ALL STAR WRESTLING #88

ALL STAR WRESTLING #88

16/08/1980

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Showdown at Shea a tenu toutes ses promesses. Proposant un spectacle à grande échelle, cet événement au Shea Stadium est à l’image des manifestations qui jalonneront l’âge d’or du catch nord-américain des eighties. Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous emmènent d’abord du côté du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie. 


MATCH 1 : LARRY ZBYSZKO VS BILL BERGER (03:35)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

INDICATEUR : ZBYSZKO EST UN MONSTRE DE HEAT 


On s’éloigne en effet à quelques encablures du Fieldhouse pour une récente édition de Championship Wrestling, en date du 9 août 1980. Suite à ce pétage de câble face à Sammartino, Larry Zbyszko n’est plus le même. Portant une haine viscérale à l’égard de celui qui était autrefois son maître, Zbyszko s’opposait ce soir à Bill Berger, catcheur originaire de Rochester dans l’Ohio, qui catche ici depuis 1976. 

Jouant avec les nerfs d’un public chauffé à blanc, Larry refuse d’engager le combat, se targuant de tous les prétextes possibles et imaginables pour prendre son temps. On aperçoit alors Tony Garea au premier rang, de retour après un séjour passé à l’international. Garea semble quelque peu décontenancé face à l’attitude de son ancien partenaire. On s’en souvient, Garea et Zbyszko ont un temps été titulaires de l’or Tag Team de la World Wide Wrestling Federation en 1978. Ce pauvre Bill Berger s’effondre ensuite sous les coups de natif de Pittsburgh. Celui-ci l’emporte rapidement avec une souplesse arrière. 


– Tony Garea monte alors sur le tablier du ring mais l’un de ses gestes n’a apparemment pas plu à Larry. Celui-ci l’agresse soudainement, lui arrachant sa chemise et le martelant de coups de poing. La foule est furieuse et le fait entendre, surtout lorsque l’inarrêtable Zbyszko s’en prend à l’arbitre de la rencontre. « Golden Boy » Arnold Skaaland intervient au secours de Garea, tandis que Sammartino accourt également. La construction de ce clash aux proportions gigantesques entre le mentor et son disciple a donc été maîtrisée de bout en bout.


MATCH 2 : « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ VS « M. USA » TONY ATLAS (06:48)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : FULL NELSON

INDICATEUR : **


On repart désormais au Fieldhouse d’Hamburg pour notre édition d’All Star Wrestling, en date du 16 août 1980. Celui qu’on surnomme « Fire Brand from the Bronx » pour son tempérament agressif se tient sur le ring. Johnny Rodz s’oppose ce soir à Tony Atlas, populaire athlète de la côte Ouest des territoires. 

Johnny Rodz prend l’ascendant avec de sales coups de pied, portés à la suite de quelques contacts préliminaires. Sur un coup de tête, Rodz se heurte au crâne d’Atlas, qui ne sent rien du tout et répond avec des droites et des gauches. L’ancien haltérophile et bodybuilder s’offre alors un retour en force et semble reprendre du poil de la bête. Envoyé en contrebas, Johnny s’empare d’un pichet d’eau avec des glaçons, posé sur la table des officiels et l’éclate sur le crâne d’Atlas. On ne l’appelle pas « Unpredictable » pour rien. Tony s’en empare à son tour et lui rend la monnaie de sa pièce. L’arbitre John Stanley ne réagit pas et laisse se poursuivre ce combat. Atlas peut alors enchaîner avec un surpassement dont Rodz ne se dégage que péniblement. Johnny rate ensuite une charge dans l’un des coins, ce qui permet à Tony de le cadenasser dans une Full Nelson. Compressé par l’impressionnante force de Tony Atlas, Johnny Rodz doit immédiatement jeter l’éponge. Ce n’est pas une prise habituelle de l’arsenal du garçon de Roanoke en Virginie. Est-ce un message directement envoyé à Ken Patera, qui l’a récemment affronté au Showdown at Shea ?


