WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #15
29/05/1982
Marc Lowrance est notre hôte habituel, et nous accueille comme chaque semaine dans la mythique enceinte du Sportatorium de Dallas au Texas. Au programme de cet épisode de World Class Championship Wrestling, une énorme affiche que ce combat entre King Kong Bundy et Kerry Von Erich.
– Lowrance est alors rejoint par Bundy qui proclame que Kerry ne sera rien de plus qu’une prime parmi tant d’autres. En effet Bundy déclarait la semaine dernière que Gary Hart lui a promis une prime à chaque fois qu’un Von Erich mordrait la poussière. Passons sans plus attendre à notre premier combat.
MATCH 1 : « WILD » BILL IRWIN VS KEN MANTELL (10:00)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS RÉGLEMENTAIRE
INDICATEUR : ** ¾
On commence fort, avec une très belle affiche qui s’offre à nous. D’un côté, un vétéran du ring rôdé et endurci, en la personne de Ken Mantell, qui a réalisé son retour à l’antenne en ce milieu d’année 1982. De l’autre, l’actuel Champion du Texas, pourtant sifflé par la foule du Sportatorium. Il s’agit vous l’aurez reconnu, de « Wild » Bill Irwin, notre cowboy du ring qui apparaît avec toute sa panoplie, gilet à franges et lasso inclus.
Fin technicien, Mantell s’impose facilement. Frustré, Irwin peine à rentrer dans le match et peste comme c’est pas permis. Complètement mené, limite humilié, Irwin revient en force avec un gros Bicycle Kick qui sèche Mantell sur place. C’est désormais au tour d’Irwin de contrôler le rythme de la rencontre, avec de gros coups de massue dans l’arrière du crâne de Mantell. Toutefois, celui-ci ne se laisse pas faire et ne lâche pas prise. Il lui assène une jolie souplesse arrière mais Irwin s’en dégage au compte de deux. Ce dernier monte alors sur les cordes, et s’élance pour un Splash, esquivé à la toute dernière seconde. Les deux hommes se répondent coup pour coup, mais l’épuisement les ralentit considérablement. Pourtant, l’heure tourne, le temps passe et l’on se rapproche de la limite réglementaire de 10 minutes. Finalement lorsque sonne la cloche, ni l’un ni l’autre n’auront trouvé le moyen de l’emporter. Ce sera donc un match nul, qui n’en reste pas moins un très bon combat, sans doute le meilleur de Bill Irwin en cette année 1982.
MATCH 2 : THE MAGIC DRAGON W/ARMAN HUSSEIN VS KIM DUC (01:59)
VAINQUEUR : KIM DUC PAR DQ
PRISE DE FINITION : INTERVENTION D’ARMAN HUSSEIN
APPRÉCIATION : TRÈS BONNE ATTRACTION ET QUEL PUBLIC !
Place à une attraction spéciale, qui se présente sous la forme d’un challenge match. D’un côté du ring, Arman Hussein s’affaire auprès de son nouveau protégé, qui n’est autre que le Magic Dragon, annoncé en provenance de Macao. Son adversaire, est japonais et n’est autre que le futur Tiger Lee Chung, plus connu à cette période sous le nom de Kim Duc. Il reçoit d’ailleurs une très belle réaction du public.
Après qu’ils aient déposé leurs bâtons de kendo en dehors du ring, les deux combattants s’échangent des atémis qui claquent dans toute l’arène. On ressent une réelle tension qui émane de ces premiers échanges, et la foule se tient au diapason de ce qu’il se passe sur le ring. Duc réussit à coincer le Dragon dans un ciseau de tête alors que le public explose littéralement. Toutefois, Hussein décide d’intervenir, et sera à son tour pris dans le ciseau de tête du japonais au grand bonheur d’une foule en délire. Dans son dos, le Dragon en a profité pour l’attaquer mais c’est sans compter sans l’intervention du Spoiler, qui s’amène lui aussi avec un bâton de kendo. Ensemble, ils repoussent le Dragon de Macao et Arman Hussein, alors que le public est en fusion.
