WORLD WRESTLING FEDERATION – MSG #09

WORLD WRESTLING FEDERATION

MADISON SQUARE GARDEN #09

26/09/1977

Madison Square Garden

Madison Square Garden

Les étoiles du catch américain (terminologie propre aux traductions montréalaises) illuminent encore et toujours les salles du monde entier. C’est au cinéma que brillent toutefois les étoiles de l’espace. Une guerre des étoiles fait en effet rage dans les salles obscures en ce mois de septembre 1977. Ce long métrage de science-fiction signé George Lucas s’intitule sobrement « Star Wars » et se hisse immédiatement au rang de sensation cinématographique, pour la postérité. 

Ce programme de catch nord-américain, retransmis à la télévision depuis le Madison Square Garden de New York City, nous est proposé par la World Wide Wrestling Federation. Jack Lee est l’annonceur du ring et précise que les matches proposés ce soir seront supervisés et sous la juridiction de la Commission Athlétique de l’État de New York. Le docteur et physicien aux abords du ring est Dr. Harry Lewis, présent aux côtés des juges Glenn Patterson et Mike Page. Vincent Abbatiello s’occupera de faire sonner la cloche tandis que l’arbitre de ce premier match sera Levy Scott. Vince McMahon Jr sera quant à lui l’unique commentateur de cette soirée dédiée à la crème du catch nord-américain de ce territoire. 


MATCH 1 : 2 OUT OF 3 FALLS MATCH : HAÏTI KID & COWBOY LANG VS LITTLE JOHN & LITTLE TOKYO (16:42)

VAINQUEURS : HAÏTI KID & COWBOY LANG (2-0)

PRISE DE FINITION : O’CONNOR ROLL

INDICATEUR : ** ¾


On commence directement par un 2 Out of 3 Falls entre quatre catcheurs de petite taille, dans ce qui devrait être une bonne dose de pur divertissement. D’un côté, nous retrouvons Haïti Kid, surtout connu pour son rôle dans l’unique combat de nains de l’histoire de WrestleMania (en 1987 lors de WrestleMania III) et Cowboy Lang, célèbre catcheur nain d’origine canadienne et grand rival d’un certain Little Tokyo. C’est d’ailleurs celui-ci qu’on retrouve dans le coin adverse, grand nom des territoires de la NWA et en particulier de la AWA. Little John l’accompagne sur le ring, un autre « Midget Wrestler » du circuit nord-américain.

Ce dernier et surtout Tokyo se font malmener en ce début de rencontre, s’envolant avec des Armdrag et des surpassements. Lang fait réagir en portant une superbe Butterfly Suplex, une petite rareté pour l’époque. On retrouve évidemment ces habituelles séquences « Comedy Wrestling » des matches de Midget Wrestling, intrinsèquement liées au succès du phénomène. Haïti et Cowboy nous gratifient d’une série de Headcissors, la foule applaudissant l’énergie déployée ici. Haïti enroule ensuite Little John avec ses jambes et score le premier point pour son équipe (1-0). On souffle un peu et l’arbitre est rapidement pris à partie, acculé dans le coin par quatre nains ! Ce n’est pas la dernière fois qu’il sera mêlé à l’action, se faisant ensuite littéralement ensevelir sous une pile de quatre petits hommes ! Haïti réussit à repousser à la fois John, entre les jambes de son partenaire et Tokyo, dans une séquence délirante ! Mention à Tokyo, l’un des tous meilleurs dans son domaine, n’hésitant pas à se tourner lui-même en bourrique pour le bonheur de la foule. Lang et Tokyo se lancent ensuite dans un vif échange de sauts chassés. C’est le Cowboy qui tire le meilleur de cet échange, enroulant Tokyo dans un O’Connor Roll pour un compte de trois décisif (2-0). Jolie façon d’ouvrir le bal et chapeau à ces quatre catcheurs qui auront offert un spectacle mémorable en plus d’une prestation athlétique impeccable.


MATCH 2 : JOHNNY RIVERA VS PROF. TORU TANAKA (10:09)

VAINQUEUR : PROF. TORU TANAKA

PRISE DE FINITION : JUDO CHOP

INDICATEUR : *


Originaire du territoire de Porto Rico, alors sous la houlette du sanglant Carlos Colõn, Johnny Rivera est sur le ring. Vêtu d’un blouson doré, le portoricain ne reçoit qu’une maigre réaction du public du Garden. Portant un traditionnel habit japonais, Prof. Toru Tanaka est copieusement sifflé, notamment par une certaine… Mrs. Kreiger !

