ALL STAR WRESTLING #67

ALL STAR WRESTLING #67

16/02/1980

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Depuis 1975, ce programme hebdomadaire ne s’était qu’une seule fois délocalisé du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. Ce soir, l’enregistrement de ces quelques All Star Wrestling se fera entièrement dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie, salle d’habitude réservée à l’autre programme de la World Wrestling Federation, Championship Wrestling.

Pas de présentations de la part de nos commentateurs (peut-être ont-elles été coupées) qui seront Vince McMahon et Bruno Sammartino, de retour à son poste. L’inimitable Joe McHugh s’enquiert des introductions et stipule que le catch proposé ce soir est sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique d’État, représentée sur place par John Santoro. Dr. George Zahorian siège en ringside, en compagnie de notre gardien de la cloche, Mike Mittman. Les arbitres de cette heure de catch professionnel seront Billy Caputo et Dick Woehrle.


MATCH 1 : PAT PATTERSON VS JOJO ANDREWS (07:09)

VAINQUEUR : PAT PATTERSON

PRISE DE FINITION : BOMBS AWAY

APPRÉCIATION : PATTERSON EST IMPECCABLE ET PLAÎT AU PUBLIC


Annoncé d’Indianapolis dans l’Indiana, JoJo Andrews est pourtant originaire d’Akron dans l’Ohio. Plus connu sous le nom de Kasavubu, son nom de scène à la Stampede Wrestling de Calgary, Andrews ne connut pas une longue et florissante carrière, ses problèmes de santé le rattraperont en effet en 1982, date de son décès prématuré suite à une crise cardiaque. Son antagoniste est semble-il de plus en plus populaire. Originaire de San Francisco en Californie, le Agricultural Hall d’Allentown réserve un bel accueil à l’actuel Champion Intercontinental, Pat Patterson.

Patterson se chauffe en feignant de vouloir mettre un coup de ceinture à Andrews. Techniquement rôdé, Patterson joue avec son plus large opposant. Emmené au sol, Andrews est incapable de répondre au catch parfois roublard du québécois. Celui-ci s’emballe et projette Andrews à l’extérieur du ring, ensuite envoyé tête première sur la table des officiels, une initiative toujours saluée par la foule. Aux commentaires, McMahon et Sammartino mentionnent que Patterson a récemment subi une large coupure à l’endroit du front, une balafre qui a nécessité pas moins de huit agrafes et qu’on peut parfois discerner à l’écran. Pat Patterson l’emporte avec un enfourchement, qui précède une descente du genou du haut des cordes. Le Champion Intercontinental s’en sort donc sans trop de difficultés, au terme d’un match qui fut agréable à suivre et commenter.


MATCH 2 : LARRY ZBYSZKO VS STEVE KING (05:46)

VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO

PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX

APPRÉCIATION : À VOIR POUR LA SIMPLE RÉACTION DE LA FOULE


De mémoire, jamais personne n’a été autant conspué suite à l’une de ses actions sur un ring de catch. Bourreau de l’icône Sammartino, Larry Zbyszko se présente pour la première fois après son passage à l’acte, un acte des plus répréhensibles. Un temps plutôt populaire, l’ancien élève de l’italien est aujourd’hui l’homme le plus détesté de la planète. Ce soir, Larry Zbyszko se mesure au portoricain Steve King, déjà sur le ring. Comme si ça ne suffisait pas (et pour tout dire, c’est du pur génie), Larry demande à Joe McHugh de l’annoncer en tant que *new* Living Legend of Wrestling, ce qui fait entrer le public en éruption, au bord de l’émeute.

À peine la cloche retentit que le public scande « We Want Bruno ! » chant directement adressé à Bruno Sammartino. Sur le ring, Zbyszko donne une leçon de catch à Steve King, totalement impuissant. Toutefois, ne nous focalisons pas sur l’aspect in-ring, ici secondaire. Ce match est à écouter plus qu’à voir, tant la réaction de la foule se suffit à elle-même. Les chants ne s’arrêtent pas et Larry semble ne pas y prêter attention. Il l’emporte en quelques minutes avec une souplesse arrière, le tout encore une fois reçu par une pluie de sifflets et de huées.


