ALL STAR WRESTLING #34
27/01/1979
Vince McMahon et Bruno Sammartino nous retrouvent cette fois-ci depuis le Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie. C’est la première fois qu’on change de location pour un taping d’All Star Wrestling.
Joe McHugh est en forme et s’enquiert des présentations. McHugh précise que le catch proposé ce soir est supervisé et sous la juridiction de la Commission d’État, présidée par Howard McCall et son directeur exécutif, Francis Walker. Le représentant sur place de la Commission, Nick Santoro est aux abords du ring en compagnie du Dr. George Zahorian et du gardien de la cloche, Mike Mittman. Les arbitres de cette heure de catch estampillée World Wide Wrestling Federation seront ce soir Dick Woehrle et Jack Lotz.
MATCH 1 : STEVE TRAVIS VS VICTOR RIVERA (10:00)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : MATCH NUL
INDICATEUR : ** ½
Victor Rivera apparaît ce soir sans son manager en la personne de l’inimitable « Classy » Freddie Blassie. Ce dernier est copieusement sifflé, jouant pourtant à domicile, en effet annoncé de Philadelphie en Pennsylvanie. Dans le coin opposé, Steve Travis, déjà fort d’une victoire face au Baron Mikel Scicluna, reçoit quant à lui de vives acclamations du public d’Allentown.
On se cherche un peu, chacun restant sur ses gardes lors de cette première phase de contact. Le portoricain semble prendre un léger ascendant avec des tactiques déloyales mais Travis revient du feu de dieu avec une série de Armdrag. Au sol, quelques échanges de Mat Wrestling sont à l’avantage de Travis. En difficulté, Travis dérouille et devant une foule plus dense qu’au Fieldhouse d’Hamburg, ce dernier est soutenu par des chants « Let’s go Steve ! » Lourdement envoyé à l’extérieur du ring, Steve est projeté contre les escaliers en bois. La construction de match est intéressante et sous-entend un retour en force de Travis. Bingo, ce dernier se démène comme un beau diable et puise dans ses tripes pour offrir à cette rencontre un aspect réellement compétitif. Ils se battent comme des chiffonniers et une violente collision envoie tout le monde au sol. La cloche sonne alors, indiquant que le temps limite est dépassé. La tension n’est pas redescendue et l’arbitre Dick Woehrle se retrouve au milieu d’une vigoureuse échauffourée. Travis s’en sort la tête haute, sans pour autant l’emporter tandis que Rivera inscrit ici une solide performance.
MATCH 2 : IVAN KOLOFF W/CPT. LOU ALBANO VS STEVE KING (04:58)
VAINQUEUR : IVAN KOLOFF
PRISE DE FINITION : BRISE-DOS
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT HABITUEL MAIS PROMO DE CARACTÈRE
Portant de nouveau cette imposante robe à collerette rouge, Ivan Koloff pourrait tout droit sortir d’une pièce de théâtre. Managé par un Lou Albano en grande forme, Koloff a des airs presque sataniques. Steve King, jobber d’origine portoricaine, fera ce soir office de sac de frappe pour l’Ours Russe.
Comme souvent, Koloff est facile dans son catch et prend l’avantage sans grande difficulté. Attention toutefois à ne pas sous-estimer son adversaire qui surprend tout le monde avec un Hurricanrana ! Peut-être un peu étonné mais pas impressionné, Koloff retourne à son catch habituel, composé de gros coups et de prises brutes de décoffrage. Plié par un brise-dos, King aurait peut-être préféré rester au tapis. Mais Koloff se délecte d’infliger de la douleur et le relève, le cassant ensuite pour de bon avec un autre brise-dos.
– Quelques secondes après sa victoire, Koloff s’exprime au microphone de McMahon. Ce dernier met en garde contre les risques de se retrouver en un-contre-un face à l’Ours Russe. Albano est déchaîné et suite à une promo cocaïnée, devient tout rouge et passe à ça d’une crise cardiaque. On aperçoit quelques pancartes dans le public, une première pour ce programme. En clamant qu’il est un compétiteur à la fois méthodique et brutal, Koloff réaffirme sa position de prétendant sérieux à la ceinture de Bob Backlund, une opposition qui continue à cette époque et avec grand succès, de remplir des salles un peu partout.
MATCH 3 : JOHNNY RODZ VS « FLYING » FRED CURRY (03:59)
VAINQUEUR : FRED CURRY
PRISE DE FINITION : CROSSBODY BLOCK
APPRÉCIATION : AGRÉABLE DÉCOUVERTE
« Unpredictable » Johnny Rodz est ce soir en action, affichant une musculature ciselée. Le natif de Brooklyn se frotte ce soir à un certain « Flying » Fred Curry, qui n’est pas du tout inconnu des rings de catch. Son père n’est autre que « Wild Bull » Curry, légendaire catcheur originaire du Liban à la réputation plus que sulfureuse, notamment connu pour être l’un des précurseurs du catch dit hardcore, faisant équipe avec le Sheik dans les années 1950. Fred Curry est doté d’un style plus aérien et voltigeur, au détriment du style bagarreur et sans merci de son père, au point qu’on le nomma un temps l’un des meilleurs dans son genre. En 1972, Curry est le catcheur le plus populaire du Mid-West et maintient ce statut en catchant pour Fritz Von Erich au sein de la World Class Championship Wrestling dans les années 1960-1970.
