WORLD WRESTLING FEDERATION
MADISON SQUARE GARDEN #06
25/10/1976
L’annonceur du ring Jack Lee nous accueille pour ce programme de catch télévisé sous l’étendard de la World Wide Wrestling Federation. Cet événement en date du 25 octobre 1976 est commenté par Vincent K. McMahon.
Les matches proposés ce soir seront supervisés et sous la juridiction de la Commission Athlétique de l’État de New York. Dr. Harry Lewis est présent aux abords du ring, de même que Glenn Patterson et Mike Page, qui seront les juges de la soirée. Vincent Abbatiello est notre « gardien de la cloche » tandis que l’arbitre du prochain match sera Steve Rosario.
MATCH 1 : JOHNNY RODZ VS MANUEL SOTO (11:45)
VAINQUEUR : MANUEL SOTO
PRISE DE FINITION : FLYING BODY PRESS
INDICATEUR : ** ½
Originaire de Brooklyn, New York, celui qu’on surnomme « Unpredictable » en raison de son caractère déroutant, catche ce soir au Garden. Il s’agit de Johnny Rodz et son adversaire, Manuel Soto, est annoncé de l’île de Porto Rico. Je n’ai malheureusement pas plus de renseignements à son sujet, si ce n’est qu’il est issu du territoire portoricain.
Face à un compétiteur visiblement avenant, Johnny Rodz adopte une attitude fuyante et refuse d’engager le combat, une technique propre au répertoire des heels de l’époque. Il n’a fallu que d’un moment d’inattention pour que Rodz se jette finalement sur son adversaire, l’agressant à coups de pied. Soto s’en démène et revient avec un sublime surpassement, parfaitement vendu par Johnny dont le selling est d’ailleurs ce soir spécialement impeccable. Envoyé à l’extérieur du ring, Soto s’enroule dangereusement la tête dans les cordes. Rodz en profite alors pour reprendre l’avantage. Le portoricain Leapfrog ensuite un surpassement et envoie un saut chassé, suivi d’un Flying Body Press qui suffit à coucher Rodz pour un compte de trois décisif. Ce dernier n’y croit pas et s’énerve avec l’arbitre vis-à-vis de cette décision. Ils n’en ont pas fini pour autant et continuent de s’envoyer des coups jusqu’à ce que Soto pousse Rodz en retraite, cette fois-ci pour de bon.
MATCH 2 : « GASHOUSE » GILBERT VS BOBO BRAZIL (08:04)
VAINQUEUR : BOBO BRAZIL
PRISE DE FINITION : COCO BUTT
INDICATEUR : * ½
Quelques mois après cet échec cuisant en une poignée de secondes, Gilbert retente ce soir sa chance et gratifie la foule… d’un doigt d’honneur, rien que ça ! Assurément populaire, « Big » Bobo Brazil rejoint le ring, vêtu d’un veston bleu qu’il lance un peu trop loin… sur les genoux de quelques fans assis au premier rang, qui acceptent gentiment de le rendre.
Brazil serre la main d’un Gilbert hésitant, avant que celui-ci n’aille s’essuyer la main sur la protection du coin ! Étonnement, c’est « Gashouse » qui prend l’ascendant, dominant son adversaire avec des clés de bras (saupoudrées de quelques tactiques douteuses, admettons-le). Gilbert monte sur les cordes, mais Brazil le rattrape et l’envoie s’écraser en contrebas. « Gashouse » s’en sort et s’essaie à un peu de voltige. Prenant appui sur les cordes, il s’élance en saut chassé. Une seconde tentative est contrée par Brazil qui entame sa petite danse rituelle. Un Coco Butt plus tard, Brazil l’emporte au terme d’un match quelque peu mou.
MATCH 3 : JOSÉ GONZALEZ VS TOR KAMATA (10:00)
VAINQUEUR : TOR KAMATA
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
INDICATEUR : * ½
Imposant catcheur originaire d’Hawaï, Tor Kamata porte ici les traits d’un japonais détesté de la foule, arborant à cet effet une longue tunique fleurie. Il s’est d’abord illustré du côté de la Stampede Wrestling de Calgary avant de rejoindre la World Wide Wrestling Federation dans les années 1970. Face à lui ce soir s’oppose José Gonzalez, issu du territoire portoricain, uniquement connu pour être derrière l’assassinat de Bruiser Brody.
Kamata prend tout son temps et s’autorise son traditionnel rituel, consistant à disperser du sel pour chasser les mauvais esprits. Toujours pas prêt, il se permet de poser à la manière d’un sumotori, ce qui agace son adversaire. Gonzalez se lance alors dans une frénésie de Armdrag, couchant ensuite Kamata avec quelques sauts chassés. Ce dernier reprend le dessus en trichant allègrement mais Gonzalez s’en dégage et revient en force. Lors d’une projection dans les cordes, Gonzalez se prend un Jumping Shoulderblock et ne se relève pas d’une descente du genou. Une jeune femme du public passe au dessus des barricades et souhaite visiblement s’assurer du bien-être de Gonzalez, seulement repoussée par un coup de pied de Kamata ! Ce dernier semble enragé et martèle Gonzalez au sol avec des coups de pied. Le portoricain reçoit une salve d’applaudissements alors qu’il tient à peine debout.
