WCW BEACH BLAST ‘92
20/06/1992
– Tony Schiavone et Eric Bischoff (qui porte ce soir une chemise à fleurs), nous retrouvent depuis le Mobile Civic Center de Mobile, Alabama, pour l’inaugural, Beach Blast ! « Cowboy » Bill Watts les rejoint, et promet une grande soirée « catchesque » pour le lancement de l’été du côté WCW.
Jim Ross, lui aussi en tenue de plage, accueille son co-host, Jesse « The Body » Ventura, alors allongé sur un transat, et entouré de jolies filles en maillot de bain (…)
MATCH 1 : LIGHT HEAVYWEIGHT TITLE MATCH : SCOTTY FLAMINGO VS FLYIN’ BRIAN © (17:29)
VAINQUEUR : SCOTTY FLAMINGO
PRISE DE FINITION : DIVING KNEE DROP
NOTE : *** ¾
On reste dans le cliché avec l’entrée de Scotty Flamingo, arrogant et sûr de lui et surtout challenger au titre des poids légers. L’actuel détenteur du Light Heavyweight Title, le très populaire Flyin’ Brian le rejoint, dans ce qui devrait offrir un solide opener.
La confrontation est intrigante, on débute par un peu de « Mat Wrestling » où Pillman s’impose, ce qui agace Flamingo. Ce qui lui manque de technique, Scotty le comble par un petit côté vicieux, qu’on ne retrouve pas chez l’aérien Flyin’ Brian. Celui-ci fait preuve d’une sérieuse ténacité, et revient avec un Air Pillman, seulement pour être calmé par une Lariat de Flamingo, que Brian nearfall. Le quart d’heure de combat est passé, et pour autant, on ne sait qui possède réellement l’avantage, même si Pillman possède un ascendant naturel. Les nearfalls s’enchaînent et les deux athlètes tiennent le public en haleine. Une corde à linge envoie Flamingo sur la rampe, directement reliée au ring. Enchaînant avec un Suicide Dive, Pillman s’éclate littéralement, atterrissant tête première sur cette rampe. Profitant de cet état chaotique, Flamingo, le faisant rouler sur le ring, inerte, enchaîne avec une descente du genou. Il le couvre, et Pillman, sonné, ne se dégage pas. Flamingo, à la surprise générale, remporte donc ce combat, s’adjugeant au passage le titre de Flyin’ Brian, au terme d’un opener digne de ce nom.
– Johnny B. Badd a ce soir le privilège de présenter le Bikini Contest entre Missy Hyatt et Madusa (c’est une autre époque…) Celui-ci devrait se dérouler en trois manches, alors que défilent successivement les deux femmes, d’abord en robe de soirée.
MATCH 2 : TAYLOR MADE MAN VS RON SIMMONS (07:10)
VAINQUEUR : RON SIMMONS
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
NOTE : ** ½
Terry Taylor, qui allait passer d’une gimmick ridicule à une autre, s’avance vers le ring, obtenant une réaction mitigée. Face à lui ce soir, « All American » Ron Simmons, le rejoint sous les acclamations, arborant un physique impeccable.
Pour être honnête, Taylor n’a pas vraiment ses chances, malgré ses qualités sur le ring. Se heurtant à la montagne de muscles qu’est Simmons, il reste impuissant une partie du combat. Subissant des tacles, il est envoyé sur la rampe, puis ramené sur le ring en Military Press. Un tacle esquivé, envoie Simmons s’écraser sur la rampe, et permet à Taylor de reprendre le dessus. Trop fort, Simmons mettra peu de temps à revenir, assénant ensuite à Taylor un Spinebuster, puis un Powerslam décisif pour la victoire.
– Interviewé par Jim Ross suite à sa victoire, Simmons s’engage à devenir le premier Champion du Monde de couleur noire, prouvant que tous, qu’importe les différences, ont une chance.
MATCH 3 : MARCUS BAGWELL VS GREG « HAMMER » VALENTINE (07:17)
VAINQUEUR : GREG VALENTINE
PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK
NOTE : **
Jolie exposition pour ce jeune rookie, Marcus Bagwell s’avance avec énergie vers le ring, la réaction de la foule suggérant que l’Alabama n’apprécie pas vraiment les « pretty boys » Son adversaire, Greg « Hammer » Valentine, le rejoint, avec sa robe de ring d’un bleu étincelant.