– Accueilli en ringside par Bruno Sammartino, Tony Atlas transpire à grosses gouttes, sans doute à cause de l’apparente chaleur de cette soirée d’août 1980. Au sortir d’une première rencontre face à Ken Patera, Atlas s’adresse au Champion Intercontinental et clame vouloir s’arroger son or. Tony revient sur quelques-uns des faits d’armes et records de l’homme fort, mais Bruno souhaite également parler de certains records d’Atlas. Humble et un peu timide, Atlas préfère en revenir à Patera et déclare qu’il suit un entraînement des plus rigoureux pour l’affronter à nouveau. 


MATCH 3 : WILD SAMOAN AFA W/CPT. LOU ALBANO VS « QUICKDRAW » RICKY MCGRAW (06:37)

VAINQUEUR : WILD SAMOAN AFA

PRISE DE FINITION : FALLING HEADBUTT

INDICATEUR : **


Showdown at Shea fut une soirée difficile pour les Samoans d’Albano. Afa et Sika ont en effet concédé leur or à ce duo de choc composé de Pedro Morales et de Bob Backlund, faisant de celui-ci un double Champion. Afa apparaît ici sans son partenaire Sika, mais toujours managé par cet énergumène de Lou Albano. Leati Anoa’i se mesure ce soir à « Quickdraw » Ricky McGraw, énergique compétiteur fortement apprécié pour ses capacités entre les cordes. 

Doté d’un catch orienté Mid-Atlantic Wrestling, McGraw s’affirme avec une série de Armdrag qui surprennent le samoan. Afa répond avec un sale coup de tête, le séchant ensuite avec un gros coup de coude. Attention à la présence de ce parasite de Lou Albano qui rôde à l’extérieur du ring. Grâce à sa fougue, Ricky peut prendre l’ascendant avec un quelques coups de pied et de genou. Afa reprend les rennes de la rencontre avec puissance, calmant les ardeurs de son antagoniste avec des Judo Chop dans la gorge. On sent que les dégagements de McGraw sont de plus en plus pénibles, jusqu’à que celui-ci succombe finalement à une descente du crâne. Afa s’arroge donc une victoire en solo, reprenant du poil de la bête depuis son humiliante défaite au Shea Stadium.


MATCH 4 : JOSÉ ESTRADA VS RICK MARTEL (09:02)

VAINQUEUR : RICK MARTEL

PRISE DE FINITION : HURRICANRANA 

INDICATEUR : ***


Future tête d’affiche de la World Wrestling Council de Porto Rico, José Estrada est également un ancien titulaire du Junior Heavyweight Championship, concédé à Tatsumi Fujinami en 1978. Estrada s’oppose ce soir à une récente recrue de la promotion, tout fraîchement débarqué de la Pacific Northwest Wrestling de Portland. Rick Martel est un compétiteur québécois, qui a pris ses marques à la Stampede Wrestling de Calgary puis à la All Star Wrestling de Vancouver. 

Estrada s’impose en surprenant Martel avec un enfourchement, ce à quoi celui-ci rétorque avec un enfourchement d’un tout autre acabit. On s’échange alors quelques prises d’une fluidité remarquable. Estrada l’emmène au sol, le gardant ensuite immobilisé avec un ciseau de tête. Martel s’en démène et retourne la prise en Surfboard Stretch, appliquant une pression conséquente sur le bas du dos d’Estrada. Martel se relève en envoyant quelques coups de poing, écrasant ensuite la tête du portoricain dans l’un des coins du ring. À chacune des sales tactiques d’Estrada, Martel répond en prouvant qu’il sait aussi pratiquer ce genre de catch. Ce sacré filou de Lou Albano se pointe à nouveau et se produit alors l’impensable. Sans doute à bout de cette présence acariâtre, un spectateur s’emporte et agresse Albano à coups de chaise ! Un policier doit s’interposer tandis qu’Albano se défend à coups de poing. Sur le ring, l’action se poursuit, même si un pan du public semble s’être déconnecté. Albano improvise et grimpe sur le ring, se retrouvant au milieu d’une salve de sauts chassés de Martel. Ce dernier l’emporte ensuite avec un sublime Hurracanrana, une prise de risque inédite à cette époque, encore plus sur ce territoire. 


