ALL STAR WRESTLING #64
19/01/1980
Toujours enregistré dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, cet épisode d’All Star Wrestling nous est présenté par Vince McMahon et « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino.
Gary Cappetta s’occupe des rituelles présentations et précise que le catch proposé ce soir à l’écran est supervisé et sanctionné par la Commission Athlétique d’État, représentée sur place par Jonas Quezedo. Dr. George Zahorian est en ringside, en compagnie de Mike Mittman, notre « gardien de la cloche ». Les arbitres de cette heure de catch nord-américain seront John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : PAT PATTERSON VS B.B COLEMAN (05:36)
VAINQUEUR : PAT PATTERSON
PRISE DE FINITION : BOMBS AWAY
APPRÉCIATION : C’EST PLUTÔT INTÉRESSANT POUR PATTERSON
Déchargé du Grand Wizard of Wrestling et brouillé avec Lou Albano, nul besoin de préciser que Pat Patterson est récemment passé du côté des chouchous du public. Cela se remarque à la cohorte de spectateurs qui s’amassent tout autour du ring, espérant recevoir un autographe. L’actuel Champion Intercontinental se mesure ce soir à « Bad Billy » Coleman, catcheur d’Akron dans l’Ohio, qui catche sur ce territoire de 1973 à 1984, s’illustrant également sur les rings de la National Wrestling Federation et du territoire d’Indianapolis.
Coleman se lance tête baissée et se prend une série d’Armdrag, ne cessant ensuite de se plaindre auprès de l’arbitre John Stanley. Sur un collier de tête, Patterson s’accroche à la barbe de Coleman, un geste s’apparentant à du « Comedy Wrestling » dont l’objectif est de susciter le rire du public. C’est assez troublant, Patterson a en effet gardé quelques aspects de son catch de « Heel » et s’autorise quelques tricheries. Envoyé à l’extérieur du ring, Coleman est projeté tête première dans la table des officiels. De retour sur le ring, un enfourchement permet à Patterson de grimper sur les cordes, s’élançant ensuite pour sa descente du genou. Le Champion Intercontinental l’emporte donc sans trop de difficultés, j’ai hâte de découvrir ce que Patterson peut encore offrir du côté des « bons gars » et surtout, quels seront ses prochains challengers.
– Transpirant, Patterson est reçu au microphone par Bruno Sammartino pour un court entretien. Pourquoi un tel changement d’attitude ? Pat Patterson répond qu’il reçoit l’appui du public depuis qu’il s’est débarrassé d’Albano et du Wizard et que cela lui plaît tout à fait. Patterson conclut rapidement et sort sous les applaudissements du public d’Hamburg, Sammartino lui souhaitant le meilleur.
MATCH 2 : RENÉ GOULET VS JOSÉ ESTRADA (06:29)
VAINQUEUR : RENÉ GOULET
PRISE DE FINITION : GUTWRENCH SUPLEX
INDICATEUR : * ¾
De retour au sein de la World Wrestling Federation depuis une semaine, René Goulet catche à nouveau ce soir sur le ring du Hamburg Fieldhouse. À près de quarante-huit ans, Goulet est encore en plutôt bonne forme, même si son catch n’est plus le même que lors de sa dernière apparition en 1971. Ce soir, ce catcheur franco-canadien originaire de Québec se mesure à l’ex-partenaire de son ex-adversaire. Ancien partenaire de « Unpredictable » Johnny Rodz, battu par Goulet sur ce même ring, c’est José Estrada qui se tient sur le ring, recevant des sifflets du public.
