ALL STAR WRESTLING #01
13/09/1975
Un générique d’époque ouvre ce programme de catch américain de l’année 1975. Ce programme est une production issue des territoires de New York et de Pennsylvanie, tenus par Vincent J. McMahon. Vincent K. McMahon, l’un de ses fils et futur héritier de son œuvre, arbore à la caméra un costume rouge éclatant. Le territoire des McMahon connaît à cette époque un puissant phénomène de globalisation, notamment grâce au succès des accords télévisuels mis en place dès 1972. Antonino « Argentina » Rocca, véritable figure mythologique du catch des années 1950-1960, sera à ses côtés pour commenter ce produit intitulé « All Star Wrestling ».
L’annonceur Joe McHugh nous accueille au Hamburg Fieldhouse de Hamburg en Pennsylvanie. D’une voix chevrotante, McHugh présente le producteur de l’émission. Il présente également les officiels de la Commission Athlétique de l’État de Pennsylvanie, dont Nick Santoro. Le médecin et physicien aux abords du ring est Fred Heinbach. Tony Zebule sera notre « gardien de la cloche » tandis que les arbitres seront « Wee » Willie Weber et Dick Woerhle.
MATCH 1 : « SUPERSTAR » BILLY GRAHAM W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS TOM STANTON (03:57)
VAINQUEUR : BILLY GRAHAM
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
APPRÉCIATION : SUPERBE EXPOSITION DE GRAHAM. À RATTACHER AVEC SA PROMO
Tom Stanton, plus connu au Canada sous l’étendard de la Stampede Wrestling, attend son adversaire sur le tapis. Arrogant, sûr de lui et méprisant, « Superstar » Billy Graham s’avance vers le ring avec style et est suivi de son légendaire manager, The Grand Wizard of Wrestling. Virilité exacerbée, Wizard doit l’aider à retirer son t-shirt, ses immenses biceps ne passant apparemment pas au niveau des manches.
C’est une véritable vitrine pour Graham qui exhibe ici un physique impressionnant. Graham témoigne de sa force avec de lourds coups de poing, portés méthodiquement. Stanton n’est qu’une poupée dans les mains de « Superstar » et celui-ci s’en amuse, le relevant à chaque fois du tombé. McMahon semble réellement impressionné et induit déjà qu’il pourrait capturer le titre de Sammartino. Une série de Irish Whip fouette littéralement le dos de Stanton qui finit dans une prise de l’ours redoutable et n’a d’autre choix que de jeter l’éponge. Graham est logiquement proclamé vainqueur par l’arbitre de la rencontre, alors qu’il s’acharne encore sur le dos de son adversaire.
MATCH 2 : THE BLACKJACKS W/CPT. LOU ALBANO VS BUDDY PORTER & BUD SAWYER (05:11)
VAINQUEURS : THE BLACKJACKS
PRISE DE FINITION : THE CLAWHOLD
APPRÉCIATION : EFFICACE ET AUTORITAIRE. FAIT SUSCITER UNE CERTAINE CRAINTE
Une paire de cow-boys tout droit sortis d’un saloon. Chapeaux et gants noirs, Blackjack Mulligan et Blackjack Lanza montent sur le ring et arborent fièrement les titres par équipe de la World Wide Wrestling Federation, tout récemment gagnés. Accompagnés du dément Captain’ Lou Albano, ils se mesurent à Buddy Porter et à Bud Sawyer, qui sont essentiellement des jobbers. Les ceintures ne sont pas en jeu.
Le ton est donné par cet étonnant échange de coups, demandé par Lou Albano entre les deux Blackjacks, s’invectivant pour ce match. Dominant de bout en bout, Mulligan et Lanza font preuve d’une solide cohésion et même si l’action ne décolle pas, c’est avant-tout un squash. Lanza l’emporte pour son équipe avec sa célèbre Clawhold, immobilisant suffisamment son adversaire pour le compte de trois.
– De retour auprès de McMahon, « Superstar » Billy Graham nous gratifie d’une série de poses, alors que Ernie Roth, notre Grand Wizard of Wrestling en fait l’éloge (et c’est peu dire!) Graham s’empare du micro et s’adresse directement à Bruno Sammartino. « Superstar » transpire d’une virilité exagérée et surtout d’un charisme naturel hallucinant. C’est d’ailleurs la toute première promo de Graham du côté de la WWWF, un art que Graham a révolutionné et démocratisé pour des générations de catcheurs.
MATCH 3 : MANUEL MIRANDA VS BARON MIKEL SCICLUNA (03:34)
VAINQUEUR : BARON MIKEL SCICLUNA
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : ACTION LIMITÉE MAIS SCICLUNA INSPIRE CRAINTE ET EFFROI
Manuel Miranda, catcheur sur lequel j’ai peu d’informations à fournir, si ce n’est qu’il est originaire de Cap Cod dans le Massachusetts, semble être un jobber. Son adversaire arbore une longue cape rouge, brodée des armoiries maltaises, laissant présager qu’il serait peut-être issu d’une lignée royale. Originaire de l’île de Malte, Baron Mikel Scicluna n’inspire rien de bon.
