CHAMPIONSHIP WRESTLING #3

CHAMPIONSHIP WRESTLING #3

02/02/1980

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon est notre seul et unique hôte et nous présente l’affiche de cet épisode de Championship Wrestling, encore et toujours enregistré dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie. En tête d’affiche ce soir, cette rencontre tant attendue entre Larry Zbyszko et Bruno Sammartino qui sortait pour l’occasion de sa semi-retraite.

La rencontre fut rendue officielle lors du dernier épisode. Larry Zbyszko déclarait alors au micro de McMahon que si Bruno refusait de l’affronter, cela signerait la fin de sa carrière. Refusant que son élève raccroche ses bottes, Bruno Sammartino a déclaré qu’il acceptait ce défi à une seule condition : que Larry Zbyszko donne le meilleur de lui-même. Bruno était encore loin, très loin de s’imaginer ce qui allait se produire.

Le légendaire Joe McHugh s’occupe des introductions et nous stipule que cette heure de catch est placée sous le contrôle de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par Nick Santoro et représentée en ringside par quelques-uns de ses officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, célèbre gardien de la cloche. Les arbitres de ce programme seront Gilberto Roman, John Stanley, Dick Kroll, Tony Altimore et Dick Woehrle.


MATCH 1 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS FRED MARZINO (02:07)

VAINQUEUR : KEN PATERA

PRISE DE FINITION : FULL NELSON

APPRÉCIATION : PATERA EST IMPRESSIONNANT DE PUISSANCE


Vêtu d’une ample combinaison floquée des insignes olympiques, Ken Patera est présenté comme l’un des hommes les plus forts du monde. À juste titre. Accompagné par le Grand Wizard of Wrestling, Patera écrase tout sur son chemin et figure parmi les challengers aux ceintures possédées par Pat Patterson et Bob Backlund. Médaille d’or aux Pan-American Games de Lima, Patera rencontre ce soir un garçon du nom de Fred Marzino, qui ne fera sans doute pas le poids.

Patera donne le ton avec un énorme enfourchement. Il poursuit avec de vicieux coups de pied et de poing dans l’arrière du crâne de ce pauvre gars. Une grosse souplesse arrière dégage les bronches de Marzino alors que Patera enchaîne immédiatement avec sa Full Nelson. Il le décolle ainsi du sol et le fait tournoyer dans les airs à la force de ses bras, ce pauvre Marzino jetant tout de suite l’éponge. Et malgré le son de la cloche, Patera refuse de lâcher la prise, lançant un message plutôt net à ses futurs adversaires.


MATCH 2 : PAT PATTERSON VS JOSÉ ESTRADA (07:03)

VAINQUEUR : PAT PATTERSON

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

INDICATEUR : **


Sur un petit nuage, Pat Patterson est désormais pleinement apprécié du public et profite de ce revirement d’attitude qui l’a conduit à s’affranchir de son ancien manager, en même temps que de se brouiller avec Lou Albano. Ce soir, le Champion Intercontinental affronte José Estrada, catcheur de renom et ancien partenaire de « Unpredictable » Johnny Rodz sur les rings de la World Wrestling Federation.

Et alors que Patterson retirait son blouson, Estrada lui fonce dessus et le matraque avec de gros coups de poing au visage. Début de match difficile pour Patterson qui accuse le coup de cette agression. Toutefois, le Champion Intercontinental en a vu d’autres et s’en sort grâce à l’appui du public d’Allentown. Acculé dans l’un des coins, c’est désormais au tour d’Estrada de subir les coups de Patterson. L’avantage est définitivement repris par le québécois lorsqu’il projette son adversaire en dehors du ring. Cette fois-ci, le Champion déroule son catch et garde Estrada au sol avec une clé de jambes solidement maintenue. Aussi rusé que sournois, le portoricain trouve toujours le moyen de s’en sortir, mais Pat le cueille avec un gros surpassement. Patterson est lancé et cette fois-ci, Estrada ne peut plus rien faire. Patterson le surprends alors avec un Sunset Flip qui suffit pour le compte de trois. Match très correct.


