WORLD WRESTLING FEDERATION – MSG #01

WORLD WRESTLING FEDERATION

MADISON SQUARE GARDEN #01

30/06/1973

Madison Square Garden

Madison Square Garden

La plus grande scène du monde… Madison Square Garden ! Ce programme de catch All Star Wrestling daté du 30 juin 1973 est une production de la World Wide Wrestling Federation, dirigée par Vincent J. McMahon (1914-1984) grand promoteur de catch et fondateur de la compagnie en 1963.

L’annonceur du ring présente les juges Nat Cooper, Dick Woering et Joe Ryder. Les matches proposés ce soir seront supervisés par la Commission Athlétique de l’État de New York, présidée par Edwin Dooley et par le médecin et physicien Edwin Campbell. Vincent Abbatiello s’occupera de faire sonner la cloche alors que l’arbitre de ce premier combat sera Lou Laata. Cette présentation formelle de tous les officiels est intéressante et donne à l’événement un aspect purement sportif au-delà de l’habituel cadre du divertissement.

Vincent K. McMahon, âgé de 28 ans, sera notre unique commentateur « play by play » pour cette grande et belle soirée de catch.


MATCH 1 : BLACKJACK LANZA VS LEE WONG (05:05)

VAINQUEUR : BLACKJACK LANZA

PRISE DE FINITION : CLAWHOLD

APPRÉCIATION : EXCELLENT SQUASH. TRÈS BON TRAVAIL DE HEEL DE LANZA


Lee Wong, catcheur originaire de Hong-Kong en Chine, attend pieds-nus sur le ring. On sait peu de ce catcheur chinois, si ce n’est qu’il a rejoint la WWWF en 1970 pour endosser un rôle de jobber. Chapeau noir et gilet de cow-boy, une main gantée de cuir et annoncé de Albuquerque, New Mexico, Blackjack Lanza n’inspire guère confiance et l’affronte ce soir. Lanza était l’un des poulains de Bobby Heenan avant de s’allier avec Blackjack Mulligan pour former le redoutable duo des Blackjacks.

En dépit des méticuleuses précautions de l’arbitre, car Lanza portait souvent des objets illicites dans son gant, ce dernier met un point d’honneur à respecter les règles entre les cordes. Soudain, Lanza se lâche et se transforme en bête sauvage. Étranglant Wong et s’acharnant sur son faciès, Blackjack montre son vrai visage, celui d’une brute imprévisible. Il se sert même d’une des chaussures de Wong pour l’étrangler, avant d’utiliser le fil du microphone de McMahon. Il le jette ensuite à l’extérieur du ring, directement sur le béton. Sur le ring, Wong subit l’effroyable Clawhold, maintenue par Lanza et son regard fou. Inerte, Wong ne s’en relève pas alors que Blackjack Lanza l’emporte au terme d’un squash réellement intéressant du point de vue de l’écriture du personnage de Lanza.


MATCH 2 : PROF. TORU TANAKA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS EL OLYMPICO (09:34)

VAINQUEUR : PROF. TORU TANAKA

PRISE DE FINITION : JUDO CHOP

INDICATEUR : * ½


Ancien sergent de l’armée américaine « Professor » Toru Tanaka, catcheur d’origine Hawaïenne, se tient pieds-nus debout sur le tapis. Le Unholy Trio ne serait sans lui qu’un duo. Ernie Roth, plus connu sous le sobriquet de Grand Wizard of Wrestling, l’accompagne en arborant une tenue affriolante et s’attirant les sifflets de la foule. Face à lui, un individu du nom de El Olympico, catcheur semi-masqué dont nous avons peu d’informations semble assez apprécié de la foule de New York.

Mais lorsque Tanaka souhaite réaliser son traditionnel rituel japonais d’avant-match, une petite dame âgée du nom de Mrs. Kreiger, apparemment habituée des gradins du Garden et visiblement remontée, s’efforce à retirer le sel des quatre coins du ring et singe au passage le soit-disant japonais. À chaque retournement de prise par Olympico, le public y va de son acclamation. Il suffit alors parfois d’un simple collier de tête pour provoquer une telle réaction. Agrippant les pectoraux de Olympico, Tanaka se prend… un doigt dans l’oreille, une première pour ma part ! Il essuie ensuite une série de saut chassés, mais s’en sort malgré tout avec un atémi porté au niveau de la gorge, clôturant ce petit combat in-intentionnellement divertissant.


