ALL STAR WRESTLING #20
26/08/1978
À l’approche de la fin de l’été, le monde entier se déhanche sur « You’re the One that I Want », tube de la fin des années 1970 popularisé par Grease, comédie musicale aujourd’hui culte. Sur les rings de catch nord-américains, on ne danse pas mais on catche ! Et à ce petit jeu, les catcheurs de la World Wide Wrestling Federation se comptent parmi les meilleurs du globe.
Vince McMahon est notre hôte et nous présente les grandes lignes de ce programme All Star Wrestling, toujours enregistré depuis le Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie.
Joe McHugh procède aux traditionnelles présentations. Ce programme est supervisé et sous la juridiction de la Commission d’État, présidée par Howard McCall et son directeur exécutif Francis Walker. Le délégué officiel de la Commission, Nick Santoro, est aux abords du ring en compagnie du Dr. John Woods et de Mike Mittman à la cloche. Les arbitres sont ce soir Dick Woehrle et Jack Lotz.
MATCH 1 : CRUSHER BLACKWELL W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS CHARLIE BROWN (06:06)
VAINQUEUR : CRUSHER BLACKWELL
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
APPRÉCIATION : EXCELLENT SQUASH. BLACKWELL ENTAME UN RENOUVEAU INTÉRESSANT
À ne pas s’y méprendre, Crusher Blackwell n’est pas un débutant comme le sous-entend McMahon et a déjà foulé les rings d’All Star Wrestling. C’était en 1976, où l’imposant Blackwell était alors managé par Freddie Blassie. Aujourd’hui escorté par The Grand Wizard of Wrestling, celui qu’on surnomme « Stone from Stone Mountain » apparaît plus imposant que jamais. Face à cette montagne, un dénommé Charlie Brown, a ne pas confondre avec son homonyme masqué interprété par Jimmy Valiant ou encore, dans une tout autre dimension, avec le propriétaire et compagnon de Snoopy !
C’est une punition. Brown subit avec insistance les lourdes offenses de ce mur humain qu’est Blackwell. Ce dernier est efficace et se distingue avec un Falling Headbutt terrifiant. Aussi agile que puissant, Crusher sèche Brown avec un énorme saut chassé. Ce dernier est aplati sous une immense descente du genou, qui ne suffit apparemment pas (l’arbitre a pourtant compté trois, au grand étonnement du personnel en ringside). S’ensuit une rude descente de la cuisse et Crusher n’est pas rassasié pour autant. Il éclate ensuite son adversaire avec un Powerslam du tonnerre pour un compte de trois définitif. On espère qu’il s’agit pour lui du début d’un push considérable, en accord avec ses capacités.
MATCH 2 : DINO BRAVO VS TONY RUSSO (04:26)
VAINQUEUR : DINO BRAVO
PRISE DE FINITION : AIRPLANE SPIN
APPRÉCIATION : BRAVO APPARAÎT ICI CONVAINCANT. À SUIVRE.
Désormais pleinement en solo, Dino Bravo est de plus en plus populaire et devrait progressivement gravir les échelons de la mid-card. Le canadien se mesure ce soir à un jobber du nom de Tony Russo, qui ne partage aucun lien de parenté avec ce sacré personnage qu’on connaît tous de la fin des années 90. Ce dernier s’est forgé une identité sur les rings de la National Wrestling Alliance sous les pseudonymes d’El Diablo où de Golden Eagle et n’est donc pas un total inconnu.
Dino semble être en plutôt bonne forme et le démontre avec une certaine efficacité technique. Temporairement mis en difficulté, Bravo revient avec un surpassement et un Knee Lift. Pour son habituelle séquence de retour, Dino envoie un magnifique saut chassé suivi d’un Airplane Spin pour le compte de trois. On poursuit avec cette volonté évidente d’offrir à Bravo un push de babyface digne de ce nom. À suivre.
– The Great Wizard of Wrestling est interviewé par McMahon et est en présence de son poulain. Dos tourné à la caméra, on peut lire « Crusher » brodé sur le dos de l’imposant Crusher Blackwell. Ernie Roth compare sa récente acquisition à la découverte de la bombe atomique, un comparatif qui en dit long. Blackwell vante sa puissance sur le ring et fait référence à un nom en particulier. Un nom qui aurait volé la ceinture de Champion du Monde au Grand Wizard of Wrestling. Trêve de suspense, il s’agit évidemment d’un certain Bob Backlund, détenteur de l’or mondial. On ne perd pas de temps, les choses s’annoncent d’ores et déjà intéressantes.
MATCH 3 : THE YUKON LUMBERJACKS W/CPT. LOU ALBANO VS STEVE KING & CARLOS CRUZ (07:56)
VAINQUEURS : THE YUKON LUMBERJACKS
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : SQUASH AUSSI PUNITIF QU’HABITUEL
Les ceintures par équipes de la promotion accrochées à l’épaule, Eric et Pierre sont présents ce soir et s’offrent une innocente paire de jobbers. Ces derniers forment un duo composé de Steve King et de Carlos Cruz, tous deux d’origine portoricaine. Lou Albano est également aux côtés de ses poulains et fume le cigare, chemise ouverte et coiffé d’un chapeau de plage.
