ALL STAR WRESTLING #72

ALL STAR WRESTLING #72

05/04/1980

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Alors que le catch nord-américain est à quelques années seulement de son apogée, c’est Pink Floyd, mythique groupe de rock psychédélique et progressif qui connaît la sienne en ce début d’année 1980, grâce au succès de l’incontournable « Another Brick in the Wall » de l’album du même nom. 

Encore et toujours au sein du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous présentent la carte de ce programme All Star Wrestling. 

Gary Cappetta s’occupe des rituelles présentations et n’oublie pas de préciser que le catch produit ce soir sera sous le contrôle et la juridiction de la Commission d’État, représentée sur place par John Santoro. Dr. Fred Heinbach est en ringside et siège en compagnie de Mike Mittman, notre « gardien de la cloche ». Les arbitres de cette heure de catch seront Gilberto Roman et John Stanley. 


MATCH 1 : RENÉ GOULET & FRANKIE WILLIAMS VS THE SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO (08:27)

VAINQUEURS : THE SAMOANS

PRISE DE FINITION : SAMOAN DROP

APPRÉCIATION : SQUASH AGRESSIF DES WILD SAMOANS QUI RESTENT INVAINCUS


L’ambiance est toujours électrique lorsque Lou Albano traîne dans les parages. L’ancien manager des Valiant Brothers, désormais rattaché à ses Samoans, est sans conteste l’un des personnages les plus détestés de cette époque. Afa et Sika possèdent une allure de sauvages et pourraient être sortis d’une tribu samoane. En face, s’oppose un tandem formé pour l’occasion entre René Goulet et Frankie Williams, grand perdant en chef des années 1970-1980.

C’est Goulet qui commence face à un Afa presque possédé, déformant son faciès d’une façon tout à fait terrifiante. Toutefois, l’expérience du franco-canadien prime et lui permet de rester en retrait, à l’écart de leur catch impitoyable. Malheureusement, c’est ce pauvre Williams qui ira se jeter dans la gueule du loup, en l’occurrence « les » gueules des loups que sont les Samoans. Aux mains d’Afa et de Sika, Williams est étiré, griffé, mordu et j’en passe. Le match se transforme alors en séance de torture, alors que Goulet tente de s’interposer, à chaque fois retenu par l’arbitre John Stanley. C’est certain, Williams passe le quart d’heure le plus pénible de son existence. Ses souffrances sont finalement abrégées au bout de huit minutes d’une lente agonie par un Samoan Drop d’Afa. S’étant récemment associé avec Dominic DeNucci, René Goulet aura ce soir eu un sacré aperçu de ce que sont les Wild Samoans. 


MATCH 2 : PAT PATTERSON VS « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ (06:23)

VAINQUEUR : PAT PATTERSON

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : **


Vêtu d’un t-shirt Adidas bleu turquoise, Johnny Rodz se tient sur le ring du Fieldhouse d’Hamburg, peu apprécié mais prêt à se mesurer à un féroce compétiteur. Celui-ci n’est autre que l’actuel Champion Intercontinental, Pat Patterson qui rejoint le ring sous les acclamations d’une foule désormais acquise à sa cause. La ceinture ne sera ici pas remise en jeu par Patterson. 

Alors que la cloche n’a même pas sonné, Johnny Rodz s’en prend sournoisement à Patterson, lui enroulant la tête avec son propre t-shirt et l’envoyant par-dessus la troisième corde ! Le Champion est immédiatement mis en déroute, ne parvenant que difficilement à reprendre ses esprits. Toutefois, le québécois possède un tempérament mordant et répond coup pour coup, envoyant à son tour « Fire Brand from the Bronx » s’écraser en contrebas, lui portant ensuite un enfourchement sur le plancher. Soudainement, Johnny Rodz s’empare d’un brancard en fouillant sous le ring et le lance sur Patterson ! Ce dernier l’esquive in-extremis et répond avec des coups de poing. Si vous vous demandez pourquoi Johnny Rodz est surnommé « Unpredictable », cette séquence est pour vous. Souhaitant reprendre le rythme de ce début de match enflammé, Patterson s’attelle à garder Rodz au sol. Celui-ci s’en dégage et retire l’une des protections en mousse du coin, laissant apparaître l’anneau métallique qui supporte la pression des cordes. Sur une projection, c’est bien-sûr Rodz qui tombe dans son propre piège, se sonnant sur le choc. Patterson en profite et l’enroule avec un petit paquet, l’emportant au terme d’une rencontre plutôt sympathique. 