MATCH 4 : STAN HANSEN VS IVAN PUTSKI – SPECIAL REFEREE : GORILLA MONSOON (06:26)
VAINQUEUR : IVAN PUTSKI PAR DQ
PRISE DE FINITION : LOW BLOW
INDICATEUR : *** ¼
Une pluie de sifflets accueille l’ex-challenger à l’or de Bruno Sammartino. Stan Hansen, annoncé de Borger au Texas est toujours aussi détesté. Hansen se mesure ce soir à un compétiteur dont la popularité ne cesse de croître. Ivan Putski rejoint le ring sous un tonnerre d’acclamations et arbore un physique impressionnant. Gorilla Monsoon sera l’arbitre de la rencontre, ce qui promet d’ores et déjà quelques bons moments !
Pas de temps à perdre, Putski se jette sur Hansen et le démolit à coups de poing ! Hansen a du mal à répondre face à un Putski en feu, alors que la foule entre en éruption ! Un collier de tête calme le rythme effréné imposé par le polonais. Ce dernier nous montre à quoi point le contrôle de la foule peut influer sur la qualité d’un match de catch. Hansen le soulève et le relâche sans retenue aucune sur les cordes, lui écrasant l’entrejambe sur la corde supérieure. Monsoon fait immédiatement sonner la cloche et disqualifie Hansen. Celui-ci a des comptes à rendre et s’en prend à Monsoon. Gorilla réplique à une rapidité folle avec une énorme gifle, faisant fuir Hansen devant un public transis !
MATCH 5 : WORLD WIDE WRESTLING FEDERATION TITLE MATCH : NIKOLAÏ VOLKOFF W/CPT. LOU ALBANO VS BRUNO SAMMARTINO © W/ARNOLD SKAALAND (19:44)
VAINQUEUR : BRUNO SAMMARTINO
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : *** ½
Place à l’affiche principale de ce programme. Et en ces temps, Sammartino rime avec Main Event et inversement. Emmené au ring par l’ignoble Captain’ Lou Albano, un dénommé Nikolaï Volkoff rejoint le ring sous une pluie de sifflets, vêtu d’une épaisse fourrure blanche. Originaire de Yougoslavie, Volkoff mènera une longue et riche carrière sous l’étendard de la World Wrestling Federation, s’illustrant notamment en Tag Team. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Volkoff et Sammartino croisent le fer, s’étant déjà affrontés lors du premier règne de l’italien, entre 1963 et 1971. En parlant du Champion, ce dernier fait son entrée sous une ovation spectaculaire et est accompagné du « Golden Boy » Arnold Skaaland. Ceinture de Champion du Monde accrochée à la taille, Sammartino possède l’allure d’un grand et paraît déterminé à défendre son or.
En guise d’introduction, Sammartino donne à son challenger une petite leçon de catch, Volkoff ayant du mal à se saisir du match. Ce dernier contre un test de force à son avantage et envoie de lourds coups au Champion. Sur un autre test de force, c’est cette fois-ci Bruno qui joue la carte de l’agressivité, se lâchant sur Volkoff comme lui l’avait fait ! Les corps subissent un engagement physique important, offrant une rencontre très compétitive. Tel deux béliers, Sammartino et Volkoff se rentrent dedans et celui-ci peut désormais s’imposer, grâce à son physique de colosse. Cadenassé dans une prise de l’ours, Sammartino se fait broyer le dos par Volkoff, alors que l’épuisement prend le pas. À genoux, ils s’envoient tête première dans le tapis et Volkoff a encore la lucidité de porter un gros coup de tête au Champion. Un Irish Whip sévère couche Bruno, qui se dégage in-extremis. Ce dernier contre une autre projection et Volkoff s’écrase en avant dans le coin. Tombant en arrière, Sammartino en profite et l’enroule en petit paquet. L’arbitre compte et cela suffit ! Le public exulte alors que « Living Legend » conserve son titre au terme d’une rencontre éprouvante.
MATCH 6 : BARON MIKEL SCICLUNA VS VICTOR RIVERA (06:15)
VAINQUEUR : VICTOR RIVERA
PRISE DE FINITION : COUP DE POING ARMÉ
INDICATEUR : * ¾
Victor Rivera, qu’on avait plus aperçu depuis quelques temps, est ce soir de retour en action sur nos écrans. Face au jeune portoricain, orné des armoiries de sa terre natale, voici Baron Mikel Scicluna, vêtu de sa longue cape, rejoignant le ring sous les quolibets.