MATCH 3 : TAPED FISTS MATCH : THE GREAT KABUKI W/GARY HART VS AL MADRIL (04:38)
VAINQUEUR : AL MADRIL
PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE
INDICATEUR : **
On enchaîne sans transitions avec notre prochain combat. Et comme pour le précédent, il s’agit d’une attraction un peu particulière. En effet, l’annonceur Joe Renelli précise que ce match sera un Taped Fist Match, c’est à dire que les mains des deux protagonistes seront recouvertes de plusieurs couches de bandage. Toujours aussi mystérieux, le Great Kabuki s’avance en direction du ring, ce soir recouvert d’un sinistre voile noir cachant son visage. Son adversaire n’est autre qu’Al Madril, sans doute l’un des catcheurs les plus populaires de ce territoire.
Très rapidement, on remarque que seul Madril a les mains bandées. Kabuki lui, s’asperge les siennes avec son green mist. L’ambiance est pesante, et c’est le japonais qui frappe le premier avec un coup de pied dans l’abdomen. Utilisant cette stipulation à son avantage, Madril revient avec des coups de poing qui claquent, parfaitement vendus par Kabuki. Ce dernier réussit toutefois à l’immobiliser avec une prise des trapèzes mais, grâce à l’appui du public, Madril effectue son retour en force. Adoptant une attitude de boxeur, Madril se sert de ses poings pour retourner la situation. Essayant de s’interposer, l’arbitre Manning s’en prends une et est mis KO. Voyant l’ouverture, Gary Hart intervient et permet à Kabuki de coucher Madril avec un méchant saut chassé. Ayant retrouvé ses esprits, mais encore un peu sonné, l’arbitre compte trois. Sale soirée pour Al Madril.
– C’était sans compter sur l’irruption d’autres arbitres, qui informent David Manning de ce qu’il s’est passé. Finalement, et au terme de quelques tergiversations, qui ont encore plus excité la foule, la décision est retournée et Madril est déclaré victorieux. Toutefois, Kabuki ne l’entends pas de cette oreille, et s’en prends de nouveau à lui. Tom « Boogaloo » Shaft puis Ken Mantell et enfin José Lothario, arrivent à son secours, et réussissent à repousser les heels au vestiaire. Bon segment, même si on aurait espéré l’arrivée d’un Von Erich à la place de Lothario.
De retour de coupure publicitaire, Marc Lowrance recevait quelques membres de la H&H Limited. Cigare en bouche, Bundy enfume ce pauvre Marc Lowrance et clame qu’il se fait beaucoup d’argent en travaillant pour Hart et Hussein. Sur un tout autre ton, Bugsy ajoute d’autres élucubrations qui cassent un peu le ton.
– Lowrance reçoit désormais le légendaire Fritz Von Erich, président et promoteur de cette fédération. Interrogé à propos de son dernier combat, Fritz se dit honoré de livrer sa toute dernière bataille sur l’herbe du Texas Stadium, comme une piqure de rappel à ses années passées sur les terrains de football. Il est confiant sur le futur de ses fils et déclare que s’il n’a pas eu la chance de gagner le titre de Champion du monde de la NWA, tous ses fils le feront.
MATCH 4 : BUGSY MCGRAW VS TOM « BOOGALOO » SHAFT (02:07)
VAINQUEUR : BUGSY MCGRAW
PRISE DE FINITION : TOP ROPE SPLASH
APPRÉCIATION : MATCH QUELQUE PEU ANECDOTIQUE
On décompresse un peu mais toujours avec du catch. Portant un poncho et un sombrero, Tom « Boogaloo » Shaft est un compétiteur toujours apprécié par le public de Dallas. Il se mesure ce soir à un autre membre de la H&H Limited, en la personne de Bugsy McGraw, annoncé en tant que Champion Brass Knuckles de la WCCW. Il s’agit en réalité du titre de Champion Brass Knuckles de Southwest Sports Inc, crée en 1953 du côté de Houston, et remporté pour la première fois par le légendaire Bull Curry.
Tel un gorille, McGraw se cogne le torse et ne laisse pas une seule chance à « Boogaloo » Shaft. Il le martèle de coups, mais Shaft ne se laisse pas faire et rétorque avec des coups de tête qui sonnent McGraw. Étonnamment, l’action se disperse en dehors du ring, ce qui pourrait être intéressant. Shaft est projeté dans le poteau et est ensuite ramené sur le ring par Bugsy. Ce dernier grimpe immédiatement sur les cordes et s’élance pour son Splash, l’emportant ensuite au compte de trois en un peu plus de deux minutes.
