WORLD WRESTLING FEDERATION – MSG #07

WORLD WRESTLING FEDERATION

MADISON SQUARE GARDEN #07

27/06/1977

Madison Square Garden

Madison Square Garden

1977. Le monde de la musique pleure la mort du « King » Elvis Presley tandis que le monde du catch se lamente de la défaite de l’icône Bruno Sammartino. Un monument s’est écroulé et sur ses ruines un autre s’est érigé, en la personne de « Superstar » Billy Graham.

Vince McMahon nous accueille ce soir au Madison Square Garden, mythique arène de New York City, pour ce programme Championship Wrestling placé sous l’étendard de la World Wide Wrestling Federation. L’annonceur n’est autre qu’un certain Howard Finkel et sa voix reconnaissable entre mille qui jouera un rôle clé dans le succès de la discipline au cours des années 1980-90.


MATCH 1 : JOSÉ GONZALEZ VS JAN NELSON (09:46)

VAINQUEUR : JOSÉ GONZALEZ

PRISE DE FINITION : SAUT CHASSÉ

INDICATEUR : *


Annoncé du Minnesota, Jan Nelson se tient dans l’un des coins du ring, vêtu d’un blouson noir. Ce catcheur fut entraîné par Verne Gagne et Billy Robinson et est malheureusement décédé l’année suivante des suites d’un accident de voiture. Nelson se mesure ce soir à José Gonzalez, compétiteur d’origine portoricaine arborant les couleurs de sa patrie sur son slip.

Une phase de contact voit Nelson prendre l’avantage avec une clé de bras, solidement harnachée à l’épaule de Gonzalez. Longtemps gardé au sol, le portoricain s’en sort toutefois, seulement pour être remis au tapis avec des coups de genou. Une charge manquée dans un coin permet à Gonzalez de se transformer en distributeur de sauts chassés et le dernier suffit pour le compte de trois, au terme d’un combat quelque peu soporifique.


MATCH 2 : ROCKY TOMAYO VS LARRY ZBYSZKO (07:31)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : *


Rocky Tomayo est un catcheur originaire du Pérou qui a combattu en France dans les années 1960 à Paris, Lyon et Toulouse face à des compétiteurs tels que l’Ange Blanc ou encore René Ben Chemoul. Face à lui ce soir se présente Larry Zbyszko, jeune catcheur au futur prometteur notamment entraîné par Bruno Sammartino et qui rejoint le ring sous les acclamations.

Larry Zbyszko & managers

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

On se cherche et on se tourne autour, rien de bien concret ne se passe en ce début de rencontre. Zbyszko s’affaire ensuite à garder Tomayo au sol, ciblant sa jambe gauche avec précision. Le péruvien revient avec de sales droites et éclate le visage de Zbyszko dans l’un des coins. Peut-être un peu groggy, Zbyszko n’en reste pas moins lucide et peut habilement enrouler son adversaire dans un petit paquet, sans impressionner pour autant.


MATCH 3 : TONY GAREA VS GEORGE « THE ANIMAL » STEELE (07:28)

VAINQUEUR : TONY GAREA PAR DQ

PRISE DE FINITION : COUP AVEC OBJET ILLICITE

INDICATEUR : ** ½


Originaire de Nouvelle-Zélande, Tony Garea est ce soir reçu par un tonnerre d’acclamations d’un public qui apprécie visiblement ce jeune athlète. Garea catche jusqu’en 1982 où il poursuit ensuite une carrière d’agent dans les coulisses. Imprévisible, terrifiant ou encore… poilu, tels sont les qualificatifs qu’on pourrait attribuer à ce drôle de personnage qu’est George « the Animal » Steele, copieusement sifflé par le Garden.

Face à un adversaire remonté, Steele apparaît fuyant, nous intriguant par sa gestuelle si particulière. Le néo-zélandais surprend Steele avec une série d’Armdrag et l’envoie ensuite à l’extérieur du ring en planchette japonaise. Quelques fans des premiers rangs se font peur en sifflant Steele qui les fait repartir en courant ! Ce dernier revient et s’impose avec de gros coups, faisant dérouiller un Garea désormais en difficulté. Sur une projection, celui-ci se retire juste à temps et Steele heurte de plein fouet l’un des coins. Chaud bouillant, Tony y va de ses coups de pied, encouragé par une foule électrique. Steele répond avec un coup bas et se sert ensuite d’un objet interdit pour lui porter un coup à la gorge. L’arbitre le disqualifie immédiatement alors que Steele n’en a pas fini. Garea réussit contre toute attente à s’emparer de l’objet en question et se venge sur George Steele en l’utilisant à son tour alors que le public tout entier est debout !


