ALL STAR WRESTLING #112
21/03/1981
Hôtes et commentateurs de ce programme, Vince McMahon et Pat Patterson nous accueillent dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie pour cette édition de l’émission All Star Wrestling. Patterson a retrouvé son sourire et entame donc cette grande soirée de catch nord-américain.
Gary Michael Cappetta s’occupe des rituelles introductions et précise que le catch proposé ce soir est placé sous le contrôle de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée sur place par Bill Longo. Dr. John Woods siège toujours en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de cette heure de catch étiquetée World Wrestling Federation seront Freddy Sparta, John Stanley, Danny Davis et Dick Woehrle.
MATCH 1 : SIX-MAN TAG TEAM MATCH : ANDRÉ LE GÉANT, TONY GAREA & RICK MARTEL VS JOHNNY RODZ, BARON SCICLUNA & BLACK DEMON (11:58)
VAINQUEURS : ANDRÉ LE GÉANT, TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
INDICATEUR : ** ¾
Dans mon dernier article, je parlais de l’histoire récente du 6-Man Tag Team Match, une formule qui semble être revenue au goût du jour en ce mois de mars 1981. Sur le ring, un premier trio se compose du Baron Scicluna, de notre « Unpredictable » Johnny Rodz et du Black Demon, originaire de Porto Rico. Leurs antagonistes s’amènent en direction du ring et forment un formidable trio de choc. Les Champions Tag Team que sont Tony Garea et Rick Martel s’associent ce soir à André le Géant, de retour sur ce territoire après une absence de quelques mois. Depuis son match face à Hogan au Showdown at Shea, André a notamment catché au Japon et sur plusieurs territoires de la National Wrestling Alliance, plus particulièrement sur les rings de l’AWA et de la GCW.
D’habitude fier comme un coq, Scicluna est plutôt réticent à l’idée d’engager le combat et on le comprends. Les heels se mettent à trois et essaient de faire bouger André, sans réel succès. Garea se mesure ensuite à Rodz et à Scicluna mais se retrouve rapidement isolé de ses partenaires. Parvenant à rejoindre son coin, Tony passe le relais à André qui se retrouve également pris en porte-à-faux. Martel entre alors et nous offre de belles séquences face au Demon, l’envoyant au sol avec une série de Armdrag qui feraient rougir Jack Brisco. Couché au sol, le portoricain est piétiné par André, qui fait mine de ne pas le voir, même chose pour l’arbitre Dick Woehrle, le tout déclenchant les rires du public d’Hamburg. C’est au tour de Rodz de se mesurer à André, lui qui se mange ensuite un Big Boot et un coup de poing du tonnerre. Acculé dans le coin, Johnny est secouru par ses partenaires mais le géant n’en a cure et les empile derrière son large postérieur. Aussi énergique que faire se peut, Martel est toutefois victime de la rudesse des coups de Rodz et du Baron, ce soir plutôt efficaces. Un tag refait entrer le géant des Alpes Françaises, cette fois-ci avec l’idée d’en terminer pour de bon. Une énorme souplesse arrière couche Rodz, ensuite écrasé par un André qui lui retombe dessus de tout son lourd. Le trio de choc l’emporte donc au terme d’un match palpitant et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce trio a une sacrée gueule !
MATCH 2 : ANGELO « KING KONG » MOSCA W/CPT. LOU ALBANO VS ANGELO GOMEZ (05:08)
VAINQUEUR : ANGELO MOSCA
PRISE DE FINITION : BRISE-DOS
APPRÉCIATION : SQUASH BRUTAL ET PLUTÔT STIFF
Catchant sur les rings des Jim Crockett Promotions et de la Maple Leaf Wrestling de Toronto entre 1980 et ce début d’année 1981, Angelo Mosca a tout récemment signé du côté de la World Wrestling Federation. Âgé de quarante-quatre ans, « King Kong » Mosca est endurci par des années de catch et peut se targuer d’être l’unique protégé de Lou Albano, d’habitude occupé avec ses Tag Teams. Mosca se frotte ce soir à un autre Angelo, en la personne d’Angelo Gomez, d’origine portoricaine.
On s’en doutait, ce pauvre gars ne fait pas le poids et s’écroule immédiatement sous les coups du natif de Waltham dans le Massachusetts. Mosca possède la sombre réputation d’être un catcheur plutôt stiff et le démontre en étant particulièrement rude avec son défi du soir, dont les expressions de douleur ne me paraissent pas exagérées. « King Kong » prend tout son temps et s’attelle à décrocher l’épaule de ce pauvre Angelo. Un terrible brise-dos le plie sur le genou de Mosca et Gomez n’a donc d’autre option que de jeter l’éponge.
– Sortant la tête haute de ce passage à tabac, Angelo Mosca et Albano sont accueillis en ringside par Pat Patterson. Albano hurle à la foule que le surnom de son poulain n’est pas « Ping Pong » et encore moins « Ding Dong » ! Ce procédé voudrait que la foule se déchaîne comme pour les chants « Gomer Pyle » mais le public d’Hamburg reste alors étonnement calme. Mosca nous gratifie d’une belle petite promo et admet être sur ce territoire pour une seule chose. « King King » Mosca a pourchassé Bob Backlund et souhaite maintenant l’affronter pour sa ceinture. Albano s’emporte comme un forcené et nous inquiète de plus en plus sur son état de santé mentale.