MATCH 5 : KERRY VON ERICH VS KING KONG BUNDY W/GARY HART (06:57)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE DÉCOMPTE À L’EXTÉRIEUR DU RING
INDICATEUR : ** ½
On termine ce programme en beauté, et quelle affiche ! Monstre absolu, construit tout en puissance depuis quelques semaines, tel l’antagoniste ultime destiné à affronter Fritz Von Erich lors de son tout dernier match, King Kong Bundy s’est mis en tête de mettre les Von Erich hors d’état de nuire. Une semaine après l’agression de Kevin, c’est au tour de Kerry Von Erich de lacer ses bottes contre le monstre de Gary Hart et d’Arman Hussein.
Fier et valeureux, Kerry ne se démonte pas une seule seconde face à Bundy. C’est même lui qui prend le premier l’avantage psychologique avec un saut chassé. Repoussé dans le coin, Bundy revient avec de gros coups de massue, et une sale descente du genou qu’on aurait pas aimé se prendre. Kerry résiste et, soutenu par son public, tente alors de placer son Iron Claw. Bundy l’en empêche en retenant son bras de toutes ses forces, mais Kerry la place sur son abdomen, et Bundy hurle à la mort. En dehors du ring, Hussein aboie sur son protégé et lui rappelle qu’une prime lui est promise s’il met Kerry hors d’état de nuire. Le combat dégénère, et les deux hommes finissent en dehors du ring. Ils se battent alors comme des chiffonniers et les coups de poing et d’avant-bras claquent dans toute l’arène du Sportatorium. Ils sont tous deux comptés par l’arbitre Bronco Lubich, qui doit ensuite s’interposer pour les séparer. Superbe match, Kerry solidifie son statut d’étoile filante face à un King Kong Bundy qui apparaît de plus en plus mature, dans sa présentation comme dans son catch.
– Juste après le combat, Lowrance accueille à nouveau Bundy, tandis qu’Hussein blâme le corps arbitral. Bundy déclare que même s’il ne touchera pas son bonus cette semaine, il compte bien l’empocher la semaine prochaine, lorsqu’il affrontera à nouveau Kevin Von Erich. Sacrée annonce !
Excellente semaine de catch du côté de la WCCW, peut-être même la meilleure depuis ce début d’année 1982. De la cohérence scénaristique, de la construction de personnage, et du bon catch, du très bon catch, c’est tout ça et plus encore !
– Voici ce que devrait être le catch made in Texas. On oppose deux catcheurs, ici ce fut le cas de Ken Mantell et de « Wild » Bill Irwin, et on les laisse faire ce qu’ils savent faire, faire du catch. Car ce soir, et même si la limite de temps réglementaire a joué les troubles-fête, nous avons eu droit à une rencontre plus que correcte, rythmée par des rebondissements et parfois même haletante. En soi, on n’en demande pas plus.
– De même concernant le Great Kabuki et Al Madril. Opposés lors d’un Taped Fist Match, les deux compétiteurs n’ont pas déçu, bien au contraire. L’ajout de cette stipulation a mis du piment dans l’opposition, et le public s’en est retrouvé comblé. On regrette cependant que le match n’ait pas duré plus longtemps mais au vu de la séquence d’après-match, ce n’est sans doute que partie remise.
– Dans ce même ordre d’idée, parlons un peu du public de Dallas. Est-ce qu’on s’imagine une seule seconde que Kim Duc, simplement parce qu’il se mesure à un protégé d’Arman Hussein, recevrait l’une des plus grosses ovations de la soirée ? C’est là toute la force de ce territoire, ce public passionné, qui n’hésite pas à transformer un match anecdotique en une attraction prenante et passionnante.
– Construit en tant que monstre de puissance depuis quelques semaines seulement, King Kong Bundy s’est élevé au rang de menace sérieuse en s’en prenant violemment aux fils Von Erich. Passé d’un personnage de garçon de ferme au plus gros heel de la promotion, Bundy a même été choisi pour rencontrer Fritz Von Erich lors de son tout dernier combat, qui aura donc lieu au Texas Stadium, lors du prochain gros événement de la WCCW. Est-ce qu’on peut rêver d’un plus beau compliment, que celui d’être choisi comme le dernier adversaire du légendaire Fritz Von Erich ?
Nathan Maingneur