ALL STAR WRESTLING #66
09/02/1980
Sans son collègue italien à ses côtés, Vince McMahon est donc notre seul et unique hôte et nous présente la carte de ce programme hebdomadaire All Star Wrestling, enregistré au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. En effet, Bruno Sammartino est sans doute encore sous le coup des récentes circonstances.
Gary Cappetta s’occupe des rituelles présentations et stipule que le catch proposé ce soir est sous le contrôle et la juridiction de la Commission d’État de Pennsylvanie, représentée sur place par John Santoro. Dr. John Woods siège toujours en compagnie de Mike Mittman à la cloche, tandis que nos arbitres pour cette heure de catch seront Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS JOE MASCARA (05:58)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
APPRÉCIATION : HOGAN RESTE IMPRESSIONNANT MÊME SI CE FUT UN PEU LONG
Toujours invaincu sur cette antenne, celui qu’on surnomme « The Incredible » en raison d’une stature et d’une musculature impressionnante, s’avance en direction du ring. Portant une longue cape dorée, Hulk Hogan en impose. Sacré « Classy » Freddie Blassie qui s’est ici octroyé un sacré poulain. Ce soir, Hogan rencontre Joe Mascara, catcheur d’origine hispanique qui catche uniquement entre 1979 et 1984.
Profitant de son plus petit gabarit, Mascara est plus agile et réussit temporairement à se tenir à l’écart. Toutefois, ce petit jeu ne s’éternise pas et, prenant Hogan en collier de tête, Mascara est soulevé et reposé sur le tablier du ring, un geste plus humiliant qu’autre chose. Dès lors, c’est la force brute d’Hogan qui prime, celui-ci s’appropriant le rythme du combat. Méthodiquement, quoiqu’un peu longuement, Hogan s’emploie à infliger de la douleur à ce pauvre gars. Une souplesse arrière précède une prise de l’ours et Mascara doit logiquement jeter l’éponge, cadenassé dans ces gigantesques bras.
MATCH 2 : TONY ATLAS VS JOSÉ ESTRADA (07:45)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : COUP DE TÊTE
INDICATEUR : * ¾
Père d’un futur membre des Los Boricuas, José Estrada Sr se tient sur le ring d’All Star Wrestling, peu apprécié de la foule du Hamburg Fieldhouse. Ce soir, cet ex-détenteur du Junior Heavyweight Championship, concédé à Tatsumi Fujinami en 1978 et tête d’affiche de la World Wrestling Council de Porto Rico, se mesure à Tony Atlas, annoncé de Roanoke en Virginie. Fort d’un riche parcours sur les rings du Sud, notamment à la Georgia Championship Wrestling, Atlas s’attelle désormais sur le territoire de la World Wrestling Federation.
Affichant une musculature de culturiste, Tony Atlas est tout bonnement impressionnant. Face à ce physique de titan, Estrada ne peut rien faire, totalement impuissant face à la force du futur partenaire de Rocky Johnson. Même les coups de poing n’y font rien, Atlas a la tête dure ! On s’échange quelques contacts, Estrada se contentant d’envoyer de sales droites. C’est long et le portoricain s’emploie à ses habituelles tactiques de triche en griffant le visage d’Atlas à plusieurs reprises. Presque dans un second souffle, Atlas s’élance pour une série de sauts chassés et l’emporte avec un gros coup de tête. Victoire pour Tony Atlas, au terme d’un match ni forcément bon ni fondamentalement mauvais non plus.
– Encore tout haletant et transpirant, Tony Atlas est reçu au microphone de Vince McMahon. Tout jeune sur ce territoire, Atlas remercie ses collègues pour son accueil au sein des vestiaires et le public, ce qui le motive à se donner à fond sur le ring. Questionné à propos de son fair-play, Atlas répond qu’il n’est pas ici pour blesser qui que ce soit, comme le font Hogan, Patera ou les Wild Samoans. Ensuite, Atlas fait l’éloge du catch professionnel, qu’il considère comme le seul sport complet. Visiblement sous le charme de l’éloquence naturelle (et du physique, c’est évident) de ce talent, habitué de ce genre de promo, Vince McMahon ne peut cacher son admiration et souhaite le meilleur à Atlas, promis à un futur prometteur.
MATCH 3 : DOMINIC DENUCCI & STEVE KING VS THE SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO (09:53)
VAINQUEURS : THE SAMOANS
PRISE DE FINITION : SAMOAN DROP
INDICATEUR : **
Souvent associé à des partenaires d’un soir, Dominic DeNucci s’allie en effet avec Steve King, plutôt bon catcheur d’origine portoricaine, malheureusement relégué à ce genre de combats à sens unique. Ce tandem de circonstances se frotte à Afa et Sika, récents protégés d’un Lou Albano revivifié par cette acquisition. Les Samoans s’avancent vers le ring, toujours pieds nus et en poussant d’étranges cris, suscitant crainte et stupeur des foules nord-américaines.
