WORLD WRESTLING FEDERATION
MADISON SQUARE GARDEN #05
07/08/1976
Vince McMahon nous retrouve depuis le Madison Square Garden, arène mythique de New York City pour ce grand événement estampillé World Wide Wrestling Federation.
McMahon annonce en grande pompe que quelques mois à peine après avoir souffert d’un cou brisé, Bruno Sammartino effectue ce soir son retour au Garden et remet à cet effet sa ceinture de Champion du Monde en jeu face à son bourreau, en la personne de l’impitoyable Stan Hansen. Et ce, dans une impardonnable cage d’acier.
MATCH 1 : JOSÉ CADIZ VS JOHNNY RIVERA (10:41)
VAINQUEUR : JOHNNY RIVERA
PRISE DE FINITION : TOP ROPE CROSSBODY
INDICATEUR : ** ½
L’annonceur précise qu’il s’agit du premier d’une série de neuf matches proposés ce soir. Originaire de New York City, José Cadiz fait ce soir ses débuts au Garden et joue à domicile. Je n’ai pas de plus amples informations à fournir du manque flagrant de renseignements à son sujet. Cadiz se mesure ce soir au portoricain Johnny Rivera, vêtu d’un blouson à paillettes et en une apparente bonne condition physique.
Cadiz se laisse surprendre par une jolie série de Armdrag et se plaint immédiatement auprès de l’arbitre. Un contre en Fireman’s Carry, où Cadiz étrangle son adversaire, suivi d’une sorte de Stun Gun, lui permet de prendre l’avantage. Un plan caméra passe sur le public et… c’est Mrs. Kreiger ! Cette petite dame âgée reconnaissable entre mille est présente et amuse la galerie en singeant Cadiz. Sur un surpassement, Rivera retombe habilement sur ses pieds et enchaîne avec un saut chassé. Il réussit ensuite à placer un Headcissors depuis le coin et un Hurricanrana, prise quasi inédite pour ce territoire et cette époque. Il l’emporte ensuite avec un Crossbody porté du haut des cordes, le Garden applaudissant à l’unisson pour ce petit match fort sympathique.
MATCH 2 : JOHNNY RODZ VS S.D JONES (08:12)
VAINQUEUR : S.D JONES
PRISE DE FINITION : GERMAN SUPLEX
INDICATEUR : ** ½
« Unpredictable » Johnny Rodz est ce soir sur le ring du Garden et reçoit une réaction quelque peu mitigée. Son adversaire est un catcheur extrêmement populaire en la personne de S.D « Special Delivery » Jones, catcheur originaire d’Antigua-et-Barbuda dans l’archipel des Caraïbes. Il fut d’ailleurs entraîné par ce même Johnny Rodz dans les années 1970 et s’est ensuite établi à la World Wrestling Federation entre 1975 et 1990, s’illustrant également sur certains territoires de la NWA.
On s’échauffe avec une intense séquence de « Mat Wrestling » où Rodz prend temporairement l’avantage. Ce dernier fait toujours état d’une intelligente maîtrise des cordes, les utilisant à bon escient pour donner de l’impact à ses coups de pied. Sur une droite directement assénée à Jones, la main de Rodz se heurte au crâne de Jones, de réputation assez solide ! Le match prend parfois des tournures de combat de boxe, les deux hommes s’échangeant des droites et des gauches. Rodz emmène alors Jones en German Suplex, prenant appui sur la première corde. Sur le tombé, ce dernier relève tout juste suffisamment l’épaule pour s’en dégager. Rodz croit donc l’avoir emporté mais c’est le bras d’un S.D Jones victorieux que lève l’arbitre, au terme d’un combat agréablement mené.
MATCH 3 : 2 OUT OF 3 FALLS WWWF TAG TEAM TITLES MATCH : DOMINIC DENUCCI & JOSÉ GONZALEZ VS THE EXECUTIONERS © (22:54)
VAINQUEURS : THE EXECUTIONERS (2-1)
PRISE DE FINITION : REVERSED BODY SLAM
INDICATEUR : ** ¾
Toujours sous la tutelle d’un Lou Albano d’ailleurs absent ce soir, les Executioners, redoutable association de catcheurs masqués, n’auront pas mis longtemps à s’arroger les ceintures de Champions par équipe. Ils les remettent ce soir en jeu face à un tandem composé du populaire Dominic DeNucci, d’origine italienne et de José Gonzalez, catcheur portoricain surtout connu pour être le meurtrier de Bruiser Brody, poignardé dans les douches d’une arène de Porto Rico en 1988.