Sur une première charge, Scicluna heurte son genou dans le coin et semble s’être blessé. Ce n’était toutefois qu’une feinte pour sortir son fameux objet dissimulé dans son slip. L’utilisant comme une arme, Scicluna envoie Rivera au tapis et l’arbitre n’y voit que du feu. Il nous sort ensuite son meilleur tour de passe-passe, au nez et à la barbe de l’officiel. En difficulté, Rivera subit les coups de poing et de pied du maltais et en puisant dans ses tripes, se relève avec une certaine soif de justice. Envoyé dans les cordes, Scicluna est impuissant alors que Rivera s’empare de son objet… en fouillant dans son slip ! Scicluna se fait décoller de ses bottes par un Uppercut et nous offre d’incroyables expressions faciales qui témoignent d’une grande maîtrise du langage corporel. Une série d’Uppercuts plus tard, Scicluna est envoyé au tapis et ne se relève pas du compte de l’arbitre. Toujours debout, le maltais n’en a pas terminé mais est encore une fois envoyé au sol par Rivera !
MATCH 7 : 3 OUT OF 5 FALLS MATCH : THE EXECUTIONERS & BRUISER BRODY VS CHIEF JAY STRONGBOW, BILLY WHITE WOLF & ANDRÉ THE GIANT (20:34)
VAINQUEURS : JAY STRONGBOW, BILLY WHITE WOLF & ANDRÉ THE GIANT (3-1)
PRISE DE FINITION : SPLASH
INDICATEUR : ** ½
Colossale affiche que cette dernière rencontre, placée sous les règles du… 3 Out of 5 Falls, une première pour ma part ! Les Executioners sont accompagnés du puissant Bruiser Brody et seront dans l’un des coins du ring. Leurs adversaires sont un trio de choc composé des amérindiens Chief Jay Strongbow et Billy White Wolf et de… André le Géant !
« Loup Blanc » se retrouve rapidement isolé dans le coin adverse, martelé par les coups de Brody. Un tag avec Strongbow semble redonner du souffle à l’action, temporairement toutefois, puisque ce dernier est rapidement pris dans une prise de l’ours de celui qu’on surnomme alors « King Kong Brody ». Il s’en sort et André entre enfin, rentrant dans tout ce qui bouge tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il écrase Brody dans un coin et encaisse lui-même un Splash de Strongbow, alors que l’arbitre s’interposait ! Les Executioners s’en prennent aux fondations du géant alors que White Wolf subit de nouveau les attaques des catcheurs masqués et croule sous une série de grosses descentes du genou (1-0). Un tag avec Strongbow lui permet de souffler un peu, alors que Chief Jay se déchaîne et égalise assez rapidement avec son Double Tomahawk Chop sur l’un des Champions (1-1). Avec ces six gaillards désormais à égalité, la situation devient vite incontrôlable, l’arbitre ne parvenant plus à faire respecter l’ordre. On se bat de tous les côtés et l’officiel doit faire sonner la cloche, choisissant de disqualifier le trio de heels à leur grand désarroi (2-1). Strongbow se fait retenir un temps encore, subissant tant bien que mal les tactiques de ses adversaires. Un tag salvateur fait entrer un André chaud bouillant, le public donnant de la voix pour ce personnage hors-du-commun. Tel une locomotive en marche, André est inarrêtable. Un Big Boot massif sèche l’un des Executioners, qui subit ensuite un Splash monstrueux du géant français pour un compte de trois décisif (3-1). Quelle dernière image que celle d’un André, sourire aux lèvres, soulevant ses deux partenaires sur ses larges épaules devant une foule admirative.
Malgré une réception assez négative et de nombreuses critiques à son encontre, je ne peux que m’y opposer en démontrant la richesse de ce programme. Décryptage. Pour commencer, on ne peut qu’être admiratif du talent d’un Johnny Rodz, ouvrant le bal avec un opener remarquablement bien mené. Bien que des noms tels que Bobo Brazil et Tor Kamata n’aient pas plus impressionné que ça, on peut toutefois noter leur lien avec le public, qu’il soit positif ou négatif. Même si on peut ne pas être transcendé par ses capacités in-ring (à prendre en compte d’un âge déjà bien avancé), on ne peut qu’être fasciné par le talent d’expression d’un Mikel Scicluna, impérial dans son utilisation théâtrale du langage corporel et facial. Accueilli tel un dieu sur l’Olympe, Bruno Sammartino remettait ce soir sa ceinture en jeu face à un farouche compétiteur. Dans la défaite, Nikolaï Volkoff n’aura pas démérité, offrant une performance des grands soirs face à un Sammartino tout simplement invincible. Malgré la présence de l’italien, le combat qui m’aura le plus fait vibrer n’aura pas été le sien, comme c’est souvent le cas. L’honneur revient à cette courte attraction d’un peu plus de cinq minutes, où un Ivan Putski dont la popularité rivalise alors avec celle d’un certain italien, aura mis une raclée à un Stan Hansen honni. La présence de l’inamovible Gorilla Monsoon dans le rôle d’arbitre aura ajouté une touche de piment à ce condensé d’action pure, essence même de ce que se doit d’être le catch, un spectacle captivant et incroyablement vivant porté à l’écran par de formidables personnages.
Nathan Maingneur