ALL STAR WRESTLING #115

ALL STAR WRESTLING #115

11/04/1981

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon et Pat Patterson sont tout sourires et nous accueillent dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. Vince et Patterson nous présentent ensuite la carte de ce programme All Star Wrestling. 

Gary Michael Cappetta s’occupe des présentations sérotinales et précise que le catch proposé ce soir sera placé sous l’étroit contrôle de la Commission Athlétique de l’État de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée sur place par Bill Longo. Dr. John Woods siège toujours en ringside en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres mandatés par la Commission seront John Stanley, Danny Davis, Gilberto Roman et Dick Woehrle. 


MATCH 1 : MIL MÁSCARAS VS JACK CARSON (02:52)

VAINQUEUR : MIL MÁSCARAS 

PRISE DE FINITION : STO

APPRÉCIATION : BELLE PETITE ADDITION AU PROGRAMME 


Avec sa silhouette élancée et sa panoplie colorée de Luchador, Mil Mascaras nous gratifie  ce soir de sa rarissime présence. On l’a récemment aperçu du côté de la World Class Championship Wrestling de Dallas. C’était lors de World Wrestling Star Wars et Mascaras affrontait Killer Tim Brooks. Aussi célèbre que El Santo ou Blue Demon, ce parangon de la Lucha Libre rencontre ce soir un certain Jack Carson, originaire d’Atlantic City dans le New Jersey. 

Parfaitement à l’aise entre les cordes, Mascaras choisit d’emmener Carson au sol et de lui donner une leçon de catch. Les prises de technique se succèdent et Mascaras semble tout faire pour l’empêcher de reprendre la main. Une projection dans les cordes lui permet de lui porter son coup de tête à la volée. Il enchaîne avec un saut chassé et l’emporte ensuite avec un violent STO. « L’homme aux mille masques » a fait court mais signe ici l’une de ses rares apparitions sur ce territoire pour l’année 1981. 


MATCH 2 : GEORGE « THE ANIMAL » STEELE W/FREDDIE BLASSIE VS JERRY JOHNSON (04:53)

VAINQUEUR : GEORGE STEELE

PRISE DE FINITION : ÉCRASEMENT DANS LE POTEAU

APPRÉCIATION : STEELE JOUE SON RÔLE À LA PERFECTION


Tout droit sorti d’une baraque foraine, cet inquiétant personnage est bien connu des rings de catch nord-américains. Poilu comme un singe et tout autant imprévisible que redouté, George « The Animal » Steele s’avance en direction du ring. Originaire de Detroit dans le Michigan, Steele catche officiellement depuis 1965, signant ensuite à la World Wide Wrestling Federation en 1968. Managé par « Classy » Freddie Blassie, George Steele est complètement déjanté et se lance à la poursuite de ce pauvre Gary Cappetta qui n’a rien demandé. Jerry Johnson, l’une des récentes recrues de la promotion, sera son paillasson pour la soirée.

George "The Animal" Steele

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Hors de contrôle, Steele arrache immédiatement l’un des coussinets du coin. Il utilise alors le rembourrage pour en mettre plein le visage de ce pauvre Johnson. Steele ne manque également pas d’utiliser un objet illicite, comme à l’époque où il affrontait Bruno Sammartino. Johnson passe un très sale quart d’heure et finit en contrebas. Là, Steele lui éclate la tête dans le poteau et le remet sur le ring pour effectuer le tombé. George Steele l’emporte donc logiquement au bout d’une insoutenable séance de torture. Il ne s’arrête pas pour autant et dévore littéralement le front de son souffre-douleur du soir. Ce fut un sacré spectacle !


MATCH 3 : THE FABULOUS MOOLAH VS JILL FONTAINE (05:48)

VAINQUEUR : THE FABULOUS MOOLAH 

PRISE DE FINITION : SURPASSEMENT 

APPRÉCIATION : ENFIN DU CATCH FÉMININ !


À ma grande surprise, faisons place à un combat de catch féminin. On retrouve alors Jill Fontaine, jeune femme qui a essentiellement catché en Tag Team pour la Championship Wrestling from Florida en 1981. Son antagoniste est également son entraîneuse et il s’agit de The Fabulous Moolah. Taulière du « Ladies Wrestling », Moolah catche depuis 1948, soit l’année de la fondation de la National Wrestling Alliance. Âgée de 57 ans lors de ce match, Moolah détient encore et toujours le NWA Women’s Championship depuis 1956, soit près d’un quart de siècle. Le record tient toujours. 

