ALL STAR WRESTLING #75
26/04/1980
Vince McMahon et « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous présentent la carte de ce programme All Star Wrestling un peu spécial, toujours enregistré au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie.
Pas de présentations comme à l’accoutumée car nous partons en effet pour l’illustre Spectrum de Philadelphie. Comme promis, ce face à face entre Santana et Putski et les Samoans pour les ceintures Tag Team de la World Wrestling Federation sera diffusé sur cette antenne.
MATCH 1 : WORLD WRESTLING FEDERATION TAG TEAM TITLES MATCH : TITO SANTANA & IVAN PUTSKI © VS THE SAMOANS (07:36)
VAINQUEURS : THE SAMOANS
PRISE DE FINITION : SAMOAN DROP
INDICATEUR : ** ½
L’ambiance est palpable au sein du Spectrum de Philadelphie, alors que les protagonistes du prochain combat sont déjà sur le ring. Gary Cappetta procède aux introductions alors que l’or par équipe sera remis en jeu. D’un côté, Tito Santana et Ivan Putski ont tout à perdre. Fiers détenteurs des ceintures depuis septembre 1979, les Champions affrontent leur plus gros défi à ce jour. De l’autre, on retrouve des challengers affamés et aiguisés qui détruisent tout sur leur passage depuis leurs débuts, menés par l’infatigable Lou Albano.
Les esprits s’échauffent et le tout part en bagarre rangée, Putski et Santana projetant les Samoans l’un dans l’autre. Dégagé à l’extérieur du ring par un saut chassé de Tito, Afa est écarté de son partenaire, qui se mange un Polish Hammer signé « Polish Power » ! Est-ce une victoire éclair pour les Champions, non ! Dégagement de Sika, qui marque le tout premier homme à se relever de la prise de finition de Putski. Pas impressionnés pour autant, les Champions mènent la danse, s’imposant en maintenant Sika au sol, en clé de jambe. Les tags s’enchaînent avec une fluidité remarquable, tout semble rouler pour Santana et Putski. Lorsqu’il entre enfin, Afa subit le même traitement, directement emmené au sol par une contorsion du genou. Putski subit quelques coups de tête, lui qui souffre d’une coupure au front, cachée par un pansement. Passant le relais à Santana, celui-ci se lance dans une série de sauts chassés et d’enfourchements. Sur la troisième corde, Tito semble difficilement chercher son équilibre, d’habitude plutôt à l’aise sur ce genre de manœuvres. Santana s’élance en Crossbody et rate sa cible, s’éclatant le genou sur le ring. Debout, Afa le hisse sur ses épaules et l’écrase de tout son poids avec un Samoan Drop. L’arbitre compte 1…2… et 3 ! Victoire des Samoans alors que Putski fulmine, demandant des comptes à l’officiel. Le verdict est sans appel, Afa et Sika ont remporté à l’or par équipe, offrant à Albano un huitième sacre sous sa tutelle. Un règne de terreur commence.
– Après cet agréable interlude au Spectrum de Philadelphie, nous sommes bel et bien de retour au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. De par l’absence de présentations, il semblerait que le premier match ait eu lieu. Gary Cappetta s’occupe alors des introductions.
MATCH 2 : « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ VS PEDRO MORALES (06:39)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : SINGLE LEG BOSTON CRAB
INDICATEUR : **
Le regard en coin, Johnny Rodz se tient sur le ring, recevant une réaction quelque peu mitigée. Malgré un talent certain, celui-ci est un compétiteur relativement peu apprécié des foules. Ce soir, le futur entraîneur de la Gleason’s Gym de Brooklyn se mesure à un ex-Champion du monde. Titulaire de l’or suprême des grandes heures de la World Wide Wrestling Federation, l’icône Pedro Morales s’offre un petit retour en forme en ce début d’année 1980.
