WORLD WRESTLING FEDERATION
PHILADELPHIA SPECTRUM #01
25/03/1978
On incline souvent les projecteurs sur le Madison Square Garden de New York City comme si c’était la Mecque du catch professionnel nord-américain. Pourtant, d’autres salles aux États-Unis sont teintées du même prestige et ont accueilli nombre de combats légendaires. C’est le cas du Sportatorium de Dallas, du Boston Garden de Boston où encore du Spectrum de Philadelphie.
Un tout jeune Gary Michael Cappetta s’enquiert des présentations sérotinales. Vince McMahon commente ce programme en compagnie de Dick Graham, commentateur du programme Spectrum Wrestling. On commence d’emblée avec un match de Championnat.
MATCH 1 : WORLD WIDE WRESTLING FEDERATION HEAVYWEIGHT TITLE MATCH : BOB BACKLUND © W/ARNOLD SKAALAND VS SPIROS ARION (16:28)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE DISQUALIFICATION
INDICATEUR : *** ½
Accompagné par le Golden Boy, Bob Backlund se tient sur le ring et sautille frénétiquement, arborant fièrement sa ceinture récemment acquise. En effet, près d’un mois après sa victoire face à « Superstar » Billy Graham, celui qu’on surnomme « All American Boy » remet ce soir l’or en jeu face à un redoutable compétiteur, en la personne de Spiros Arion, catcheur gréco-égyptien.
Backlund porte encore les traces de son fructueux passé en lutte amateur, s’accrochant fermement à la taille d’Arion pour l’emmener au tapis. Le grec s’en dégage et doit reprendre son souffle à l’extérieur du ring. Un test de force fait ployer Backlund qui plie mais ne rompt pas. En fin technicien qu’il est, Backlund se saisit de la jambe d’Arion et l’emmène dans une longue et douloureuse élongation, impliquant le public de Philadelphie. Arion s’en sort et retire ensuite intelligemment la protection de l’un des coins et envoie Backlund s’écraser tête première dans ce coin désormais non-protégé. En difficulté, le Champion subit un Gutbuster un peu improvisé mais porté avec autorité. Arion le hisse alors pour son Greek Backbreaker et on pense alors que c’en est terminé de Backlund. Et pourtant, celui-ci s’en dégage grâce à un habile mouvement de balance et porte un Piledriver sur Arion pour le compte de deux. Cette fois-ci, c’est au tour de Backlund d’envoyer Arion dans ce coin, ensuite hissé dans les airs pour un Atomic Drop. Mais dans l’exécution, le challenger envoie l’arbitre Dick Woehrle au sol. Personne n’est donc présent pour compter et se lit alors la frustration sur le faciès du Champion. Au bord de l’épuisement, Arion et Backlund s’échangent coup pour coup mais Chief Jay Strongbow et Peter Maivia s’interposent, suivis par Mikel Scicluna et Stan Stasiak, qui essaient vainement de les séparer. « Wee » Willie Weber fait sonner la cloche et décrète une double disqualification. On pourrait penser que Backlund aurait du ressortir la tête haute de sa première défense majeure. Les deux hommes ont offert une performance éclectique et auront droit à un re-match, que l’on attend d’ores et déjà avec grande impatience.
MATCH 2 : KEN PATERA VS BRUNO SAMMARTINO W/ARNOLD SKAALAND (16:24)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT-OUT
INDICATEUR : ** ¾
Ancien culturiste et haltérophile olympique, Ken Patera est titulaire d’une médaille d’or aux Pan American Games de 1971 et d’une seconde place aux World Weightlifting Championships de cette même année. Patera se mesure ce soir à l’illustre Bruno Sammartino, figure phare des années 1970, un peu en retrait depuis qu’il a perdu son dernier championnat, mais qui continue de susciter d’immenses réactions partout où il se rend. L’italien effectue son entrée au Spectrum de Philadelphie, adulé comme un Dieu de l’Olympe et accompagné par le Golden Boy, son manager de toujours.
Patera n’aura pas attendu et se jette sur Sammartino, le piétinant sous les sifflets d’un public révolté par cet acte quasiment blasphématoire. Bruno répond, mais reste toutefois sur la défensive, ne parvenant pas à prendre les rennes du match. On est sur un vrai combat à proprement parler et Sammartino nous prouve encore une fois qu’il possède l’âme d’un bagarreur, répondant coup pour coup et séchant Patera avec de gros coups de genou. L’ancien haltérophile embarque Bruno dans une prise de l’ours et même si c’est Sammartino, on voit que l’italien souffre, car Patera est une force de la nature. L’italien s’en sort, non sans difficulté et se fait ensuite étrangler entre les cordes. Patera repart pour une prise de l’ours et la situation tourne alors au cauchemar pour Bruno. Il s’en sort héroïquement et hisse Patera dans sa propre prise de l’ours, mais épuisé, ne peut réellement tenir la prise. Envoyé à l’extérieur du ring, Patera est projeté dans le poteau. Il se prend ensuite une chaise de bureau de plein fouet, envoyée avec force par l’italien. L’arbitre ne disqualifie pas Bruno mais procède à un double décompte. Bruno et Patera n’en ont pas terminé et semblent vouloir repartir, comme si de rien n’était. Mais dans un acte de lâcheté logique, Ken Patera s’en va et repart au vestiaire, alors que Sammartino s’en sort la tête haute, au terme d’une grosse bagarre.
MATCH 3 : NIKOLAÏ VOLKOFF VS HAYSTACKS CALHOUN (02:39)
VAINQUEUR : HAYSTACKS CALHOUN
PRISE DE FINITION : BIG SPLASH
APPRÉCIATION : RÉSULTAT PRÉVISIBLE MAIS CALHOUN RESTE UNE ATTRACTION
Toujours présenté comme un soviétique détesté du public nord-américain, Nikolaï Volkoff est dans une condition physique irréprochable. Ce soir, le yougoslave se mesure au gargantuesque Haystacks Calhoun, vêtu d’une salopette en blue jeans et affichant près de trois-cent kilos au compteur.
Volkoff profite de sa puissance et cogne sur Calhoun, obligé de reculer dans l’un des coins. Sur une projection, Volkoff se heurte au véritable mur qu’est le gigantesque Calhoun et réalise l’ampleur de son défi. Sur une charge, Volkoff s’écrase dans l’un des coins et retombe, seulement pour disparaître sous un immense Splash du légendaire Haystacks Calhoun.
Enregistré au Spectrum de Philadelphie, ce programme estampillé World Wide Wrestling Federation de mars 1978 proposait deux affiches fort intéressantes. Ayant déjà croisé le fer et notamment sur la plus grande scène de toutes, au Madison Square Garden, Patera et Sammartino ont remis le couvert, s’affichant lors d’une grosse bagarre entre deux des hommes les plus robustes de cette époque. On reste peut-être sur notre faim quant à ce double décompte, tandis que Sammartino apparaît de plus en plus en retrait. Pourtant, c’est toujours un immense plaisir que d’assister à ces combats de l’italien, figure incontournable et intemporelle du catch nord-américain. L’attraction principale résidait dans cette première défense importante d’un Bob Backlund au sommet de son art. Construit depuis quelques semaines comme un prétendant légitime, Spiros Arion ne sera pas parvenu à l’emporter, le match se terminant sur un nul supplémentaire. Attention toutefois, un re-match est attendu et devrait jouir d’une tout aussi bonne exposition. Pour l’heure, contentons-nous de ce grand match de catch qui fut proposé ce soir-là au Spectrum de Philly.
Nathan Maingneur