur l’absence de Bruno Sammartino, si ce n’est qu’on sait que l’italien sera remplacé par Pat Patterson jusqu’en 1984. 

Gary Cappetta s’occupe des présentations sérotinales et mentionne que le catch ce soir à l’affiche est placé sous l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée en ringside par leurs officiels. Dr. John Woods est assis en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de ce programme d’une heure seront John Stanley, Bill Caputo et Dick Woehrle. 


MATCH 1 : PEDRO MORALES VS BLACK DEMON (06:35)

VAINQUEUR : PEDRO MORALES

PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB

APPRÉCIATION : AGRÉABLE APPARITION DE NOTRE CHAMPION


En ces temps, c’est plutôt rare qu’on retrouve un catcheur masqué de ce côté des territoires. La Commission Athlétique de la côte Est des États-Unis n’était en effet pas favorable au port de cet élément culturel de la Lucha Libre qui fut même proscrit au Madison Square Garden. Mil Mascaras fut l’exception qui confirme la règle. Un certain Black Demon se tient sur le ring, annoncé des îles du Pacifique. Ce compétiteur est plus connu sous le nom de Don Serrano, catcheur d’origine portoricaine qui catche sur les rings de la National Wrestling Alliance depuis 1964. Son antagoniste est annoncé en grande pompe et n’est autre que l’énergique Pedro Morales, toujours accueilli en héros par le public d’Hamburg.

Gonflé à bloc, l’ancien Champion de la World Wide Wrestling Federation s’impose naturellement grâce à son expérience entre les cordes. Bien que son adversaire et compatriote portoricain ne soit pas né de la dernière pluie, celui-ci est d’une inefficacité certaine et peine à faire quoi que ce soit. Tout au long de la rencontre, Morales se focalise sur l’épaule de son défi du soir. Un enfourchement calme les espoirs du Black Demon qui finit par jeter l’éponge, contorsionné dans un Boston Crab. 


– Fait plutôt rare, Gary Cappetta nous annonce que l’actuel Champion du Monde, en la personne de Bob Backlund est présent ce soir. Le Champion rejoint alors son ancien partenaire et le félicite pour sa victoire. Ensuite reçu au microphone de McMahon, Backlund, qui porte d’ailleurs un costume bleu flashy atypique, est juste de passage. En effet, Backlund est sans cesse sur les routes et voyage à une cadence infernale, plus que n’importe quel autre Champion de la promotion. 


MATCH 2 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS STEVE KING (06:27)

VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER

PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH

APPRÉCIATION : SLAUGHTER RESTE INVAINCU


L’instructeur militaire de Parris Island en Caroline du Sud s’avance au ring d’un pas sûr. Accompagné de son manager, en la personne du Grand Wizard of Wrestling, Slaughter en impose grâce à son gros gabarit. En effet, l’ancien sergent de l’armée américaine affiche près de 150kg. C’est Steve King, catcheur d’origine portoricaine qui va devoir être repris à l’ordre et rentrer dans les rangs. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. 

Slaughter s’acharne alors sur le bras de ce pauvre gars, sans que l’arbitre puisse faire quoi que ce soit face à la brutalité du sergent. Il le hisse ensuite par ce même bras, une manœuvre à l’aspect particulièrement féroce. Lorsque King répond, celui-ci est calmé par une série de sauts chassés peu esthétiques, mais pour le moins efficaces. Un brise-dos, ni même un terrible marteau-pilon ne suffisent à l’instructeur qui fait durer le plaisir, son plaisir en particulier. Sgt. Slaughter finit le massacre avec son célèbre Cobra Clutch, sa prise de soumission redoutable et redoutée. 


– Ensuite reçu par Vince McMahon, Sgt. Slaughter et son diablotin de manager nous gratifient d’un petit entretien. Ernie Roth glorifie son poulain tandis que celui-ci s’entraîne comme à l’armée. Les sifflets de la foule du Fieldhouse s’intensifient lorsque le sergent fait entendre sa voix rauque. Hué et détesté, Slaughter est interrogé quant à son grade de sergent. Le Wizard rétorque que bien que Richard Nixon ne soit plus président, on l’appelle toujours président Nixon ! Slaughter remet Vince à l’ordre et ordonne le respect en s’égosillant. Vince le questionne ensuite suite à son renvoi de l’armée, apparemment pour cause de cruauté. Slaughter acquiesce et ordonne une fois de plus le respect au public d’Hamburg.


MATCH 3 : LARRY ZBYSZKO VS ANGEL MARAVILLA (04:19)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

APPRÉCIATION : ZBYSZKO EST TOUJOURS AUSSI HUÉ


Récemment signé par la promotion, le portoricain Angel Maravilla n’a pour l’instant pas su s’affirmer comme un talent à suivre de ce côté des territoires. Malgré un bon catch typé Porto Rico, Angel manque de charisme. Il se mesure ce soir au compétiteur le plus haï de ces dernières années, en la personne de Larry Zbyszko, originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie. 

