WORLD WRESTLING FEDERATION – MSG #15

WORLD WRESTLING FEDERATION

MADISON SQUARE GARDEN #15

06/04/1981

Madison Square Garden

Madison Square Garden

L’arène la plus célèbre du monde. Le Madison Square Garden de New York City est un temple légendaire pour le sport-spectacle du catch professionnel. Et en particulier pour la promotion de Vincent J. McMahon, géographiquement implantée sur ce territoire depuis 1963 et la fondation de la Capitol Wrestling Corporation. 

L’inégalable Howard Finkel nous accueille avec son timbre inimitable et procède aux introductions en utilisant son célèbre microphone.


MATCH 1 : INTERCONTINENTAL TITLE MATCH : MOONDOG REX W/CPT. LOU ALBANO VS PEDRO MORALES © (09:33)

VAINQUEUR : PEDRO MORALES 

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET 

INDICATEUR : ** 


Sur le ring, l’un des Moondogs se tient aux aguets alors que sacré Lou Albano n’en peut plus des sifflets du public. Albano est chahuté comme jamais et harangue de plus belle l’antagoniste de l’un de ses toutous. Celui-ci n’est autre que Pedro Morales, actuel Champion Intercontinental et immense tête d’affiche, même en 1981. Encore et toujours considérablement populaire, Morales surfe sur la vague de son succès acquis entre 1971 et 1973 en tant que Champion de la promotion et fier représentant de la communauté Latino de New York City. La ceinture de Morales est en jeu et le fut tout récemment face à Moondog King, le partenaire de Rex. 

La cloche sonne, l’excentrique Albano est sommé de plier bagage et Rex s’empare alors de Pedro en collier de tête. Le portoricain subit ensuite une clé de bras, longuement gardée par la moitié des Champions Tag. L’intérêt de cette manœuvre est d’affaiblir le bras gauche de Pedro, considérée comme l’un de ses atouts majeurs. Le Champion est impuissant et se laisse mener par l’infâme Moondog, sifflé et conspué. En réalité, Morales prépare son comeback et s’apprête à transcender le public du Garden. Pedro subit encore et encore et lorsque le « Puertorican Fire » s’embrase, la foule toute entière l’accompagne. Morales charge ses coups de poing et sèche complètement ce pauvre Moondog Rex avec d’énormes gauches. Contrant une projection dans les cordes, Morales l’enroule en petit paquet. L’arbitre compte et cela suffit pour que Pedro Morales conserve sa ceinture, déclenchant au passage une magnifique réaction de la foule du Madison Square Garden. 


MATCH 2 : PAT PATTERSON VS SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING (13:36)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : DOUBLE DQ

INDICATEUR : ****


L’atmosphère est totalement électrique. Haï pour son personnage caricatural et de surcroît après ce segment avec Pat Patterson, le Sgt. Slaughter effectue son entrée au Madison Square Garden sous les sifflets du public. Patterson est déjà sur le ring et trépigne d’impatience à l’idée de rendre la monnaie de sa pièce au sergent. La cloche sonne et c’est parti ! 