MATCH 3 : CAPTAIN’ LOU ALBANO VS GORILLA MONSOON (02:58)

VAINQUEUR : GORILLA MONSOON

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

APPRÉCIATION : COMBAT UN PEU BROUILLON. ON SE RÉGALE TOUTEFOIS


Lou Albano, ancien membre des Sicilians et manager de grande renommée, symbole de la génération  » Rock n’ Wrestling  » est en action. Officiant habituellement en tant que manager, ce véritable flibustier du catch est ce soir reçu par une pluie de sifflets. Son adversaire, voix du paysage des années 1980 et grand nom de l’histoire du catch, Gorilla Monsoon, le rejoint et en impose par un physique gargantuesque. Celui qu’on surnomme « Gino » est accueilli par un tonnerre d’acclamations !

Gorilla Monsoon

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Selon McMahon, Albano aurait (accidentellement, ou pas !) ouvert le front de Monsoon avec un coup de chaise et celui-ci chercherait à se venger. Furieux, Monsoon ne se contient pas face à un Albano fuyant. Ce dernier triche en enfonçant son pouce dans l’œil de Monsoon. Albano s’ouvre littéralement au front avec un « bladejob » ridicule alors que Monsoon revient et s’en donne à cœur joie. Une grosse claque envoie Albano par dessus les cordes et celui-ci préfère s’enfuir et regagner les vestiaires, alors que le public est en délire. L’arbitre lève le bras de Monsoon, victorieux, au grand bonheur d’une foule tout acquise. Pourtant pas d’une fluidité impeccable, c’est davantage l’occasion de voir à quel point peut s’impliquer un public lorsqu’il s’agit d’une confrontation sensée entre un sale type et un héros du peuple.


MATCH 4 : BLACK GORDMAN VS VICTOR RIVERA (11:34)

VAINQUEUR : VICTOR RIVERA

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : ** ½


Catcheur originaire de Mexico City, Black Gordman est surtout connu pour son association avec the Great Goliath dans les années 1970 et reçoit une réaction négative de la part du public du Garden. Tout l’inverse de son adversaire, Victor Rivera, catcheur d’origine portoricaine qui obtient une salve d’acclamations.

On apprend de la part de McMahon que ces deux lutteurs ont déjà croisé le fer à de nombreuses reprises sur la côte Ouest, du côté du territoire du Los Angeles. Rivera ouvre le bal avec une série de Armdrag. Il se laisse toutefois surprendre par un contre de Gordman, qui l’immobilise en Surfboard. Les bras tirés en arrière et Gordman faisant pression dans son dos, Rivera fait preuve de courage et retourne la prise alors que le public exulte ! Presque instantanément repris en Sleeper Hold, Rivera résiste et grâce à l’appui indéfectible de la foule, se relève et assène des sauts chassés et une série de Headcissors. Moins affaibli, Gordman reprend l’avantage en l’emmenant encore une fois au tapis. Rivera s’en sort à la force des tripes et semble déterminé à redorer son image ! Peut-être trop suffisant, Gordman se laisse surprendre par un petit paquet au terme d’une intense séquence d’enfourchements et… victoire ! Le Madison Square Garden est debout pour acclamer un Victor Rivera méritant et victorieux. 


MATCH 5 : 2 OUT OF 3 FALLS MATCH : JOYCE GRABLE & JAN SHERIDAN VS DOTTI DOWNS & PEGGY PATTERSON (20:47)

VAINQUEURS : JOYCE GRABLE & JAN SHERIDAN (2-1)

PRISE DE FINITION : VICTORY ROLL

INDICATEUR : ** ½


Agréable surprise que de tomber sur un match de catch féminin de cette époque ! Toutefois, les femmes ne jouissaient pas d’une exposition similaire à celle des hommes, et étaient souvent réduites au rang d’attraction, au même titre que les nains. Joyce Grable, entraînée par the Fabulous Moolah et sa partenaire Jan Sheridan, toutes deux en grenouillères, affronteront Dotti Downs, en combinaison rose, et Peggy Patterson, la plus imposante des quatre. Petite particularité : ce match se déroulera sous les règles du 2 Out of 3 Falls !