MATCH 4 : 2 OUT OF 3 FALLS MATCH : CHIEF JAY STRONGBOW & ANDRÉ LE GÉANT VS KEN PATERA & NIKOLAÏ VOLKOFF W/CPT. LOU ALBANO (16:25)

VAINQUEURS : CHIEF JAY STRONGBOW & ANDRÉ LE GÉANT (2-0)

PRISE DE FINITION : SPLASH

INDICATEUR : ** ¾


Accompagnés par Captain’ Lou Albano, ce tandem se compose de Nikolaï Volkoff et d’un certain Ken Patera, ancien haltérophile ayant participé aux J.O de Munich en 1972. Cinq ans plus tard, Patera est classé à la troisième place du concours de l’homme le plus fort du monde en 1977. Suite au départ prématuré de Billy White Wolf, Chief Jay Strongbow semble s’être déniché un nouveau partenaire de taille, c’est le moins qu’on puisse dire ! Strongbow et… André le Géant rejoignent le ring, le public adoptant immédiatement cette association atypique. Toujours sur le ring, Albano se fait éjecter par Strongbow alors que Finkel n’avait même pas terminé ses présentations !

Ken Patera se sort facilement d’une Full Nelson de Strongbow et pavane mais ne voit pas qu’André est derrière lui ! L’haltérophile se fait alors cadenasser dans une Full Nelson d’un tout autre acabit ! Acculé dans le coin, André s’en sort en cognant les têtes de ses adversaires comme des noix de coco. Strongbow se laisse prendre en prise de l’ours par Volkoff et en passant le tag à André, c’est désormais Volkoff qui subit une prise de l’ours du géant ! Une prise du sommeil de Patera sur l’amérindien calme un peu le rythme du match, alors qu’André tente désespérément de faire le tag, atteignant presque le milieu du ring avec ses immenses bras. En difficulté, André s’en sort avec un gros coup de tête mais loupe un Splash. Strongbow se lance alors dans sa transe rituelle et la situation dégénère. L’arbitre est impuissant et décide de disqualifier les heels (1-0). Des tensions naissent entre Volkoff et Patera, l’ego de ce dernier mettant la faute sur le russe. Strongbow esquive une charge de Volkoff qui heurte son partenaire de plein fouet ! C’en est trop pour Patera qui se retourne contre son collègue, l’abandonnant à son propre sort. Sur le ring, le russe subit un immense Big Boot suivi d’un Splash dont il n’aurait pu se relever d’un compte de cent (2-0). André hisse Strongbow sur ses épaules pour conclure cette rencontre atypique. 


MATCH 5 : STAN « THE MAN » STASIAK VS LENNY HURST (08:21)

VAINQUEUR : STAN STASIAK

PRISE DE FINITION : HEART PUNCH

INDICATEUR : *


Stan « The Man » Stasiak est ce soir de retour du côté de Stamford après quelques années passées sur le territoire de Portland, dans l’Oregon. Victorieux de Pedro Morales en 1973, l’ex Champion du Monde est alors un vétéran âgé de quarante ans. Face à ce spécialiste du Heart Punch se dresse un jeune catcheur du nom de Lenny Hurst, affichant une silhouette en dessous des standards musclés de l’époque et faisant ses débuts au Garden.

Stan Stasiak

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

En dépit de l’agilité de Hurst, Stasiak est expérimenté et sait comment s’imposer. Le jeune catcheur d’origine jamaïcaine esquive un Heart Punch, prise fétiche de Stasiak et l’envoie à l’extérieur du ring avec un saut chassé. Stasiak est ensuite maintenu au sol par un adversaire vivace. Envoyé dans les cordes, Stan s’enroule les bras dans les cordes mais accueille ensuite Hurst avec un coup de pied. De retour, Stasiak peut asséner son Heart Punch pour un compte de trois logique.