Pat Patterson & Sgt. Slaughter

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Fidèle à lui-même et à ses tactiques de couard, Slaughter est réticent à l’idée d’engager le combat et se réfugie plusieurs fois à l’extérieur du ring. La tension monte, Patterson est chaud comme la braise et Slaughter joue sur cette frustration afin que le premier coup du québécois résonne comme un coup de tonnerre. Et ça ne manque pas. Le sergent lui fonce alors dans le dos, Patterson se retourne et lui décoche une droite en plein minois. Gonflé à bloc d’une haine couplée à un immuable désir de vengeance, Patterson se déchaîne et lui éclate le crâne dans le coin, l’envoyant tête première contre le sommet du poteau. Disposant pourtant d’un gros gabarit, Slaughter n’a pas peur de donner de sa personne et rebondit d’un bout à l’autre du ring pour ajouter de l’intensité au catch du premier Champion Intercontinental de l’histoire. Lourdement envoyé à l’extérieur du ring, Patterson doit reprendre ses esprits tandis que Slaughter le toise avec mépris et insistance. Il lui écrase ensuite le crâne contre le poteau, un choc d’une brutalité inouïe. Le sergent peut alors s’attirer les foudres du public et jouer avec la haine de la foule à son égard. Lorsque Patterson remonte enfin sur le ring, le catch est mis au placard au profit d’une bagarre rangée. Ils se mordent, ils se griffent et sont prêts à se tuer. L’arbitre Jack Lutz peine à maintenir l’ordre et finit bousculé par Patterson, puis par le sergent. Ils n’arrêtent pas de se battre pour autant et soudain, comme si c’était la seule chose sur laquelle ils étaient d’accord, Slaughter et Patterson éjectent l’officiel en contrebas. Un coup bas permet ensuite au sergent de placer son redoutable Cobra Clutch sur le québécois. L’instant est décisif et la foule donne tout pour que Patterson s’en sorte. L’arbitre ne pouvant faire entendre son autorité choisit de faire sonner la cloche, signant l’arrêt de cette rencontre survoltée. Sgt. Slaughter repart au vestiaire sous les sifflets tandis que Patterson laisse retomber la tension. Finkel annonce qu’il s’agit d’une double disqualification alors que Patterson fulmine, rouge de colère suite à cette décision pour le moins frustrante. L’histoire est loin d’être terminée et culminera dans ce Alley Fight aussi légendaire que sanglant. 


MATCH 3 : WORLD WRESTLING FEDERATION TITLE MATCH : STEEL CAGE MATCH : STAN HANSEN VS BOB BACKLUND © W/ARNOLD SKAALAND (08:59) 

VAINQUEUR : BOB BACKLUND

PRISE DE FINITION : SORTIE PAR LA PORTE DE LA CAGE

INDICATEUR : **** ½


Il s’agit de l’attraction principale de la soirée. La cage d’acier est descendue et Howard Finkel nous précise les règles de la rencontre. Stan Hansen effectue son entrée et on note l’angle pris par la caméra, accentuant l’aspect majeur de la rencontre. On aperçoit alors la silhouette de Vincent J. McMahon, co-fondateur et président de la promotion de 1963 à sa mort en 1984. Il est important de préciser qu’il s’agit du père de Vince McMahon, alors âgé de 35 ans. Accueilli en héros populaire, Bob Backlund rejoint le ring escorté par la police de New York et par son manager Arnold Skaaland, ancien chaperon de « Living Legend » Bruno Sammartino. 

Stan Hansen & Backlund

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

Hansen beugle comme un sauvage et Backlund ne perd pas de temps, fonçant tête baissée sous les coups du hors-la-loi. Son trop plein de haine lui fait toutefois défaut en ce début de rencontre, Backlund réussissant à inverser la tendance en l’envoyant plusieurs fois contre la paroi de la cage. Hansen cogne très fort et le Champion plie l’échine, sans pour autant apparaître en danger. Ouvert au front par un choc contre la cage, Hansen saigne et Backlund se transforme alors en un tout autre personnage. D’habitude cantonné à ses méthodes de lutteur amateur, Backlund apparaît ici vicieux et brutal, râpant le front de son challenger contre le grillage et déclenchant des réactions à la fois apeurées et fascinées du public. Hansen manque à plusieurs reprises de s’échapper, que ce soit par le sommet de la cage ou par la porte. Le Champion tient à son or et fait tout en pouvoir pour l’en empêcher, n’hésitant pas à cogner très fort sur le crâne du cowboy de Borger au Texas. Debout sur la troisième corde suite à un échange de coups au sommet, Hansen est tiré vers le bas et finit tête première dans le coin. Backlund le toise alors et entame sa sortie, passant par la porte de la cage pour remporter ce combat et conserver sa ceinture. Le public du Madison Square Garden entre alors en éruption tandis que le Champion repart immédiatement au vestiaire. Hansen est livide et hurle alors comme un forcené, le tout rendu incroyablement saisissant par une excellente réalisation et de sublimes plans caméra. Backlund retient donc son or au terme d’un match en cage aussi brutal que prenant. 


