ALL STAR WRESTLING #77
17/05/1980
Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous présentent le programme de cette émission All Star Wrestling, toujours enregistrée dans l’enceinte du Hamburg Fieldhouse. L’actuel Champion de la promotion, Bob Backlund sera présent pour la première fois depuis 1978 !
Gary Cappetta s’occupe des rituelles présentations et mentionne que le catch proposé ce soir à l’affiche est sous l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée sur place par John Santoro. Dr. John Woods siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de cette heure de catch seront John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS STEVE KING (00:43)
VAINQUEUR : KEN PATERA
PRISE DE FINITION : SWINGING FULL NELSON
APPRÉCIATION : TOUT SIMPLEMENT IMPRESSIONNANT
Steve King se tient sur le ring et signe quelques autographes. Compétiteur d’origine portoricaine, King est un talent habitué à perdre, sa carrière s’étalant sur une décennie entre 1975 et 1985. Accompagné d’Ernie Roth, qui revêt à nouveau son surnom de « Manager of the Champions », Ken Patera porte à cet égard la ceinture Intercontinentale, récemment remportée, non sans controverse, face à Pat Patterson au Madison Square Garden.
La cloche n’a même pas sonné que Patera agresse déjà King, le martelant de coups. L’homme fort soulève alors ce pauvre gars comme s’il était un sac de sable, l’écrasant avec force sur le tapis du ring. Patera le cadenasse alors immédiatement dans sa Swinging Full Nelson, le faisant jeter l’éponge en moins d’une minute. Le verdict est sans appel, cette victoire est un record pour l’émission alors qu’un brancard de fortune est dépêché pour ce pauvre King. Ken Patera s’est en effet imposé en quarante-trois secondes, record à battre.
MATCH 2 : WRESTLING EXHIBITION MATCH : BOB BACKLUND VS EL OLYMPICO (10:00)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS
APPRÉCIATION : ATTRACTION PARTICULIÈRE MAIS AGRÉABLE
Originaire de Mexico City, Mexico, El Olympico s’est récemment offert un petit retour en forme sur cette antenne. Catcheur d’influence Lucha Libre, Olympico est plutôt populaire et signe également quelques autographes. Son adversaire n’est autre que l’actuel détenteur de l’or suprême de la World Wrestling Federation. Bob Backlund nous gratifie ce soir d’une rare apparition, accueilli comme un héros par le public d’Hamburg. À cet égard, nous n’avions plus aperçu le Champion depuis 1978. Ce soir, la stipulation du combat est plutôt particulière. Il s’agit d’une Wrestling Exhibition, où l’objectif est de produire une stricte démonstration de catch scientifique.
Formé à la Lucha Libre, Olympico n’est pas dans son élément, au contraire de son redoutable antagoniste, spécialiste si ce n’est maître dans cet art du ring. En effet, Backlund possède un important bagage en lutte amateur, ce qui se ressent évidemment lors de ces échanges. Certaines phases s’apparentent à du Catch as Can Wrestling, d’autres sont plus orientées Mat Wrestling. Pour l’émission, c’est une première, qui a le mérite de nous gratifier de la présence du Champion. Pour la promotion, cela semble également être un test, à voir si cela devient une récurrence. Je ne m’attellerais pas ici à décrire chaque échange, chaque mouvement, Backlund domine en effet de bout en bout et s’impose avec respect. On retient ce petit moment où, imprégnés des tensions que procure l’exercice, Olympico et Backlund se sont retenus de sortir un coup de poing. Au bout de 10 minutes, la cloche sonne, signe que la démonstration est terminée. Sans qu’un verdict ne soit pourtant prononcé, Olympico s’incline en levant le bras de son adversaire, qui a ce soir été impeccable. Une poignée de main conclut la rencontre, voyant Backlund célébrer avec sa ceinture.
– Accueilli au microphone par Bruno Sammartino, The Grand Wizard of Wrestling s’amène avec son plus fier protégé, son Champion Intercontinental. Bruno remet en question la façon dont Patera s’est arrogé l’or, stipulant que l’un des pieds de Pat Patterson reposait sur l’une des cordes. Roth défie quiconque de se mesurer à lui pour sa ceinture. Les contrats sont sur la table en attente d’une signature. Questionné par Sammartino à propos d’éventuels challengers tels qu’Ivan Putski ou Tony Atlas, Patera rétorque avec insolence et clame qu’une fois que Larry Zbyszko l’aura battu, Bruno ne pourra pas non plus le battre.