La fougue du jeune Bagwell prime d’abord sur l’expérience de Valentine, alors que ce dernier se fait surprendre. N’étant pas surnommé « Hammer » pour rien, Valentine calme Bagwell avec une énorme manchette, le remettant à sa place avec des atémis. Méthodiquement, Valentine prépare son Figure Four, et se laisse toutefois surprendre à plusieurs reprises. Cependant, pas de chance pour Bagwell, dont Valentine éclate le genou avec un Kneebreaker, suivi de sa fameuse Figure Four Leglock. Pris au piège, Bagwell n’a d’autre choix que de jeter l’éponge.
MATCH 4 : FALLS COUNT ANYWHERE ON THE GULF COAST MATCH : CACTUS JACK VS STING (11:24)
VAINQUEUR : STING
PRISE DE FINITION : TOP ROPE CLOTHELINE
NOTE : **** ¼
Attendu depuis des mois, ce Falls Count Anywhere possède une particularité : les tombés et les soumissions pourront (métaphoriquement) s’effectuer partout sur la Côte du Golfe. Avec son air dérangé et psychotique, Cactus Jack s’avance sur la rampe, se positionnant de manière à attendre son adversaire. L’actuel WCW World Heavyweight Champion, Sting, effectue son entrée, plus populaire que jamais, et se jette sans plus attendre sur Cactus Jack !
Les coups pleuvent, et Sting s’impose, enchaînent un surpassement et un Facebuster sur la rampe. Foley se retire in-extremis d’un Stinger Splash, et Sting s’écrase les côtes sur les cordes. Vicieux, Foley se jette à l’extérieur de tout son poids sur les côtes du Stinger. Il n’y a qu’a voir les visages des premiers rangs lorsque Sting éclate le crâne de Jack sur les barrières pour comprendre à quel point c’est intense. On se bat dans le public, et Sting prend l’avantage, avec une souplesse portée sur le béton, enchaînant avec une projection terrible dans la barrière. Pincez-moi, on passe à une séquence de Mat Wrestling, où Sting, agacé par les gifles de Foley, se relève, seulement pour être envoyé à l’extérieur par une Cactus Clotheline. Suivant un Stun Gun sur les barrières, Jack s’empare d’une chaise, et la plie sur le dos de Sting. Porté par la foule, Sting lui prend cette chaise, et éclate le dos de Foley avec ! Ce dernier se sort du Scorpion Deathlock, alors sur la rampe et lui porte son Double Underhook DDT. L’arbitre compte et… dégagement ! Remonté sur la troisième corde, Sting s’élance et décapite Jack avec une Flying Clotheline. Sonné, Foley ne se dégage pas, le Stinger ressortant victorieux de ce combat éprouvant, incroyablement rythmé et construit, alors que Sting peut désormais pleinement se concentrer sur son prochain défi : Big Van Vader.
MATCH 5 : 30 MINUTES IRON MAN MATCH : RICK RUDE VS RICKY STEAMBOAT (30:00)
VAINQUEUR : RICKY STEAMBOAT (4-3)
PRISE DE FINITION : INSIDE CRADLE
NOTE : **** ¾
Fier, arrogant, sûr de lui, « Ravishing » Rick Rude s’avance méthodiquement en direction du ring. S’adressant à tous les « fat, overweight, out of shape, sweathogs » de la salle, Rude retire son peignoir, faisant apparaître sa musculature littéralement parfaite. Une ovation accompagne les premières notes du thème d’entrée de son adversaire, Ricky Steamboat, qui amène avec lui son fils et son épouse. Une demie heure au compteur, le lutteur qui aura le plus de tombés ou de soumissions l’emportera. Et nous sommes prêts à assister à un classique du genre.