The Fabulous Moolah

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

On est encore infiniment loin de l’âge d’or du Women’s Wrestling mais l’affiche joue le rôle d’attraction spéciale. En véritable patronne des rings, Moolah gère son match d’une main de maître et sait parfaitement s’attirer les foudres du public. Arrachant la cordelette blanche du coin, Moolah étrangle Fontaine et réitère ensuite sur l’arbitre Gilberto Roman ! Fontaine nous gratifie de quelques manœuvres acrobatiques qui, malgré leur inefficacité relative, font réagir la foule du Fieldhouse. Moolah subit alors quelques sauts chassés et se retrouve enfermée en ciseau de tête. Fontaine lui écrase alors le postérieur à plusieurs reprises et Moolah déguste, en témoigne son pantomime de douleur. Toutefois, la Championne l’emporte après un surpassement au terme d’un petit combat aussi incongru qu’exceptionnel pour ce programme.


 – Tony Garea et Rick Martel sont ensuite reçus par Pat Patterson pour un petit entretien. Les anciens Champions Tag Team sont en colère, en particulier Martel, spécialement véhément avec les Moondogs et Lou Albano. Plus posé que son jeune compère, Garea n’attend qu’une chose, c’est de regagner leur or, perdu non sans controverse. Le québécois demande une revanche et exige que l’os des Moondogs soit banni des abords du ring. 


MATCH 4 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ & « BIG » RON SHAW (03:43)

VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL 

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

APPRÉCIATION : LES ANCIENS CHAMPIONS ONT L’ESPRIT DE REVANCHE


Désormais sur le ring, Tony Garea et Rick Martel n’ont pas perdu de leur bonne humeur et signent quelques autographes pour une poignée de spectateurs. Les anciens Champions se mesurent ce soir à un tandem formé de « Unpredictable » Johnny Rodz et de « Big » Ron Shaw, garçon du pays au catch plutôt brouillon. 

Garea commence et à fort à faire face à la rudesse de Johnny Rodz. Celui-ci ne manque pas une occasion d’envoyer ses coups de poing au visage du natif d’Auckland. Martel entre alors et apparaît remonté comme jamais, sans doute encore sous le coup de leur frustrante défaite. Garea et Martel enchaînent les tags et sont d’une efficacité redoutable. Ils infligent une véritable leçon à ce grand gaillard, tenu au sol par la technique acérée de ses antagonistes. Maintenu par Martel, Ron est alors enroulé en Sunset Flip par Tony Garea, qui s’élance cette fois-ci du haut des cordes. La manœuvre est aussi sublime que risquée mais suffit pour le compte de trois, re-solidifiant les bases du tandem.


– Patterson et Vince abordent ensuite le cas de Bruno Sammartino. C’est la première fois depuis le départ de « The Living Legend » en milieu d’année 1980 que son nom est cité lors de All Star Wrestling. Patterson mentionne que l’italien n’a eu de cesse de s’entraîner et clame qu’il est dans la meilleure forme de sa carrière. 


MATCH 5 : THE MOONDOGS W/CPT. LOU ALBANO VS DOMINIC DENUCCI & S.D JONES (10:00)

VAINQUEURS : AUCUN

PRISE DE FINITION : TIME LIMIT 

INDICATEUR : ** ¾


Sur le ring, S.D Jones s’associe ce soir à un vétéran des rings en la personne de Dominic DeNucci. L’italien a passé son début d’année a combattre les Moondogs, enchaînant partenaires après partenaires. Ces derniers s’amènent au ring et possèdent désormais les ceintures de Champions Tag Team de la World Wrestling Federation, tout récemment remportées face à Tony Garea et Rick Martel. Un spectateur lance alors une croquette pour chiens aux pieds des Moondogs, ramassée puis mangée par King ! 

