CHAMPIONSHIP WRESTLING #43
27/12/1980

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Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes habituels et nous accueillent comme toujours dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown pour cette édition de Championship Wrestling, dernière édition de ce programme pour l’année 1980.
Joe McHugh s’occupe des introductions sérotinales et nous annonce que cette heure de catch est placée sous la juridiction de la Commission Athlétique de la Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par quelques-uns de ses officiels officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront tout au long de la soirée sont messieurs Gilberto Roman, Mario Savoldi et Dick Woehrle.
MATCH 1 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS BARON MIKEL SCICLUNA & FRANK SAVAGE (08:42)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : PRISE DE SOUMISSION
INDICATEUR : * ¼
On démarre peu ou prou comme la semaine dernière. Parlons d’abord des forces en présence. Sur le ring, le Baron Scicluna est l’un des catcheurs les plus anciens encore en activité et commence à faire des cheveux gris. Plus tout à fait dans la fleur de l’âge, le Baron maltais s’associait ce soir avec Frank Savage. Leurs adversaires font une entrée saluée par une jolie ovation du public d’Allentown et sont toujours aussi populaires. Il s’agit de nos Champions Tag Team que sont Tony Garea et Rick Martel.
Garea entame les hostilités face à un Baron qui triche immédiatement en lui tirant les cheveux. Martel prends le relais et – plus dynamique que son partenaire – relève le rythme du match. Scicluna s’en prends maintenant au genou de Garea et s’aide des cordes. Mais lorsque le Baron veut recommencer, Garea se retire in-extremis et réussit à faire tomber Savage à sa place, positionnant sa guibole à lui sur les cordes ! Pensant qu’il s’agit de la jambe de Garea, Scicluna ne regarde pas et s’élance – ne réalisant que trop tard qu’il vient d’éclater le genou de son partenaire. On n’est jamais contre une séquence de Comedy Wrestling bien accomplie. Dès lors, Martel et Garea se focalisent sur la jambe de Frank Savage et ne la lâcheront plus jusqu’à la fin du combat. Et comme souvent avec ces rencontres, on dirait que Martel et Garea ne savent pas comment amorcer le finish, ce qui donne lieu à des séquences brouillonnes et approximatives. Finalement, Martel l’emporte en moins de neuf minutes de match – tout de même – grâce à une prise de soumission un peu sortie de nulle part. Fin de match très étrange.
MATCH 2 : KILLER KHAN W/FREDDIE BLASSIE VS CHARLIE BROWN (05:03)
VAINQUEUR : KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CLASSIQUE DE KHAN
Après quelques semaines lors desquelles c’est le « Capitaine » Lou Albano qui eut la garde du monstre, le flamboyant et coloré « Classy » Freddie Blassie est de retour. Et « The Hollywood Fashion Plate » apparaît ce soir aux côtés d’un de ses nombreux poulains en la personne de Killer Khan. Toujours invaincu, le golgoth de Blassie rencontrait ce soir Charlie Brown, jobber habitué à ce genre de matches.
Telle une bête sauvage, Khan se jette sur ce pauvre garçon et lui enfonce ses doigts dans la bouche, lui étirant les mandibules d’une manière traumatisante. Brown essaie de répondre à plusieurs reprises avec de maigres coups de poing mais Khan ne ressent rien. L’arbitre Gilberto Roman aurait pu arrêter le massacre, ce pauvre gars n’arrivant même plus à tenir debout. Mais le mongol se délecte de chaque seconde de ce pugilat et fait durer le plaisir – un plaisir sadique. Khan l’emporte en un peu plus de cinq minutes à la suite d’une grosse descente du genou, cette même descente du genou qui a déjà envoyé bon nombre de lutteurs à l’hôpital.