Steamboat n’attend pas, et attaque Rude, ciblant ses côtes, et s’acharnant dessus tel un animal. Faisant ressortir des semaines, des mois de frustration, Steamboat terrasse son rival, le torturant dans un terrible Boston Crab. Peut-être aveuglé par sa rage, le Dragon se jette trop brusquement sur un coup de genou de Rude. Sonné, Rude en profite et score le premier tombé (1-0) Affaibli, mais lucide, Rude ne perd pas une seconde et lui assène son Rude Awakening, marquant un point de plus, alors que le public est abasourdi (2-0) Faisant fi des avertissements de l’arbitre, et de la peur d’être disqualifié, Rude se jette sur Steamboat avec une descente du genou de la troisième corde (2-1) Sauf que Steamboat est trop faible et concède un nouveau tombé à Rude (3-1) Pris de longues minutes dans un Camel Clutch, Steamboat fait preuve d’une ténacité héroïque, et d’une force sur-humaine et se relève, Rude sur ses épaules, et l’éclate en Electric Chair. Rude essaie alors d’exécuter Steamboat avec un Tombstone Piledriver, mais Steamboat nous pond un contre du génie, et plante Rude avec son Tombstone ! (3-2) Épuisé, le Dragon parvient tout de même à l’enrouler en Backslide, et Rude ne se dégage pas ! (3-3) Désormais à égalité, le prochain point pourrait être décisif. Steamboat contre un Rude Awakening, et en assène un à son tour ! Dégagement de Rude, qui parvient ensuite à le mettre en prise du sommeil. Il reste peu de temps, et les espoirs de Steamboat semblent s’envoler. Un contre, alors que Steamboat bascule, et tombe sur Rude, suffit pour le Dragon (4-3) Dès lors, il ne reste que quelques minutes, et Rude s’emporte dans une frénésie folle, assénant des cordes à linges à Steamboat, qui refuse de rester au sol ! Fou, Rude voit son match s’envoler, alors que le temps est écoulé, Steamboat l’emportant au terme d’une performance magistrale, s’inscrivant de fait comme l’homme de fer de la World Championship Wrestling.
– Missy Hyatt et Madusa défilent pour la deuxième fois, cette fois-ci en tenue de plage, finissons-en, s’il vous plaît.
MATCH 6 : 6-MAN TAG TEAM MATCH : STUNNING STEVE AUSTIN, ARN ANDERSON ET BOBBY EATON VS BARRY WINDHAM, NIKITA KOLOFF ET DUSTIN RHODES (15:32)
VAINQUEURS : BARRY WINDHAM, NIKITA KOLOFF ET DUSTIN RHODES PAR DQ
PRISE DE FINITION : SAUT DE LA TROISIÈME CORDE DE ANDERSON
NOTE : *** ¼
Les caïds de la Dangerous Alliance, accompagnés par Dangerously en personne, s’avancent vers le ring, prêts à redorer le blason du groupe. Face à eux, le trio charpenté de Barry Windham, Nikita Koloff et Dustin Rhodes le rejoint, sous les hourras de la foule. Mention à leur thème d’entrée, qui n’est autre que La Grange, des ZZ Top.
On commence avec les rivaux du titre WCW TV, Windham et Austin, alors que ce dernier est rapidement dépassé. Anderson gifle Koloff, sauf que celui-ci entre, et calme l’Enforcer. Après une demande de disqualification refusée par l’arbitre Ole Anderson, c’est la bagarre, alors que Rhodes sera ensuite pris à part par les heels. Aucun de ces six compétiteurs ne se démarque réellement ce soir, malgré un combat d’ensemble correct. Sur un Stun Gun, Rhodes rebondit (un peu exagérément) et passe le hot tag à Windham. Les choses dégénèrent et l’arbitre a du mal à rester au clair, mais a l’oeil lorsque Anderson s’est jeté de la troisième corde, le disqualifiant immédiatement. La décision est alambiquée, surtout avec ces règles plutôt ridicules, soirée noire pour la Dangerous Alliance.
– Ricky Steamboat est interviewé par Tony Schiavone à propos de sa victoire face au leader de la Dangerous Alliance. Dangerously intervient et le menace, et à ce moment là, Steamboat se fait attaquer par Cactus Jack. Acte isolé, où est-ce que la Dangerous Alliance se serait dégotée un nouveau membre ?
Johnny B. Badd et Jesse Ventura (par pitié…) sont sur la rampe pour ce dernier round du concours. Missy Hyatt semble avoir perdu son Bikini, et emprunte le bandana de Ventura. Le tout ponctué de remarques beauf, sexistes et d’un Ventura qui entre dans la cabine de Madusa.
MATCH 7 : WCW WORLD TAG TEAM TITLES MATCH : THE MIRACLE VIOLENCE CONNECTION VS THE STEINER BROTHERS (30:00)
VAINQUEURS : AUCUN
PRISE DE FINITION : TIME LIMIT
NOTE : ****
C’est la grande revanche de Clash of the Champions, sauf que cette fois-ci, les enjeux sont touts autres. « Dr. Death », Steve Williams et Terry « Bam Bam » Gordy font leur entrée, et ont ce soir l’occasion de s’arroger les titres par équipe de la WCW. Ces derniers, sont solidement accrochés autours des reins de Scott et de Rick Steiner, les Steiner Brothers, qui rejoignent le ring sous les acclamations.