MATCH 3 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS ANGELO GOMEZ (02:15)

VAINQUEUR : HULK HOGAN

PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER

APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH D’HOGAN


Un tour de bras colossal et un physique de titan, celui qu’on surnomme « The Incredible » Hulk Hogan ne cesse de faire forte impression. Emmené au ring par « The Fashion Plate » Freddie Blassie, Hogan est toujours invaincu et se mesure ce soir à Angelo Gomez, talent local d’origine portoricaine.

Face à Hogan, ce pauvre garçon fait une tête de moins et doit faire cent livres de moins. Grâce à sa puissance, Hogan s’impose sans soucis. Gomez est lourdement projeté sur le dos et subit ensuite une lourde souplesse arrière. D’habitude, Hogan l’emportait toujours avec sa prise de l’ours. Ce soir, le colosse blond innove et soulève son antagoniste dans un Canadian Backbreaker. La douleur est beaucoup trop intense et Gomez jette l’éponge en quelques secondes à peine.


MATCH 4 : LARRY ZBYSZKO VS BRUNO SAMMARTINO (09:34)

VAINQUEUR : BRUNO SAMMARTINO PAR DQ

PRISE DE FINITION : COUP DE CHAISE DE ZBYSZKO

INDICATEUR : ****


C’est l’instant, c’est le moment. Larry Zbyszko se tient sur le ring et attend sagement son légendaire antagoniste. Il aura fallu que Larry menace de raccrocher ses bottes pour que Bruno Sammartino accepte de l’affronter. Et ce dernier effectue donc son entrée, sortant ce soir de sa pré-retraite pour se mesurer à son ancien élève qui ne supportait plus d’être dans son ombre plus longtemps. L’ancien Champion de la World Wrestling Federation est accueilli par une sincère ovation du public d’Allentown.

Bruno vs. Zbyskzo

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated

On sent une réelle appréhension du côté de Zbyszko, alors que Sammartino semble être dans la retenue et le contrôle de son catch. Pour Sammartino, pas question d’infliger une quelconque douleur à son ancien élève. Ce faisant, Bruno relâche chacune de ses prises. Le problème, c’est que cela agace Larry, qui ne demande qu’a être testé, afin de pouvoir prouver toute l’étendue de ses capacités. Et au grand dam du jeune Zbyszko, chacune de ses prises se solde par un contre et chaque tentative de tombé résulte en un dégagement de Bruno. D’un point de vue technique, c’est littéralement impeccable, l’un comme l’autre se surpassant l’un contre l’autre. Mention spéciale à la condition physique de Bruno, qui pourrait tout à fait prétendre à un autre run de Champion. Projeté en dehors du ring, Larry fulmine et, voyant Sammartino lui ouvrir les cordes afin qu’il remonte sur le ring, Zbyszko explose et se déchaîne sur Bruno de façon incontrôlable. L’arbitre s’interpose mais est dégagé manu-militari par Zbyszko, qui s’empare ensuite d’une chaise en dehors du ring.


– Sous les cris du public, Larry Zbyszko éclate le crâne de Bruno Sammartino avec cette chaise en bois. Les sifflets fusent, le sang coule désormais du front de Bruno, mais cela n’arrête pas Larry qui lui porte deux autres coups de chaise. Inerte, Bruno Sammartino git dans une marre de son propre sang. S’installe alors un silence de mort, le public choqué, ayant assisté à la mise à mort de l’idole de toute une génération.

Larry Zbyszko Heel Turn

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved


MATCH 5 : « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ VS « M.USA » TONY ATLAS (04:37)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : COUP DE TÊTE

APPRÉCIATION : MATCH PLUTÔT CORRECT


Ces images sont terrifiantes. Alors que les protagonistes du prochain combat se tiennent sur le ring, les arbitres sont encore en train d’essuyer le sang de Bruno Sammartino avec une serviette. Nous passons difficilement à autre chose, alors que Johnny Rodz rencontre ce soir Tony Atlas, athlète au physique d’Apollon très populaire.

