CHAMPIONSHIP WRESTLING #10
12/04/1980
Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous accueillent dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie pour ce Championship Wrestling. Vince et Bruno nous annoncent le programme de la soirée et nous informent de la présence de la huitième merveille du monde, en la personne d’André le Géant.
Joe McHugh s’occupe des présentations sérotinales et nous précise que ce programme est placé sous le contrôle et la supervision de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par John Santoro et représentée sur place par quelques-uns de ses officiels. Le Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Et les arbitres qui officieront au cours de cette heure de catch seront Gilberto Roman et Dick Kroll.
MATCH 1 : « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ VS DOMINIC DENUCCI (07:36)
VAINQUEUR : DOMINIC DENUCCI
PRISE DE FINITION : PROJECTION DANS LE COIN
INDICATEUR : **
Sur le ring, les protagonistes de ce premier combat signent quelques autographes et font quelques heureux. Vétéran des rings d’origine vénitienne, Dominic DeNucci rencontre l’un de ses plus féroces adversaires en la personne du « Unpredictable One ». Il s’agit bien de Johnny Rodz, athlète de renom toutefois plus connu pour ses talents d’entraîneur et tout ce temps passé à former certains des plus grands noms de l’histoire de ce sport.
On commence fort avec une bonne empoignade qui finit au sol. Ils se battent comme des chiffonniers et c’est Rodz qui s’impose avec des coups dans l’arrière du crâne. C’est une bagarre à l’ancienne, comme on les aime, le rythme de la rencontre est plutôt soutenu et l’un comme l’autre se défendent avec ardeur. Malgré son expérience, l’âge et le poids des années pèse sur le corps de l’italien et Johnny s’engouffre tête première dans cette faille. Rodz lui assène alors de sales coups de pied dans la tête mais lorsque Dominic se relève, sa fierté et sa fougue d’antan se dégagent de son regard. DeNucci est inarrêtable et lâche de puissants coups de poing au visage de Rodz. Groggy, Johnny est lourdement projeté dans l’un des coins et s’écrase l’épaule. Dominic en profite et le recouvre pour le compte de trois de l’arbitre. Les tensions ne redescendent pas pour autant et l’on croit que cette bagarre pourrait se poursuivre, mais Dominic DeNucci, gagnant et épuisé, est finalement reparti en direction des vestiaires.
MATCH 2 : ANDRÉ LE GÉANT VS BIMBO LARSON & PAUL MAURET (02:11)
VAINQUEUR(S) : ANDRÉ LE GÉANT
PRISE DE FINITION : BODYSLAM
APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH D’ANDRÉ
Paul Mauret et Bimbo Larson ont une dégaine de jobbers des eighties. Ensemble, ce duo de choc s’apprête à rencontrer un défi de taille, et c’est peu dire. Annoncé en provenance de Grenoble dans les Alpes Françaises, cette montagne humaine n’est autre qu’André le Géant, figure la plus reconnaissable de cette période. André est extrêmement apprécié et rejoint le public sous les acclamations de la foule.
À deux contre un, Mauret et Larson essaient de profiter de la force du nombre, mais c’est quelque-peu inutile face à notre géant français. André s’en débarrasse en effet assez vite, un peu comme de deux moustiques un soir d’été humide. Envoyés d’un bout à l’autre du ring, les deux jobbers valdinguent alors qu’André rigole et s’amuse en les acculant contre l’un des coins du ring. Soulevé à bout de bras, Larson est balancé contre son partenaire, ce dernier finissant couché par un coup de tête gigantesque. André n’a plus qu’a empiler les corps et à s’assoir dessus pour le compte de trois de l’arbitre. Quelles images, encore et toujours.