– Encore tout transpirant, Patterson est accueilli au microphone par Bruno Sammartino. Questionné à propos de son revirement d’attitude, Patterson souligne qu’il adore le soutien du public, en particulier celui des jeunes femmes, désireuses d’obtenir un autographe ou un baiser du québécois. Patterson fait écho au fait que lui et Bruno ont déjà croisé le fer à plusieurs reprises, ne manquant pas de rappeler son respect à la légende vivante. Malgré un règne déjà bien entamé (et proche de sa fin), Patterson affirme vouloir un jour remporter l’or suprême, obtenant à cet égard le soutien de l’italien.


MATCH 3 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS TITO SANTANA (08:21)

VAINQUEUR : KEN PATERA

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

INDICATEUR : **


Co-détenteur des ceintures par équipe de la World Wrestling Federation depuis octobre 1979, Tito Santana a pris l’habitude de concourir en solo. Ce soir, le partenaire de « Polish Power » Ivan Putski se mesure à un gros morceau, en la personne de Ken Patera. Celui-ci rejoint le ring sous les huées, en partie à cause de la présence de son manager, the Grand Wizard of Wrestling. L’aidant à retirer sa combinaison, Ernie Roth ne cesse de provoquer d’incessants sifflets à l’encontre de son poulain.

Pour Santana, c’est peut-être bel et bien le plus gros défi de sa jeune carrière. Difficile donc de s’interposer face à la force de Patera. Pourtant, Santana ruse et réussit à l’emmener au sol, le gardant solidement harnaché en ciseau de tête. Profitant de cet ascendant non-négligeable, Tito gagne en confiance, ce qui lui permet d’enchaîner avec un saut chassé et un bras à la volée. Dans une position humiliante, Patera peut toutefois compter sur sa force, écrasant Santana avec un brise-dos. Les mouches ont changé d’âne, c’est désormais Ken Patera qui s’empare du rythme de la rencontre. Envoyé au sol par un immense enfourchement, Santana déguste, ne possédant pas une résistance suffisante pour absorber toute la puissance des coups de Patera. L’ancien haltérophile poursuit et le hisse en une prise de l’ours encore plus destructrice que d’habitude, de par la largeur de ses bras. Porté par l’appui du public et par une fougue inépuisable, Tito Santana s’en sort et place Patera dans un Abdominal Stretch. Malgré cet ultime effort, Patera est trop puissant et l’envoie durement s’écraser en tour de hanches sur le tablier du ring, par-dessus la troisième corde. L’arbitre compte, juste le temps pour Patera d’en rajouter une couche en éclatant le visage de Santana contre le poteau. Rejoignant le ring à la dernière seconde, Ken Patera tire ici son épingle du jeu face à un Tito Santana qui a tout donné. Pour celui-ci, c’est donc un échec, même si une défaite dans ces conditions est forcément moins humiliante que par tombé ou soumission.


MATCH 4 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE VS PAUL FIGUEROA (01:53)

VAINQUEUR : LARRY SHARPE

PRISE DE FINITION : PILEDRIVER

APPRÉCIATION : AU MOINS C’EST COURT !


À nouveau sur ce territoire depuis le début de l’année 1980, Larry Sharpe est toujours invaincu sur ce ring, malgré un florilège de piètres performances. Ce soir, celui qu’on surnomme « Pretty Boy » s’oppose à Paul Figueroa, catcheur d’origine portoricaine qui catche en tant que « souffre-douleur » entre 1971 et 1980. 