Estrada refuse d’engager le combat, préférant argumenter pour tout et rien avec l’arbitre Dick Woehrle. Soudainement, Goulet s’élance pour un superbe ciseau de tête, faisant fuir Estrada à l’extérieur du ring. De retour, c’est cette fois-ci le portoricain qui envoie Goulet au sol, également avec un ciseau de tête. Fidèle à ses habitudes, Estrada triche et maintient Goulet en tirant sur son caleçon. Techniquement plus rôdé et surtout bien plus jeune, Estrada parvient à immobiliser son antagoniste. Goulet s’en sort et revient avec une souplesse arrière, mais passe à rien de se faire river les épaules avec un sale brise-nuque. De nulle part, Goulet sort sa Gutwrench Suplex, sans doute héritée de son passé à côtoyer le légendaire Karl Gotch. René Goulet s’arroge donc une nouvelle victoire, ici sur le ring d’Hamburg. Toutefois, on commence à s’apercevoir que l’âge pèse sur le catch de Goulet, plus franchement dans la fleur de l’âge.
– En costume et accompagné de « Classy » Freddie Blassie, the Great Hussein of Iran est reçu par Vince McMahon pour un court entretien. Hussein s’adresse à la caméra en anglais, pour la bonne et simple raison qu’il doit se réduire à cela pour être compris. Au moins c’est dit. Articulant toujours les traits de son personnage dans un climat de tensions politiques et militaires majeures entre l’Iran et les États-Unis, Hussein s’attire les foudres du public américain en clamant que l’Iran est le meilleur pays du monde. Selon l’iranien, les fans américains sont gros, fainéants et défie à cet égard n’importe lequel d’entre eux de réussir à faire tournoyer ses clubs persans. Alors qu’Hussein se livre à cette démonstration dont lui seul possède le secret, Blassie promet la somme de 5000 $ à quiconque pourrait faire de même.
MATCH 3 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS CHARLIE BROWN (05:31)
VAINQUEUR : KEN PATERA
PRISE DE FINITION : SWINGING FULL NELSON
APPRÉCIATION : PATERA CONTINUE SUR SON CHEMIN DE DESTRUCTION
Annoncé comme « l’être humain le plus fort du monde », Ken Patera est un ancien haltérophile et bodybuilder de compétition et combat ce soir sur le ring du Fieldhouse d’Hamburg. Toujours managé par ce vil personnage qu’est le Grand Wizard of Wrestling, Patera se mesure ce soir à Charlie Brown, à ne pas confondre avec son homonyme masqué, porté par Jimmy Valiant. Comme d’habitude, Patera doit être assisté par Ernie Roth, l’aidant à retirer sa combinaison pailletée, sous les sifflets moqueurs d’un public agacé par ces manières.
Pas d’échauffement pour Patera qui se laisse étonnement prendre en collier de tête. Ne sachant que faire, Brown se fait rapidement calmer par la puissance de feu du natif de Portland dans l’Oregon. Dès lors et en dépit de quelques coups de bélier, c’est de l’entraînement pour Patera qui éclate ce pauvre gars avec un enfourchement impressionnant. Facile dans ses mouvements, Patera l’emporte avec sa fameuse Swinging Full Nelson, prise dont personne ne s’est jamais sortie, rendue impressionnante par ce tournoiement, exercé grâce à la largeur des bras de Ken Patera.
MATCH 4 : DOMINIC DENUCCI VS JOHNNY RODZ (06:15)
VAINQUEUR : DOMINIC DENUCCI
PRISE DE FINITION : SLINGSHOT
INDICATEUR : **
Vétéran des rings et ami de longue date de Bruno Sammartino, Dominic DeNucci est l’un de ses plus proches compatriotes. Originaire de Venise en Vénétie, Dominic est sans doute l’un des compétiteurs les plus populaires de l’époque, comme en atteste cette cohorte de spectateurs qui se massent pour obtenir un autographe. Ce soir, l’italien est amené à se mesurer à « Unpredictable » Johnny Rodz, qui se tient nonchalamment dans le coin opposé. Cela pourrait être une bataille des entraîneurs, tant l’un et l’autre ont contribué à former de grands noms du catch. De l’école de DeNucci sont notamment issus Mick Foley et Shane Douglas, tandis que de celle de Rodz, on retrouve les Dudley Boys, Tommy Dreamer ou encore Vince Russo !