MATCH 3 : OX BAKER W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS STEVE KING (02:53)
VAINQUEUR : OX BAKER
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : COPIE CONFORME DE SON PRÉCÉDENT SQUASH
Originaire de Sedalia dans le Missouri, Ox Baker a commencé sa carrière en 1964, sous la tutelle de Pat O’Connor et de Bob Geigel, président de la NWA entre 1976 et 1978. Passé maître du Heart Punch, Baker est rapidement devenu l’un des catcheurs les plus redoutés de tout le circuit nord-américain. Ce soir, Ox est accompagné au ring par Ernie Roth, plus connu sous le nom de Grand Wizard of Wrestling. Il y rencontre Steve King, Saint-Patron des jobbers.
Comme lors du dernier épisode, Ox cogne très fort sur son souffre-douleur. King ne peut rien faire et se laisse abattre par ces grands coups de poing dans l’arrière du crâne. Avec ses sourcils broussailleux et sa moustache signature, Ox est terrifiant et ce n’est pas ces jeunes spectateurs des premiers rangs qui diront le contraire. Et de la même manière que lors de son dernier combat, Ox l’emporte en très peu de temps grâce à une descente du coude portée depuis la corde du milieu.
MATCH 4 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE VS MIKE MASTERS (06:49)
VAINQUEUR : LARRY SHARPE
PRISE DE FINITION : PILEDRIVER
APPRÉCIATION : PLUTÔT BON SQUASH DE SHARPE
Avec sa gueule d’ange et sa tête à claques, Larry Sharpe n’est pas le compétiteur le plus apprécié de la fédération. Pourtant, Sharpe est un technicien rôdé et est peut-être encore plus connu pour ses talents d’entraîneur au sein de la célèbre Monster’s Factory, école de catch fondée en compagnie de Buddy Rogers en 1983. Il se frotte ce soir à Mike Masters, jobber originaire du New Jersey au gabarit plutôt impressionnant.
Et en fin technicien, Sharpe se focalise immédiatement sur le bras gauche de Masters et ne le lâche plus de toute la rencontre. Méthodiquement, presque savamment, Sharpe tord ce bras dans tous les sens et empêche toute tentative de contre. Certes, ce n’est pas ce genre de matches qui nous excitent le plus, mais c’est toujours un régal d’assister à une petite démonstration scientifique. Face à Sharpe, Masters montre les muscles, mais c’est tout, et évidemment, Sharpe en profite et retourne à son œuvre. Comme d’habitude, Larry Sharpe fait durer son plaisir, et parfois le notre, rendant ces rencontres à sens unique plus longs que d’autres. Et au terme de près de sept minutes d’agonie pour ce pauvre garçon, le « Pretty Boy » Larry Sharpe l’emporte comme à son habitude avec son Piledriver.
MATCH 5 : RENÉ GOULET VS BARON SCICLUNA (06:08)
VAINQUEUR : RENÉ GOULET PAR DQ
PRISE DE FINITION : UTILISATION D’UN ROULEAU DE PIÈCES
INDICATEUR : ** ¼
On s’apprête à assister à une rencontre entre deux briscards des rings. À cinquante ans, René Goulet s’est offert un petit retour en forme en ce début d’année 1980. En Tag Team ou en solo, Goulet a montré qu’il en a encore dans le coffre. Son antagoniste, il le connaît et pour cause. Il s’agit du ténébreux Baron Scicluna lui-même âgé de cinquante trois ans.
Ils se connaissent et cela se ressent lors des premiers échanges. Si Goulet s’impose avec un catch assez technique, Scicluna s’en sort grâce à sa connaissance du tapis. Le Baron reprends toutefois le dessus avec de gros coups de poing et sort alors un objet interdit de dont il se sert face à Goulet. Spécialiste, que dis-je, maître dans l’art de cacher cet objet, qui n’est autre qu’un rouleau de pièces, Scicluna bluffe l’arbitre en cachant son rouleau de pièces dans le creux de sa main, sous son aisselle ou encore dans son slip. L’arbitre n’y voit que du feu et cela irrite le public, certains spectateurs s’offusquant des manières du Baron, qui malgré son âge et sa légère décrépitude, sait encore faire réagir une foule de catch. Cela dure encore quelques minutes et, à bout de solutions pour dissimuler son objet, Scicluna est pris la main dans le sac par l’officiel Dick Kroll, qui fait alors sonner la cloche pour le disqualifier. Goulet n’accepte pas cette fin de match en eau de boudin et fonce alors sur le Baron pour l’envoyer en dehors du ring avec un saut chassé.