Le portoricain se retrouve vite impuissant face aux coups de Tanaka, qui dit-on, est un expert des techniques d’arts martiaux. Rivera se démène d’une Full Nelson avec un coup de pied de mule et semble reprendre du poil de la bête. Vainement toutefois, puisque Tanaka le remet au sol en l’étranglant. Agrippé à ses muscles pectoraux, Tanaka exerce une pression relative et freine drastiquement le rythme du combat. Johnny s’en dégage et déroule un série de sauts chassés mais rate le dernier et retombe sur le dos. Tanaka en profite et lui assène un sévère atémi dans le cou pour le compte de trois, au terme d’un match peu inspiré.


MATCH 3 : BARON MIKEL SCICLUNA VS « DYNAMITE » JACK EVANS (07:29)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT OUT

INDICATEUR : *


Affublé de sa longue cape rouge représentant les armoiries de l’île de Malte dont il est originaire, Baron Mikel Scicluna reste un redoutable compétiteur, malgré un âge déjà avancé. Son adversaire se nomme Jack Evans, à ne surtout pas confondre avec son célèbre homonyme. Je n’ai malheureusement pas plus d’informations à son sujet, si ce n’est qu’il est annoncé d’Atlanta en Géorgie et surnommé « Dynamite ». 

Scicluna démarre avec une série de coups de poing qui résonnent dans toute l’arène. Acculé dans le coin, Evans revient en faisant preuve d’un court sursaut d’énergie alors que Scicluna s’entremêle dans les cordes. Le maltais contre un coup de bélier en levant les pieds, envoyant Evans au sol. En éternel roublard, Scicluna se sert ensuite de manière flagrante et éhontée de son objet caché, le tout sous les yeux d’un arbitre visiblement aussi myope qu’une taupe ! Sur le tablier du ring, Scicluna et Evans ne prêtent pas attention au compte de l’arbitre et, s’envoyant des droites et des gauches, sont comptés par l’officiel de la rencontre. Celui-ci les disqualifie donc, faisant de ce petit match un peu gauche un double décompte à l’extérieur.


MATCH 4 : MR. FUJI VS LENNY HURST (06:19)

VAINQUEUR : MR. FUJI

PRISE DE FINITION : KAMIKAZE CLOTHELINE

INDICATEUR : ¾ *


Harry Fujiwara est plus connu sous le sobriquet de Mr. Fuji et porte ce soir un bandeau aux couleurs du pays du Soleil Levant. Et pourtant, Fuji n’a de japonais que le nom, étant à l’instar de son partenaire Prof. Toru Tanaka, originaire d’Hawaï. Lenny Hurst, jeune catcheur d’origine jamaïcaine, se mesure au redoutable Fuji qui effectue son traditionnel rituel d’avant-match.

En dépit de la fougue de son bien plus jeune adversaire, Fuji s’impose avec des coups d’une précision chirurgicale. Hurst souffre et passe évidemment dans la fameuse prise des pectoraux, une spécialité de Fuji qui a le don de tous nous endormir. Le jamaïcain s’en démène toutefois et entame un retour typique des babyfaces de l’époque. Il déroule une série de sauts chassés et envoie Fuji sur ses fesses. Une esquive permet à ce dernier d’en terminer, couchant Hurst au sol avec sa Kamikaze Clotheline, un coup de la corde à linge portée avec élan, au terme d’un match relativement ennuyant.


MATCH 5 : BOB BACKLUND VS « PRETTY BOY » LARRY SHARPE (09:04)

VAINQUEUR : BOB BACKLUND

PRISE DE FINITION : ATOMIC DROP

INDICATEUR : ** ¼


Vêtu d’un long peignoir bleu marine qu’il portera tout au long de sa carrière, Bob Backlund est un redoutable lutteur amateur originaire de Princeton, Minnesota, reçu par Vince McMahon pour un court entretien. Backlund se sent au sommet du monde et compte y rester le plus longtemps possible. Après une carrière florissante en lutte amateur et un titre NCAA remporté en 1971, Backlund s’est tourné vers une carrière sur les rings de catch, passant par les territoires de la NWA : AWA et Georgia Championship Wrestling où il remporte le titre le plus prestigieux d’alors face à Harley Race en 1976. Portant également un peignoir, cette fois-ci de couleur rouge, celui qu’on surnomme « Pretty Boy » rejoint le ring en jetant des roses dans le public et en offre même une à Lee. Larry Sharpe a d’abord fait ses galons du côté de la Stampede Wrestling de Calgary et est surtout connu pour être le co-fondateur de la World Famous Monster Factory avec Buddy Rogers en 1983, d’où seront issus de grands noms du catch.