– Larry Zbyszko capitalise sur cette réaction hors-normes et s’adresse à la foule, attisant encore plus ce feu ardent. D’emblée, Larry dit que la foule peut chanter autant qu’elle le souhaite, Bruno est de toute façon trop lâche pour se montrer. Zbyszko clame haut et fort que le monde ne connaît pas la vérité, que Bruno l’a apparemment utilisé à ses propres fins. Larry semble presque paranoïaque, aveuglé par sa propre amertume. McMahon questionne l’usage de cette chaise, qui a laissé un Bruno Sammartino presque pour mort. Larry Zbyszko s’en délecte encore et affirme que ce fut le plus beau moment de toute sa vie et l’aboutissement de sa carrière. Larry n’a plus besoin du soutien de la foule, sa carrière est déjà tout écrite. Magnifique promo de Larry Zbyszko, faisant ressortir toute sa haine, une haine viscérale et longuement préméditée qui cimente ici ses fondations de heel, qui le suivront tout au long de sa carrière.


MATCH 3 : TITO SANTANA & RENÉ GOULET VS THE SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO (08:25)

VAINQUEURS : THE SAMOANS PAR DQ

PRISE DE FINITION : INTERVENTION D’IVAN PUTSKI

INDICATEUR : ***


Associé au franco-canadien René Goulet, Tito Santana laisse ce soir son partenaire habituel au vestiaire, sans qu’on sache trop pourquoi. Avec quarante-huit ans au compteur, Goulet possède encore une sacrée fougue qui, couplée à celle de Santana, pourrait faire des étincelles. Leurs antagonistes sont les actuels challengers à l’or par équipe, toujours détenu par Santana et Putski. Afa et Sika, frères issus de la légendaire dynastie Anoa’i, s’avancent en direction du ring, accompagné par un Lou Albano revivifié depuis ses déconvenues avec les Valiant Brothers.

Le dos tourné, Afa et Sika se prennent chacun un saut chassé, presque en stéréo de la part de Goulet et de Santana et le public est en feu ! Projetés à l’extérieur du ring, les samoans sont immédiatement mis en déroute, une première depuis leurs débuts, fin 1979. Sur le ring, Santana et Goulet font preuve d’un catch par équipe redoutable, s’autorisant même quelques petites tricheries, rien de bien méchant. Affaibli depuis quelques minutes, Afa passe le relais à Sika, qui tombe dans le même piège que son partenaire ! Toutefois, la dureté du catch des Samoans a raison de Goulet, qui se fait rapidement prendre à partie dans le mauvais coin. Même chose pour Santana, qui essuie un peu les plâtres mais revient en envoyant Afa s’écraser à l’extérieur du ring avec un saut chassé. Envoyé dans le coin, Goulet retombe en arrière et ses jambes restent coincées dans les cordes. Les Samoans en profitent et le passent à tabac, alors que l’arbitre n’y voit rien, tentant de repousser une intervention de Tito. Ce dernier essaie coûte que coûte de s’interposer, mais succombe également à la force des poulains d’Albano. Soudainement, Ivan Putski surgit de nulle part et enjambe les cordes, chaud comme la braise pour taper sur tout ce qui bouge ! « Polish Power » est déchaîné et tout le public est debout ! Sur le ring, Albano s’en prend une, alors que l’arbitre Dick Woehrle s’empresse de faire sonner la cloche. Avec l’arrivée de Putski, les Samoans et Albano doivent battre en retraite, tandis que ce trio de choc, composé de René Goulet et des Champions par équipe, restent fièrement sur le ring, prêts à remettre le couvert. Au microphone de McHugh, Putski demande à ce qu’Albano et ses sauvages reviennent se battre pour en finir une bonne fois pour toutes !


MATCH 4 : BARON MIKEL SCICLUNA VS MIKE MASTERS (02:45)

VAINQUEUR : BARON MIKEL SCICLUNA

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

APPRÉCIATION : RETOUR PLUTÔT ANECDOTIQUE


À près de cinquante-et-un ans, Baron Mikel Scicluna s’autorise un petit retour en ce début d’année 1980. En effet, on ne l’avait plus aperçu depuis quelques temps sur les ondes de la World Wrestling Federation. Vétéran des rings des années 1960-1970 et tricheur invétéré, Scicluna est dans les dernières années de sa carrière. Ce soir, le seul catcheur d’origine maltaise à ma connaissance se mesure à Mike Masters, catcheur originaire de Kearny, dans le New Jersey.