– Tout transpirant, René Goulet est récupéré en sortie du ring par Bruno Sammartino pour répondre à quelques questions. Goulet se dit frustré par le recours de Scicluna à cet objet illégal et regrette qu’un compétiteur de son rang ait recours à ce genre de tactiques. René parle ensuite de sa volonté de combattre en Tag Team et cite le nom de Dominic DeNucci lorsqu’interrogé à propos d’un éventuel partenaire.
MATCH 6 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS FRANKIE WILLIAMS (02:53)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT MOYEN
C’est presque devenu une tradition. On conclut ce programme avec la présence de notre colosse à la chevelure blonde. Vêtu d’une cape multicolore, sans doute pour plaire à son manager « Classy » Freddie Blassie, celui qu’on surnomme « The Incredible » Hulk Hogan en impose de par son gabarit. Toujours invaincu sur ce territoire, Hogan se mesure ce soir à Frankie Williams, donc cela ne risque pas de changer.
Profitant de sa puissance, Hogan repousse dédaigneusement Williams dans les cordes. Il ne semble pas respecter son adversaire, pourtant l’un des vétérans les plus chevronnés de la fédération. Hulk ne perds pas de temps et martèle ce pauvre garçon de gros coups de poing dans l’arrière du crâne. Sans trop se fouler et se restreignant à l’effort minimum, Hogan déroule son plan, sans se fatiguer. Il l’emporte paresseusement en un peu moins de trois minutes avec sa prise de l’ours. Ce n’est clairement pas son meilleur match.
Encore une plutôt bonne semaine du côté de Championship Wrestling. De la bagarre, du catch à l’ancienne comme on l’aime et la présence sur la carte d’André le Géant et d’Hulk Hogan, que demander de plus !
– Le Baron Scicluna est le maître de l’utilisation d’objets interdits. Et ce soir, le Baron nous l’a encore prouvé. Un coup de maître de la part de cet illusionniste du ring, talentueux au point de presque provoquer une émeute. Cet art de la scène s’est plutôt perdu mais était si représentatif de l’aspect old-school de ces programmes. Du grand Scicluna !
– Ces images d’Ox Baker combattant sur les rings de la World Wrestling Federation sont aussi rares que précieuses. En effet, cette figure pourtant légendaire a très peu catché sur ce territoire, rendant sa présence en cette année 1980 d’autant plus précieuse qu’elle est rarissime.
– Rien de tel qu’une bonne bagarre rangée pour nous ouvrir l’appétit. Et ce soir, Dominic DeNucci et Johnny Rodz n’ont pas dérogé à la tradition. Rangeant le catch au placard au profit d’une grosse baston comme on les aime, c’est bien l’italien qui a tiré son épingle du jeu en battant Rodz à cet exercice.
– Si cet épisode signe la fin de la collection de ces émissions Championship Wrestling, on regrette peut-être juste que nous n’ayons pas eu ne serait-ce qu’une apparition de notre Champion du monde, Bob Backlund. Bien que l’on sache que le Champion apparaissait très rarement lors de ces programmes, nous aurions apprécié l’y apercevoir au moins une fois, d’autant plus qu’il est partout sur le générique !
– Quelles images, encore et toujours, que celles des combats de notre gloire nationale, de notre fierté catchesque, en la personne d’André le Géant. Chacune de ses apparitions est pour nous l’occasion de prendre la mesure de ce phénomène et de cette attraction hors-normes qui n’a pas fini de fasciner les foules du monde entier.
Nathan Maingneur