Backlund s’impose d’emblée par son énergie et sa vivacité entre les cordes, ce qui ne manque pas d’impressionner McMahon. Facile dans ses mouvements, Backlund donne une véritable leçon de catch à un « Pretty Boy » totalement impuissant. Ce dernier revient et affaiblit Backlund avec une clé de bras, qui s’en sort toutefois avec un magnifique ponté. De retour sur ses pieds, Backlund nous gratifie d’une Butterfly Suplex (coupée pour un plan sur la foule, quel gâchis!) et enchaîne avec une planchette japonaise, avant de l’emporter avec un Atomic Drop, au terme d’une solide démonstration des capacités du futur « All American Boy ». 


MATCH 6 : WORLD WIDE WRESTLING FEDERATION TITLE MATCH : « SUPERSTAR » BILLY GRAHAM © W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS DUSTY RHODES (15:38)

VAINQUEUR : DUSTY RHODES

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

INDICATEUR : ***


Emmené au ring par son illustre manager, The Grand Wizard of Wrestling et escorté par la police, « Superstar » Billy Graham s’affiche fièrement comme le porte-étendard de la World Wide Wrestling Federation. Lourdement conspué par le public du Garden, Graham doit éviter les jets de projectiles de quelques spectateurs enragés. Une véritable émulsion s’empare alors du Madison Square Garden alors qu’on accueille son challenger, « American Dream » Dusty Rhodes, légendaire catcheur de la Jim Crockett Promotions et de la National Wrestling Alliance et patriarche de la célèbre famille Rhodes.

"Superstar" Billy Graham & Dusty Rhodes

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Il y a de l’électricité dans l’air alors que Dusty Rhodes, transpirant le charisme à grosses gouttes, défie Graham du regard et de par sa gestuelle, unique en son genre. Graham, dont le physique est à des lieues de celui de son challenger, est pourtant repoussé à plusieurs reprises et envoyé au sol par un Rhodes dont on se délecte de chaque mimique. Le Champion se ressaisit mais perd un test de force, Dusty lui écrasant les doigts à pieds joints ! De violents atémis, portés à la gorge, ralentissent la frénésie du « Common Man ». Mais Dusty se relève soudainement et mitraille Graham avec ses célébrissimes coups de coude ! Envoyé à l’extérieur du ring, Rhodes reprend ses esprits et redonne l’avantage à Graham, se laissant enfermer dans une terrible prise de l’ours. Rhodes lève le bras et, puisant au fin fond de ses tripes, s’en dégage avec un Bionic Elbow du tonnerre alors que Graham vacille ! Profitant toutefois de l’état de faiblesse de son challenger, Graham capitalise et soulève Rhodes dans un brise-dos porté à la manière de Bruno Sammartino. Dusty s’en sort en envoyant Graham s’envoler sur le ring et est désormais en feu ! Sur les cordes, Graham est ramené manu-militari au tapis alors que la foule toute entière le soutient. Chargeant tête baissée, « Superstar » est envoyé à l’extérieur du ring alors que l’arbitre commence son compte. Au compte de 10, l’officiel de la rencontre fait sonner la cloche et Rhodes s’empare de la ceinture alors que le Madison Square Garden entre en éruption. Un fan saute même les barrières, rapidement remis à sa place par la police, mais la joie est de courte durée. L’annonceur brise ce moment de communion en rappelant qu’une ceinture ne peut changer de mains que par un tombé où une soumission et la foule siffle alors cette décision. Dusty s’empare du microphone et défie Graham de remonter sur le ring pour qu’il lui botte le cul ! Malgré tout, Graham ne revient pas, ayant déjà regagné les vestiaires, avec son or.


MATCH 7 : GEORGE « THE ANIMAL » STEELE VS « HIGH CHIEF » PETER MAIVIA (13:19)

VAINQUEUR : PETER MAIVIA

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

INDICATEUR : * ½


Quel étrange personnage que ce véritable gorille au crâne rasé. George « The Animal » Steele est terrifiant et recouvert de poils, au point que McMahon se demande si ce n’est pas de la fourrure. Vêtu d’un traditionnel habit guerrier et armé d’une lance, High Chief Peter Maivia fait son entrée et menace Steele avec son arme !