MATCH 3 : « M. USA » TONY ATLAS VS JOSÉ ESTRADA (03:53)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
INDICATEUR : *
Originaire de Roanoke en Virginie, Tony Atlas sera de la partie dans notre prochain combat. C’est étonnant car celui qu’on surnomme « M. USA » avait pour habitude de conclure ces émissions avec tout le panache qu’on lui connaît. Ce soir à l’affiche de notre troisième match, Atlas rencontrait un adversaire qu’il connaît sur les bout des ongles. Véritable loubard et comparse de « Unpredictable » Johnny Rodz, José Estrada reçoit quelques sifflets de la foule d’Allentown.
On remarque d’entrée de jeu qu’Atlas porte une protection au genou – soi-disant à cause d’une blessure. Telle une hyène, Estrada se jette sur ce genou et le pilonne de longs instants à coups de pied et de genou. Impuissant, Tony encaisse et parvient malgré tout à envoyer quelques bonnes droites. L’écriture du match est assez étrange car Atlas est vraiment mis en difficulté, sans qu’un comeback ne soit construit en parallèle. Finalement, Tony revient en force – son genou semblant s’être réparé comme par magie – et déroule son catch. Il en finit alors avec une prise de l’ours, Estrada jetant l’éponge dès la seconde où il fut emprisonné dans les bras musclés de « M. USA ».
MATCH 4 : STAN « THE LARIAT » HANSEN W/FREDDIE BLASSIE VS « QUICKDRAW » RICKY MCGRAW (04:39)
VAINQUEUR : STAN HANSEN
PRISE DE FINITION : LARIAT
INDICATEUR : * ½
C’est l’affiche principale de ce programme et pour être tout à fait honnête c’est une plutôt belle affiche. Natif de Charlotte en Caroline du Nord, le jeune Ricky McGraw donnerait tout pour être la prochaine étoile montante du catch professionnel. Mais pour diverses raisons, la sauce ne prend pas et la carrière du garçon ne décolle pas. Et ce n’est pas son match de ce soir qui devrait arranger les choses. Originaire de Borger au Texas, Stan « The Lariat » Hansen s’avance en direction du ring, aux côtés de « Classy » Freddie Blassie et ne compte pas faire preuve de compassion.
À mon grand étonnement, Hansen fit d’abord preuve d’une certaine retenue qui peut être interprétée comme une marque de respect pour son adversaire. Plus petit mais aussi plus agile que son large adversaire, McGraw joue de son gabarit mais lorsqu’il finit entre les mains du terrible shérif texan, c’est la dégringolade. « Quickdraw » trouve toutefois le courage de lui répondre et s’ensuit un vif échange de coups de poings. Hansen gagne en brutalité et l’emmène au sol avec une grosse souplesse arrière. Pas de quartiers pour McGraw, ni de retour en force héroïque comme on aurait pu l’imaginer. Stan Hansen l’emporte aussi brutalement que froidement avec sa Lariat. Terrible pour le pauvre Ricky McGraw.
MATCH 5 : THE MOONDOGS W/CPT. LOU ALBANO VS JIM DUGGAN & STEVE KING (05:47)
VAINQUEURS : THE MOONDOGS
PRISE DE FINITION : SPLASH
APPRÉCIATION : TOUJOURS UN BON SQUASH DES MOONDOGS
Si ce grand gaillard moustachu vous dit quelque chose : c’est normal. Il s’agit en effet d’un certain Jim Duggan, encore loin de son personnage patriotique adoré de tous. Là au tout début de sa carrière, l’ancien joueur de football américain s’associait ce soir à Steve King, le Saint-Patron des jobbers. Face à eux se trouve la menace du moment. Depuis qu’ils sont arrivés sur ce territoire, ils n’ont pas une seule fois été vaincus et se sont très rapidement positionnés comme les aspirants numéro un aux ceintures de Champions Tag Team détenues par Tony Garea et Rick Martel. Leurs os à mœlle puants en bouche, voici les Moondogs du « Capitaine » Lou Albano.