Malgré les sifflets constants d’un public essentiellement masculin, ces dames ont l’air attentives aux recommandations de l’arbitre. À vous mesdames ! Patterson s’impose naturellement grâce à son gabarit, alors que Sheridan apparaît quelque peu en retrait. Les tirages de cheveux et autres tags illégaux se multiplient tant du côté des heels que des côté des chouchous du public. Une partie de cette manche se déroule au sol, et survient ce célèbre spot de « Comedy Wrestling » joliment exécuté où la partenaire de l’une s’empresse de renverser la partenaire de l’autre, faisant à chaque fois retomber son alliée en bonne posture. La manche dure près d’un quart d’heure et un saut chassé de Grable permet à son duo de marquer le premier point (1-0). Dans leur coin, Patterson et Downs se font ramener sur le tapis et envoyer d’un bout à l’autre du ring en Slingshot ! Cette seconde manche est nettement plus courte et c’est Downs qui en tire l’avantage, contrant un autre saut chassé de Grable, profitant de l’étourdissement de cette dernière et relève ainsi le score (1-1). Désormais à égalité, Patterson et Downs se jettent sur leurs adversaires et tentent le tout pour le tout. Sheridan emmène Patterson en un Victory Roll maladroit pour l’emporter alors que le public est debout (2-1). On retrouve tous les stéréotypes du catch féminin, du crêpage de chignon à un arsenal limité en passant par les cris incessants. Cependant, ce match reste toutefois intéressant quant à l’évolution du catch féminin qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.


MATCH 6 : WWWF WORLD TITLE MATCH : GEORGE « THE ANIMAL » STEELE VS PEDRO MORALES © (08:16)

VAINQUEUR : PEDRO MORALES

PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE

INDICATEUR : *** ½


C’est l’affiche principale de ce programme, sans pour autant être la dernière. George Steele, déjà surnommé « the Animal » n’est visiblement pas apprécie de la foule de New York. Chauve, une mine grise et poilu comme un singe, Steele suscite la crainte. Son adversaire est au milieu d’un règne de près de 2 ans en tant que Champion du Monde de la World Wide Wrestling Federation et n’est autre que Pedro Morales, illustre catcheur portoricain des années 1960-1970. À son arrivée, Morales reçoit une immense ovation et n’a pas à rougir devant celles que recevait Sammartino. On peut sentir une tension palpable alors que les esprits s’échauffent.

Pedro Morales

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

En véritable « salaud » détesté du public, Steele attaque Morales mais celui-ci réplique défensivement avec une série de coups de poing. Le catcheur de Detroit, Michigan est envoyé à l’extérieur alors que le public tout entier est debout ! De retour sur le ring, Steele n’hésite pas à utiliser un « foreign object » contre Morales alors que l’arbitre n’y voit que du feu, une naïveté à la fois frustrante et pourtant si caractéristique du catch. Vicieux, le challenger envoie violemment s’écraser Morales tête première dans l’armature métallique du coin. Morales y va de son écrasement et Steele est groggy. Pas du genre à se laisser abattre et porté par une foule des grands soirs, Morales revient avec une intense série de coups de poing, alors que Steele saigne au niveau du front. Désormais en feu, Morales s’acharne sur ce front et l’arbitre, devant la lacération préfère mettre fin au combat. L’arbitre lève le bras de Morales alors qu’on ne s’entend plus parler, quel public ! Le Champion adulé serre les mains de quelques spectateurs chanceux et soulève un drapeau américain et portoricain sous les acclamations d’une foule tout acquise.


MATCH 7 : MR. FUJI VS CHIEF JAY STRONGBOW (13:58)

VAINQUEUR : CHIEF JAY STRONGBOW

PRISE DE FINITION : DOUBLE TOMAHAWK CHOP

INDICATEUR : * ½


Harry Fujiwara, plus connu sous le sobriquet de Mr. Fuji, est un catcheur annoncé du Japon célèbre pour son rôle de manager sournois au cours des années 1980-1990. À l’instar de son ancien partenaire à la AWA et NWA, Toru Tanaka, Fuji n’est pas apprécié. Mrs. Kreiger qui s’en était par ailleurs pris à Tanaka revient à la charge, s’efforçant d’essuyer frénétiquement le sel du rituel d’avant-match de Fuji. Son adversaire, le trépidant Chief Jay Strongbow, d’origine italienne, est l’un des premiers à représenter les Indiens d’Amérique avec sa coiffe traditionnelle et rejoint le ring sous un tonnerre d’acclamations.