– Ressortant la tête haute de ce match mouvementé, Martel est reçu au microphone par Bruno Sammartino. Hors d’haleine, Martel est questionné quant à sa prise utilisée en fin de rencontre. Celui-ci indique (à juste titre) qu’il s’agit d’un Victory Roll, ce qui en soi, est l’appellation américaine du Hurracanrana. Martel remercie les fans pour leur accueil et souhaite désormais se mesurer à de gros noms tels que Ken Patera. Bruno le félicite et rend l’antenne. 


MATCH 5 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS RICK STALLONE (03:42)

VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER

PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH

APPRÉCIATION : PREMIERS PAS CONCLUANTS POUR SLAUGHTER 


Cette silhouette est reconnaissable entre mille. Avec son air d’instructeur de l’armée américaine, ce compétiteur issu du camp militaire de Parris Island en Caroline du Sud se présente pour la première fois sur ce territoire. Managé par l’iconique Grand Wizard of Wrestling, Sgt. Slaughter affiche une stature impressionnante. Slaughter a pris ses marques sur les territoires de la National Wrestling Alliance depuis 1972, s’illustrant également en tant que Super Destroyer. 

Sgt. Slaughter

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Face à ce frêle antagoniste, Slaughter s’impose sans problèmes avec de gros coups. On retrouve également un peu de technique dans l’arsenal de ce grand gaillard, ce qui n’est jamais désagréable. Arrogant, Slaughter tend le menton et demande à être cogné. Il enlève ensuite son débardeur et assène un Powerslam du tonnerre à Stallone. Déjà, Slaughter l’emporte en étouffant ce pauvre gars avec son Cobra Clutch, prise du sommeil modifiée pour être plus redoutable encore. Sgt. Slaughter ira rencontrer un succès majeur au cours de la décennie suivante, tantôt en tant que héros adoré, tantôt en tant que traître à la solde de l’ennemi. Farouche adversaire de Bob Backlund puis de Hulk Hogan, au sommet de la Hulkamania, Slaughter trahit sa patrie au début des années 90 et s’affiche désormais en tant que sympathisant à la solde de l’Irak et ce, en pleine guerre du Golfe. Sgt. Slaughter est ensuite plus ou moins resté dans le paysage de la promotion, que ce soit au cours de l’Attitude Era ou lors d’apparitions occasionnelles. Slaughter fut intronisé dans le Hall of Fame de la WWE en 2005, gardant intacte l’image de son personnage d’instructeur militaire si caractéristique de l’âge d’or du catch nord-américain. 

Que de choses à dire sur ce All Star Wrestling du 16 août 1980. Au sortir d’un Showdown at Shea lourd de conséquences, cet épisode est un agréable rafraîchissement. Perdants face à Backlund et Morales, les Wild Samoans sont de retour à la case challengers. Ici en solo, Afa a toutefois su s’affirmer face à l’énergique Ricky McGraw. Également dans cette position, on retrouve Tony Atlas, qui n’a pas su s’imposer au Shea Stadium face à Ken Patera. Gonflé à bloc et plus populaire que jamais, Atlas souhaite par-dessus-tout vaincre l’arrogant Patera et s’arroger son or Intercontinental. On note également l’incident survenu au milieu de cette rencontre mouvementée entre Martel et Estrada, voyant un spectateur agresser Lou Albano à coups de chaise ! Avec les débuts du Sgt. Slaughter, c’est une nouvelle figure pittoresque que rejoint les rangs d’une promotion qui commence tout doucement à mettre l’accent sur le personnage. Le tournant est en marche et la face du catch s’apprête à être chamboulée pour toujours. En amont de ce match en cage légendaire entre Bruno Sammartino et Larry Zbyszko, nous avons également eu droit à l’agression de Tony Garea, venue agrémenter cette guerre intestinale entre le maître et son élève. Showdown at Shea 1980 fut donc le théâtre de la fin de cet arc narratif, voyant l’italien ressortir victorieux et la tête haute d’un combat en cage sanglant et éprouvant. L’histoire est écrite, Larry Zbyszko est entré dans la légende tandis que Bruno Sammartino a cimenté la sienne. 

Nathan Maingneur

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