Maivia n’attend pas les présentations de Lee et se jette sur Steele, le faisant fuir à l’extérieur du ring. De retour, Steele dissimule un objet interdit dans son pantalon et s’affaire tant bien que mal à le cacher des yeux de l’arbitre. Steele assène un coup dans la gorge de Maivia avec l’objet, au nez et à la barbe d’un officiel visiblement aveugle et le prend ensuite dans une prise des trapèzes. Affaibli, Maivia revient grâce à l’appui de la foule et à sa foi guerrière. Envoyé à l’extérieur du ring, Steele balance une chaise qu’évite Maivia, rapidement retirée par l’arbitre. Dès lors, c’est la bagarre et les deux hommes s’envoient des coups sur le tablier du ring, jusqu’à ce que Steele s’entremêle dans les cordes suffisamment longtemps pour être compté par l’arbitre. Contestant cette fâcheuse décision, Steele ressort son objet mais Maivia s’en empare et boute Steele en l’utilisant. Le samoan l’envoie ensuite en direction des vestiaires, un juste retour de bâton apprécié par le public du Garden. 


MATCH 8 : 3 OUT OF 5 FALLS MATCH : TONY GAREA, LARRY ZBYSZKO & CHIEF JAY STRONGBOW VS KEN PATERA, STAN STASIAK & LOU ALBANO (20:00)

VAINQUEURS : TONY GAREA, LARRY ZBYSZKO & CHIEF JAY STRONGBOW (2-1)

PRISE DE FINITION : TIME LIMIT

INDICATEUR : ** ½


Vous pensiez qu’un 2 Out of 3 Falls ne suffisait pas ? Voici pour vous un 3 Out of 5 Falls ! D’un côté, on retrouve les populaires Tony Garea, originaire de Nouvelle-Zélande, Larry Zbyszko, entraîné par Bruno Sammartino et Chief Jay Strongbow, sans doute le plus populaire des trois. De l’autre, nous retrouvons Ken Patera, homme fort et haltérophile olympique, un ex-Champion du Monde, Stan Stasiak et le plus roublard des roublards, en la personne de Lou Albano, qui remonte ce soir sur le ring.

Garea débute face à Stasiak avec qui il entretient une petite rivalité depuis quelques temps déjà et se retrouve rapidement acculé dans le mauvais coin. Albano entre alors, pieds nus et se sert sans vergogne d’un objet interdit, qu’il cache dans son pantalon. Strongbow entre et se mesure alors à ce voyou d’Albano, porté par son instinct guerrier. Zbyszko peut enfin entrer et se déchaîne littéralement sur Stasiak, démoli dans un coin. Ce dernier rate un Heart Punch et s’écrase la main dans le coin alors que Patera s’envole avec un double surpassement. C’est l’ex Champion du Monde qui concède la première manche, des suites d’un saut chassé de Garea et d’un atémi de Strongbow (1-0). Zbyszko et Garea s’acharnent ensuite sur l’épaule de Patera, jusqu’à ce que Zbyszko, malgré sa fougue incontestable, soit pris à partie dans le coin. Étranglé avec la cordelette et frappé par Albano et son objet, Zbyszko ne se relève pas d’un Diving Axe Handle de Patera, véritable coup de marteau qui remet les compteurs à égalité (1-1). Ayant un peu repris ses esprits, Zbyszko continue d’impressionner et porte une souplesse arrière à Patera, une prise plutôt peu courante pour l’époque. Dès lors, un vent de panique s’empare du côté heel alors qu’Albano est craintif à l’idée d’y retourner. Strongbow entame alors sa petite danse rituelle mais le match est arrêté, faute de temps, en raison du couvre-feu du Madison Square Garden. L’arbitre décide alors sans véritable raison d’accorder la victoire aux babyfaces, sans doute pour terminer ce programme sur une note positive (2-1).


Le risque d’une carte à affiche unique est qu’il n’y ait que cette affiche qui soit intéressante, réduisant alors l’intérêt d’un gala de catch à un seul combat. Où pire encore, que ce seul et unique combat ne tienne pas ses promesses, réduisant l’intérêt de la carte, cette fois-ci à néant. En ce qui concerne ce programme, c’est un peu des deux et pour être honnête, il n’y a pas grand-chose à tirer de cette carte, si ce n’est l’initiative première d’envoyer un combat de nains en guise d’ouverture, assurant une bonne dose de divertissement et une belle entrée en la matière. On peut également noter la performance d’un Bob Backlund, impressionnant entre les cordes et dont le destin s’annonce brillant. Où encore l’attraction finale, cette gargantuesque opposition, presque indigeste, entre trois faces et trois heels, un schéma qui fonctionne, sans pour autant transcender. Cette carte, c’est malgré tout celle de la présence d’un certain Dusty Rhodes, challenger émérite d’un Billy Graham au sommet. Échouant à capturer l’or mais remportant toutefois son match, Dusty a malgré tout réussi à s’accaparer une foule tout entière. Plus fort, « American Dream » nous a prouvé et ce, sur la plus grande scène du monde, qu’il n’en existe aucun autre comme lui, personne n’arrivant à la cheville de cette véritable personnification charismatique.

Nathan Maingneur

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