ALL STAR WRESTLING #73
12/04/1980
Vince McMahon et « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino nous retrouvent dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie pour cet épisode d’All Star Wrestling.
Gary Cappetta s’occupe des présentations et mentionne que le catch proposé ce soir est sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique d’État, représentée sur place par John Santoro. Dr. Fred Heinbach siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de cette heure de catch étiquetée World Wrestling Federation seront Gilberto Roman et John Stanley.
MATCH 1 : TOR KAMATA W/FREDDIE BLASSIE VS ANGELO GOMEZ (03:26)
VAINQUEUR : TOR KAMATA
PRISE DE FINITION : TOP ROPE SPLASH
APPRÉCIATION : SQUASH AGRESSIF ET SANS RETENUE
Lors de son retour sur cette antenne, Tor Kamata s’était imposé en envoyant son adversaire à l’hôpital. C’était Bimbo Larson, qui souffre d’ailleurs de quelques côtes cassées. Accueilli par une réaction mitigée d’un public qui préfère rester à sa place, Kamata se mesure ce soir à Angelo Gomez, catcheur d’origine portoricaine dont la carrière s’étale sur ce territoire entre 1979 et 1984.
Avant d’entamer les hostilités, Tor Kamata procède à son rituel, consistant à jeter du sel sur le ring, une tradition orientale qui chasserait les esprits et perpétrée par d’autres catcheurs. Sur le ring, le mauvais esprit est peut-être bien celui de Kamata, écrasant ce pauvre gars en quelques minutes à peine. C’est une punition, Angelo Gomez est étranglé, griffé et mordu dans les cordes alors que Kamata s’emploie à déformer son visage, tel un animal enragé. À nouveau, Kamata l’emporte en montant sur les cordes, s’élançant pour un Splash tonitruant. Comme pour Bimbo Larson, ce pauvre Angelo Gomez doit être sorti du ring sur un brancard de fortune, espérons seulement pour lui qu’il ne souffre d’aucune blessure.
MATCH 2 : THE SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO VS FRANKIE WILLIAMS & STEVE KING (07:11)
VAINQUEURS : THE SAMOANS
PRISE DE FINITION : SAMOAN DROP
APPRÉCIATION : LA ROUTE EST TOUTE TRACÉE POUR LES SAMOANS
Accompagnés par ce filou d’Albano, Afa et Sika s’avancent vers le ring et à l’instar de Tor Kamata, suscitent crainte et retenue de la part d’un public plutôt calme. Ce soir, les Samoans se mesurent à un autre tandem de circonstances, cette fois-ci composé de Frankie Williams et de Steve King, dont on ne donne pas cher de la peau.
Fidèles à leurs habitudes, Afa et Sika griffent, mordent et font peur, affichant des faciès d’hommes sauvages, ne parlant qu’en grognant et en s’invectivant de façon tribale. Que ce soit Williams ou King morflent et ne peuvent strictement rien faire. Pour un match dont l’issue est connue dès la première seconde (peut-être même avant que ne sonne la cloche), c’est un peu long. Écrasé par un Samoan Drop d’Afa, Williams n’aurait pas relevé l’épaule mais Arthur Anoa’i a souhaité faire durer le plaisir. C’est un autre Samoan Drop, cette fois-ci porté par Sika, qui enterre les maigres espoirs de King et Williams, qui succombent une fois n’est pas coutume. Quant aux Samoans d’Albano, la route semble toute tracée pour un nouveau face à face avec Tito Santana et Ivan Putski.
– Ensuite reçu au microphone par McMahon, Captain’ Lou Albano semble extrêmement confiant sur le fait qu’une fois de plus et ce, pour la huitième fois, ses poulains iront chercher l’or Tag Team. En parallèle de cet entretien atypique, Afa et Sika rôdent tout autour de McMahon et regardent la caméra avec insistance, offrant une séquence plutôt terrifiante. Pas franchement rassuré, Vince demande à Albano s’il est responsable de ce qu’il se passe sur le ring avec les Samoans. Ce fou d’Albano répond que ses protégés souffrent de tendances psychopathiques et meurtrières et qu’il n’est donc responsable de rien.
MATCH 3 : JOSÉ ESTRADA VS « COWBOY » BOBBY DUNCUM W/CPT. LOU ALBANO (07:19)
VAINQUEUR : BOBBY DUNCUM
PRISE DE FINITION : BULLDOG
INDICATEUR : * ¾
Pour une fois, José Estrada s’est rangé du côté des bons, s’affichant en signant quelques autographes pour une poignée de jeunes spectateurs, une petite rareté ! L’ancien Junior Heavyweight Champion s’oppose ce soir à un autre protégé de ce filou d’Albano, en la personne de « Cowboy » Bobby Duncum. Un gilet en cuir noir et un chapeau de cowboy, Duncum pourrait sortir d’un saloon d’Austin au Texas.
Les premiers contacts sont à l’avantage de Duncum, qui se focalise immédiatement sur le cou de son antagoniste. En effet, Duncum a l’habitude préparer son Bulldog, non sans user et abuser de tricheries en tous genres. Souvent vanté pour ses capacités athlétiques entre les cordes, Estrada répond avec une série de sauts chassés, poussant Duncum en retraite à l’extérieur du ring. Un sale coup de coude calme les ardeurs du portoricain, ensuite retenu au sol avec des coups de genou. S’insérant entre McMahon et Sammartino, Albano s’autorise quelques interruptions. C’est d’ailleurs le seul membre du Unholy Trio à procéder de cette manière. Malgré une tentative de retour d’Estrada, c’est bien Bobby Duncum qui s’arroge la victoire en le plantant avec son Bulldog, s’offrant un succès en solo face à un compétiteur plus endurci que le souffre-douleur habituel.
