MID-SOUTH WRESTLING #29

MID-SOUTH WRESTLING #29

03/07/1982

Mid-South Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Boyd Pearce est notre hôte et nous accueille comme chaque semaine dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane. Comme à l’accoutumée nous retrouvons à ses côtés « Cowboy » Bill Watts, le président de la Mid-South Wrestling et promoteur du territoire. Ce soir, trois grosses affiches au programme, en amont d’un show important organisé au Superdome de La Nouvelle-Orléans. Nous aurons également des nouvelles de Ted DiBiase, redevenu Champion nord-américain – non sans controverse – ainsi que du Junkyard Dog, qui a d’ores et déjà soif de vengeance.


MATCH 1 : « IRON » MIKE SHARPE & JESSE BARR VS JEFF SWORD & DOUG VINES (03:47)

VAINQUEURS : « IRON » MIKE SHARPE & JESSE BARR

PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER

APPRÉCIATION : MATCH À QUATRE PLUTÔT QUELCONQUE


On commence directement avec un match à quatre. Sur le ring, Reeser Bowden s’occupe des introductions. Encapuchonnés, le premier tandem de catcheurs se compose de Doug Vines et de Jeff Sword, qui ont apparemment opté pour une gimmick de vampires – où de bonnes sœurs – à chacun son interprétation. Ils rencontrent ce soir un plutôt joli duo composé pour l’occasion de Jesse Barr et de « Iron » Mike Sharpe qui s’associent à priori pour la toute première fois.

Début de combat plutôt classique à l’avantage de Sharpe et de Barr qui s’imposent tout naturellement. Vines et Sword font preuve de tricheries assez incroyables, comme lorsqu’ils se passent le tag pour de faux ou encore en brisant le tombé de Barr d’une façon plutôt inédite. Voyez par vous-même. Ces derniers reprennent par la suite le contrôle de la rencontre en isolant Jesse de son partenaire. Barr revient avec une belle souplesse arrière et fait rentrer un Sharpe qui trépignait d’impatience. « Iron » Mike en termine ensuite en assez peu de temps avec son Canadian Backbreaker, une prise de soumission très impressionnante qu’utilisait aussi Jesse « The Body » Ventura ou encore Bruno Sammartino. Mais pour ce qui fut du match en lui-même, c’est tout de même assez anecdotique. 


– Boyd et Watts nous repassent ensuite cette promo de Ted DiBiase qui répondait aux reproches de Bob Roop qui l’accusait alors de cacher quelque chose dans son gant blanc. Face caméra, DiBiase nous promettait de regagner son titre mais jurait qu’il n’utiliserait jamais – au grand jamais – son gant comme d’une arme. Spoiler : non. On nous remontre ensuite la fin de ce combat, lors duquel Ted DiBiase a fait l’exact inverse, c’est à dire de regagner sa ceinture en utilisant justement un objet interdit glissé dans son gant blanc, dans ce qui est encore aujourd’hui considéré comme un moment clé de l’histoire de cette promotion.


MATCH 2 : TED DIBIASE VS TOM JONES (03:56)

VAINQUEUR : TED DIBIASE

PRISE DE FINITION : PILEDRIVER

APPRÉCIATION : DIBIASE RETOURNE SA VESTE POUR DE BON !


Ce même Ted DiBiase que l’on retrouve désormais pour notre prochain combat. Réaction mitigée de la part du public qui se méfie mais qui lui accorde encore sa confiance. Après tout, l’erreur est humaine. Et surtout, ce qu’a commis DiBiase a en réalité été très discret. De par l’absence de replay, d’écrans géants et de réseaux sociaux sur lesquels la séquence aurait certainement tourné en boucle, pas moyen – à moins de l’avoir vu de ses propres yeux – d’en avoir le cœur net. Il rencontrait ce soir un revenant du nom de Tom Jones, qui a eu une belle carrière sur les rings des territoires, surtout du côté de la Géorgie, de Portland et de Los Angeles, pour ne citer que ces trois-là. 

Méthodique et calme, DiBiase impose son rythme avec un catch réfléchi et terre-à-terre. Expérimenté, Jones se retire à temps d’un saut chassé et revient avec un bel enfourchement. Mené, DiBiase range son apparente courtoisie au placard et revient avec une série de coups de genou et un méchant coup d’avant-bras dans la mâchoire. Toutefois, Jones ne se laisse pas faire et le sonne avec un coup de tête, porté façon Junkyard Dog. Entremêlé dans les cordes, DiBiase sort quelque chose de son slip et, profitant que l’arbitre ait le dos tourné, le glisse furtivement dans son gant blanc. Il décoche une droite du tonnerre à ce pauvre Jones qui tombe raide. DiBiase enchaîne ensuite avec un marteau-pilon et l’emporte au compte de trois alors que nous entendons quelques sifflets. Et ce regard adressé à la foule ne nous y trompe pas, Ted DiBiase a définitivement changé d’attitude.


