ALL STAR WRESTLING #65
26/01/1980
Toujours enregistré dans l’enceinte du Hamburg Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, cet épisode d’All Star Wrestling nous est présenté par Vince McMahon et… Vince McMahon ! En effet, Bruno Sammartino ne sera pas à l’antenne ce soir, sans doute encore préoccupé par les récentes circonstances.
Gary Michael Cappetta s’enquiert des rituelles présentations et stipule que le catch proposé ce soir est sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée sur place par John Santoro. Dr. John Woods remplace George Zahorian et siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de cette heure de catch seront John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : THE GREAT HUSSEIN OF IRAN W/FREDDIE BLASSIE VS STEVE KING (05:58)
VAINQUEUR : THE GREAT HUSSEIN OF IRAN
PRISE DE FINITION : BUTTERFLY SUPLEX
APPRÉCIATION : UN POIL LONG. HUSSEIN EST IMPECCABLE
Affublé de son keffieh et d’une longue cape, Hossein Khosrow Ali Vaziri, plus connu en tant que Great Hussein of Iran, s’avance en direction du ring. Toujours managé par « Classy » Freddie Blassie, Hussein est peut-être le catcheur le plus haï de l’époque, non pas forcément pour ses actes ni son catch mais pour l’aspect idéologique de son personnage, pour ce qu’il représente sur le sol américain. Ce soir, c’est à Steve King de se mesurer à Hussein, ayant déjà essuyé les plâtres à quelques reprises face à l’iranien en 1979. Avant de s’adonner à ce match dont on connaît déjà l’issue, Hussein se livre à une petite démonstration, faisant tournoyer ses clubs persans, une épreuve de force traditionnelle plutôt impressionnante.
Sur le ring, Hussein est impitoyable et fait claquer ses gifles jusqu’au dernier gradin du Fieldhouse d’Hamburg. Au sol, King est torturé, étiré au niveau des extrémités par un Hussein d’humeur sadique. Le futur Iron Sheik nous partage sa science de la souplesse, au détriment du portoricain qui résiste un peu malgré lui, Hussein lui relevant à chaque fois l’épaule du compte de trois. C’est un peu long, Hussein l’emportant en près de six minutes avec une Butterfly Suplex du tonnerre. À noter que quelques spectateurs n’ont cessé de crier « Bob Backlund » tout au long de la rencontre. À l’extérieur du ring, Hussein s’empare à nouveau de ses clubs persans et repart pour un tour.
MATCH 2 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS MIKE MASTERS (04:13)
VAINQUEUR : KEN PATERA
PRISE DE FINITION : SWINGING FULL NELSON
APPRÉCIATION : CLASSIQUE SANS ÊTRE LASSANT POUR AUTANT
Décidément, les brutes sont de sortie. Escorté par « The Manager of the Champions » en la personne d’Ernie Roth, ou Grand Wizard of Wrestling, Ken Patera se tient sur le ring. Celui qu’on surnomme « World’s Strongest Man » est prêt à écraser son souffre-douleur du soir. Celui-ci n’est autre que Mike Masters, également connu en tant que Rocky Jones, catchant sur ce territoire entre 1979 et 1983.
Cela sentait plutôt bon pour Masters, qui réussit à acculer Patera dans les cordes, ce dernier devant reprendre ses esprits à l’extérieur du ring. Fort d’un premier avantage, Masters plie toutefois face à la force des coups de l’ancien haltérophile et bodybuilder de Portland dans l’Oregon. Envoyé à l’extérieur du ring, ce dernier est ramené en enfourchement sur le ring. Pas payé à l’heure, Patera l’emporte en moins de cinq minutes, encore et toujours avec sa redoutable Swinging Full Nelson, dont personne ne s’est encore sorti.
– Au microphone de Vince McMahon, voici nos titulaires des ceintures par équipe de la World Wrestling Federation. McMahon demande à Tito Santana et à Ivan Putski s’ils craignent les Wild Samoans. Putski affirme qu’ils ont étudié les matches de leurs challengers et se tient prêt à tout. Le porte-étendard de la « Polish Power » conclut en disant que Santana et lui se vouent toute confiance et qu’ils défendront leur or face à n’importe qui.