Dans l’objectif de créer une certaine tension, Albano retient ses troupes à l’extérieur du ring, ce qui a pour don d’enrager le public et les autres protagonistes. Sur le ring, l’arbitre peine à se faire entendre, chaque côté ne respectant pas ses avertissements. Enfin, c’est King qui commence face à Afa, qui l’emmène rapidement dans son coin. Victime d’un catch brut de décoffrage et des tags des samoans, King dérouille. Lorsqu’entre Dominic, les mouches changent d’âne et les Samoans ont fort à faire face à la fougue inépuisable de l’italien. Toutefois, la rudesse a bien raison de l’expérience et Dominic essuie les plâtres. Aux commentaires, Vince mentionne ce qu’il s’est passé entre Larry Zbyszko et Bruno Sammartino, un acte qu’il qualifie d’impardonnable. Un entretien, datant du lendemain de l’agression, sera diffusé en fin d’émission. En se retirant d’une charge d’Afa, Dominic saisit l’occasion, un peu trop même et s’empare du marteau du gardien de la cloche. DeNucci éclate alors le crâne d’Afa avec un coup de marteau et la foule s’emballe ! Consternation sur le visage de votre rédacteur lorsque l’arbitre Gilberto Roman laisse couler. Après tout, il ne s’agit que d’un coup de marteau. Profitant d’un moment d’accalmie, les Samoans l’emportent grâce à un Samoan Drop d’Afa sur King. Particulièrement en rogne suite à cette décision, la foule du Fieldhouse d’Hamburg décide d’envoyer des projectiles sur le ring, une scène qu’on a pas l’habitude de voir sur ce programme.
MATCH 4 : « COWBOY » BOBBY DUNCUM W/CPT. LOU ALBANO VS CHARLIE BROWN (04:55)
VAINQUEUR : BOBBY DUNCUM
PRISE DE FINITION : BULLDOG
APPRÉCIATION : LES MATCHES DE DUNCUM SE RESSEMBLENT TOUS
C’est presque une coutume, on retrouve encore « Cowboy » Bobby Duncum en guise de clôture de cet épisode d’All Star Wrestling. Peut-être parce qu’il a en effet le don de faire partir les spectateurs… Managé par ce terrible filou de Lou Albano, Duncum se frotte ce soir à Charlie Brown, à ne pas confondre avec son célèbre homologue des Jim Crockett Promotions, porté par Jimmy Valiant.
Comme d’habitude, Duncum se focalise sur le cou de son fébrile antagoniste, qui ne peut réagir à quoi que ce soit. Vainement, Brown tente quelques coups de coude, sans grand succès. En plus de posséder l’avantage du déséquilibre, Duncum triche, utilisant un projectile lancé sur le ring comme une arme, alors que plusieurs spectateurs quittent le Hamburg Fieldhouse en arrière plan. Sans surprise, « Cowboy » Duncum l’emporte en moins de cinq minutes avec son Bulldog, nous laissant sur cette sublime image d’un Dick Woehrle signant un autographe, assis sur la seconde corde.
Malheureusement, ce All Star Wrestling ne se classe pas parmi les meilleurs du genre. Dans un premier temps, la totalité des matches proposés étaient longs, beaucoup trop longs. On s’endort presque sur quelques performances, dont celle de Bobby Duncum, même si ce n’est franchement pas inhabituel. Même celles de Tony Atlas et d’Hulk Hogan ont tiré en longueur, c’est dire. Et pourtant, Atlas et Hogan ont été impeccables, notamment ce dernier qui continue d’écraser tout ce qui s’oppose à lui. Un challenge de taille, comme ce fut le cas avec Ted DiBiase fin 1979, pourrait être souhaitable. On passe sur cet interminable mais plutôt comique match par équipe où Dominic DeNucci s’est servi d’un marteau pour éclater le crâne d’Afa, comme si de rien n’était et sans même se prendre une disqualification ou une suspension. Et que dire également, de l’annonce majeure de ce programme ? Un entretien avec Bruno Sammartino, réalisé le lendemain de cette agression légendaire, devait être diffusé. Il ne le fut même pas ! On peut toutefois s’accrocher à l’attachante figure de Tony Atlas, largement appréciée et qui pourrait offrir de grandes choses. Du moins, on l’espère.
Nathan Maingneur