ALL STAR WRESTLING #48
04/08/1979
Toujours depuis le Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, Vince McMahon et Bruno Sammartino nous présentent ce programme All Star Wrestling, enregistré en tapings pour ensuite être rediffusé.
Gary Michael Cappetta s’occupe des présentations et précise que le catch proposé ce soir est sous l’étroite juridiction de la Commission d’État, représentée sur place par Nick Santoro. Dr. John Woods est en compagnie de Mike Mittman à la cloche tandis que nos arbitres seront John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : ANDRÉ LE GÉANT VS JOHNNY RODZ & JOSÉ ESTRADA (03:29)
VAINQUEUR(S) : ANDRÉ LE GÉANT
PRISE DE FINITION : SIT-OUT SPLASH
APPRÉCIATION : ANDRÉ EST CRÉDIBLE ET S’IMPOSE AVEC STYLE
À nouveau associés, Johnny Rodz et José Estrada ont du talent et pourraient largement s’élever et occuper le haut de la carte. Malheureusement pour ces natifs de Brooklyn dans l’État de New York, l’opposition est de taille et c’est peu dire ! Annoncé de Grenoble dans les Alpes françaises, on ne le surnomme pas encore « Eighth Wonder of the World ». André le Géant, de retour sur ce territoire, s’avance d’un pas décidé, unanimement apprécié de la foule du Fieldhouse, fascinée par ce personnage hors-normes.
La scène est saisissante : on dirait qu’André essaie de se débarrasser de deux moustiques un soir d’été humide. Bien qu’en surnombre, Estrada et Rodz sont totalement impuissants et valdinguent d’un bout à l’autre du ring. André ne perd pas de temps et envoie Rodz en contrebas sur un coup de boule. Sur le ring, Estrada succombe à un Big Boot et à un Sit-Out Splash du géant. C’est toujours un plaisir que de voir André sur une carte de cette époque, à ce tel niveau de mobilité et de puissance.
MATCH 2 : SWEDE HANSON W/FREDDIE BLASSIE VS JAGUAR DE COLOMBIA (04:36)
VAINQUEUR : SWEDE HANSON
PRISE DE FINITION : PILEDRIVER
APPRÉCIATION : SQUASH PUNITIF ET APRÈS-MATCH INTÉRESSANT
Annoncé de Slaughter’s Creek en Caroline du Nord et portant un chapeau noir recouvrant son regard de tueur, Swede Hanson est emmené au ring par « Classy » Freddie Blassie. À ne pas s’y méprendre, Hanson est un redoutable compétiteur des plus endurcis, malgré une cinquantaine d’années au compteur. Ce soir, Hanson se mesure à un Luchador originaire de Colombie. Fruit d’une signature fructueuse, Jaguar de Colombia est un ajout plutôt exotique à une écurie pour le moins différente de ce type de catch, davantage porté en Amérique Latine par la culture de la Lucha Libre.
L’opposition de styles est totale. D’un côté, on retrouve l’esprit virevoltant et haut en couleurs de la Lucha Libre. De l’autre, un catch emprunt d’une rudesse propre aux territoires du Sud. Quelque peu décontenancé par le catch brut de décoffrage d’Hanson, Jaguar peine à faire quoi que ce soit. Totalement impuissant et pas habitué à une telle brutalité, l’interprète d’El Santo au cinéma subit le catch vicieux de Swede. Celui-ci l’emporte en moins de cinq minutes des suites d’un Piledriver, à la surprise de bon nombre de personnes dans ce Hamburg Fieldhouse. Un brancard est dépêché alors que le colombien gît encore au tapis, inerte. Hanson n’est pas satisfait de cette image et porte un coup de genou sur Jaguar, brisant son brancard et déclenchant une vague de stupeur et d’indignation de la part du public comme des commentateurs. Sadique au possible, Hanson contemple ensuite son œuvre alors que d’autres catcheurs du vestiaire parmi lesquels Dominic DeNucci et Tito Santana accourent. Hanson est présenté comme un véritable meurtrier.
– À chaud, « Classy » ne cache pas son admiration pour son protégé. Il estime que Hanson ne provient pas des États-Unis mais de Slaughter’s Creek en Caroline du Nord, sous-entendant que cet État est encore à ce jour un État confédéré. On sait qu’Hanson s’amenait souvent au ring en portant un drapeau confédéré, sans doute une piqûre de rappel à cette particularité aujourd’hui impensable. Hanson reconnaît qu’il adore faire souffrir et revient fièrement sur sa longue carrière. Swede Hanson conclut en mettant en garde un certain Bob Backlund, une mise en garde que nous ne saurions ici pas en mesure de contester.
