CHAMPIONSHIP WRESTLING #26

CHAMPIONSHIP WRESTLING #26

09/08/1980

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon est notre unique hôte, son compère Bruno Sammartino n’est en effet pas présent en ce début de programme. Déjà en sueur, à cause des fortes chaleurs de cet été 1980, Vince nous présente la carte de cette édition de Championship Wrestling, encore et toujours enregistrée dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie.

Joe McHugh s’occupe des présentations sérotinales et précise que cette heure de catch est placée sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée en ringside par quelques-uns de ses officiels. Dr. George Zahorian siège aux côtés de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront tout au long de ce programme sont messieurs Dick Kroll, Gilberto Roman et Dick Woehrle.


MATCH 1 : PAT PATTERSON VS BARON MIKEL SCICLUNA (08:44)

VAINQUEUR : PAT PATTERSON

PRISE DE FINITION : DROPKICK

INDICATEUR : **


Le public d’Allentown s’illumine lorsque Pat Patterson effectue son entrée. Pourtant, il n’y a pas encore un an, le québécois était l’un des lutteurs les plus détestés de la promotion, alors sous l’aile d’Ernie Roth, l’alias du Grand Wizard of Wrestling. Aujourd’hui, Patterson est plus populaire que jamais, mais est dans sa dernière active. En fin d’année 1980, il ira raccrocher ses bottes pour remplacer Bruno Sammartino aux côtés de Vince McMahon. Il rencontre ce soir un homme qu’il connaît bien, en la personne du Baron Scicluna, sinistre lutteur originaire de l’île de Malte, vétéran des rings et briscard invétéré.

Affichant près de vingt ans d’expérience, Patterson fait toutefois l’erreur de tourner le dos à son adversaire. Le Baron le matraque alors de vilains coups de poing dans le crâne et le  dos. Très rapidement, Scicluna a recours à son objet illicite, qu’il planque un peu partout, tantôt dans sa bouche, tantôt dans son slip, tantôt sous son aisselle. Pourtant très aguerri l’arbitre Dick Kroll n’y voit que du feu, ou du moins fait-il semblant. À ce petit jeu, le Baron est le maître absolu et incontesté. Patterson dérouille sévère, et c’est Scicluna qui mène le rythme du combat. L’ancien Champion Intercontinental en a vu d’autres et se rebiffe en lui éclatant les jambes dans le poteau. Et alors qu’il comptait ressortir son arme, le Baron est à son tour surpris par un saut chassé de Patterson. Percutant le coin de plein fouet, il tombe à la renverse et le québécois en profite pour le recouvrir. L’arbitre compte trois, ce qui permet à Pat Patterson de repartir avec la victoire, au terme d’un bon match de catch à l’ancienne, au grand dam d’un Scicluna vert de rage.


MATCH 2 : BOB BACKLUND W/ARNOLD SKAALAND VS « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ (05:20)

VAINQUEUR : BOB BACKLUND

PRISE DE FINITION : ATOMIC KNEE DROP

INDICATEUR : **


Sans plus attendre, passons à notre prochain combat. Sur le ring, celui qu’on surnomme « Unpredictable » Johnny Rodz se tient en attendant la venue de son antagoniste de soir. Ce dernier, n’est autre que l’actuel Champion du monde en titre, le toujours très populaire Bob Backlund, accompagné par Arnie Skaaland. À cette période, ce garçon originaire de Princeton dans le Minnesota défend fréquemment son titre contre des catcheurs tels que Ken Patera, Larry Zbyszko ou encore Don Muraco.

Sur le plan purement technique, on sait que le Champion est injouable. Attention toutefois à ne pas sous-estimer les capacités de Johnny Rodz qui même s’il est cantonné à ce rôle de jobber, n’en reste pas moins un compétiteur aguerri. Comme on pouvait s’y attendre, Backlund s’impose rapidement, ce qui frustre Rodz. Celui-ci n’hésite alors pas à user de sales tactiques mais aussi de ses poings. Mais à ce petit jeu, Backlund n’est pas en reste non plus. La rencontre se transforme alors en un vif échange de coups, donnant lieu à un plutôt bon affrontement. Finalement, après près de cinq minutes de match, largement en faveur de Backlund, une erreur de Rodz permet au Champion en titre de l’emporter avec son Atomic Knee Drop, sans grande surprise.


