CHAMPIONSHIP WRESTLING #28

CHAMPIONSHIP WRESTLING #28

23/08/1980

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Le souffle du Showdown at Shea est retombé, toutes les cartes ont été rebattues. Dans la mythique enceinte du Shea Stadium, là où les Beatles réalisaient l’entrée en scène la plus forte jamais enregistrée, et en face d’un public composé de près de 36,295 personnes, la World Wrestling Federation organisait, en ce mois d’août 1980, ce qu’on pourrait désigner comme le prototype de WrestleMania.

Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes habituel et nous accueillent comme chaque semaine dans le Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie, à l’occasion de ce Championship Wrestling. Ils nous détaillent la carte de ce programme et nous annoncent que des images inédites du Showdown at Shea seront diffusées.

Joe McHugh s’occupe des introductions rituelles et précise que cette heure de catch sera placée sous l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée sur place par quelques-uns de ses officiels. Dr. John Woods siège en ringside, toujours en compagnie de Mike Mittman, gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront ce soir sont messieurs John Stanley, Dick Kroll, Billy Caputo, Gilberto Roman et Dick Woehrle.


MATCH 1 : « M. USA » TONY ATLAS VS JOSÉ ESTRADA (06:32)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : SAUT CHASSÉ

INDICATEUR : * ¾


Pour le premier combat de notre soirée, José Estrada est à l’honneur et toise la foule d’un regard froid. Son adversaire ne porte pas la ceinture de Champion Intercontinental autour de ses reins et pourtant, c’est bien son bras qui a été levé au Shea Stadium. Car en effet, si Tony Atlas a bel et bien remporté ce combat, Ken Patera a perdu par décompte, ce qui signifie que le titre ne change pas de mains. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Tony Atlas n’arbore pas sa fierté habituelle.

Atlas s’impose rapidement, mais Estrada fait des pieds et des mains auprès de l’arbitre. Il contre une clé de bras en clé de jambes, mais Atlas ne sait pas trop comment s’en tirer, le tout offrant une séquence un brin maladroite. Envoyé dans les airs avec un surpassement Atlas se remet rapidement sur pied mais José Estrada cogne fort et ne le lâche plus d’une  semelle. En difficulté, Atlas s’offre un second souffle et projette violemment Estrada dans l’un des coins. Un bel enfourchement précède un magnifique saut chassé, qui sera répété et qui lui permet de l’emporter au compte de trois. Ce n’était pas mauvais, mais ce n’était clairement pas leur meilleure performance.


– On nous diffuse ensuite des images inédites du Showdown et Shea, en particulier de ce combat lors duquel Bob Backlund et Pedro Morales ont remporté les titres de Champions Tag Team en venant à bout des Samoans. Les images sont commentées par McMahon et Bruno et sont une excellente plus value de ce programme.

Bob Backlund & Pedro Morales

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling

De retour dans le Agricultural Hall d’Allentown, Vince et Bruno nous annoncent que Pedro Morales et Bob Backlund ont, d’un commun accordé, décidé de rendre leurs ceintures de Champions Tag Team, et que l’objectif n’était que de vaincre les Samoans. Vince annonce qu’un tournoi sera bientôt organisé afin de couronner de nouveaux Champions.


MATCH 2 : « BIG CAT » ERNIE LADD W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS PAUL FIGUEROA & BIMBO LARSON (02:34)

VAINQUEUR(S) : ERNIE LADD

PRISE DE FINITION : BIG BOOT

APPRÉCIATION : SQUASH UN PEU BROUILLON MAIS PLUTÔT PLAISANT


Un duo de jobbers patiente sagement dans l’un des coins. On reconnaît Paul Figueroa, et Bimbo Larson, avec sa grenouillère violette et sa queue de cheval blond platine. Emmené au ring par Ernie Roth, plus connu sous le nom de Grand Wizard of Wrestling, leur défi du soir est un défi de taille et c’est peu dire. Originaire de Louisiane, ancien membre des San Diego Chargers, Ernie Ladd a commencé le catch au début des années 1970. Surnommé « King of Wrestling », Ladd est rapidement devenu l’un des heels les plus détestés de son temps. En 1978, Ernie Ladd rencontre Bob Backlund au Madison Square Garden, mais ne réussit pas à prendre son or.