Les Champions s’imposent grâce à leur large gabarit, bien qu’on observe une différence de condition physique marquée entre les deux Executioners. Sous l’un des masques, Killer Kowalski est alors âgé de cinquante ans et se fait remarquer par sa lenteur entre les cordes. Toutefois, on assiste à une manche relativement dynamique, le tandem de challengers parvenant parfois à reprendre l’avantage, bien aidés par une foule énergique. Kowalski passe tout près de se faire retirer son masque mais c’est bien de son côté que le premier point est marqué, suite à un double brise-dos asséné à DeNucci (1-0). En difficulté, l’italien fait entrer Gonzalez qui réussit à repousser ses assaillants. Envoyés à l’extérieur du ring, les Executioners sont mis en déroute. Dominic en place un sur ses épaules pour un Airplane Spin et celui-ci est trop groggy pour s’en dégager (1-1). Désormais à égalité, tout est possible. DeNucci ne démérite pas et répond vaillamment coup pour coup avec des droites et des gauches. Un tag à Gonzalez lance celui-ci dans une frénésie de sauts chassés. Il veut ensuite partir sur un enfourchement sur l’un des Executioners mais le partenaire de ce dernier le fait retomber avec un saut chassé, directement en position de tombé. Sous le poids de son rival, Gonzalez ne se relève pas et les Executioners conservent leurs ceintures après près de vingt minutes de combat haletant (2-1).
MATCH 4 : BRUISER BRODY W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS KEVIN SULLIVAN (02:29)
VAINQUEUR : BRUISER BRODY
PRISE DE FINITION : TORTURE RACK
APPRÉCIATION : SQUASH BRUTAL ET IMPRÉVISIBLE
Toujours invaincu, celui qu’on surnomme « King Kong » Bruiser Brody s’avance vers le ring. Longue et épaisse chevelure, barbe fournie, une peau de bête repose sur ses larges épaules. Accompagné par The Grand Wizard of Wrestling, Brody fait ce soir ses débuts au Madison Square Garden. Bruiser Brody est devenu l’un des personnages les plus durs et les plus respectés de l’histoire du catch et aura une carrière à son image : imprévisible, jusque dans la mort. Face à Brody ce soir, Kevin Sullivan est plutôt apprécié du public de New York.
Sans retenue, Brody martèle Sullivan qui peine à répondre. Au sol, ce dernier subit de sales coups de pied et de coude. Reprenant ses esprits, Sullivan se fait surprendre par un gros Elbow Smash. Brody le hisse ensuite sur ses épaules pour un Torture Rack, prise de catch impressionnante. Sous la pression, Sullivan jette presque immédiatement l’éponge alors que Brody repart tel qu’il est venu, invaincu.
MATCH 5 : BARON MIKEL SCICLUNA & ROCKY TOMAYO VS CHIEF JAY STRONGBOW & BILLY WHITE WOLF (05:58)
VAINQUEURS : CHIEF JAY STRONGBOW & BILLY WHITE WOLF
PRISE DE FINITION : DOUBLE TOMAHAWK CHOP
INDICATEUR : * ¼
Vieilli et grisonnant, Baron Mikel Scicluna arbore toujours sa longue cape rouge, brodée des armoiries de Malte. Son partenaire se nomme Rocky Tomayo, qui a notamment caché en France dans les années 1960, à Paris, Lyon et Toulouse. Leurs adversaires sont un duo extrêmement populaire de cette époque et les rejoignent sous une ovation. Portant chacun une sublime coiffe indienne, Billy White Wolf et Chief Jay Strongbow sont sur le ring en équipe. C’est la première fois que je découvre pour ma part cet illustre tandem des années 1970.
Bien que l’arbitre prenne son temps afin d’assurer les précautions d’avant-match, Scicluna gardait sciemment un objet caché dans son slip. Il s’en sert presque immédiatement et de manière flagrante comme une arme face à Strongbow, puis White Wolf. L’arbitre a visiblement oublié ses lunettes mais un renversement de situation rend l’avantage aux soi-disant amérindiens. White Wolf et Strongbow entament leur célèbre danse rituelle et projettent Tomayo dans les cordes. Cueilli par un double Tomahawk Chop, Tomayo ne se relève pas alors que Strongbow et son compère sont applaudis par la foule de New York City.
MATCH 6 : WORLD WIDE WRESTLING FEDERATION TITLE MATCH : STEEL CAGE MATCH : BRUNO SAMMARTINO © VS STAN HANSEN (11:11)
VAINQUEUR : BRUNO SAMMARTINO
PRISE DE FINITION : SORTIE PAR LA PORTE
INDICATEUR : ****
Un affrontement que près de vingt-mille aficionados de catch, ce soir réunis au Madison Square Garden de New York, attendent comme le combat du siècle. Stan Hansen, véritable bourreau de Sammartino, se présente sous une pluie de sifflets. Celui qui avait brisé le cou de l’italien ne semble éprouver aucune forme de remords et se comporte déjà tel un animal en cage. Bruno Sammartino se fait attendre, ce qui a le don d’enrager Hansen, qui trépigne d’impatience. Le Champion se présente enfin sous un véritable tonnerre d’acclamations, sa ceinture de Champion de la World Wide Wrestling Federation est en jeu.