MATCH 3 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS STEVE KING (02:38)
VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER
PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH
APPRÉCIATION : SLAUGHTER EST HAÏ COMME JAMAIS
Haï depuis maintenant plusieurs semaines par le public nord-américain, celui que la foule surnomme « Gomer Pyle » s’amène au ring en compagnie du Grand Wizard of Wrestling. Sgt. Slaughter possède alors une « heat » similaire à celle de Larry Zbyszko, tout particulièrement suite à ce segment où le sergent fit saigner Pat Patterson suite à sa participation au Cobra Clutch Challenge. L’ancien instructeur de Parris Island s’oppose ce soir à Steve King, annoncé de Panama City au Panama.
Malgré toute sa bonne volonté, King s’écrase sous le poids des coups du sergent. Ce dernier est vicieux et parfois même imprévisible, en témoigne ce saut chassé envoyé de plein fouet au visage du portoricain. Un surpassement succède à un brise-dos, juste à temps pour que Slaughter décide d’en finir. Il l’emporte ainsi en moins de trois minutes avec son Cobra Clutch, ce pauvre Steve King finissant étouffé dans les bras du Sgt. Slaughter.
MATCH 4 : THE HANGMAN W/FREDDIE BLASSIE VS BOB BACKLUND W/ARNOLD SKAALAND (07:14)
VAINQUEUR : BOB BACKLUND
PRISE DE FiNITION : BRIDGED O’CONNOR ROLL
INDICATEUR : ** ½
C’est une petite rareté. Originaire de Princeton dans le Minnesota, Bob Backlund se tient en effet sur le ring du Fieldhouse d’Hamburg et apparaît donc pour la première fois de l’année 1981 sur ce All Star Wrestling. Il s’agit d’un événement rarissime car en ces temps, le Champion du Monde n’apparaît presque pas, si ce n’est jamais, sur ces programmes. Accompagné du « Golden Boy » Arnold Skaaland, Backlund rencontre ce soir The Hangman, l’un des poulains de la Blassie Army. La ceinture de Backlund ne sera pas remise en jeu. Et en cas ce victoire pour le bourreau, celui-ci pourrait tout à fait être catapulté dans un match de championnat.
Peut-être l’un des plus grands lutteurs de son époque, c’est donc logiquement que Backlund remporte les premiers échanges de ce combat. Au sommet de sa carrière, le Champion paraît plus à l’aise que jamais et ne rencontre presque aucune difficulté face au bourreau. Attention toutefois à l’arrivée de Freddie Blassie, qu’on connaît pour sa fourberie et son désir d’offrir l’or suprême à l’un de ses protégés. Bien que Backlund soit techniquement rôdé et potentiellement insaisissable, The Hangman choisit alors de s’imposer avec de gros coups. Un brise-dos voit le bourreau plier Backlund sur son genou, occasionnant de gros dommages au dos du Champion. Et The Hangman ne s’arrête pas en si bon chemin et lui porte ensuite une prise de l’ours, de laquelle Backlund se dégage. Projeté dans les cordes, celui-ci est repris dans une Bearhug et s’en sort de manière plutôt astucieuse. Contrant une tentative d’enfourchement du bourreau, le Champion l’enroule ensuite en O’Connor Roll et l’emporte grâce à un superbe ponté, salué par la foule et par les commentateurs. Bob Backlund empoche donc une petite victoire fort sympathique au terme d’un match qu’on ne peut pas manquer, rien que pour la simple présence de notre Champion du Monde.
MATCH 5 : PEDRO MORALES VS « BIG » RON SHAW (03:40)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : SQUASH HABITUEL POUR PEDRO MORALES
Fortement apprécié par la foule du Fieldhouse, Pedro Morales rejoint le ring en portant fièrement sa ceinture de Champion Intercontinental. Originaire de Culebra dans l’archipel de Porto Rico, le Triple Crown Champion inaugural s’oppose ce soir à un grand gaillard du nom de « Big » Ron Shaw, annoncé de Philadelphie.
Catchant comme à l’ancienne, Morales envoie Ron au sol avec une série de Armdrag. Ce dernier apparaît plutôt frustré et essaie alors de prendre Pedro en collier de tête. « Big » Ron lui étrangle ensuite les yeux et lui décoche de sales droites, portées avec le poing fermé. Invectivé par l’offense de Shaw, Morales rétorque avec son « Puertorican Fire » et envoie de gros coups. Un coup de poing dans le panier à pain couche Ron, ensuite plié par le Boston Crab du portoricain.
Quelle émission ! Avec un programme chargé à bloc et grâce à la présence simultanée de tous les champions de la promotion, ce All Star Wrestling peut tout à fait être considéré comme une pépite. D’entrée de jeu, nous retrouvions nos Champions Tag Team et notre gloire nationale, en la personne d’André le Géant, de retour sur ce territoire après une période passée sur les rings de la National Wrestling Alliance. L’attraction fut au rendez-vous et c’est peu dire. Évidemment, les brutes étaient de sortie et se sont imposées avec la brutalité qu’on leur connaît. À cet égard, Angelo Mosca et Sgt. Slaughter étaient de la partie. L’un vise l’or suprême tandis que l’autre s’est engagé dans une guerre avec Pat Patterson. Conservant sa ceinture face à des Killer Khan, Stan Hansen ou encore The Hangman, Pedro Morales s’accroche à son or, sans pour autant que ces combats soient mentionnés à l’antenne. Le portoricain entretient sa mécanique et aura fort à faire avec Lou Albano et son écurie de fous dans les mois suivants. Le point d’orgue de ce All Star Wrestling est sans conteste la présence rarissime de Bob Backlund, notre Champion du Monde. Combinée avec celle d’André, l’apparition de Backlund permit d’ajouter quelque chose en plus à ce programme, qui s’en est retrouvé revigoré et revivifié.
Nathan Maingneur