À notre grande surprise, Eric et Pierre semblent vouloir la jouer fine et restent dans les règles… du moins temporairement. Pierre mais surtout le grand Eric s’impose désormais avec de lourds coups. Le match se transforme en une punition, jusqu’à un tag avec King qui part dans une frénésie de sauts chassés, le public se ralliant directement derrière le jobber ! Eric esquive un saut du portoricain et lui assène un Body Slam, l’écrasant ensuite avec une sévère descente du coude.
MATCH 4 : THE SUPER DESTROYER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS MIKE MILTON (05:20)
VAINQUEUR : THE SUPER DESTROYER
PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER
APPRÉCIATION : BONS DÉBUTS QUOIQU’UN PEU INSIGNIFIANTS
C’est un nouveau visage, ou devrait-on dire un nouveau masque qui se présente sur le ring d’All Star Wrestling. Accompagné par The Grand Wizard of Wrestling, il s’agit donc évidemment d’un heel. The Super Destroyer fait état d’une musculature ciselée et sous ce masque, il s’agit en réalité de Nikolaï Volkoff, provisoirement relégué à ce rang de super-méchant. Son piètre défi est Mike Milton, jobber du circuit nord-américain qui affiche une mine désabusée.
Super Destroyer se distingue d’emblée avec un côté agressif dans ce qui se transforme rapidement en un passage à tabac. Loin d’être esthétique, c’est un pur squash où Milton se fait littéralement détruire par le Super Destroyer. Ce dernier s’arroge une première victoire en faisant craquer son adversaire avec un Canadian Backbreaker, prise impressionnante pour celui qui la porte et extrêmement douloureuse pour celui qui la subit. Pour Volkoff, c’est sans doute un héritage de son temps passé sur les rings de la Stampede Wrestling de Calgary.
MATCH 5 : SIX-MAN TAG TEAM MATCH : LARRY ZBYSZKO, TONY GAREA & HAYSTACKS CALHOUN VS MIKEL SCICLUNA, PAUL VACHON & MOOSE MONROE (05:21)
VAINQUEURS : LARRY ZBYSZKO, TONY GAREA & HAYSTACKS CALHOUN
PRISE DE FINITION : ABDOMINAL STRETCH
INDICATEUR : * ½
Gargantuesque affiche pour clore cette édition d’All Star Wrestling ! D’un côté, on retrouve les salauds, les ignobles personnages que sont Paul Vachon, Moose Monroe et Baron Mikel Scicluna, originaire de l’île de Malte. De l’autre, ce sont les chouchous adulés du public qui sont Tony Garea, l’imposant Haystacks Calhoun et un Larry Zbyszko qui s’est laissé pousser une moustache à la D’Artagnan. Hilarant.
Garea s’en sort plutôt bien face à Vachon, de même face à Monroe, impuissant face à la fluidité du catch du néo-zélandais. Le maltais Scicluna réussit à imposer sa marque, martelant l’arrière du crâne de Garea. Un tag fait entrer un Zbyszko en feu, temporairement toutefois puisqu’il se laisse malmener, étranglé avec la cordelette blanche du mauvais coin. Larry s’en sort et passe le relais à Calhoun qui, en dépit de ses problèmes de mobilité, reste une attraction. « Country Boy » s’illustre par un court passage entre les cordes et c’est Garea qui l’emporte finalement, pliant Monroe avec un Abdominal Stretch, alors que la situation était sur le point de dégénérer, pour finalement retomber à plat.
Plutôt convaincant, ce All Star Wrestling est dans l’ensemble relativement intéressant. En effet, cet épisode est le théâtre de l’arrivée d’un nouveau personnage énigmatique, en la personne du Super Destroyer, encore trop anecdotique pour qu’on puisse en tirer des conclusions. Théâtre également, du retour de Crusher Blackwell qui confirme d’emblée, par le biais d’un squash autoritaire et punitif et d’une promo efficace, bien aidé par son redoutable manager, The Grand Wizard of Wrestling. Blackwell s’impose de fait comme une menace concrète et sérieuse. Dino Bravo, comme les Yukon Lumberjacks continue tout doucement son petit bonhomme de chemin, excepté que Bravo ne réussit toujours pas vraiment à s’élever plus haut qu’un simple catcheur lambda. C’est un peu la tradition de l’époque, on conclut toujours sur une note positive et quoi de mieux qu’un match à six, opposant trois vils personnages et trois héros du peuple ? La recette est certes simpliste, mais elle fonctionne et continue de nous gratifier de bons moments de catch télévisé comme la World Wide Wrestling sait en produire.
Nathan Maingneur