MATCH 3 : JOHNNY RIVERA VS « GYPSY » FRANK RODRIGUEZ (07:36)
VAINQUEUR : JOHNNY RIVERA
PRISE DE FINITION : FLYING SENTON
INDICATEUR : * ¾
Originaire des rings de la World Wrestling Council de Porto Rico, territoire du sanguinaire Carlos Colõn et ici à la World Wrestling Federation depuis 1976, Johnny Rivera s’oppose ce soir à un autre portoricain (pourtant originaire de l’Ohio) en la personne de « Gypsy » Frank Rodriguez qui catche ici entre 1973 et 1980.
Ce dernier triche de manière éhontée, étranglant et maintenant Johnny au sol en le tirant par ses cheveux. Porté par cet énergique esprit « Portorican Wrestling », Rivera revient en plaçant une planchette japonaise. Aux commentaires, on discute de tout sauf du match, d’une potentielle catégorie poids-lourds en passant par l’annonce de la collecte de fonds à des fins non-profitables, initiée fin juillet. Un saut chassé de Johnny lui permet d’enchaîner et de grimper sur les cordes. Perché, Rivera s’envole et nous offre une Flying Senton, magnifique prise de risque grandement appréciée d’un public impressionné. Ce genre d’acrobatie est une petite rareté pour l’époque, surtout sur ce territoire en particulier.
MATCH 4 : STEVE TRAVIS & TED DIBIASE VS BARON MIKEL SCICLUNA & JOJO ANDREWS (07:47)
VAINQUEURS : STEVE TRAVIS & TED DIBIASE
PRISE DE FINITION : ABDOMINAL STRETCH
INDICATEUR : **
Son association avec Ivan Putski fut de courte durée. Steve Travis est de retour en compagnie de Ted DiBiase, formant un tandem plus qu’apprécié du public du Fieldhouse. Ce soir, Travis et DiBiase se mesurent au Baron Mikel Scicluna, originaire de l’île de Malte et à JoJo Andrews, qu’on connaît davantage en tant que Kasavubu sur les rings de la Stampede Wrestling de Calgary.
D’une manière quelque peu archaïque, Scicluna s’affaire à garder Travis au tapis. Ce dernier résiste et s’en sort finalement, passant le relais à un Ted DiBiase chaud comme la braise. Porté par la ferveur d’une salle chauffée à blanc, DiBiase dégage Andrews à coups de saut chassés et le natif d’Omaha peut imposer sa marque, celle d’un catcheur polyvalent, héritage de son temps passé sur les rings d’Amarillo. S’ensuivent quelques échanges où Travis et DiBiase font état d’un catch par équipe remarquable. L’enregistrement permet d’entendre un fan plutôt impliqué, criant à gorge déployée pour encourager DiBiase. Une roulade permet à Travis de refaire entrer DiBiase qui place Andrews dans un Abdominal Stretch, celui-ci abandonnant presque immédiatement. On espère cette fois-ci que ce duo pourra durer plus d’une semaine et former de solides prétendants aux ceintures des Valiant Brothers.
MATCH 5 : GREG VALENTINE W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS BILL BERGER (03:12)
VAINQUEUR : GREG VALENTINE
PRISE DE FINITION : ELBOW SMASH
APPRÉCIATION : SIMILAIRE À SES HABITUELS SQUASHES
À quelques jours d’une rencontre d’ores et déjà dantesque contre Chief Jay Strongbow, Greg Valentine s’échauffe ce soir face à Bill Berger. Valentine est toujours accompagné du Grand Wizard of Wrestling, l’un des managers les plus diaboliques de l’histoire de ce sport-spectacle.
Méthodiquement brutal, Valentine éprouve un certain plaisir à infliger de la douleur à ses pauvres adversaires, comme c’est le cas ici. Berger est totalement impuissant dans les mains de Valentine et succombe en quelques minutes à une descente du coude, directement portée dans la gorge. On aurait peut-être aimé un face-à-face entre Valentine et Strongbow, qui aurait ajouté une tension palpable à l’atmosphère du Hamburg Fieldhouse.
L’été est chaud du côté de la World Wrestling Federation ! Greg Valentine se prépare pour un Indian Strap Match contre un Chief Jay Strongbow plus déterminé que jamais. Originaire du territoire portoricain, Johnny Rivera s’est imposé en nous proposant une petite vitrine étiquetée « Portorican Wrestling », le tout couronné d’une prise de risque rarissime dans ce genre de programmes. Ted DiBiase et Steve Travis s’allient à nouveau et empochent une victoire de plus. On serait en droit d’espérer que cela dure et qu’ils puissent éventuellement s’approcher de l’or par équipe des Valiant Brothers. Menaçant et brutal, Swede Hanson a marqué les esprits en écrasant Jaguar de Colombia, l’une des sensations du moment. En l’attaquant ensuite sur son brancard, Hanson est catapulté au statut de menace concrète et pourquoi pas pour un certain Bob Backlund ? On note enfin la présence exceptionnelle de l’athlète le plus sensationnel de l’époque, en la personne d’André le Géant. Universellement adoré, André fascine et cultive le mythe du bon géant, une figure quasi mythologique de l’histoire de ce sport-spectacle.
Nathan Maingneur