ALL STAR WRESTLING #13
15/04/1978
On se retrouve au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie et Vince McMahon sera notre hôte et l’unique commentateur de ce programme.
L’inimitable Joe McHugh s’occupe des présentations alors que quatre catcheurs sont déjà sur le ring. Le catch proposé ce soir est supervisé et sous la juridiction de la Commission Athlétique, présidée par Howard McCall, son directeur exécutif Francis Walker et le représentant en chef de la Commission, Nick Santoro. Le docteur et physicien Dr. Warren Silvermann se tient également auprès de Mike Mittman, gardien de la cloche. Les arbitres de ce programme seront Dick Woehrle et Dusty Bomber.
MATCH 1 : DOMINIC DENUCCI & DINO BRAVO VS JOHNNY RODZ & JOSÉ ESTRADA (06:29)
VAINQUEURS : DOMINIC DENUCCI & DINO BRAVO
PRISE DE FINITION : AIRPLANE SPIN
INDICATEUR : * ¾
Dominic DeNucci et Dino Bravo sont sur le ring et arborent fièrement autour des hanches les ceintures de Champions par équipe de la World Wide Wrestling Federation, tout récemment remportés face à Fuji et Tanaka quelques jours auparavant lors d’un épisode de Championship Wrestling. Cette récente association italo-canadienne se mesure à un tandem à ne surtout pas sous-estimer. « Fire Brand from the Bronx » Johnny Rodz, grand catcheur et entraîneur de Brooklyn, New York City, fait équipe avec José Estrada, pointure du circuit portoricain et figure établie de la World Wrestling Council qui a longtemps détenu le défunt Junior Heavyweight Championship.
Autant dire que sur le papier, l’affiche promet. En effet, Rodz est un talent qui n’a malheureusement pas été exploité à la hauteur de son potentiel. De même pour Bravo et DeNucci qui sont plutôt en forme et ravivés par ces ceintures par équipe. L’inexpérience fait défaut à Bravo qui subit les agressions répétées de ses vicieux antagonistes. Lorsque l’italien entre, les choses changent et DeNucci et son partenaire poussent Rodz et Estrada en déroute. Un coup involontaire d’Estrada touche son partenaire, causant des troubles au sein des rangs. Estrada commet une erreur fondamentale et laisse DeNucci passer le tag à un Bravo trépignant d’impatience sur le tablier. Chaud comme la braise, Bravo déroule et envoie un saut chassé plutôt impressionnant. Une projection dans les cordes enchaîne sur un Airplane Spin sur Estrada, qui ne se relève pas du compte de trois. Les Champions s’arrogent donc une petite victoire plutôt convaincante, même si les ceintures n’étaient pas en jeu.
MATCH 2 : SPIROS ARION W/FREDDIE BLASSIE VS DENNIS JOHNSON (04:21)
VAINQUEUR : SPIROS ARION
PRISE DE FINITION : GREEK BACKBREAKER
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT BRUTAL ET BONNE CONSTRUCTION POUR ARION
Spiros Arion n’a pas digéré son échec temporaire et partiel, subi face à Bob Backlund il y a quelques semaines au Spectrum de Philadelphie. Ayant droit à un re-match pour cause d’une fin de match controversée, Arion s’échauffe ce soir face à un jobber du circuit nord-américain du nom de Dennis Johnson. Le soi-disant grec est toujours accompagné par « Classy » Freddie Blassie et apparaît confiant.
Autant dire que ce pauvre gars se prend une sacrée rouste. Arion le sèche avec une manchette et le punit avec des coups de pied. Brutal, le catcheur d’origine égyptienne envoie un message à Backlund tandis que Blassie s’égosille au microphone de McMahon quant au choix de Bob Backlund par rapport à son manager, ayant préféré le Golden Boy aux services de « Classy ». En moins de cinq minutes, Arion s’impose donc logiquement et fait jeter l’éponge à Johnson avec son Greek Backbreaker.
– « Classy » Freddie Blassie et son protégé sont interviewés par McMahon, juste après le match du grec. L’inclassable manager jure qu’Arion remportera la ceinture, et qu’il verra ce jour avant d’être enterré six pieds sous terre. « Classy » reste dans son élément et shoote sur différents catcheurs, dont Haystacks Calhoun, l’un des gabarits les plus lourds de l’histoire, sur son poids justement. Il pointe également du doigt un fan pour les mêmes raisons, alors que McMahon ne peut s’empêcher de sourire face à la brutale honnêteté de Blassie. Ce dernier conclut donc qu’Arion battra Backlund pour sa ceinture de Champion du Monde.