Il s’agit encore ici d’un pur squash, où Scicluna martèle Miranda avec des étranglements et des coups de pied. Arsenal limité certes, même en ces temps, mais c’est davantage l’impression que suscite Scicluna qui est à retenir. Chevelure noire, mine grise, ce dernier possède une allure terrifiante. Il l’emporte logiquement grâce à quelques descentes du genou.
MATCH 4 : FRANCISCO FLORES VS « FABULOUS » FRANK MONTE (06:01)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT-OUT
INDICATEUR : * ¾
Longue chevelure et barbe blonde, « Fabulous » Frank Monte est sur le ring. Cet ancien catcheur de la NWA se mesure ce soir à Francisco Flores, vêtu d’une veste de toréador et d’un sombrero. Ce catcheur est originaire de Mexico et fut un temps promoteur et co-fondateur de la Universal Wrestling Association, promotion mexicaine de catch basée à Naucalpan au Mexique.
Les premiers échanges contrastent avec le reste du programme, la cadence s’accélérant nettement avec une série de Armdrag. Monte domine majoritairement avec des coups de genou et envoie Flores à l’extérieur du ring en le projetant lourdement. Sur le tablier du ring, alors que Flores est à nouveau envoyé dehors par un Fireman’s Carry, les deux hommes s’échangent des coups, sans se soucier du compte de l’arbitre. Ils ne s’arrêtent pas pour autant au son de la cloche et c’est Flores qui a le meilleur de ce dernier échange de coups.
MATCH 5 : LOUIS CERDAN & TONY PARISI VS BUGSY MCGRAW & WALDO VON ERICH W/CPT. LOU ALBANO & FREDDIE BLASSIE (09:40)
VAINQUEURS : AUCUN
PRISE DE FINITION : NO-CONTEST
INDICATEUR : ** ½
La dernière rencontre sur la carte est un match par équipe, un concept prisé de l’époque. Louis Cerdan et Tony Parisi, anciens détenteurs des ceintures Tag Team, sont respectivement d’origine française et italienne. Ils partent clairement comme les favoris de la foule. Il y a un sacré monde dans le coin opposé : Bugsy McGraw et son air loufoque, accompagné par Lou Albano et Waldo Von Erich, catcheur à la gimmick de soldat SS, managé par Freddie Blassie. Sacré affiche !
Parisi empêche dans un premier temps Von Erich de faire quoi que ce soit. Agacés par les incessantes interventions d’Albano et de Blassie, Cerdan et Parisi repartent en direction des vestiaires. Les « vilains » du ring croient alors avoir gagné mais leurs adversaires reviennent avec… André le Géant ! Cela ajoute une étincelle à ce match alors qu’André garde un œil sur Albano et Blassie et manque plusieurs fois d’enjamber les cordes. Parisi esquive un Splash de McGraw et passe le tag à Cerdan qui entre en feu ! Albano et Blassie en prennent pour leur grade et sont envoyés, groggy, à l’extérieur, se retenant l’un à l’autre pour éviter de chuter. Suite à un énième débordement, André grimpe sur le ring et les coups pleuvent ! La foule est debout pour cette fin de match atypique et le tout se solde en un no-contest réellement divertissant. La dernière image offerte est celle d’un André tout sourire, s’asseyant sur une pile de catcheurs composée de Blassie, Albano et Von Erich.
Si vous recherchiez du catch athlétique et fluide, vous n’y trouverez pas votre compte. En revanche, si vous voulez mettre la main sur un véritable document d’archive, vous êtes au bon endroit ! Ce programme s’adresse avant tout aux nostalgiques et aux curieux souhaitant découvrir et s’intéresser à cette face méconnue du catch américain. C’est davantage une histoire où se mêlent émotions et fascination, avec des hommes gonflés au charisme comme Graham et des personnages excentriques comme Albano et Classy. D’autres, plus menaçants, comme les Blackjacks où Scicluna, terrifiaient les foules. Et pour se faire détester, Waldo Von Erich profitait d’un contexte encore fragile, prenant les traits d’un nazi tout droit sorti du dernier conflit mondial du XXe siècle. Tradition des galas de l’époque, c’est lors de l’affiche principale que toute l’attention se concentre, divertissant le public avec des oppositions typiques entre chouchous des foules et brutes honnies. L’étincelle de la soirée est à attribuer à l’arrivée surprise d’André le Géant, véritable attraction du circuit qui n’avait qu’à apparaître pour que d’entières foules se lèvent.
Nathan Maingneur