On quitte l’enceinte du Hamburg Fieldhouse pour se rendre du côté du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie, comme c’est plutôt courant en ce début d’année 1980. Joe McHugh est au micro !
MATCH 3 : LARRY ZBYSZKO VS JOHN BUFORD (03:09)
VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : PROMO D’APRÈS-MATCH ESSENTIELLE
Devant la foule plus compacte et bruyante du Agricultural Hall d’Allentown, Larry Zbyszko s’avance vers le ring d’un air déterminé, sous les acclamations du public. Le prodige élève de Bruno Sammartino, qui désire plus que tout sortir de l’ombre de son maître, se frotte ce soir à John Buford, souffre-douleur attitré qui catche sur ce territoire entre 1979 et 1980, pour un total de quatre matches.
Techniquement, Zbyszko est impeccable et ce pauvre Buford ne peut absolument rien faire. Aux commentaires, Bruno Sammartino est encore une fois questionné à propos de sa décision, celle d’accepter ou pas le défi de son unique protégé. Avant de se prononcer définitivement, l’italien souhaite d’abord pouvoir discuter avec son ancien élève. Sur le ring, Larry l’emporte sans difficulté aucune en trois minutes avec une Vertical Suplex, portée avec force.
– À peine déclaré victorieux, Larry Zbyszko demande à ce que McMahon le rejoigne aux abords du ring. Zbyszko déclare que s’il ne peut affronter Bruno Sammartino, alors sa carrière est terminée. Au microphone, Larry demande une ultime réponse de son mentor qui accepte de le rejoindre. La foule se lève alors pour accueillir « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino. Si Zbyszko possède ce qu’il faut pour le battre et qu’il est prêt à donner le meilleur de lui-même, alors Sammartino ira l’affronter ! C’est officiel, l’affiche est gigantesque et les deux hommes se rencontreront la semaine suivante sur ce ring de Championship Wrestling !
Agréablement écourté à une demie-heure, ce programme All Star Wrestling possède toutefois une petite particularité. Contenant un passage du Championship Wrestling qui se déroulait en parallèle, cet épisode est le théâtre de l’officialisation de la confrontation tant attendue entre Bruno Sammartino et Larry Zbyszko. Avant de s’y pencher, revenons sur le début de la carte. On peut apprécier les performances de Ken Patera et du Great Hussein of Iran, qui consolident leur statut de challengers à l’or suprême de Bob Backlund. Attendu pour sa réponse quant à la déclaration de Larry Zbyszko, Bruno Sammartino s’est ce soir exprimé pour donner son verdict : sous certaines conditions, l’ex-Champion du Monde accepte enfin de ses mesurer à son unique élève ! Qu’en sera-il de cet affrontement ? Au terme d’une petite exhibition fort plaisante et gonflée à bloc d’une tension palpable, l’irréparable se produisit. Envoyé à l’extérieur du ring et se sentant sans doute humilié, Zbyszko a craqué, agressant son mentor sans aucune retenue. Armé d’une chaise, l’élève tua le maître, sous les cris apeurés d’une foule en larmes, choquée par ce revirement d’attitude si soudain. Trois coups de chaise au visage, laissèrent un Bruno Sammartino inerte et en sang. Jalousie et amertume auront construit une viscérale préméditation, envahie d’une haine, une haine d’abord cachée, camouflée derrière ce qu’il restait du respect d’autrefois. Et cette haine brûlante ne put être contenue, laissant pour mort l’icône d’une ère tout entière. Pour l’avoir attentivement suivi dans toute sa construction, je n’ai pas peur d’affirmer qu’il s’agit sans doute ici de l’un des plus grands « Heel Turns » de l’histoire de ce sport-spectacle. Simple, efficace, calculé et parfaitement maîtrisé. En l’espace d’un instant, Larry Zbyszko est peut-être bel et bien devenu l’homme le plus détesté de la planète. On ne touche pas à l’icône Sammartino, ces actes ne resteront pas impunis.
Nathan Maingneur