Comme le mentionne son surnom, Rodz est imprévisible et surprends Atlas en brisant sa garde avec un sale coup de genou dans l’abdomen. Profitant de cet avantage, Johnny se déchaîne et domine les premières minutes du combat. Atlas peine à reprendre son match en main alors que le public d’Allentown fait preuve d’un silence assourdissant, sans doute encore sous le choc de l’agression de Larry Zbyszko. Atlas s’offre un bref retour en force mais Rodz ne se laisse pas faire. Toutefois, le natif de Roanoke en Virginie tire finalement son épingle du jeu et l’emporte avec un coup de tête porté depuis la corde du milieu.


MATCH 6 : « BIG » BOBBY DUNCUM W/CPT. LOU ALBANO VS STEVE KING (02:35)

VAINQUEUR : BOBBY DUNCUM

PRISE DE FINITION : BULLDOG

APPRÉCIATION : C’EST ENCORE UNE FOIS PASSABLE


Place au dernier combat de la soirée. Sur le ring, nous retrouvons notre Saint-Patron des jobbers, en la personne de Steve King, catcheur originaire de Panama City au Panama. Il porte un chapeau de cowboy et un gilet en cuir, il s’agit bien entendu de Bobby Duncum, notre Texan préféré. Toujours managé par le capitaine Lou Albano, celui qu’on surnomme « Big » Bobby Duncum n’est pas franchement apprécié par le public d’Allentown. 

Très sincèrement, la foule s’est éteinte après ce segment entre Sammartino et Zbyszko et n’a aucune envie de regarder ce combat. L’essentiel du combat est dominé par Duncum, sans qu’on se dise un seul instant qu’on assiste à un bon match de catch. Steve King se fait démolir et, même s’il s’offre un léger second souffle, c’est loin d’être suffisant. Bobby Duncum l’emporte donc avec son Bulldog, sans plus.


– Avant de rendre l’antenne, un Vince McMahon blanc comme un linge nous informe que Bruno Sammartino a été pris en charge par le personnel médical et qu’une déclaration sur son état de santé sera bientôt annoncée. Selon Vince, il s’agit d’un jour noir pour le catch professionnel, un jour qu’on n’oubliera pas de sitôt.

C’est sur ce ton solennel et grave que s’achève cette édition historique de Championship Wrestling, qui fut le théâtre de l’un des plus grands – si ce n’est le plus grand – heel turn de l’histoire du catch professionnel.

– Encore une fois, Pat Patterson nous a gratifié d’une performance impeccable. De plus en plus apprécié, et à juste titre, Patterson est sur un petit nuage et cimente son héritage de fier détenteur inaugural de la ceinture de Champion Intercontinental. 

– Les années ’80 sont la décennie des hommes forts du catch. Ce soir n’a pas fait défaut à ce constat, et ce n’est pas Ken Patera ni Hulk Hogan qui nous diront le contraire. Ces deux montagnes de muscles s’imposent tout doucement comme de prochaines menaces à surveiller de très près.

– Au terme d’une pure exhibition de catch professionnel emprunte d’une tension palpable, l’irréparable s’est produit. Frustré par la réticence de son mentor à l’affronter et se sentant sans doute humilié, Larry Zbyszko a craqué et a agressé Bruno Sammartino sans aucune retenue. Armé d’une chaise, l’élève a tué le maître, sous les cris apeurés d’une foule en larmes, choquée par la brutalité de cet acte. Trois coups de chaise au visage laissèrent un Bruno Sammartino inerte, gisant dans son propre sang.

– Jalousie et amertume auront construit une viscérale préméditions, emprunte d’une haine brûlante, qui ne put être contenue. Je n’ai pas peur de défendre qu’il s’agit sans doute ici du plus grand heel turn de l’histoire de ce sport-spectacle. En l’espace d’un instant, Larry Zbyszko est peut-être bien devenu l’homme le plus détesté de la planète. Une chose est sûre, on ne touche pas à l’icône Sammartino, et ces actions ne resteront pas impunies.

Nathan Maingneur

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