Jones est concentré comme jamais et tient sa garde face aux chiens d’Albano. Celui-ci essaie alors de s’interposer mais se mange un gros coup de tête. Le public est aussi plutôt chaud est entame un chant à l’encontre du capitaine. C’est lors de ces moments que l’on se rend compte qu’Albano joue son rôle au-delà de la perfection en étant l’un des personnages les plus détestés de l’époque. Dominic et Jones profitent de leur expérience entre les cordes et réussissent à tenir les Moondogs en laisse. Ces derniers sont tournés en bourrique et apparaissent inférieurs à leur statut, ce qui est évidemment fait pour qu’un tandem de challengers se dresse sur leur chemin. King est envoyé au sol avec un énorme surpassement mais renvoie rapidement l’ascenseur à l’italien. DeNucci subit alors les sales tactiques des Champions et déguste de longues minutes durant. Étranglé et griffé, Dominic passe un sale quart d’heure. Albano décide alors de repartir à l’attaque mais c’était sans compter sur la fougue de Jones, qui l’accueille avec un festival de coups de boule ! La distraction profite aux Moondogs, King sautant à pieds joints sur l’abdomen de Jones. Toutefois, tout ce tumulte est interrompu par le son de la cloche. Le verdict de l’arbitre est sans appel, il s’agit d’un match nul. Les quatre compétiteurs ont en effet dépassé le temps réglementaire. Les tensions ne redescendent pas pour autant et les esprits continuent de s’échauffer au terme de ce qui a été un excellent petit match de catch. 


MATCH 6 : « THE MAGNIFICENT » DON MURACO W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS « IRISH » TERRY GUNN (03:18)

VAINQUEUR : DON MURACO 

PRISE DE FINITION : TOP ROPE SPLASH

APPRÉCIATION : MURACO IMPRESSIONNE ET RESTE INVAINCU


Surfeur à ses heures perdues et catcheur professionnel au sein de la World Wrestling Federation, Don Muraco transpire l’arrogance et c’est peu dire. Accompagné du Grand Wizard of Wrestling, celui qu’on surnomme « The Magnificent M » incarne le futur de cette profession. Muraco se mesure ce soir à « Irish » Terry Gunn, annoncé d’Irlande et qui fut entraîné par « Outlaw » Ron Bass. 

On s’en doute, ce match n’est rien de plus qu’une punition à sens unique pour ce pauvre gars qui signe ici l’un de ses premiers combats. Muraco continue de nous sortir des prises qu’on ne connaît pas, du moins qu’on a pas l’habitude de voir à cette époque. Rien ne semble l’effrayer et le natif d’Hawaï passe habilement du brise-dos au saut chassé en passant par le marteau-pilon. En général, Muraco l’emportait toujours avec son Asian Spike, redoutable prise héritée de son passage sur les rings nippons. Mais celui-ci choisit cette fois-ci de l’emporter avec un Splash porté du haut des cordes. Don Muraco est donc toujours invaincu sur ce territoire et ne s’est toujours pas frotté à de plus gros poissons, du moins pour l’instant. 


Après une poignée d’épisodes survoltés, ce All Star Wrestling ne fait pas dans la dentelle et fait fort en nous proposant un programme d’une fraîcheur presque inédite. Challenger de « Superstar » Graham à la fin des années 70, Mil Mascaras nous gratifiait ce soir de sa première apparition de l’année 1981. Lui était l’un des challengers de Bruno Sammartino à la fin des années 60, il s’agit de George « The Animal » Steele. Poilu comme un singe et plus fêlé que jamais, Steele s’est imposé au terme d’une véritable attraction oscillant entre bizarrerie et séance de torture. Don Muraco apporte également son lot de fraîcheur, non seulement à l’émission mais aussi à l’écurie de talents de l’époque. Important sur ce territoire des prises et un catch moderne, Muraco s’établit petit à petit comme l’un des potentiels prétendants à surveiller de près. À cela s’ajoute une petite exhibition de catch féminin, une rareté pour l’époque qui apporte du cachet au programme. En effet, ce n’est pas tous les jours que la tout aussi légendaire que controversée Fabulous Moolah était à l’affiche lors de ces émissions. Tout récemment sacrés Champions Tag Team de la World Wrestling Federation, les Moondogs étaient à la carte et arboraient leurs ceintures. C’est Lou Albano qui semble toutefois le plus fier, celui-ci se positionnant comme le manager des Tag Teams par excellence. Les vaincus étaient également de la partie et ont soif de vengeance. Tony Garea et Rick Martel semblent en effet plus déterminés que jamais à reprendre leurs ceintures, injustement perdues. C’est aussi dans la défaite que l’on reconnaît les grands Champions.

Nathan Maingneur

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