– Après sa victoire, Bob Backlund est accueilli par Vince McMahon pour un court passage au micro. Interrogé à propos de sa compétition actuelle, des noms tels que Hulk Hogan, Ken Patera ou encore Harley Race sont cités. Le Champion réaffirme sa position et clame pouvoir battre n’importe qui.


MATCH 3 : HARLEY RACE VS KID SHARKEY (01:52)

VAINQUEUR : HARLEY RACE

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DE RACE


Avec ses bacchantes et son regard de tueur, Harley Race est l’archétype du catcheur des années 1970. Champion des poids-lourds de la National Wrestling Alliance, Race apparaît très fréquemment lors de ces programmes, à notre plus grand plaisir. Présenté en grande pompe, celui qu’on surnomme « The Greatest Wrestler on God’s Green Earth » se mesure ce soir à un certain Kid Sharkey, jobber du territoire.

Très rapidement, Race s’impose avec de sales coups de genou. Il décolle littéralement la mâchoire de son pauvre adversaire avec un énorme coup de poing alors que celui-ci était acculé dans un des coins. Une série de souplesses, parmi lesquelles nous retrouvons une Gutwrench Suplex, ainsi qu’une Double Underhook Suplex, sèche ce pauvre Sharkey. En moins de deux minutes, Harley Race l’emporte alors avec une Vertical Suplex, ressortant la tête haute de ce combat expéditif.


– Lui aussi accueilli par Vince McMahon à sa sortie du ring, Race semble particulièrement véhément et s’adresse directement à Bob Backlund. Hors de lui, le Champion de la NWA affirme qu’il n’est le challenger de personne et qu’il ne le sera jamais. Harley Race met en garde le Champion Backlund et certifie être le véritable Champion du monde.


MATCH 4 : LARRY ZBYSZKO VS BILL BERGER (03:35)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

APPRÉCIATION : INCROYABLE SCÈNE D’APRÈS-MATCH


Sur le ring, un jobber du nom de Bill Berger semble plutôt blasé au moment de l’annonce de sa présence au public d’Allentown. Son antagoniste pénètre alors dans le Agricultural Hall et déclenche une vague de huées. Bien entendu, il s’agit de Larry Zbyszko, l’homme le plus détesté du catch depuis son légendaire pétage de câble face à son maître, Bruno Sammartino.

La foule est chauffée à blanc et entame un chant « We Want Bruno ! » qui ne semble pas être du goût de Larry Zbyszko. Celui-ci refuse d’abord d’engager le combat, puis se lâche complètement contre ce pauvre Burger. Piétiné et étranglé, Bill Berger passe un très sale quart d’heure aux mains de Zbyszko. Comme souvent, Larry en termine en peu de temps, à peine moins de quatre minutes.


– Assis au premier rang et observant d’un regard attentif celui qui fut jadis son partenaire, Tony Garea se lève et essaie d’aller parler à son ancien ami. Et contre toute attente, Larry pète à nouveau les plombs et l’agresse violemment, lui déchirant sa chemise devant une foule horrifiée. Essayant de s’interposer, l’arbitre Dick Kroll est également envoyé au tapis. Arnold Skaaland accourt alors, mais c’est trop tard. Le mal est fait, et Bruno Sammartino essaie d’obtenir quelques mots de son collègue et ami. Blessé, mais rouge de colère, il lui demande de briser tous les os de son corps !


MATCH 5 : « QUICKDRAW » RICK MCGRAW & RENÉ GOULET VS THE WILD SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO (06:25)

VAINQUEURS : THE SAMOANS

PRISE DE FINITION : FALLING HEADBUTT

INDICATEUR : ** ¼


Décidément, ce programme comporte de grosses affiches. Accompagnés par le capitaine Lou Albano, voici les Champions Tag Team de la promotion. Ce sont les Samoans, Afa et Sika. Ils affronteront Bob Backlund et Pedro Morales au Shea Stadium. Ils rencontrent ce soir un duo très populaire composé de l’étoile filante, « Quickdraw » Ricky McGraw, et de René Goulet, notre vétéran franchouillard. Les ceintures ne sont pas en jeu.

