CHAMPIONSHIP WRESTLING #41
13/12/1980

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Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes habituels et nous accueillent comme toujours – en ce mois de décembre 1980 – dans l’enceinte du Agricultural Hall de la petite bourgade d’Allentown en Pennsylvanie pour cette édition de Championship Wrestling, programme télé vedette de la World Wrestling Federation.
Joe McHugh et sa voix tressaillante s’occupent des introductions rituelles. Il nous annonce que cette heure de catch sera placée sous l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par quelques officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Et les arbitres qui officieront ce soir sont messieurs Gilberto Roman, Mario Savoldi, Danny Davis et Dick Woehrle.
MATCH 1 : PEDRO MORALES VS VS MIKE SCHMIDT (05:21)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT QUELCONQUE
Originaire de l’île de Culebra dans l’archipel de Porto-Rico, Pedro Morales demeure l’un des catcheurs les plus appréciés de ce territoire. Vétéran des rings, Morales a commencé sa carrière en 1958 et est devenu l’un des premiers Champions du monde de la World Wide Wrestling Federation en terrassant le terrible Ivan Koloff en 1973. Ancien Champion Tag Team avec Bob Backlund plus tôt dans l’année, Pedro se mesurait ce soir à un jobber plutôt corpulent du nom de Mike Schmidt, inconnu total.
Pour une fois confronté à un gros gabarit, Morales semble aux anges. Mais il se rend rapidement compte que celui-ci n’est pas au niveau. Schmidt est en effet très inexpérimenté et n’offre aucune résistance au portoricain. Pedro semble même s’en agacer et repousse ce pauvre type avec véhémence. Il lui décoche ensuite un bon gros coup de poing dans le panier à pain et l’emporte – au bout de cinq minutes et vingt-et-une secondes de combat – avec son Boston Crab.
MATCH 2 : BARON MIKEL SCICLUNA VS RICKY STALLONE (04:41)
VAINQUEUR : BARON SCICLUNA
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : PERFORMANCE D’UN AUTRE TEMPS
Lui est également originaire d’une île – mais pas des mêmes eaux. Natif de l’île de Malte, le Baron Scicluna est l’un des plus vieux roublards encore en activité sur ce territoire. Célèbre pour s’être forgé une réputation de tricheur, usant et abusant d’objets illégaux – et d’autant de techniques pour les dissimuler du regard de l’arbitre – le Baron a rencontré les plus grands et est surtout resté dans les mémoires pour avoir été sur le même ring que Gorilla Monsoon le soir où il fit face au légendaire Muhammad Ali. Scicluna rencontrait ce soir un jobber du nom de Ricky Stallone, sans lien de parenté aucun avec l’interprète de Rocky Balboa et John Rambo.
Le maltais s’impose avec de lourdes frappes et montre que l’homme de fer en a encore sous le capot. Avec un rythme bien mesuré – typique du catch des années 1960 – le Baron Scicluna mène la danse, au risque de nous endormir un peu. Ce type de catch a en effet vieilli et s’éteindra progressivement avec l’entrée dans les années 80. Sans surprise, ce pauvre Stallone n’est capable de rien et Scicluna l’emporte de façon un peu abrupte avec une simple descente du genou.
MATCH 3 : KILLER KHAN VS MANNY SIACA W/CPT. LOU ALBANO (05:14)
VAINQUEUR : KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU DU HAUT DES CORDES
APPRÉCIATION : KHAN EST TRÈS INTIMIDANT ET PRÉSENTÉ COMME UNE MENACE !
Déniché lors d’un voyage de « Classy » Freddie Blassie en Orient, Killer Khan semble directement sorti des steppes reculées et arides du désert de Gobi. Ce soir, c’est le capitaine Lou Albano qui a la garde du monstre et qui remplace donc Blassie. Toujours invaincu et autant craint par ses adversaires que par le public, Khan se mesurait ce soir à Manny Siaca, un jobber d’origine hispanique plutôt rondouillet.
Tel une bête sauvage, Khan fond sur son pauvre adversaire et le martèle de frappes d’une violence rare. Etranglé, griffé et même mordu, ce jobber se fait sérieusement malmener et Khan ne semble ressentir aucune satiété, ni ne connaître la moindre limite dans sa brutalité. Ne reculant devant rien, Khan grimpe non pas sur la corde du milieu mais se perche plutôt sur la troisième corde. Il s’élance en descente du genou et s’empale littéralement sur ce pauvre gars, qui ne se serait relevé pour rien au monde. Voyez comment Khan toise ensuite sa cible qui git inanimée sur le ring. Absolument terrifiant. Un brancard de fortune est ensuite dépêché et ce triste sire sera évacué par quelques arbitres. Ultra convaincant.
MATCH 4 : KEN PATERA W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS CHARLIE BROWN (03:07)
VAINQUEUR : KEN PATERA
PRISE DE FINITION : SWINGING FULL NELSON
APPRÉCIATION : SQUASH UN PEU MOLLASSON D’UN PATERA DÉSINTÉRESSÉ
Il ne le sait pas encore, mais Ken Patera vit ses derniers instants en tant que Champion Intercontinental. Si bien que dans la chronologie des événements, Patera a déjà perdu son titre. Accroché à sa ceinture depuis le mois d’avril 1980, l’ancien haltérophile est éclatant et le caméraman nous offre d’ailleurs un beau gros plan sur les ornements et paillettes de son blouson. Et comme d’habitude, lorsque le Grand Wizard of Wrestling l’aide à enlever son accoutrement, le tandem reçoit une pluie de sifflets moqueurs – particulièrement intense cette semaine. Patera affrontait ce soir Charlie Brown, et non, ce n’est pas le copain de Snoopy.