Hansen se jette directement sur Bruno et le met rapidement à terre avec des coups de pied. Le Champion se relève et envoie son challenger s’écraser tête première dans la cage ! Sur une projection, Bruno esquive la fameuse Lariat de Hansen, alors que le Garden entre en éruption. Hansen essaie alors de s’échapper, à chaque fois rattrapé par Bruno. En bagarreur qu’il est, Sammartino ira jusqu’à lui écraser l’entrejambe avec son pied, sans retenue aucune. Il envoie Hansen s’écraser tête première dans le poteau et celui-ci s’ouvre au front. En sang, Hansen tient à peine debout, alors que Sammartino s’empare de la coudière du challenger, supposément trafiquée pour être utilisée comme une arme. Bruno le martèle de coups de poing, Hansen s’écroulant littéralement dans les cordes. Inarrêtable, Sammartino s’assure par la force qu’Hansen ne puisse plus sortir et franchit la porte pour remporter cet intense combat, Hansen reposant inerte entre les cordes et la paroi de la cage. Sammartino aura eu sa revanche sur un Stan Hansen fou de rage, au grand bonheur d’une foule tout acquise à sa cause.
MATCH 7 : BOBO BRAZIL VS « GASHOUSE » DOUG GILBERT (00:35)
VAINQUEUR : BOBO BRAZIL
PRISE DE FINITION : COUNT OUT
APPRÉCIATION : PEUT-ÊTRE UN PEU TROP RAPIDE
En grenouillère rouge, Doug Gilbert est à ne pas confondre avec le frère d’Eddie Gilbert et attend son adversaire. Face à lui ce soir, une figure dont la popularité ne semble pas dépérir en la personne de « Big » Bobo Brazil.
Encore sur le tablier, Brazil se fait attaquer par Gilbert, alors que l’annonceur continue ses présentations comme si de rien n’était. Brazil revient et envoie « Gashouse » Gilbert à l’extérieur du ring avec une série de Coco Butts. Préférant fuir, Gilbert est instantanément compté par l’arbitre de la rencontre, alors que Brazil repart victorieux, un peu malgré lui, n’ayant même pas eu à retirer son gilet.
MATCH 8 : IVAN PUTSKI VS SKANDOR AKBAR (02:56)
VAINQUEUR : IVAN PUTSKI
PRISE DE FINITION : POLISH HAMMER
APPRÉCIATION : COURT MAIS RELATIVEMENT DIVERTISSANT
Une montagne de muscles. Voilà à quoi ressemble Ivan Putski, ce soir dans le dernier combat de la soirée. Le polonais est extrêmement populaire grâce à son slogan « Polish Power » qu’il aime scander à tue-tête. Son adversaire est reçu par une pluie de quolibets et se nomme Skandor Akbar, coiffé d’un keffieh et annoncé d’Arabie Saoudite.
Putski emprisonne rapidement Akbar en collier de tête dans ses immenses biceps. Akbar tente de s’en sortir alors que Putski s’en amuse et joue avec le public. Il s’en sort finalement en étranglant le polonais. Celui-ci se relève et assène son Polish Hammer alors qu’Akbar s’écroule. Putski se jette ensuite sur lui et retombe assis sur son torse. Il l’emporte ainsi et proclame avec fierté sa « Polish Power » !
Construit autour d’une seule et unique affiche, cet événement proposé par la World Wide Wrestling Federation se révèle intriguant sur bien d’autres points. On ne peut que souligner l’effort en début de programme d’un Johnny Rivera ou encore d’un Johnny Rodz, tous deux auteurs d’une solide prestation. Dans la défaite, Dominic DeNucci aura toutefois brillé, concédant une victoire pour les ceintures par équipe face aux cruels Executioners. On passe sur ce court match où Strongbow et White Wolf ont battu Scicluna et son partenaire, ne se révélant guère intéressant. Tout comme ce match, expédié en une poignée de secondes, voyant Brazil l’emporter, un peu malgré lui. On peut cependant compter sur la popularité de noms de plus en plus appréciés tels que Ivan Putski pour faire réagir les foules. Un point marquant est sans aucun doute le début d’un certain Bruiser Brody, qui ira ensuite directement défier Sammartino. En parlant du Champion, son retour était attendu par tout un stade. Et quel retour ! Au terme d’un intense et sanglant combat en cage, Sammartino aura eu sa vengeance, laissant presque pour mort un Stan Hansen défait. C’est lors de ce genre d’attractions qu’on se rend pleinement compte de l’aura mythique de ce grand personnage qu’était « Living Legend » Bruno Sammartino.
Nathan Maingneur