Face à cette paire de gringalets, c’est là qu’on se rend compte que Ladd est un géant. On a alors l’impression qu’Ernie se débarrasse de deux parasites qui lui tournent tout autour. Techniquement parlant, Ladd fait ce qu’il peut, mais est encore relativement agile pour un homme de sa taille. Le « Big Cat » couche ensuite Figueroa avec son Big Boot et balance Larson en dehors du ring comme un vulgaire sac de pommes de terre. Sans doute blessé au dos, Bimbo remonte péniblement sur le ring. Il le termine également avec un autre Big Boot, et l’emporte au compte de trois en moins de trois minutes.


MATCH 3 : BARON MIKEL SCICLUNA VS STEVE KING (02:49)

VAINQUEUR : BARON SCICLUNA

PRISE DE FINITION : BRISE-DOS

APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DU BARON SCICLUNA


Sinistre, froid, le Baron Scicluna est encore, en ce milieu d’année ’80, après près de vingt ans de carrière, l’un des compétiteurs les plus redoutés de ce territoire. Véritable briscard des rings, Scicluna est un dur à cuire et est très respecté par ses pairs. D’origine maltaise et d’ailleurs le seul à l’être dans le monde du catch, le Baron rencontre ce soir Steve King, le Saint-Patron des jobbers.

Endurci par des années coups et de chutes, Scicluna cogne fort et emmène King au tapis pour l’y maintenir fermement. De là, nous assistons à de très solides échanges, en fait, du  catch, tout simplement. Et quand le catch est bon, alors tout est parfait. King revient mais se fait stopper net par un coup de genou de Scicluna. Ce dernier l’emporte ensuite en un peu moins de trois minutes, en lui écrasant les lombaires avec un gros brise-dos.


MATCH 4 : KEN PATERA W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS « QUICKDRAW » RICK MCGRAW (06:40)

VAINQUEUR : KEN PATERA

PRISE DE FINITION : COUP DE GENOU

INDICATEUR : **


Lui est reparti du Shea Stadium avec sa ceinture de Champion, certes perdant, mais avec sa ceinture. Il s’agit bien entendu de Ken Patera, toujours guidé en direction du ring par le Grand Wizard of Wrestling. Ce dernier a d’ailleurs la lourde responsabilité de devoir l’aider à retirer son pantalon, ce qui suscite les moqueries et railleries du public d’Allentown. Son adversaire, c’est peut-être l’avenir de cette promotion. Feu-follet, bondissant et trépidant, Ricky McGraw est sur une pente montante.

Celui qu’on ne surnomme pas « Quickdraw » pour rien, commence fort et réussit même à semer le doute dans l’esprit de Patera. McGraw dégaine un contre pour tout et Patera est même obligé de reprendre ses esprits en dehors du ring. Ricky passe plusieurs fois à rien de l’emporter, sans trop faire d’efforts, et Patera commence alors à montrer des signes de faiblesse. Ce dernier reprend l’avantage avec un sale coup de genou, qui le fait chuter en dehors du ring. Et alors qu’on pensait que McGraw était fini, celui-ci revient contre attente et lui éclate le genou contre le poteau. Porté par l’appui du public, Ricky est enflammé et, rien ne peut lui rester. Toutefois, un trop-plein de précipitation lui fait foncer tête première dans les genoux de Patera, et celui lui coûte le match. Dommage, surtout cette fin un peu abrupte qui clôt ce qui se construisait comme un bon match.


MATCH 5 : RICK MARTEL VS « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ (04:33)

VAINQUEUR : RICK MARTEL

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

INDICATEUR : * ¾


Lui aussi représente peut-être l’avenir du catch nord-américain. Fraîchement débarqué du territoire de Portland, Rick Martel apporte un vent d’air frais à ces programmes qui ont un peu tendance à mettre en avant de vieilles gloires. Ce soir, le québécois rencontre un gros poisson puisqu’il se mesure à celui qu’on surnomme « Unpredictable » Johnny Rodz, l’un des lutteurs les plus intelligents de ce territoire.