MATCH 4 : DOMINIC DENUCCI & RENÉ GOULET VS BARON MIKEL SCICLUNA & FRANK SAVAGE (08:21)
VAINQUEURS : DOMINIC DENUCCI & RENÉ GOULET
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : *
Dominic DeNucci et René Goulet, formant ce duo tout récemment composé, ont ce soir l’occasion de prouver que l’âge n’est qu’un chiffre. Cumulant en effet un certain âge (et une certaine expérience), les briscards se mesurent à une paire de circonstances, où l’on retrouve notre grisonnant Baron Scicluna, ce soir floqué de Frank Savage, qui a surtout catché entre 1980 et 1981.
Comme à la bonne époque, Scicluna et Dominic s’échauffent et cherchent à se tester, l’italien se relevant à plusieurs reprises en saut carpé. Bien que ce ne soit plus un catch de premier âge, c’est toujours un plaisir de voir ces deux vétérans se prouver l’un à l’autre. Manquant cruellement d’expérience, Savage est pris à partie par Goulet et DeNucci qui s’en amusent. Tiré dans tous les sens, étiré à l’ancienne, le jeune Savage a même droit à un redressement de l’entre-jambes, signé Dominic DeNucci ! De son côté, Scicluna s’affaire à on-ne-sait-quoi dans son coin. De retour sur le ring, le maltais reprend l’ascendant en étranglant sauvagement Dominic. Fidèle à ses vieilles rengaines, Scicluna utilise à cet effet la cordelette blanche du coin, détachée en amont. Presque inconscient, Dominic parvient à passer le relais à Goulet qui tombe dans le piège à son tour, suffoquant alors que l’arbitre John Stanley n’y voit que du feu. Au-delà de l’aspect nostalgique que pourrait susciter la rencontre, c’est malheureusement brouillon et décousu. Malgré une volonté évidente de s’offrir une cure de jouvence, DeNucci et Goulet ne sont plus dans la fleur de l’âge, de même pour Scicluna qui semble être resté coincé dans les années 1970. Cela se ressent surtout dans les dernières minutes, où tout le monde semble partir en vrille, seulement pour que cela ne se termine avec un petit paquet de Goulet sur Savage. Questionné par McMahon sur un éventuel face à face avec les Samoans, Sammartino hésite, se trahissant sur sa propre opinion de ce que donnerait cette potentielle confrontation. Qu’on se le dise, René Goulet et Dominic DeNucci ne feraient pas le poids.
MATCH 5 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS MARC POLE (01:36)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
APPRÉCIATION : HOGAN RESTE INVAINCU EN SOLO
Concluant cet épisode d’All Star Wrestling, ce match est aussi le dernier de la série d’enregistrements en cours. À cet égard, une partie du public se lève pour rejoindre la sortie, connaissant le résultat prévisible du combat. Un cas que nous avions déjà rencontré par le passé, voyant Hogan et Blassie improviser un scénario tout à fait prenant. Ce soir, c’est à Marc Pole de se prendre l’habituel passage à tabac des mains d’Hogan, qui affiche fièrement une musculature de colosse.
Voyant se répéter ce même scénario d’une foule quittant précipitamment l’arène, Hogan fonce sur ce pauvre Pole, le martelant de lourds coups de poing. Une descente de la cuisse ne lui suffit pas, Hogan le hisse en prise de l’ours, voyant Pole jeter presque immédiatement l’éponge, en a peine plus d’une minute et demie.
– Reçu par Vince McMahon, Freddie Blassie est sollicité pour un court entretien. Questionné à propos des actes de l’un de ses protégés, en la personne de Tor Kamata, Blassie semble s’en satisfaire. Vince l’informe qu’une demande de bannissement a été évoquée pour son Splash, qui a déjà blessé plusieurs compétiteurs. Blassie dément l’illégalité de la prise en clamant que le catch est ce qui différencie les garçons des hommes. Il poursuit et affirme que si le Splash de son poulain est banni, Blassie ira saisir la Cour Suprême des États-Unis !
Fin d’une série d’enregistrements plutôt classique, sans pour autant être désagréable, cet épisode d’All Star Wrestling est intéressant à bien des égards. À quelques jours seulement de leur sacre face à Ivan Putski et Tito Santana, les Samoans ont laissé forte impression, roulant littéralement sur le peu de compétition qui leur est envoyée. Futurs prétendants à l’or par équipe, Dominic DeNucci et René Goulet continuent de glaner quelques victoires, ne parvenant toutefois pas à impressionner, compte-tenu d’un âge relativement élevé. Tortionnaire et bourreau de Bimbo Larson, Tor Kamata a ce soir ajouté un nouveau blessé à son sordide tableau de chasse. Au cœur de toutes les discussions, Kamata pourrait former un prétendant de plus à l’or de Bob Backlund, convoité par tant d’autres challengers. Pour une fois que Bobby Duncum ne se mesurait pas à l’habituel jobber, on ne s’en plaindra pas ! Même si la performance reste plutôt sommaire, ce fut un plaisir de voir Duncum affronter un compétiteur d’un autre acabit. En parallèle de la diffusion de cet épisode se déroulait alors une représentation au Spectrum de Philadelphie, qui vit notamment s’affronter Bob Backlund et Hulk Hogan. Échouant à remporter l’or au terme d’un magnifique combat d’une demie-heure, Hogan a toutefois cimenté ses fondations, celles d’un futur prétendant légitime au titre de porte-étendard d’une fédération.
Nathan Maingneur