ALL STAR WRESTLING #39
14/04/1979
Vince McMahon et Bruno Sammartino ouvrent ce programme All Star Wrestling, toujours enregistré au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie.
Gary Michael Cappetta s’occupe des présentations et reçoit quelques sifflets, le public d’Hamburg préférant son collègue Joe McHugh. Le catch proposé ce soir est toujours sous l’étroite juridiction de la Commission Athlétique d’État, représentée par Nick Santoro, en compagnie du Dr. John Woods et de Mike Mittman à la cloche. Les arbitres seront John Stanley, Gilberto Roman et Mario Savoldi.
MATCH 1 : DOMINIC DENUCCI VS MIKE HALL (05:24)
VAINQUEUR : DOMINIC DENUCCI
PRISE DE FINITION : AIRPLANE SPIN
APPRÉCIATION : BELLE DÉMONSTRATION DE CE QUE DENUCCI EST TOUJOURS CAPABLE DE FAIRE SUR UN RING.
À près de 47 ans, Dominic DeNucci reste un compétiteur endurci, unanimement apprécié de la foule. L’ex-détenteur de la moitié des ceintures par équipe se mesure ce soir à Mike Hall, plus connu sous le pseudonyme d’Otto Von Heller, catcheur portant les traits d’un soldat allemand, une caricature logiquement honnie.
Une première série de contacts est à l’avantage de l’italien. Face à la force de Hall, Dominic affiche sa rudesse et prouve qu’il en a encore suffisamment dans le coffre. Les coups claquent et les corps rougissent, donnant de l’intensité à cette rencontre pourtant quelque peu dénuée d’intérêt. Étranglé de manière flagrante, DeNucci s’en démène et répond avec de gros coups de poing. Maintenant son adversaire par le menton, on retrouve le feu des grandes heures de l’italien. Celui-ci l’emporte avec son Airplane Spin en un peu plus de cinq minutes. De retour sur ses appuis, Hall trébuche mais Dominic l’aide à se remettre sur pied. Une poignée de main d’apparence respectueuse précède une gifle et une projection à l’extérieur du ring ! On ne joue pas au plus malin avec l’italien !
MATCH 2 : THE GREAT HUSSEIN OF IRAN W/FREDDIE BLASSIE VS STEVE KING (03:04)
VAINQUEUR : THE GREAT HUSSEIN OF IRAN
PRISE DE FINITION : COUP DE PIED AVEC LA CORNE DE LA BOTTE
APPRÉCIATION : À PEINE ARRIVÉ, HUSSEIN FAIT DÉJÀ FORTE IMPRESSION
Coiffé et vêtu de manière traditionnelle, the Great Hussein of Iran est une caricature d’un iranien hostile et provocateur. Accompagné par « Classy » Freddie Blassie, Hussein est titulaire d’une médaille d’or en lutte gréco-romaine, remportée en 1971. Hussein utilise en effet ses origines et le contexte de l’époque, ponctué par la révolution islamique iranienne de 1979 pour se faire détester, en se calquant sur le personnage du Sheik originel, Ed Fahrat. Avant toute chose, Hussein nous offre une démonstration de force, faisant tourner ses poids persans. Blassie propose même à son défi du soir, en la personne de Steve King, d’essayer à son tour, sans succès. À noter qu’Hussein a déjà battu King lors d’une précédente émission.
La cloche sonne et Hussein se lâche sur ce pauvre King, sans doute déjà épuisé par le poids des clubs persans. Facile dans ses mouvements et puissant, Hussein porte un enfourchement sur King à l’extérieur du ring. Hussein utilise ensuite la corne de sa botte pour infliger de la douleur au portoricain, qui ne se relève pas du compte de trois de l’arbitre.
– Toujours sous le coup de l’adrénaline, Hussein s’exprime, haletant, dans sa langue natale au microphone de McMahon. Hussein menace Sammartino et Backlund alors que « Classy » l’autoproclame déjà comme futur Champion du Monde. McMahon pointe l’utilisation controversée de cette corne et veut s’assurer qu’il ne s’agit que d’un artifice. Hussein est quelque peu réticent à l’idée et change de sujet, affirmant qu’il s’agit de son orteil.
MATCH 3 : TED DIBIASE VS MR. X (07:34)
VAINQUEUR : TED DIBIASE
PRISE DE FINITION : ELBOW SMASH
INDICATEUR : ** ½
Annoncé de contrées inconnues, celui qu’on nomme Mr. X est en réalité l’ancien partenaire de « Pretty Boy » Larry Sharpe, en la personne de Jack Evans. À ne pas confondre avec son homonyme plus contemporain. Dans le coin opposé, Ted DiBiase est l’un des catcheurs les plus chauds du moment et l’actuel détenteur du North American Championship, ceinture créée spécialement pour sa signature en 1979.