MATCH 6 : WORLD WIDE WRESTLING FEDERATION TITLE MATCH : « SUPERSTAR » BILLY GRAHAM © W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS BRUNO SAMMARTINO (18:39)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : DOUBLE DISQUALIFICATION

INDICATEUR : ****


« It’s time for the Main Event ! » Escorté par la police et accompagné du Grand Wizard of Wrestling, « Superstar » Billy Graham rejoint le ring sous une pluie de sifflets, arborant à cet effet sa ceinture de Champion du Monde de la World Wide Wrestling Federation solidement accroché autour de ses reins. Sous d’incessantes huées, Graham clame dans le microphone de McMahon « I am the Champion, I am the Greatest ! » Son adversaire n’est autre que le légendaire Bruno Sammartino, reçu à juste titre par le Madison Square Garden comme le symbole même de cette arène. Inédit, Sammartino possède cette fois-ci le rôle du challenger ! Une certaine électricité se dégage alors de cette atmosphère palpable et la foule ne veut plus qu’une chose : que le héros Sammartino triomphe et regagne sa ceinture.

Graham & Sammartino

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

Déterminé comme jamais, Sammartino se jette sur son adversaire et le force immédiatement à reprendre ses esprits. Pas une minute pour souffler, Graham est déjà mis en déroute par l’explosivité de son challenger ! Le Champion réussit toutefois à coincer Sammartino dans une Full Nelson, que l’italien retourne avec force. Malgré tous les efforts du monde, Graham ne parvient pas à s’en sortir et s’écroule dans les cordes. Sammartino se laisse alors piéger par un contre de Graham, qui le retourne en le maintenant à genoux, bras tirés en arrière. À la force des tripes et encouragé par un stade à l’unisson, Sammartino réussit encore une fois à retourner la prise, faisant exulter le public ! De retour, Graham fait état de sa puissance avec des coups qui envoient Bruno à l’extérieur du ring, une image presque inédite ! Sur son visage se lit alors une certaine frustration, mêlée à un désir flambant de récupérer son or. Bruno se fait cadenasser dans une prise de l’ours et résiste comme un beau diable, jusqu’à ce qu’il retourne la prise, serrant à nouveau le Champion de toutes ses forces. L’épuisement se lit alors sur le faciès de ces deux farouches compétiteurs, qui s’échangent des gauches et des droites. L’arbitre a du mal à se faire entendre et subit une bousculade de Graham. Sur ses pieds, l’officiel de la rencontre ne parvient définitivement pas à se faire respecter et fait sonner la cloche. Tous deux disqualifiés, Graham et Sammartino réalisent, amèrement pour ce dernier qui voit sa précieuse ceinture lui glisser des mains. L’italien fulmine et peste alors que Graham conserve donc sa ceinture d’une manière plus que controversée, une constante sur son règne, au terme d’un combat inscrit dans le marbre du Madison Square Garden.


MATCH 7 : BARON VON RASCHKE W/FREDDIE BLASSIE VS IVAN PUTSKI (30:00)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : TIME LIMIT

INDICATEUR : * ½


Portant une longue cape brodée d’une décoration militaire allemande et annoncé de Nuremberg en Allemagne, Baron Von Raschke est accompagné par « Classy » Freddie Blassie, en costume doré. Ce catcheur portant les traits d’un vil personnage caricaturé du soldat allemand est logiquement accueilli sous les quolibets de la foule. Von Raschke eut une carrière prolifique en lutte amateur et du côté des territoires de la NWA. Son adversaire est une montagne de muscles polonaise, en la personne d’Ivan Putski, toujours aussi populaire.

Von Raschke décide de s’acharner à maintenir Putski au sol, tuant d’emblée toute l’énergie accumulée dans l’arène par le match précédent. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, offrant à la foule une période d’accalmie. Toutefois, au vu de la fin du dernier combat, on aurait peut-être préféré un match plus dynamique. C’est autant dommage que le peu d’action est de qualité, les coups portés le sont intensément tandis que Putski reste assez impressionnant. Le polonais couche Von Raschke avec son Polish Hammer mais celui-ci glisse en dehors du ring. S’échangeant ensuite de gros coups, l’arbitre doit cependant interrompre la rencontre qui a apparemment dépassé le temps limite d’une demie-heure (même si cela est en réalité peu probable). Ivan Putski est logiquement déçu et frustré et demande ni plus ni moins d’une minute de plus pour conclure correctement ce combat. Il se jette alors sur Von Raschke et le martèle de coups de poing qui le font fuir en direction des vestiaires.