Sans perdre une seconde, McGraw et Goulet s’imposent en catchant à deux, ce dont les protégés d’Albano ne semblaient pas s’attendre. Ainsi, et lors d’une séquence jouissive, Afa, puis Sika, puis Albano sont boutés hors du ring, alors que le public est en transe. Les Champions reprennent toutefois le dessus avec de gros coups de tête qui sonnent Goulet Dans le cirage, Goulet est victime de très nombreuses tricheries, et parfois même sous le regard de l’arbitre Dick Woehrle. Et lorsqu’Albano s’en mêle, Bruno Sammartino le qualifie du catcheur le plus détestable de l’histoire de la discipline, rien que ça. Finalement, et au terme d’une longue agonie, Goulet réussit à faire rentrer Ricky McGraw, chaud comme la braise. Inarrêtable, Ricky commet toutefois l’erreur de s’élancer depuis les cordes, et finit contre le poing d’Afa. Une descente de la tête assomme complètement ce pauvre Ricky McGraw, qui ne peut se relever du compte de trois.


– Toutefois, Goulet n’a pas dit son dernier mot et part alors pour un festival, que dis-je, un véritable déluge de sauts chassés. Les Samoans sont dégagés hors du ring et même Lou Albano, qui en prend pour son grade.

André & McMahon

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

– On termine ce programme, non pas avec un match, mais avec une interview, enregistrée alors que les portes de la salle étaient encore closes. Vince McMahon accueillait alors nul autre qu’André le Géant, qui affrontera d’ailleurs Hulk Hogan au Showdown at Shea. Et ce n’est pas tant les questions posées, ni les réponses d’André, adressées avec un accent à couper au couteau, que nous retiendrons. Non, il s’agit de cette image, celle d’un André rehaussé pour paraître encore plus gigantesque, aux côtés de l’homme qui va changer le cours de sa vie. Avec des paillettes dans les yeux, Vince McMahon réalise que là est son attraction, celle avec laquelle il ira conquérir le catch nord-américain.


Édition gigantesque de Championship Wrestling, avec un programme cinq étoiles. On ne pouvait pas réellement faire plus gros. De la présence de notre Champion du monde Bob Backlund, du Champion de la NWA, Harley Race, à ce pétage de câble de Larry Zbyszko, en passant par la présence mythique d’André le Géant c’est tout ça, et plus encore !

– En 1980, peu de lutteurs ont l’expérience qu’ont Patterson et Scicluna. Et encore moins savent nous faire ce genre de matches, du catch à l’ancienne comme on l’aime. Ouvrant l’émission, ces deux lascars ont à nouveau croisé le fer, et même si la sublime roublardise du Baron a bien failli lui arroger une victoire, c’est bien Patterson qui s’est imposé grâce à sa ruse. Répétons-le encore une fois s’il le faut, mais le Baron Mikel Scicluna est le maître absolu dans l’art d’utiliser un objet interdit. Apprenez.

– En prime, notre Champion du monde en titre, en la personne de Bob Backlund, était ce soir à l’affiche. À quelques jours de remporter les ceintures de Champions Tag Team avec Pedro Morales, Backlund s’échauffait gentiment face à « Unpredictable » Johnny Rodz. Il pose également les bases d’une future rivalité avec Harley Race qui aboutira à un combat entre Champions, disputé au Madison Square Garden, rien que ça.

– Celui-ci figurait d’ailleurs à l’affiche de ce programme. Et si Race nous gratifiait comme d’habitude d’un combat sec et autoritaire, c’est toutefois lors de sa promo d’après-match que le Champion de la NWA a fait sensation. S’adressant directement à Bob Backlund, le détenteur de la « Ten Pounds of Gold » s’est targué d’une promo claire, efficace et carrée. Les graines de la rivalité avec Backlund sont plantées, les prochaines semaines risquent d’être intéressantes.

– Ce programme était donc le théâtre de la continuité de l’arc narratif débuté à la suite du heel turn de Larry Zbyszko. À savoir l’agression de Tony Garea, alors que celui-ci essayait de remettre de l’ordre dans les idées de son ancien ami. C’est sans doute la goutte d’eau, et Larry Zbyszko payera, dans le sang, la sueur et les larmes, le prix fort de ses actes qui ne resteront pas impunis.

– Nous retrouvions également cette légendaire interview d’André le Géant, qui se tenait ce soir sur un marchepied, afin qu’il paraisse encore plus grand. Si l’utilité de cet artifice est questionnable, il semble indéniable que ces images ont largement contribué à façonner le mythe et la légende d’André le Géant, dont la figure hors-normes a transcendé le monde du catch, pour en faire une icône culturelle et sportive immortelle et intemporelle.

Nathan Maingneur

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