MATCH 3 : N°1 CONTENDER MATCH : JUNKYARD DOG VS BOB ROOP (01:36)

VAINQUEUR : JUNKYARD DOG

PRISE DE FINITION : POWERSLAM

APPRÉCIATION : SQUASH PUR ET SIMPLE DE BOB ROOP PAR LE JUNKYARD DOG !


L’enjeu de notre prochain combat est très simple. Le gagnant remporte le droit d’affronter le Champion nord-américain en la personne de Ted DiBiase, à nouveau détenteur de la ceinture depuis une semaine. Dans cette objectif s’opposent ce soir deux anciens titulaires de ce titre. Originaire de Blacksburg en Virginie, Bob Roop se tient sur le ring et semble plutôt en confiance. Son adversaire s’avance en direction du ring, toujours au son du mythique Another One Bites the Dust de Queen mais cette fois-ci, l’attitude pourtant si joviale du Junkyard Dog a changé. Le visage fermé et affichant un regard de tueur, JYD n’est clairement pas ici pour plaisanter.

Celui-ci n’a pas de temps à perdre et ordonne même à l’arbitre Alfred Neely de faire sonner la cloche. Il fonce alors sur Roop et le bombarde de coups de poing, l’obligeant même à fuir en dehors du ring. Complètement dépassé, Roop essaie de répondre mais JYD ne sent rien. Tel un chien enragé, c’est presque si l’écume coule de la bouche d’un Junkyard Dog que nous n’avions jamais vu comme ça. En god mode, JYD est littéralement inarrêtable et en termine en l’espace d’une minute trente – un squash pur et simple – en écrasant Roop comme une crêpe avec son Powerslam. L’arbitre lui hisse le bras mais le Junkyard Dog le repousse et repart aussi vite qu’il est venu. Nom de dieu. J’espère que Ted DiBiase se tient prêt, parce que le Junkyard Dog ne compte pas l’épargner.


MATCH 4 : MID-SOUTH MISSISSIPPI TITLE MATCH : MR. OLYMPIA © VS THE GRAPPLER (05:01)

VAINQUEUR : MR. OLYMPIA

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : * ¾


Notre prochain combat est une rencontre lors de laquelle sera défendu le titre de Champion des poids-lourds du Mississippi. Le challenger n’est autre que le Grappler, Len Denton de son vrai nom, toujours fourré dans les mauvais coups aux côtés de l’Assassin, Jody Hamilton. Et il s’agira d’un combat d’hommes masqués, puisque le Champion se trouve être Mister Olympia, notre Champion régional, détenteur de la ceinture de Champion du Mississippi depuis sa victoire en début d’année contre Ed Wiskowski. 

À l’issue d’un début de match plutôt classique, le Champion s’impose avec un saut chassé et enchaîne avec quelques acrobaties qui font leur effet. Le Grappler reprend alors l’avantage avec un Flapjack et une descente du genou portée à la Harley Race. Olympia est en difficulté, tandis qu’aux commentaires, Watts nous annonce que la semaine prochaine, Bob Roop affrontera « Dr. Death » Steve Williams. Le Grappler essaie ensuite de lui retirer son masque, ce qui enrage Olympia qui tente à son tour de lui retirer le sien. Olympia manque le coche sur un Crossbody et le Grappler en profite alors pour charger sa botte, elle aussi truquée. Olympia le surprend toutefois avec sa prise du sommeil mais projette son challenger dans le coin et finit par l’enrouler avec un petit paquet pour conserver son titre. Bon petit match de catch.


MATCH 5 : « BIG CAT » ERNIE LADD VS KILLER KHAN W/SKANDOR AKBAR (04:19)

VAINQUEUR : KILLER KHAN

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

INDICATEUR : * ¾


La troisième et dernière grosse affiche de la soirée et celle-ci devrait être intéressante. Ce sera un combat de géants. Il est celui qui a blessé André le Géant du côté de la World Wrestling Federation et qui aimerait sans doute aussi blesser le géant de la Mid-South en la personne d’Ernie Ladd. Il s’agit de Killer Khan, qui apparaît ici aux côtés de ce diable de Skandor Akbar, est toujours invaincu.

Ladd commence fort avec un atémi dans la poitrine de Khan qui fait réagir le public et qui l’oblige à reprendre son souffle en dehors du ring. Avec son style atypique et ses cris stridents, l’ancien protégé de « Classy » Freddie Blassie s’impose avec agressivité. Mais Ladd en a vu d’autres et ne se démonte pas. Il tient d’ailleurs férocement tête au poulain de Skandor Akbar. Dans le feu de l’action, l’arbitre se mange un Big Boot de Ladd et finit en dehors du ring. Akbar s’empare alors d’une chaise et la place dans le coin. Son piège se retourne évidemment contre lui mais alors que Ladd s’en prenait à Akbar, Khan s’est armé de cette chaise et lui éclate le crâne. Le choc est d’une violence telle que Ladd semble inconscient. Khan grimpe sur les cordes et s’élance alors pour une impressionnante descente du genou. L’impact est terrible et Ladd ne s’en relève pas. Grosse victoire pour Killer Khan qui cimente son arrivée sur les rings de la Mid-South Wrestling.