L’un comme l’autre ont le sang chaud, en particulier Pedro Morales qui symbolise le « Puertorican Fire » de ses grandes heures sur les rings du Madison Square Garden. En réponse au sale tempérament de Johnny Rodz, Morales sait se faire entendre en le baladant à l’extérieur du ring. Ce qui s’apparentait à un petit match de catch classique se transforme en une bagarre de chiffonniers. Morales le projette dans les escaliers, le tablier du ring et lui éclate le crâne dans le poteau. De retour sur le ring, Rodz est mis en déroute. Acculé dans l’un des coins, Johnny s’attarde à on-ne-sait-quoi, sans doute rien de bien légal. On s’en doutait, « Unpredictable » Johnny Rodz a retiré la protection du coin, lui permettant d’écraser le front de Morales sur l’anneau métallique. À plusieurs reprises, Johnny réitère, risquant à tout instant une disqualification de l’arbitre Gilberto Roman. Profitant de l’appui d’un public tout acquis, Morales s’offre un retour en force et projette à son tour Rodz dans ce même coin. Pedro poursuit avec son brise-dos, porté à la manière de Billy Robinson et l’emporte ensuite avec un Single Leg Boston Crab, au terme d’un match plutôt énergique.
– Accueilli en ringside, Pat Patterson est interviewé par Bruno Sammartino, alors qu’il lui manque quelque chose ! En effet, Patterson a récemment concédé sa ceinture Intercontinentale face à Ken Patera, lors d’une récente représentation au Garden. Sans ceinture et sans réel objectif, Patterson semble vouloir repartir en équipe, faisant allusion à son passé en tant que membre des Blond Bombers avec Ray Stevens dans les années 1960. Patterson revient sur sa récente association avec André le Géant et n’a aucun doute qu’ils pourraient chercher l’or par équipe. Pat raconte ensuite comment se retrouver sous le feu des projecteurs : c’est en catchant dans de gros événements dans des villes comme Chicago, Boston ou New York. Patterson fait ensuite l’éloge du roster de l’époque, en mentionnant notamment Tony Atlas.
MATCH 3 : PAT PATTERSON VS FRANKIE WILLIAMS (08:51)
VAINQUEUR : PAT PATTERSON
PRISE DE FINITION : STUMP PULLER
APPRÉCIATION : SYMPATHIQUE MAIS UN PEU LONG
Vêtu d’un blouson rouge à franges, Pat Patterson poursuit sa soirée sur le ring du Fieldhouse, signant d’abord quelques autographes à de jeunes spectateurs. Patterson se mesure ce soir au Saint-Patron de la défaite, j’ai nommé Frankie Williams, dont la carrière s’étale de 1975 à 1985.
On s’échange d’abord quelques contacts qui s’apparenteraient à du Mat Wrestling, voyant Patterson prendre l’ascendant. Fidèle à lui-même et à son héritage passé sur les rings montréalais, Patterson s’illustre avec des tactiques de dur à cuire, en dépit d’être un chouchou du public. On retrouve également un peu de Comedy Wrestling lorsqu’il s’agrippe à la barbe de Williams, voyant l’arbitre Dick Woehrle tirer sur cette même barbe en voulant casser la prise. Malin comme un singe, Patterson possède l’expérience qui lui permet d’anticiper chaque offense de son antagoniste. À cet égard, Williams s’illustre parfois avec quelques droites, même si le tout reste majoritairement dominé par Patterson. Projeté à l’extérieur du ring, Williams est forcé de se reprendre et tourne le dos au québécois, une erreur de débutant ! Commençant à s’énerver, Williams est toutefois calmé par une série de droites et de gauches de l’ancien Champion Intercontinental. Celui-ci l’emporte ensuite au bout de neuf minutes avec une prise de soumission peu commune. Il s’agit en effet d’un Stump Puller, une prise d’élongation des jambes et des bras qui sera plus tard reprise et popularisée.
MATCH 4 : RENÉ GOULET VS JOSÉ ESTRADA (05:03)
VAINQUEUR : RENÉ GOULET
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : * ½
Partenaire occasionnel de « Unpredictable » Johnny Rodz, José Estrada se tient sur le ring, alors que son antagoniste du soir signe quelques autographes, une pratique qui fut oubliée au cours des années 1980. À cet égard, René Goulet est entouré d’une multitude de spectateurs, qui lui tendent un poster ou la couverture d’un magasine.