Les premières minutes sont plutôt énergiques, chacun tentant d’emmener l’autre au sol dans un effort de Mat Wrestling quelque peu particulier. On se bat désormais du côté de la table des officiels, en panique après que Rodz ait fini allongé sur leur table. De retour sur le ring, DeNucci encaisse et résiste, malgré la rudesse des coups de celui qu’on surnomme « Fire Brand from the Bronx ». Toutefois, malgré les sales coup de pied au visage répétés de Johnny Rodz, Dominic tient bon et revient, porté par sa fougue inépuisable. Envoyé s’écraser dans l’un des coins en catapulte, Rodz ne se relève pas du compte de trois de l’arbitre et concède donc ce match à Dominic DeNucci.
– De retour avec un plan sur nos commentateurs. Vince questionne à nouveau Bruno à propos des récentes déclarations de Larry Zbyszko, qui après avoir donné un aperçu de l’amertume qui le ronge, défiait Sammartino de se mesurer à lui en un-contre-un. Toujours sous le choc, Sammartino semble éprouver de l’empathie et de la compassion pour la souffrance de son unique élève. Campé sur ses positions initiales, Bruno refuse toujours d’affronter Larry Zbyszko, puisque ce serait comme accepter de se battre face à son petit frère.
MATCH 5 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS STEVE KING & BILL BERGER (02:46)
VAINQUEUR(S) : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER
APPRÉCIATION : MOINS BON QUE CE À QUOI HOGAN NOUS A HABITUÉ
On conclut ce programme avec la présence de cette montagne de muscles qu’est Hulk Hogan. Celui qu’on surnomme « The Incredible » est toujours accompagné de « Classy » Freddie Blassie. Annoncé de Venice Beach en Californie, Hogan est toujours invaincu depuis ses débuts et combat ce soir en situation de handicap. Enfin, cela est relatif lorsqu’on voit l’opposition, composée du portoricain Steve King et de Bill Berger, catcheur de Rochester dans l’Ohio, qui catche sur ce territoire entre 1976 et 1983.
Unis, Berger et King s’y mettent mais n’y peuvent absolument rien, repoussés par la force d’Hogan. On a l’impression que leurs coups n’y font rien, Hogan restant totalement inamovible et insensible à chacune des offenses de ce piètre duo. Dans un élan désespéré, King croit pouvoir bouger Hogan et ses 145kg avec un coup de bélier… ce qui n’a pas l’effet escompté et c’est peu dire. Berger est projeté à l’extérieur du ring alors que King est hissé en Canadian Backbreaker, jetant immédiatement l’éponge, cadenassé dans cette redoutable prise.
Sans forcément être exceptionnel, cet épisode d’All Star Wrestling reste dans la continuité de ses précédentes éditions. Sa vocation première fut de proposer du bon catch, sans grandes prétentions. On en retrouve avec René Goulet et José Estrada, puis avec Dominic DeNucci et Johnny Rodz, tous les quatre auteurs d’une performance plutôt correcte. On peut toujours s’extasier face à ce monstre qu’est Hulk Hogan, qui depuis ses débuts, n’a pas encore eu de challenge à sa taille. Maintenant que Bobby Duncum a essuyé quelques défaites, c’est désormais Ken Patera qui semble naturellement se hisser en tant que prétendant sérieux et légitime à la ceinture suprême, toujours détenue d’une main de fer par Bob Backlund. À cet égard, nous pourrions peut-être être témoins d’un changement majeur, qui sait ? Déchargé d’Albano et du Grand Wizard, Pat Patterson est désormais apprécié et même carrément adoré du public ! Passé du côté des bons, il sera intéressant de suivre son évolution et surtout, de voir quels challengers pourraient commencer à s’intéresser à son or. Elle était sur toutes les langues et on l’attendait, cette réponse de Bruno Sammartino, au défi lancé par son unique élève, Larry Zbyszko. Malheureusement, ce sera pour l’heure un refus de l’italien, encore sous le choc de ces déclarations surprenantes. On pourrait penser que c’est dommage, mais ce genre de réaction pourrait encore plus vivifier l’amertume et la haine de Zbyszko, qui pourrait, afin d’obtenir ce qu’il désire ardemment, commettre l’irréparable.
Nathan Maingneur