Brown se laisse pousser des ailes mais Patera le corrige aussitôt dit – aussitôt fait. Patera nous fait la grâce d’une jolie souplesse arrière, un peu bancale mais efficace. Sans doute un peu lessivé par la fin de son règne, Patera n’en fait pas beaucoup plus et l’emporte en l’espace de trois minutes avec sa Swinging Full Nelson.
MATCH 5 : DOMINIC DENUCCI & « QUICKDRAW » RICK MCGRAW VS THE MOONDOGS W/CPT. LOU ALBANO (04:51)
VAINQUEURS : THE MOONDOGS
PRISE DE FINITION : COUP PORTÉ AVEC L’OS À MŒLLE
INDICATEUR : * ½
C’est donc notre affiche principale. Et sans manquer de respect aux forces en présence, cela en dit long sur le manque de gros nom dans l’émission. Briscard invétéré et vétéran des ring, Dominic DeNucci est sur la fin de sa longue carrière et aime encore bien se frotter à deux-trois malabars, qu’il s’agisse des Samoans ou encore de Mr. Fuji et Mr. Saito. Mais c’est face à un tout autre défi que se mesure ce soir l’italien. Emmenés au ring tels deux toutous en laisse, les Moondogs font peur. Et aux côtés de DeNucci ce soir, nous retrouvons l’intrépide « Quickdraw » Ricky McGraw.
Agile et habile entre les cordes, le jeune McGraw s’en sort grâce à quelques acrobaties. Mais lorsque fusent les coups, c’est bien les Moondogs qui prennent l’avantage. Tels deux molosses enragés, King et Rex rouent leurs adversaires de féroces coups de poing. Os à mœlle en main, Albano tente d’y mettre son grain de sel mais DeNucci lui en colle une et le nonosse s’envole dans les airs ! Cette saloperie de Lou Albano n’hésite pas à en remettre une couche, étranglant et retenant le caleçon de l’italien au nez et à la barbe du jeune Danny Davis, encore un peu inexpérimenté dans son habit rayé. Tout feu tout flamme, McGraw entre finalement mais, profitant d’une énième boulette arbitrale, Rex éclate McGraw avec l’un des os, permettant ainsi aux Moondogs de l’emporter, non sans controverse.
– Il faut maintenant voir comment le capitaine s’en donne à cœur joie sur ses toutous, les fouettant allègrement avec sa ceinture, alors même qu’ils ont remporté ce combat ! Quelle drôle de scène, pour une Tag Team qui l’est tout autant !
Et nous terminerons ce programme avec la rediffusion de deux combats qui figuraient dans de précédentes éditions de Championship Wrestling ou d’All Star Wrestling. Nous revoyions d’abord un squash titanesque d’Hulk Hogan qui éclatait le pauvre Angelo Gomez. Le second combat a être rediffusé mettait aux prises Stan Hansen et un tout jeune Jim Duggan. Un match physique et disputé lors duquel – non sans une certaine résistance – Hansen l’emportait en décapitant ce pauvre Duggan avec sa Lariat.
On sent que l’on s’approche de la fin d’année. Les programmes s’allègent un peu et font la part belle aux rediffusions. Les émissions commencent à se ressembler à avoir de la peine à se renouveler. Vivement le début d’année 1981 ! Les Moondogs terrifient leurs adversaires et le public, les brutes Ken Patera et Killer Khan font la loi, Pedro Morales et plus encore !
– On le dit et on le répète, mais l’ascension des Moondogs est fulgurante et commence sérieusement à faire de l’ombre aux Champions Tag Team que sont toujours – pour l’instant – Tony Garea et Rick Martel. Chaque semaine complète un peu plus la présentation de ces spécimens qui jusqu’ici – a été absolument parfaite. Présentés au public tels deux molosses enragés, les protégés d’Albano continuent de fait forte impression et se hissent désormais aux rang de challengers numéro un.
– Sa soif de violence et son absence totale de limites en font l’un des compétiteurs les plus craints du moment. Autant par ses adversaires que par la foule – qui n’en mène pas large face à un tel spécimen. Hallucinant de sauvagerie, Killer Khan est déchaîné et s’établit de ce fait comme une menace de premier rang qui devrait – d’ici peu de temps – commencer à faire du souci au Champion du monde. Où à André le Géant, une cible que le mongol cherche vraisemblablement à abattre.
– Ken Patera vit effectivement ses derniers jours en tant que Champion Intercontinental. Deuxième titulaire de cette ceinture depuis sa victoire contre Pat Patterson au Madison Square Garden, Patera l’aura quand même conservée une bon partie de l’année et l’aura défendue contre des adversaires tels qu’Ivan Putski, Tony Atlas, Bob Backlund et même André le Géant – bien que la majorité de ses matches se terminaient soit en DQ, soit en Count-Out. Le 8 décembre 1980, également sous le mythique plafond du Garden, Pedro Morales est venu à bout de Patera, un match lors duquel Patterson faisait d’ailleurs office d’arbitre spécial. La vengeance est un plat qui se mange froid, surtout au Québec.
Nathan Maingneur