Une poignée de main d’apparence respectueuse précède une petite démonstration de catch, chacun tentant d’impressionner l’autre. C’est Estrada qui prend curieusement l’ascendant, envoyant Goulet à l’extérieur du ring. Retour à l’envoyeur pour Estrada qui se fait à son tour projeter à l’extérieur du ring. Alors que l’ancien partenaire de Karl Gotch lui tendait la main, lui tenant également les cordes, Estrada s’est emporté, chassant le naturel au galop. Dès lors, le catch laisse place aux coups, voyant Goulet être mis en déroute par le portoricain. Pris en clé de bras, Goulet a du mal à s’en sortir, Estrada restant solidement harnaché à cette épaule. Sur un contre, le franco-canadien l’emporte avec un petit paquet, qui suffit pour le compte de trois. Cette fois-ci, pas de poignée de main pour Estrada qui repart la tête baissée.
MATCH 5 : EL OLYMPICO VS MARC POLE (03:02)
VAINQUEUR : EL OLYMPICO
PRISE DE FINITION : SAUT CHASSÉ
APPRÉCIATION : MOU ET BROUILLON
De mémoire, nous n’avions pas aperçu El Olympico sur ce territoire depuis 1973. C’était à l’occasion des débuts de Greg Valentine au Madison Square Garden. Catchant sur les territoires de la National Wrestling Alliance à partir du milieu des années 1960, Olympico s’est distingué sur les rings de la World Wide Wrestling Federation entre 1972 et 1975, date à laquelle il prit sa retraite. Son retour en 1980 sera bref, repartant moins de trois mois plus tard. C’est face à Marc Pole que se mesure ce soir Olympico, catcheur endurci habitué à perdre dans ce genre de rencontres.
Pour ainsi dire, Olympico est loin d’être dans une forme olympique. Aux commentaires, McMahon et Sammartino se questionnent sur le port du masque de ce catcheur, essayant d’en comprendre l’intérêt. Olympico est en effet le seul catcheur affilié à ce territoire (en dehors de Mil Mascaras et du Golden Terror…) a porter un masque, ce qui n’est pas courant pour l’époque et même interdit par certains États. Sur le ring, rien de bien incroyable, Olympico s’en sort au bout de trois minutes avec un saut chassé.
Suite d’un épisode riche et mouvementé, cet épisode d’All Star Wrestling s’inscrit dans une solide continuité. Qui aurait cru à un retour de El Olympico en 1980 ? Pas grand monde, du moins c’est ce que laisse présager les réactions plutôt calmes d’un public quelque peu endormi. On ne peut pas en dire autant de Pedro Morales, qui continue de nous régaler de ses apparitions, une semaine après son retour en force. Cette fois-ci opposé à Johnny Rodz, Morales aura rencontré quelques difficultés mais a su s’imposer avec style et son célèbre « Puertorican Fire ». Ayant récemment concédé sa ceinture Intercontinentale à Ken Patera au Madison Square Garden, Pat Patterson apparaît ici en quête d’un tout nouvel objectif. À près de quarante ans au compteur, Patterson se cherche un coéquipier et souhaiterait s’associer avec André le Géant, cette fois-ci au long terme. Par contre, qu’est-il advenu de ce match de bras de fer, annoncé par McMahon entre Tony Atlas et Patera ? Aucun signe de ce segment qui aurait pu ajouter quelque chose en plus à ces émissions qui se ressemblent souvent, c’est dommage. Le point le plus intéressant de ce programme est sans conteste ce petit aparté, nous emmenant du côté du Spectrum de Philadelphie. En effet, les ceintures de Champions par équipe de Tito Santana et d’Ivan Putski y étaient remises en jeu, face aux challengers les plus redoutable du moment. Ce sont les Samoans, Afa et Sika, sous la tutelle de ce diable d’Albano, qui ont crée la surprise en s’accaparant l’or par équipe de la World Wrestling Federation, entamant un règne qui s’annonce difficile pour la compétition. Enfin, je souhaiterais modestement dédier cet article à la mémoire de Pat Patterson, qui nous a quittés en ce début de mois de décembre. Architecte du plus grand édifice de l’histoire de ce sport-spectacle, ce puits de savoir à l’esprit innovant a su transmettre avec générosité et humour sa vision et sa perception d’un sport qui était tout pour lui. Merci, Monsieur Patterson et au revoir.
Nathan Maingneur