Un duel technique lance les hostilités, DiBiase s’affirmant comme un fin technicien. Une planchette japonaise surprend Mr. X qui tente ensuite de garder DiBiase au sol. Celui-ci s’énerve et déroule une série de Armdrag dont le dernier n’aurait aucune peine à faire rougir ceux de Ricky Steamboat ou de Jack Brisco. Mr. X reprend l’ascendant avec une descente du coude plutôt sévère. DiBiase offre une certaine résistance et se dégage d’une souplesse. Un dernier échange voit Teddy l’emporter suite à un Elbow Smash, suivant un surpassement du Champion nord-américain. Ce petit match sacrément compétitif est davantage typique de l’action qu’on retrouve sur d’autres territoires et contraste de fait, à cette époque, face au produit World Wrestling Federation.
MATCH 4 : DICK « BULLDOG » BROWER W/CPT. LOU ALBANO VS JOHN SCHMIDT (02:13)
VAINQUEUR : DICK BROWER
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : LA BROWER POWER CONTINUE D’EXISTER
Troublé depuis son retour par des tendances psychopathiques, Dick « Bulldog » Brower s’amène au ring, toujours managé par ce filou de Lou Albano qui aura quand même eu une belle écurie de monstres. Espérons que son adversaire, j’ai nommé John Schmidt, puisse survivre au « Brower Power ».
On s’en doutait un peu (et c’est peu dire) c’est une punition. Ce pauvre Schmidt se fait tabasser par un Brower déjanté qui mord, griffe, faisant ressortir ses yeux de ses orbites, ce qui lui donne un air encore plus terrifiant. Brower l’emporte sans aucune difficulté des suites d’une descente du genou directement sur la gorge. Quel passage à tabac.
MATCH 5 : IVAN PUTSKI & STEVE TRAVIS VS BARON MIKEL SCICLUNA & ALLEN COAGE (09:54)
VAINQUEURS : IVAN PUTSKI & STEVE TRAVIS
PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP
INDICATEUR : ** ¼
Pour ce combat de clôture, on retrouve un schéma typique de cette période. Récompensé en tant que débutant de l’année (et pourquoi pas, sachant qu’on est au mois d’avril) Steve Travis s’allie ce soir à la force polonaise. Annoncé de Cracovie en Pologne, Ivan Putski nous gratifie ce soir de sa présence même si son push semble quelque peu s’être essoufflé. Du côté heel de la force, Baron Mikel Scicluna, vétéran des rings d’origine maltaise, fait équipe avec Allen Coage, qu’on connaît davantage sous le patronyme de Bad News Allen à la Stampede Wrestling et Bad News Brown lors de son second passage à la World Wrestling Federation.
Fort d’une exposition tout à son avantage, Travis est logiquement combatif mais se heurte à l’adversité, rapidement mis en difficulté en handicap. Affaibli par de puissants écrasements du crâne dans le coin, Travis peine à réagir et reste quelques longues minutes sous le feu ennemi. Putski entre à son tour en furie et fait le ménage à sa manière, façon « Polish Power ». Encore sous le coup de ces instants passés à souffrir du catch par équipe de ses adversaires, Travis subit un Low Blow qui passe sous le radar de l’arbitre. Encore plus meurtri, notamment par Coage, Travis est malmené, malgré un chant « Go Travis go ! » une marque d’enthousiasme du public qu’on a pas l’habitude d’entendre de ce côté des territoires. Vaillant, c’est lui qui l’emporte finalement en surprenant Scicluna avec un Sunset Flip. On remarque une certaine volonté de conférer à Travis une overness significative, l’héroïsant presque dans la construction de ses matches.
– Malgré quelques difficultés techniques originelles, cet épisode d’All Star Wrestling est intéressant à bien des égards. Au microphone comme sur le ring, the Great Hussein of Iran impose sa marque et devrait rapidement se hisser sur la scène des challengers à l’or suprême. D’un point de vue purement catchesque, Ted DiBiase est encore imprégné de ses années passées dans le Mid-West et à la World Class Championship Wrestling, offrant une petite démonstration de catch pur à un public transis. Malgré un revirement de personnalité plutôt discutable, Dick Brower continue d’être une force de destruction, même à un âge déjà bien avancé. C’est également le cas pour un Dominic DeNucci ce soir impérial, faisant revivre le feu de ses grandes heures. Associé à l’une des attractions populaires de la fin des années 1970 en la personne de Putski, Steve Travis est propulsé dans la cour des grands, se voyant conférer un statut peut-être encore trop lourd pour ses jeunes épaules. À voir si ce jeune homme saura trouver sa place dans un vestiaire de plus en plus compétitif, qui s’étoffera encore d’ici le début des années 1980.
Nathan Maingneur