Scicluna s’emploie à ses habituelles méthodes de « Grappling » quelque peu archaïques. Aux commentaires, Sammartino et McMahon discutent de la longévité de Scicluna, la mettant au crédit d’un entraînement sportif régulier et d’une expérience certaine sur les rings du monde entier. Scicluna l’emporte sans trop d’effort avec une descente du genou. Au moment d’annoncer le temps du match et le nom du vainqueur, le microphone de McHugh ne descend pas ! Nous sommes donc dans l’impossibilité de connaître le temps de cette courte rencontre.


MATCH 5 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS PAUL MAURET & PAUL FIGUEROA (02:11)

VAINQUEUR(S) : HULK HOGAN

PRISE DE FINITION : MILITARY PRESS SLAM

APPRÉCIATION : HOGAN RESTE INVAINCU. PAS LE MEILLEUR DES SQUASHES


Au microphone, McMahon et Sammartino discutent d’un potentiel affrontement entre Hulk Hogan et… André le Géant ! Et pourquoi pas, sachant que l’affiche pourrait à elle seule remplir tout un stade. C’est Hogan qu’on retrouve en conclusion de ce programme, toujours surnommé « The Incredible » et managé par « Classy » Freddie Blassie. Originaire de Venice Beach en Californie, Hogan rencontre ce soir un tandem à l’air peu enjoué. Paul Mauret, annoncé de Bâton-Rouge en Louisiane (d’où ce nom francisant) catche sur ce territoire entre 1978 et 1980 et s’associait alors à Paul Figueroa, catcheur d’origine hispanique.

L’affiche est déséquilibrée au possible, offrant l’avantage si ce n’est une victoire certaine à Hogan. Celui-ci se débarrasse littéralement de ces deux pauvres gars sans le moindre effort. Mauret est envoyé à l’extérieur du ring tandis que Figueroa subit un enfourchement sur le ring. Ramenant Mauret sur le ring, Hulk le soulève en Military Press et le laisse retomber sur son propre partenaire. Hogan n’a plus qu’à s’asseoir sur cette pile de corps pour l’emporter en moins de trois minutes.


Ce All Star Wrestling est le théâtre de la délocalisation (temporaire) du programme, passant d’Hamburg à Allentown. On ne peut que se réjouir d’un tel changement. À cet égard, on peut déjà noter la différence majeure entre le public d’Hamburg et celui d’Allentown, ce dernier étant bien plus énergique et bruyant que celui du Fieldhouse. Quant à la carte, on y retrouve de tout et pour tous les goûts. Malheureusement, le retour du Baron Mikel Scicluna est anecdotique au possible, se perdant tristement au sein d’une compagnie qui modernise de plus en plus sa vision du catch. Et ce, notamment avec l’explosion de noms tels qu’Hulk Hogan qui incarnent le futur de la profession. On peut féliciter la performance toujours aussi impeccable d’un Pat Patterson désormais pleinement apprécié et à juste titre, faisant un fier détenteur de la ceinture Intercontinentale. Ce soir, Larry Zbyszko se montrait pour la toute première fois depuis son légendaire pétage de câble. Véritable bête noire du catch professionnel, Zbyszko est peut-être, en ce début d’année 1980, l’homme le plus détesté de la planète. Toutefois, Larry devra un jour répondre de ses actes face à l’homme qui le considérait comme un ami, comme un frère, Bruno Sammartino. Loin de moi l’idée d’éclipser cette rivalité bouillonnante, mais nous en avons déjà longuement parlé dans de précédents articles. Je souhaiterais conclure en soulignant l’attrait de ce petit match par équipe entre d’un côté, Santana et Goulet et les Samoans de l’autre. Surfant sur l’énergie d’un public chaud comme la braise, chacun aura offert du spectacle et un bon match de catch. Cerise sur le gâteau, c’est cette intervention musclée d’Ivan Putski, toujours aussi over, qui a déclenché l’hystérie du public d’Allentown. C’est ce genre de moments, méconnus du grand public contemporain, qui fait pourtant la richesse de ces programmes. Oubliés et laissés pour compte par la grande histoire, ces instants s’inscrivent malgré tout dans l’histoire de notre sport-spectacle préféré.

Nathan Maingneur

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