MATCH 3 : « HIGH CHIEF » PETER MAIVIA & S.D JONES VS PAUL VACHON & STAN « THE MAN » STASIAK W/GRAND WIZARD OF WRESTLING (10:00)
VAINQUEURS : AUCUN
PRISE DE FINITION : TIME LIMIT
INDICATEUR : ** ¾
C’est l’attraction de la soirée, présentée dès l’ouverture du programme par McMahon. D’un côté, on retrouve les populaires High Chief Peter Maivia, guerrier d’origine samoane et S.D Jones, catcheur extrêmement apprécié du circuit nord-américain. De l’autre, de grosses brutes détestées des foules et parmi elles, Paul Vachon, originaire de Montréal au Québec qui fait équipe avec Stan « The Man » Stasiak et sa petite moustache, toujours floqué du Grand Wizard of Wrestling, qui l’a, on s’en souviens, emmené à sa grande victoire pour l’or suprême, c’était face à Pedro Morales en 1973. La recette est simple mais inchangée et tous les ingrédients sont présents sur ce ring.
Maivia se fait immédiatement prendre à partie par les tactiques douteuses de ses vicieux adversaires. Griffé, étranglé et mordu, Maivia est malmené et envoyé contre les escaliers en bois. Lorsqu’entre Jones, celui-ci contre une tentative de Heart Punch et en porte un au principal intéressé ! À coups de boule, Jones s’impose et envoie un enfourchement à l’imposant Vachon. À deux, Maivia et Jones s’emparent des jambes de leurs adversaires et s’entraînent à la rame, un spot orienté Comedy Wrestling. Une partie du match est d’ailleurs tournée vers un aspect comique du catch, et de nombreux plans du public montrent des hommes et des femmes de tous âges, sourire aux lèvres, divertis par cet unique spectacle. Sur un écrasement dans le coin, Jones ne sent rien, car oui, l’antillais a la tête dure. Maivia entre ensuite et pousse les heels en déroute, bloquant une énième tentative de Heart Punch. C’est la déferlante mais la cloche sonne, mettant fin à ce petit combat fort sympathique qui a toutefois dépassé le temps limite. Vachon et Stasiak prennent la tangente et repartent en direction du vestiaire, Maivia et Jones pouvant se targuer de cette solide prestation.
MATCH 4 : KEN PATERA W/CPT. LOU ALBANO VS TED ADAMS & MIKE MADERO (05:56)
VAINQUEUR(S) : KEN PATERA
PRISE DE FINITION : FULL NELSON
APPRÉCIATION : CONSTRUCTION DE MATCH INTRIGANTE
Vêtu d’une somptueuse tenue à l’effigie du drapeau Olympique de Pierre de Coubertin, l’ancien haltérophile et culturiste Ken Patera se mesure à un tandem peu convaincant. Ted Adams, jobber habituel des programmes hebdomadaires, s’associe avec Mike Madero, annoncé de Porto Rico.
Patera écrase leurs deux têtes l’une contre l’autre dans ce qui s’annonce comme une démonstration de force de la part de Patera. Et pourtant, à la force du nombre, le duo de jobbers envoie Patera à l’extérieur du ring, non pas une fois mais à deux reprises, obtenant le soutien de la foule. Dans le microphone de McMahon, Albano critique le choix de Bob Backlund d’avoir choisi le Golden Boy, tandis que sur le ring, Patera se débarrasse d’Adams et conclut en faisant abandonner Madero avec sa Full Nelson, le secouant violemment dans tous les sens.
MATCH 5 : STRONG KOBAYASHI W/FREDDIE BLASSIE VS « GYPSY » FRANK RODRIGUEZ (00:53)
VAINQUEUR : STRONG KOBAYASHI
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : TROP COURT ET TROP BROUILLON
Strong Kobayashi, originaire de Tokyo au Japon, est accompagné par « Classy » Freddie Blassie et catche ce soir dans notre dernier combat. Ayant commencé sa carrière à la fin des années 1960, Strong Kongō se frotte ce soir à « Gypsy » Frank Rodriguez, catcheur de l’Ohio, qui a fait ses marques à la Pro Wrestling USA et à l’International Wrestling Federation.
Agressif, Kobayashi fonce sur son adversaire et le piétine sauvagement. En moins d’une minute, le japonais l’emporte avec une Vertical Suplex et n’obtient qu’un compte de deux. Et pourtant, dans un climat d’incompréhension, c’est bien le bras de Kobayashi que lève l’arbitre. La stupéfaction est générale et Mike Mittman met un temps avant de sonner la cloche, de même pour que McHugh se lève pour annoncer le gagnant. Gênant.
Construit autour de deux confrontations par équipe, ce All Star Wrestling propose une certaine variété dans son programme. En guise d’ouverture, nos nouveaux détenteurs des ceintures par équipe, Dominic DeNucci et Dino Bravo s’installent tout doucement comme de bons Champions babyfaces. Ken Patera mais surtout Strong Kobayashi n’auront pas réellement impressionné. On relève toutefois le fil rouge de l’émission, s’axant autour de cette petite gué-guerre menée par le Unholy Trio, remettant sans cesse en question le choix de Backlund quant à son manager. Enfin, on peut se contenter de ce petit match par équipe franchement agréable, qui conserve les codes de l’affrontement typique entre babyfaces adorés et heels détestés.
Nathan Maingneur