MATCH 8 : BARON MIKEL SCICLUNA VS HIGH CHIEF PETER MAIVIA (02:09)

VAINQUEUR : HIGH CHIEF PETER MAIVIA

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

APPRÉCIATION : SOLIDE PERFORMANCE DE MAIVIA


Un autre Baron, cette fois-ci originaire de l’île de Malte, rejoint le ring. Il s’agit du ténébreux Mikel Scicluna, hué par le public du Garden qui ne connaît que trop bien ses méthodes de tricheur. Face à lui se présente un catcheur portant un pagne et une coiffe traditionnelle samoane. Les jambes recouvertes de tatouages rituels, voici High Chief Peter Maivia, patriarche de la grande famille Anoa’i d’où seront issus nombre de futurs grands catcheurs.

Scicluna ne perd pas de temps et écrase Maivia dans un coin mais celui-ci réplique avec un gros coup de boule. En difficulté, Scicluna s’empare de son fameux objet caché mais Maivia s’en saisit et s’en débarrasse ! Il se retire d’une charge de Scicluna qui s’écrase dans le coin et se retrouve pris dans sa chute par le samoan qui l’emporte en un peu plus de deux minutes. Victorieux, Peter Maivia pose ensuite sur les cordes après sa première victoire ici au Garden.


MATCH 9 : 2 OUT OF 3 FALLS MATCH : HAYSTACKS CALHOUN & DOMINIC DENUCCI VS PROF. TORU TANAKA & MR. FUJI (04:30)

VAINQUEURS : PROF. TORU TANAKA & MR. FUJI (1-0)

PRISE DE FINITION : COUVRE FEU DU GARDEN

INDICATEUR : *


Pour ce dernier combat, reprenons les règles du 2 Out of 3 Falls alors que Prof. Toru Tanaka et Mr. Fuji, qui forment l’un des duos les plus redoutés de l’époque, sont reçus par de lourdes huées. Face à eux, un tandem composé de Dominic DeNucci, qui fait ce soir équipe avec un adversaire de taille, en la personne du populaire personnage d’Haystacks Calhoun !

DeNucci commence et répond aux atémis de Tanaka avec ses atémis ! Amené dans son coin, Calhoun peut porter un coup de poing au samoan mais n’entrera jamais du match, souffrant sans doute d’une mobilité réduite à cause de son large gabarit. Fuji y va de ses tactiques peu louables et couche DeNucci avec un coup de la corde à linge porté avec élan (1-0). Acculé dans le coin adverse, DeNucci est aidé par Calhoun alors que l’arbitre fait rapidement sonner la cloche, le temps limite du couvre-feu du Garden étant dépassé. Considérant que Fuji et Tanaka avaient déjà marqué un point, l’arbitre décide de leur octroyer la victoire, sans doute afin de conclure ce programme sur une note positive. 


Victime de critiques peu élogieuses à son égard, ce programme estampillé World Wide Wrestling Federation souffre de premier abord d’une carte ne se limitant strictement qu’à une seule et unique affiche. Le match d’ouverture ne remplit absolument pas son rôle, on doit alors attendre jusqu’à ce petit combat sympathique où George Steele fut bouté avec style par un Tony Garea chaud bouillant pour que les choses commencent concrètement. En dépit d’une sacrée opposition, ce premier 2 Out of 3 Falls (on aurait d’ailleurs peut-être préféré qu’il n’y en ai qu’un) conclut sans pour autant impressionner et aurait davantage fonctionné en toute fin de carte. Le pire reste peut-être cette rencontre affreusement longue entre Ivan Putski et Von Raschke, qui aura tué le public, nous imposant près de vingt minutes d’un catch insipide et creux. Quelques efforts sont à noter ici et là, en vain, réduits à néant par un programme qui tire en longueur, une heure et demie suffisait largement. Malgré tout, un combat aura ce soir tenu toutes ses promesses. Je parle bien sûr de cette fabuleuse confrontation entre Sammartino et Graham où l’italien aura échoué à récupérer son titre dans une ambiance délétère, voyant un Graham haï s’imposer comme le nouveau visage du catch nord-américain, s’élevant avec style sur les ruines du monument Sammartino.

Nathan Maingneur

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