MATCH 4 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE & « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ VS TONY GAREA & RICK MARTEL (07:38)

VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : ** 


On termine ce programme avec une rencontre en tag. L’affiche n’est pas déplaisante et l’on retrouve « Pretty Boy » Larry Sharpe ce soir associé « Unpredictable » Johnny Rodz. Ils se mesurent aux anciens titulaires des ceintures de Champions Tag Team que sont Tony Garea et Rick Martel. Laissant échapper leurs ceintures face aux Moondogs d’Albano lors d’un récent Championship Wrestling, Martel et Garea n’ont toutefois rien perdu de leur popularité. 

Martel a fort affaire avec l’expérimenté tandem de heels que forment Sharpe et Rodz. Ceux-ci effectuent une remarquable entreprise de sape, mais cela n’empêche pas Martel de reprendre ses esprits. Un tag avec Garea remet les pendules à l’heure et celui-ci peut alors s’imposer grâce à son expérience entre les cordes. Toutefois, la ruse et la rudesse des heels ont raison de Garea, qui refait entrer le québécois. Les anciens Champions sont mis en difficulté, notamment Martel, couché par un sale coup de genou dans l’abdomen de Johnny Rodz. Garea essuie à nouveau les plâtres et les sales coups de Rodz mais en passant sous ses jambes, réussit à passer le relais à Martel. Celui-ci est chaud bouillant et fait le ménage, porté par le soutien de la foule de New York. Ils catchent ensemble et se débarrassent du « Pretty Boy ». Au sol, Rodz est alors enroulé en petit paquet et cela suffit pour le compte de trois. 


Proposant une carte réaménagée et un format écourté, ce programme d’une heure peut être considéré comme une belle exhibition du produit World Wrestling Federation en ce début d’année 1981. La dernière fois que nous foulions ce stade mythique qu’est le Madison Square Garden, Larry Zbyszko affrontait Bruno Sammartino tandis que Pat Patterson s’associait avec son compère André le Géant. En clôture de ce gala, Tony Garea et Rick Martel catchaient face à un tandem de heels. Bien que plutôt sympathique, l’affiche aurait davantage eu sa place lors d’un épisode de Championship Wrestling. Après une victoire face à King, Pedro Morales défendait ce soir sa ceinture face à Moondog Rex, l’autre protégé d’Albano et moitié des Champions Tag Team depuis quelques jours maintenant. Sans cesse provoqué et défié par une pléthore de challengers, Bob Backlund bouclait ce soir sa rivalité face à Stan Hansen. Et à cet égard, la cage d’acier fut à nouveau synonyme de conclusion. Au terme d’un combat aussi haletant que sanglant, Backlund put tirer son épingle du jeu et conserver sa ceinture. Hansen n’a pas à rougir tant sa performance fut mature et digne d’un grand Champion. Insulté et provoqué de longues semaines par le Sgt. Slaughter, Pat Patterson a d’abord  tenté de résister à la tentation. Agressé lors d’une édition du Cobra Clutch Challenge, le québécois en ressortit meurtri et empli de vengeance. Le face-à-face eut donc lieu sur le ring de l’arène la plus célèbre du monde. Bouillonnant de rage, Patterson déversa toute sa haine sur un Slaughter maîtrisant à la perfection son rôle de salaud honni. Se terminant par une double disqualification, le résultat peut paraître frustrant mais c’est toute l’idée de la chose. Le point culminant de cet arc narratif entrepris en ce début d’année 1981 se concrétisera sous la forme de ce Alley Fight, considéré à juste titre comme l’un des matches les plus violents et sanglants de l’histoire de la World Wrestling Federation et comme un classique du genre.

Nathan Maingneur

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