Face à ce défi peu commun, Rodz doit redoubler d’ingéniosité et recourt à des tactiques agressives. Attention toutefois puisque Curry sait bouger entre les cordes et surprend celui qu’on surnomme « Fire Brand from the Bronx ». Celui-ci est mis en difficulté et encaisse une série de sauts chassés. Un Crossbody enterre définitivement les espoirs de Rodz qui doit désormais digérer cette défaite de plus. C’est tellement dommage de voir Johnny Rodz relégué à ce rang, surtout compte-tenu des capacités de ce compétiteur émérite.
MATCH 4 : GREG VALENTINE W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS FRANKIE WILLIAMS (02:48)
VAINQUEUR : GREG VALENTINE
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : SQUASH AUTORITAIRE QUI AUGURE DE GRANDES CHOSES POUR VALENTINE
Affublé du Grand Wizard of Wrestling, Greg Valentine sait s’entourer. En effet, si Ernie Roth est surnommé « The Manager of Champions », ce n’est pas pour rien. Greg Valentine combat ce soir en solo face au saint-patron des jobbers, en la personne de l’inimitable Frankie Williams, qui semble peu motivé à l’idée de se frotter à Valentine. Au vu de la tête de tueur de son adversaire, on peut comprendre.
D’un catch similaire à celui de son paternel, Johnny Valentine, Greg punit ce pauvre Williams avec de violents coups qui claquent dans toute l’arène. Valentine s’impose par la force, ne dégageant aucun remords, si ce n’est une volonté certaine d’infliger de la douleur à son antagoniste. Valentine l’emporte en moins de trois minutes seulement des suites d’une descente du coude. Nous n’aurons pas eu droit à sa prise en quatre qu’il maîtrise pourtant à la perfection.
MATCH 5 : LARRY ZBYSZKO VS JOHNNY VALIANT W/CPT. LOU ALBANO (06:41)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT-OUT
INDICATEUR : ** ¼
Ce soir séparé de son habituel partenaire en la personne de « Handsome » Jimmy, « Lucious » Johnny Valiant est ce soir en action, accompagné du terrible Lou Albano, toujours à proximité de ses poulains. Valiant transpire l’arrogance et se mesure à l’un des détenteurs des ceintures par équipe qu’il convoite avec son frère, en la personne de Larry Zbyszko, déjà sur le ring.
Distrait par Lou Albano, Zbyszko se prend un coup de pied dans le dos et subit les coups de son adversaire. Johnny retire son blouson, tout juste suffisamment pour que Zbyszko esquive une descente du coude. Morale de l’histoire, garder son blouson coûte que coûte. Larry s’illustre par quelques offensives mais est à chaque fois calmé par Valiant, qui capitalise sur ce début de rencontre. Un Sunset Flip passe à rien pour Zbyszko, qui se fait ensuite éclater la tête contre le coin, vendant d’ailleurs à la perfection l’impact de ces coups. Le combat dégénère et se poursuit à l’extérieur du ring, Albano rôdant non loin de l’action. Zbyszko se sent d’humeur boxeuse et fait tourner « Lucious » Johnny sur place avec ses crochets. Malheureusement, ils sont comptés par l’arbitre qui fait immédiatement sonner la cloche.
– Lou Albano intervient ensuite comme une furie, donnant des coups de pied et de poing à un Zbyszko pris en porte-à-faux. Sammartino ne tolère pas ce qu’il voit et commente et intervient, suivi de près par Tony Garea, partenaire de Zbyszko. Pas d’altercation physique, Johnny et son manager regagnent le vestiaire en vitesse. Au microphone de McMahon, Zbyszko dit qu’il compte mettre fin à la carrière d’Albano et des Valiant Brothers.
Pour la première fois relocalisé à Allentown en Pennsylvanie, ce All Star Wrestling se déroulait devant une foule plus compacte et énergique que d’habitude. Fils d’un pionnier du catch hardcore en la personne de « Wild Bull » Curry, Fred Curry fit ce soir ses débuts en s’imposant avec style face à Johnny Rodz, peut-être le début d’un push ici à la World Wide Wrestling Federation. Beau combat également en ouverture de bal entre Victor Rivera et un Steve Travis qui continue de prouver qu’il en a dans le ventre. Victime d’une énième intervention d’un Albano ce soir en forme, sans doute que Zbyszko voudra se venger des Valiant Brothers et peut-être même aura-t-on droit à une défense des ceintures par équipe. Ivan Koloff et Greg Valentine continuent pour l’un de maintenir sa domination et pour l’autre de cimenter son statut de sérieuse menace, faisant tous deux d’émérites challengers à la ceinture suprême, toujours détenue par « All American Boy » Bob Backlund.
Nathan Maingneur