À la suite d’une phase d’observation, Rodz prend l’avantage avec un collier de tête. Rodz triche, et s’agrippe à la chevelure de Martel mais dément ces accusations lorsque l’arbitre le lui notifie. Malgré quelques gestes de défense, c’est bien Rodz qui domine la rencontre. Martel se redonne du poil de la bête en projetant violemment Johnny Rodz dans l’un des coins, ce dernier retombant lourdement sur la table des officiels. Dès lors, c’est Martel qui domine, et qui l’emporte, très peu de temps après, grâce à un Sunset Flip. On aurait aimé en voir plus.


MATCH 6 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS ANGELO GOMEZ (02:49)

VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER

PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH

APPRÉCIATION : PLUTÔT BON SQUASH DE SLAUGHTER


Après Ernie Ladd, puis Ken Patera, le Grand Wizard of Wrestling reprends du service pour la troisième fois ce soir. Cette fois, le sorcier du ring s’affiche aux côtés du Sgt. Slaughter, toujours invaincu depuis ses récents débuts. Annoncé en provenance de Parris Island, ce grand gaillard affronte ce soir Angelo Gomez, jobber habitué à ce genre de matches.

Sans surprises, le sergent inflige une sévère correction à son souffre-douleur de la soirée, qui ne peut strictement rien faire. En plus d’être une brute, Slaughter est un sadique et fait durer son plaisir en lui relevant systématiquement l’épaule du compte de trois. Après une sorte de marteau-pilon un peu brouillon, Slaughter l’emporte sans sourciller avec sa prise fétiche, son Cobra Clutch dont personne n’a encore réussi à se sortir.


Les Samoans n’ont plus leurs ceintures, Ken Patera prolonge son règne, André le Géant a fini par être soulevé et Bruno Sammartino a réglé ses comptes une fois pour toutes. Vous l’aurez compris, au lendemain du Showdown at Shea, toutes les cartes ont été rebattues. L’occasion pour la World Wrestling Federation d’afficher ses nouvelles têtes et de donner de la fraîcheur à ses programmes. 

– Plus le temps passe, et plus ces programmes hebdomadaires se dotent de lutteurs que j’aime à désigner comme des « caution catch ». Ainsi, aux côtés des grands Johnny Rodz  et José Estrada, qui sont la colonne vertébrale de ces émissions, nous retrouvons de très bons catcheurs tels que Rick McGraw ou encore Rick Martel, qui sont l’assurance d’avoir du bon catch. Pourvu que cela continue.

– Un regret toutefois, c’est l’absence, ou disons le manque de focus sur deux des affiches majeures du Showdown at Shea. Quid d’André le Géant, qui a fini par être soulevé, et qui s’est retrouvé en sang au terme de son match face à Hulk Hogan. Rien non plus en ce qui concerne Bruno Sammartino, qui a triomphé de Larry Zbyszko dans le cage d’acier. Peut-être la semaine prochaine, du moins, on l’espère !

– De toutes les images inédites du Showdown at Shea qui nous ont été diffusées ici, nous avons eu la chance d’assister à un changement de titre, et non des moindres. Opposés à cet imparable duo de choc composé de Bob Backlund et de Pedro Morales, les Samoans n’ont pas su conserver leurs titres de Champions Tag Team, au terme d’un règne de près de 120 jours. Toutefois, au moment où sont diffusées ces images, Morales et Backlund ne sont déjà plus Champions. Mais comment est-ce possible ?

– En effet, et c’est ce que nous annoncent Vince et Bruno, les Champions ont décidé d’un commun accord, de rendre ces ceintures vacantes, afin qu’elles puissent être remises en jeu et qu’une équipe puisse en profiter. Selon les dires de McMahon, un tournoi sera très bientôt organisé. Finalement, ce changement de ceinture n’aura pas servi à grand chose, si ce n’est qu’il ne manque plus que le titre de Champion Intercontinental pour que Pedro Morales devienne le premier Triple Crown Champion de l’histoire.

Nathan Maingneur

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