L’affiche de rêve, conclut donc ce Beach Blast, alors qu’on commence par de solides échanges de Mat Wrestling, jusqu’à ce que Scott, irrité, plaque Gordy au sol, le martelant de coups. Williams et Gordy, aussi aguerris soient-ils, se font surprendre par des Suplex en de ce début de match. Inédit, ce sont les Steiners qui paraissent les plus faibles, Scott se faisant dominer de longues minutes, jusqu’à un hot tag salvateur. Le frangin Rick, le plus bourrin de deux, ne manque pas de décapiter Williams et Gordy avec ses Steinerline. Cependant, Dr. Death revient, et avec des coups aussi shoot que stiff, parvient à calmer les ardeurs du Dog Faced Gremlin. Faisant état d’un travail par équipe redoutable, Williams et Gordy parviennent à isoler Rick de son partenaire, l’arbitre de la rencontre faisant son maximum pour faire respecter la loi dans ce véritable combat de buffles. Une partie du match se compose de longues phases de soumissions, orchestrées en majorité par la Miracle Violence Connection, Rick faisant preuve d’une ténacité de fer. Défiant l’adversité, et allant chercher jusque dans ses tripes, Rick se sort d’un Powerslam de la troisième corde, et ira contrer un Oklahoma Stampede. Un hot tag permet à Scott d’entrer, et de faire le ménage, mais le temps imparti est bientôt écoulé, et cela se jouera à la seconde. À quelques secondes près, suite un Frankensteiner de Scott sur Gordy, ils l’avaient emporté, mais l’arbitre, devant le dépassement de la limite de temps, doit faire sonner la cloche. Les Steiners conservent donc leurs titres, au terme d’un combat encore plus éprouvant que le premier. Incroyable effort de la part de ces deux grandes, immenses équipes.
– Avec l’inauguration de Beach Blast, l’été commence fort et s’annonce chaud, du côté WCW. Sous la direction (discutable) de Bill Watts, ce programme présentait une affiche alléchante, faite de la crème de la crème de la fédération. L’opener rendit honneur à son rôle, c’est à dire d’emballer la foule pour une grande soirée « catchesque », en proposant un petit bijou de match, jonglant entre high-flying et technique, où Scotty Flamingo s’est imposé avec choc pour s’arroger le titre Light Heavyweight. Comme dans tout programme, il faut une mid-card, pas souvent maîtrisée, souvent négligée au profit des plus gros combats. Ici, rien à signaler, c’est ni spécialement bon, ni fondamentalement mauvais. Annoncé en amont depuis des semaines, on ne peut qu’apprécier la parenthèse « Extreme » du PPV, ce Falls Count Anywhere entre Cactus Jack et Sting, qui s’est révélé incroyablement divertissant, véritable vitrine d’exposition pour Foley, et étape herculéenne pour Sting avant son face à face avec Vader. Le point noir de la soirée, c’est ce Bikini Contest entre Madusa et Missy Hyatt. Malgré toute les bonnes intentions, et le contexte de l’époque et du programme, ce « concept » n’est rien de plus qu’une pauvre et misérable exposition sexiste et dévalorisante de la femme, qui n’a rien de plus qu’un « objet », le tout ponctué des commentaires franchement beauf de Ventura. L’organisation de la carte est surprenante, on finit par la revanche de Clash of the Champions, qui plus est pour les titres, jusqu’ici, c’est plutôt cohérent. Pour autant, en finir sur un no-contest, alors que le Sting/Jack ou encore le Steamboat-Rude, aurait carrément pu endosser ce rôle. Toujours dans cet esprit shoot, les deux équipes se seront rentrées dedans sans retenue, offrant à la foule une collision entre quatre des plus gros buffles du circuit. Le no-contest est une bonne solution, faisant retenir les Steiners et n’abîmant pas le prestige du duo Williams/Gordy. Concluons par ce qui fut à mon sens le must-see de la soirée. Cet Iron Man Challenge entre Ricky Steamboat et Rick Rude, où un Rude dont on se délecte de chaque battement de cil, littéralement impeccable entre les cordes, se fera avoir par un Steamboat héroïque, offrant une performance hors-normes. Pour sa première, ce Beach Blast est un succès majeur, offrant un « Wrestling » d’une qualité sans équivoque. Et alors qu’on progresse dans l’année, le Great American Bash se rapprochement doucement mais surement, on ne peut qu’être emprunt d’une certaine nostalgie, parce que ‘92 s’inscrit déjà comme une sacrée cuvée pour la défunte WCW.
A Wrestling Addict