MATCH 6 : BUCK CHRISTOPHER GEORGE ROBLEY III VS « HANGMAN » RICK HARRIS (04:10)

VAINQUEUR : BUCK ROBLEY

PRISE DE FINITION : COUP DE PLÂTRE

APPRÉCIATION : TOUT CE QUE JE DÉTESTE !


On aurait préféré que le temps limite soit atteint. Car nous devons à nouveau subir la volonté de la promotion d’imposer du catch coûte que coûte et quel que soit sa qualité. Ce qui ne pose d’habitude aucun problème sauf lorsque nous avons droit à des individus tels que Dick Murdoch, Killer Karl Kox ou encore Buck Robley. En effet, les vieux compères de Bill Watts ne font plus rire que lui et pour dire vrai Robley ressemble à un clochard. C’est d’autant plus énervant qu’il se mesure à « Hangman » Rick Harris et qu’on sait avant même que la cloche ne sonne qu’Harris ne gagnera pas. Alors qu’il est un bien meilleur lutteur.

Robley s’impose avec une clé de jambe aussi brouillonne techniquement que laide visuellement. Harris revient avec une descente de la cuisse, directement portée sur le bras de Robley. Harris domine et manque même de l’emporter à deux reprises, une fois après son brise-nuque et une autre fois avec son Hangman’s Noose. Mais comme si cela ne pouvait pas être pire, et après s’être dégagé des deux finishes de son antagoniste, Robley utilise son plâtre et sèche Harris, qui nous offre au moins un superbe selling. Mais c’est tout ce qu’on retiendra de cette purge.


– Et puisqu’il nous reste encore quelques minutes, nous terminons ce programme avec un court extrait des dernières minutes d’un combat disputé entre « Hacksaw » Jim Duggan et Frank Monte qui eut lieu sur les rings de la Southwest Championship Wrestling de San Antonio. Pas grand chose à se mettre sous le dent, jusqu’à la séquence de fin, qui voit un Jim Duggan surpuissant attraper son adversaire en plein vol pour l’annihiler en l’écrasant dans chaque coin du ring avant de l’emporter avec un brise-dos.


Trois grosses affiches, les débouchées de la victoire controversée de Ted DiBiase contre le JYD, un match de championnat régional, un clash de géants ainsi qu’un squash sur-vitaminé, c’est tout ça et plus encore cette semaine à la Mid-South Wrestling.

– Comment construire une star en trois étapes. Fraîchement arrivé sur les rings de la Mid-South Wrestling, Killer Khan a immédiatement été présenté comme l’homme qui a brisé la jambe d’André le Géant. Rien que ça. En s’attaquant à Ernie Ladd tout juste revenu d’une blessure au genou, Khan s’est automatiquement construit comme une menace. Il est déjà celui qui a brisé la jambe du plus grand des géants, et il s’en prend à un autre géant, dont les guiboles sont fragiles. Bref, vous l’aurez compris, c’est un pro. Et là où la Mid-South a eu raison, c’est de capitaliser là-dessus et de lui offrir une victoire marquante contre Ernie Ladd, cimentant son statut de menace.

– Nous pouvions avoir quelque doutes. Je reconnais sans problème que je suis peut-être allé trop vite en besogne lorsque j’écrivais la semaine dernière que Ted DiBiase avait regagné son titre en effectuant un heel turn. Car en effet, l’exécution fut subtile. Suffisamment pour que le public de Shreveport en Louisiane ne sache pas trop comment réagir. Sans écran géant, sans replay et sans moyen de revoir le combat, il fallait l’avoir vu pour en avoir le cœur net. En répétant son geste, et en toisant la foule d’un regard noir, DiBiase confirmait ce soir qu’il a bel et bien retourné sa veste, assurément pour le pire.

– Lorsque le catch est bien écrit, il n’y a rien de plus beau, vraiment. Lorsque Ted DiBiase lui a promis qu’il n’utiliserait jamais son gant comme d’une arme, le Junkyard Dog l’a cru. D’une part parce que c’est son ami et d’autre part parce qu’il est un homme respectable. Du moins l’était-il. Et quel ne fut pas mon plaisir de voir que le Junkyard Dog ne n’est pas présenté comme d’habitude. Je veux dire par là que le Junkyard Dog a vendu cet affront et a de fait modifié son attitude. Pas un sourire, le regard froid, JYD a littéralement pulvérisé Bob Roop avant de repartir au vestiaire, le tout en moins de trois minutes montre en main. Encore mieux, cela se justifie complètement. En trahissant sa promesse, Ted DiBiase nous a en fait permis de découvrir une autre facette du Junkyard Dog, dont il nous tarde d’en voir davantage.

Nathan Maingneur

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