Pour le portoricain, il s’agit d’un test qui signifierait sans doute beaucoup en cas de victoire. Comme d’habitude, Zbyszko en fait des tonnes et refuse d’engager le combat, une initiative qui a toujours pour don d’irriter le public d’Hamburg. Il l’agresse ensuite sournoisement, alors que McMahon se demande où est passé le Larry Zbyszko d’antan. On pense alors que Maravilla est bon pour la casse mais ce jeune homme a décidé de ne pas se laisser faire. Contrant un coup d’arpin, Angel reprend du poil de la bête et calme Zbyszko avec quelques coups de pied. Emporté par son élan, Angel Maravilla s’écrase toutefois lourdement dans l’un des coins et succombe ensuite à une souplesse arrière de l’autoproclamée légende vivante. 


MATCH 4 : RENÉ GOULET VS BARON MIKEL SCICLUNA (10:00)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : TIME LIMIT

INDICATEUR : * ½


Ces briscards des rings de catch ont tout fait et tout vu. Ils ont déjà croisé le fer à de multiples reprises au cours des décennies précédentes. Que ce soit Goulet comme Scicluna incarnent le catch à l’ancienne des années 60 et 70. À l’aube des eighties, leur image est peut-être quelque peu décrépite mais ces vétérans en ont encore suffisamment sous le capot. L’affiche est carrément old-school et promet d’ores et déjà quelques moments sympathiques. 

Scicluna se sert immédiatement de son objet illicite, caché dans son caleçon. L’arbitre Dick Woehrle n’y voit que du feu alors que Goulet est rapidement mis en difficulté. Le maltais le garde un temps au tapis avec une prise des trapèzes. Au sol, Goulet tente de galvaniser un public plutôt calme. À chaque fois que Goulet semble se reprendre, Scicluna le ramène au sol, que ce soit en le tirant par le caleçon ou par ses longs cheveux. Autant dire que Scicluna domine largement cette première partie de la rencontre, qui tire un peu en longueur. En effet, plus les minutes passent et plus l’issue du match se précise. Cette fois-ci, c’est un coup porté avec cet objet directement dans les côtes qui envoie Goulet en contrebas. L’arbitre a beau chercher, aucune trace de cet objet, caché par ce spécialiste qu’est Scicluna, passé maître dans l’art. On entend qu’un spectateur souhaite que l’officiel fouille dans le caleçon de Scicluna pour s’emparer de cet objet, tandis qu’une jeune femme crie au maltais de se l’enfoncer dans le derrière. Ah, ces foules de Pennsylvanie. Goulet s’en sort en mordant son adversaire et entame une petite phase de retour. Goulet semble plutôt chaud et emmène alors Scicluna en Sunset Flip, seulement pour être interrompu par le son de la cloche, signe que la limite de temps réglementaire s’est écoulée. Il s’agit donc d’un match nul, sans plus.


MATCH 5 : THE HANGMAN W/FREDDIE BLASSIE VS RICK STALLONE (03:24)

VAINQUEUR : THE HANGMAN

PRISE DE FINITION : HANGMAN’S NOOSE

APPRÉCIATION : SQUASH TYPIQUE DU BOURREAU


On conclut ce programme avec l’un des récents protégés de « Classy » Freddie Blassie. Je ne parle pas d’Hulk Hogan mais du bourreau européen, en la personne de The Hangman. Originaire d’Europe, ce compétiteur est prétendument victorieux de plusieurs tournois en rounds. Toujours invaincu sur cette antenne, The Hangman s’oppose ce soir à Rick Stallone, aucun lien de parenté avec Rocky Balboa, ni Rambo. 

On s’en doute, c’est une punition sans foi ni loi administrée par le bourreau. Stallone est totalement impuissant et se fait massacrer par la force de frappe du protégé de Blassie. Celui-ci n’hésite pas à donner de petits coups de pied et de canne, comme si cela était nécessaire. The Hangman s’amuse et prolonge son plaisir, au détriment de la souffrance de ce pauvre Stallone. Il le hisse ensuite à bout de bras et le laisse lourdement retomber sur la corde supérieure. The Hangman l’emporte ensuite avec son nœud coulant, son Hangman’s Noose. 


Orphelin de son compère Sammartino, McMahon s’est donc retrouvé en tant qu’unique commentateur et présentateur de ce programme depuis 1979. Un teint pâle et une voix malade, Vince n’était pas dans une forme olympique. Ce All Star Wrestling n’est pas un classique du genre mais propose quand même quelques curiosités. Les brutes étaient de sortie, que ce soit avec The Hangman ou Sgt. Slaughter, qui ont chacun terrorisé le public d’Hamburg. Pourtant bien ancré dans l’année 1980, ce match entre René Goulet et le Baron Scicluna nous a offert un voyage dans le temps, une confrontation tout droit sortie des années 70. Ces vétérans des rings de catch n’ont plus rien à prouver mais continuent de se mesurer l’un à l’autre comme si c’était la première fois. Grand perdant du Showdown at Shea et pas moins détesté pour autant, Larry Zbyszko continue inlassablement d’être sifflé en conséquence de ses actions envers Bruno Sammartino. La haine lui colle à la peau et la prochaine étape pourrait être une ceinture. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Et pourquoi pas celle de Bob Backlund, ce soir présent pour une simple apparition. La présence du Champion semble se faire de moins en moins rare et c’est plutôt bon signe. Dans les prochains jours, Bobby Backlund ira remettre sa ceinture en jeu en même temps que celle d’Harley Race, dans une rencontre aux proportions gigantesques pour cette époque. 

Nathan Maingneur

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