Strongbow commence fort ! Une série de Headcissors ramène un Fuji fuyant sur le tapis. Utilisant une vieille tactique consistant à jeter du sel dans les yeux de ses adversaires, Fuji se fait avoir à son propre jeu et se fait aveugler par sa propre ruse, n’y voyant alors plus rien. Aveuglé, Fuji s’agrippe toutefois aux muscles pectoraux de Strongbow, longtemps pris au piège. Grâce à l’appui d’un public toujours aussi chaud, Strongbow s’en dégage et entame sa fameuse danse rituelle. Fuji tente de monter sur les cordes, mais l’amérindien le fait chuter et l’attrape avec un Double Atémi, porté au niveau de la gorge ! Fuji ne s’en dégage pas et Strongbow s’arroge une victoire quelque peu poussive.


MATCH 8 : HAYSTACKS CALHOUN VS MOONDOG MAYNE (06:03)

VAINQUEUR : HAYSTACKS CALHOUN

PRISE DE FINITION : BIG SPLASH

APPRÉCIATION : VÉRITABLE ATTRACTION DE CATCH « POPULAIRE »


Voici le Main Event de la soirée. C’est à dire le dernier combat proposé par le programme. Moondog Mayne, chevelure blonde et rêche, barbe fournie et revêtu d’un poncho, rejoint le ring. Il s’est plutôt distingué du côté des territoires de Los Angeles en Californie et de Portland, dans l’Oregon et est mort lors d’un accident de la route en 1978. Son adversaire, l’un des hommes les plus lourds de l’histoire du catch, est une véritable attraction à lui seul. Haystacks Calhoun, d’origine Texane, très populaire avec sa gimmick de gentil paysan, était l’une des têtes d’affiche du circuit américain des années 1960-1970. Calhoun est décédé en 1989.

Haystacks Calhoun

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Visiblement remonté, Calhoun veut se frotter à Moondog alors que l’arbitre tente vainement de retenir cette immense masse humaine, ses pieds glissant littéralement sur le tapis du ring ! Profitant d’un moment d’inattention de Calhoun, Mayne lui saute dessus et l’accule, assis dans le coin. Pas vraiment malin, Moondog tente un surpassement, espérait-il réellement soulever près de 300kg ? Dès lors, Calhoun se ressaisit et se permet même de s’asseoir sur son adversaire et de le piétiner ! Acculé dans un coin, Moondog se fait écraser par un énorme Body Avalanche et Calhoun l’aplatit avec un gros Splash. Mayne ne peut s’en dégager alors que Calhoun s’arroge une victoire sous les acclamations du Madison Square Garden.


Agréable surprise que cette découverte de ce programme de la World Wide Wrestling Federation, daté de 1973 depuis l’illustre Madison Square Garden. Nous avons de tout : du terrifiant Blackjack Lanza au détesté Fuji en passant par l’attraction Haystacks Calhoun. Sans pour autant être exempt de défauts, ce programme a le mérite d’être énergique, avec une carte rondement menée et des confrontations variées. On ne peut que saluer l’initiative d’offrir près de vingt minutes de catch féminin, véritable vitrine pour ces quatre femmes qui n’auront pas démérité malgré quelques difficultés. On ne peut pas ne pas mentionner cette sublime défense de titre d’un Pedro Morales héroïque, dont la popularité n’a alors d’égale que celle d’un certain… Bruno Sammartino ! Le tout est porté de bout en bout par une foule incroyablement impliquée et bruyante, donnant de la voix du premier match au dernier. Plus généralement, ce All Star Wrestling on HBO est une excellente exhibition du produit WWWF du début des années 1970 et de l’engouement causé sur les foules par cette véritable attraction populaire et inédite qu’est le catch.

Nathan Maingneur

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