Sharpe semble motivé, ce qui détonne avec le catch lent et soporifique auquel nous étions habitués. En quelques secondes à peine, Sharpe s’est imposé. En moins de deux minutes, Larry Sharpe l’emporte en plantant ce pauvre gars avec un marteau-pilon. Et alors, quelle stupéfaction de voir Figueroa se relever, comme si de rien n’était ! En effet, celui-ci n’a pas du tout « vendu » les effets de la prise de Sharpe, un manque de respect regrettable à la déontologie du catch professionnel. 


– On part du côté de nos commentateurs, qui sont rejoints par Tony Altimore. L’ancien catcheur et arbitre, membre des Sicilians avec Lou Albano est ici pour apporter des informations quant à l’état de santé de Bimbo Larson, victime d’une violente agression des mains de Tor Kamata. Altimore précise que Larson a du être immédiatement emmené à l’hôpital et qu’il souffre de quelques côtes cassées. 


MATCH 5 : LARRY ZBYSZKO VS MARC POLE (03:04)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

APPRÉCIATION : LARRY EST UN EXCELLENT HEEL 


Haï comme rarement un catcheur professionnel l’a été, Larry Zbyszko clôture ce programme All Star Wrestling. De retour pour la première fois sur cette antenne depuis sa victoire controversée face à Sammartino au Garden, Zbyszko se mesure ce soir à Marc Pole, qui fut entraîné par Tony Altimore et qui a catché au sein de cette promotion entre 1978 et 1982. 

N’en déplaise à qui que ce soit, Larry Zbyszko est techniquement impeccable. Alors que McMahon demandait à Sammartino ce qu’il en pensait, l’italien préfère rendre le micro, refusant de commenter ce match. De son côté, Larry s’offre une promenade de santé, disposant de Pole sans la moindre difficulté. Dans une forme physique irréprochable, Zbyszko contraste avec le gabarit plus rondouillet de son adversaire. En trois petites minutes, Larry l’emporte avec une Vertical Suplex, emballé c’est pesé. Petite provocation supplémentaire, Zbyszko s’empare du microphone et remercie le promoteur pour la qualité de la compétition. Sarcasme, quand tu nous tiens.


À l’orée de plusieurs changements majeurs, ce programme All Star Wrestling fut plutôt intéressant, dans la (bonne) lignée de sa précédente édition. On ne l’avait pas oublié, ce sacré Larry Zbyszko. De retour à l’écran depuis sa victoire au Garden, Larry n’a pas cessé ses provocations, alors que sa rivalité avec Sammartino est encore loin d’être terminée. Dieu merci, Larry Sharpe aura ce soir fait court, nous épargnant l’habituelle purge interminable. Même si cela reste plutôt brouillon et disons-le nous, relativement inintéressant, cela a eu le mérite d’être bref. Récemment acoquiné avec Dominic DeNucci, René Goulet se sera fait une idée des Wild Samoans. Quid de ces derniers ? Afa et Sika sont à quelques jours seulement de leur sacre pour l’or par équipe de Tito Santana et d’Ivan Putski, rien que ça. Du bon catch à l’ancienne, on en a évidemment eu, à mettre au crédit de Pat Patterson et de Johnny Rodz, qui s’affrontaient dans un re-match qui s’était déjà déroulé sur cette même antenne. L’affiche de la soirée est toutefois celle qui opposait Tito Santana à Ken Patera, sans aucun doute l’un de ses plus gros défis depuis ses débuts en 1978. Ayant eu la volonté de s’illustrer en solo, en parallèle de ses activités avec Putski, Santana enchaîne les déconvenues face à de gros poissons, que ce soit Patera ou Hogan, encore récemment. Peut-être serait-il préférable de s’en garder à la compétition par équipe et encore, lorsqu’on connaît le sort des Champions… Quant à Ken Patera, cette montagne de muscles semble tout doucement se rapprocher du sommet, affichant ici des convictions claires et déterminées. En plus de viser l’or Intercontinental, Patera est également intéressé par la ceinture suprême, toujours détenue par Backlund. Doit-on s’attendre à du changement dans les prochains temps ? La réponse dans la suite de ces articles sur l’histoire de la World Wrestling Federation en 1980.

Nathan Maingneur

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