Ce pauvre Steve King se fait instantanément bouffer par les deux Moondogs qui n’en font qu’une bouchée. Profitant de son grand gabarit, Duggan essaie de faire la différence mais il manque encore cruellement d’expérience et se jette tête baissé dans la gueule du loup – que dis-je – dans la gueule du chien. King a déchiré son haut et est qualifié par McMahon du Moondog le plus répugnant. Et il n’a pas tort. Il faut dire que leurs faciès édentés ne remporteraient pas le moindre concours de beauté mais ce n’est pas pour cela qu’ils sont là. La domination est entièrement du côté des Moondogs et ils l’emportent sans surprise avec un énorme Splash de Moondog King.
MATCH 6 : PEDRO MORALES VS « BIG » RON SHAW (03:30)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : MATCH PLUTÔT CORRECT DE PEDRO MORALES
Aucune interview ne sera donnée, nous concluons donc ce programme avec le sixième et dernier combat de la soirée. Sur le ring, Ron Shaw reçoit quelques sifflets alors que nous accueillons son adversaire. Et celui-ci est annoncé comme notre nouveau Champion Intercontinental ! En effet, Pedro Morales s’avance en direction du ring avec cette ceinture autour des hanches, lui qui a récemment vaincu Ken Patera au Madison Square Garden. Le portoricain devient donc le premier homme à avoir détenu le titre de Champion du monde, de Champion Tag Team et de Champion Intercontinental et est par conséquent le premier Triple Crown Champion de l’histoire de la World Wrestling Federation.
Chaud bouillant, Pedro fait fuir Shaw en dehors du ring et, perché sur la troisième corde – tel un fauve prêt à bondir – Morales fait forte impression. Sinon, c’est la même construction que nous retrouvons habituellement dans les matches du portoricain. Combatif et avenant, Pedro s’agace face au manque de combativité de son adversaire et l’emporte toujours de la même manière, avec son Boston Crab, qui suit un gros coup de poing dans le panier à pain.
Nous conclurons cette année 1980 sur une bien piètre note du côté de la World Wrestling Federation. Des matches décousus mal écrits et des résultats décevants, rien ou presque ne relève le niveau de cette édition de Championship Wrestling. Notons toutefois que pour la première de l’année 1981, S.D Jones sera de retour à l’écran !
– Qu’est-ce que Ricky McGraw me fait de la peine. Chargé aux stéroïdes jusqu’au bout des ongles, le jeune « Quickdraw » semble mener un combat acharné contre sa condition : le simple fait d’être petit. Et malgré tous les efforts du monde, la sauce ne prend toujours pas et sa carrière ne décolle pas d’un pouce. Et ce n’est pas ce squash cruel face à Stan Hansen qui arrangera quoi que ce soit. On espère que 1981 soit son année et qu’il puisse enfin devenir l’étoile montante qu’il rêve plus que tout d’être.
– La dégringolade, c’est également celle de Tony Atlas. Présenté comme un Apollon, tout semblait promis à ce lutteur taillé dans la roche. Mais depuis sa défaite face à Ken Patera au Showdown at Shea, le souffle semble être retombé et Atlas n’arrive définitivement pas à s’en remettre. Ce soir relégué à jouer les infirmes face à José Estrada, Tony Atlas a offert l’une des pires performances depuis le début de sa carrière. Espérons que pour lui aussi, 1981 soit signe de renouveau et de succès.
– L’un des seuls points forts de cette émission, c’est l’accent qui fut mis sur les ceinture de Champions Tag Team. D’un côté, et ce depuis plusieurs semaines, nous retrouvons les Champions en titre, que sont Tony Garea et Rick Martel, parfois au terme d’exhibitions un peu maladroites, mais toujours présentés comme des Champions combatifs. Et de l’autre, et là aussi depuis un petit moment, la construction de leurs futurs challengers – toujours invaincus – que sont les Moondogs de Lou Albano. Ils ne pourront pas sans cesse continuer de se croiser et l’affrontement sera sans doute l’un des moments forts du début d’année 1981.
Nathan Maingneur