MATCH 3 : RENÉ GOULET VS TOR KAMATA (10:00)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS
INDICATEUR : **
Annoncé de Nice en France (ou de Paris, c’est selon), René Goulet est bien francophone mais pas français. Originaire de Québec au Canada, Goulet est un compétiteur très populaire et signe quelques autographes. Son adversaire ce soir est peut-être son plus gros défi depuis son retour en 1980. Il s’agit de Tor Kamata, bête noire de Bob Backlund lors de sa construction en tant que prétendant à la ceinture de « Superstar » Graham entre 1976 et 1977. La rencontre pourrait être intéressante de par la différence de style des protagonistes de ce combat.
Lorsque Kamata s’attèle à son rituel traditionnel oriental, quelque chose de louche se prépare. En effet, Kamata rate Goulet avec un jet de sel, préparé en amont. Techniquement encore plutôt rodé, Goulet maintient Kamata au sol, héritage de ses heures passées avec son mentor, Karl Gotch. Kamata semble plutôt décontenancé par ce début de match, n’ayant pas l’habitude d’essuyer les plâtres. Sur une tentative d’enfourchement, Goulet est arrêté net par le poids de son lourd antagoniste. Kamata en profite et revient avec ses sales tactiques, se focalisant sur la gorge du québécois. Sur une projection dans l’un des coins, Goulet profite du choc et soulève Kamata, l’écrasant au sol en enfourchement ! Dommage que le public n’ait pas accompagné cette manœuvre spectaculaire. Dans le coin, Kamata s’empare d’un peu de sel restant sur le tapis du ring, prêt à le lancer dans les yeux de son adversaire. De son côté, Goulet l’imite et prépare également son lancer. L’arbitre Gilberto Roman s’y oppose, voyant alors Kamata projeter Goulet à l’extérieur du ring. Ce qui aurait pu mal tourner pour ce dernier est interrompu par le son de la cloche, signe que la limite de temps autorisée est atteinte. Il s’agit donc d’un match nul. Les tensions ne redescendent pas pour autant, Goulet surprenant Kamata avec un saut chassé, ressortant la tête haute de ce match. Mettons cela sur le compte de l’absence de Freddie Blassie.
MATCH 4 : LARRY ZBYSZKO VS ANGELO GOMEZ (03:27)
VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : LARRY CULTIVE PARFAITEMENT SON IMAGE
Bourreau de l’icône Sammartino, Larry Zbyszko est désormais haï de manière unanime. Originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie, même s’il ne faut pas trop le dire, Larry se mesure ce soir à Angelo Gomez, catcheur d’origine portoricaine qui catche sur ce territoire entre 1979 et 1984, une carrière similaire à d’autres jobbers de son rang.
Emprunt d’une arrogance marquée, Zbyszko se fait entendre auprès de l’arbitre Dick Woehrle au moment d’engager. Sur le plan technique, Larry reste un prodige et le prouve encore une fois ce soir. Aux commentaires, Sammartino n’a rien à dire, si ce n’est qu’il porte en lui une amertume et une rage palpable. Quant à lui, Larry Zbyszko l’emporte sans effort avec une souplesse arrière, portée avec autorité.
MATCH 5 : HULK HOGAN VS MIKE MASTERS (02:58)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
APPRÉCIATION : HOGAN EST ET RESTE UN COLOSSE
On conclut ce programme avec la présence de l’un des colosses de la promotion. Celui qu’on surnomme « The Incredible » est toujours invaincu sur les rings de la World Wrestling Federation. Hulk Hogan n’est pas accompagné de son manager habituel, ce soir absent de nos écrans. Hogan se mesure ce soir à Mike Masters, qui évolue ici de son côté entre 1979 et 1982, poursuivant par la suite une longue carrière sur les circuits indépendants jusqu’au début des années 2010.
Malgré une musculature plutôt ciselée, Masters s’écroule immédiatement sous les coups d’Hogan. Celui-ci fait durer le plaisir en relevant systématiquement l’épaule de son antagoniste, aplati par quelques descentes de la cuisse. Une série d’enfourchements ne suffit apparemment pas pour Hogan, qui préfère le hisser en prise de l’ours. Dans les bras d’Hogan, Masters a l’air d’un enfant, c’est dire le gabarit de ce monstre de muscles. Hogan s’arroge ici une victoire facile, dans l’attente d’un programme plus convaincant. Au cours de l’année 1980, Hogan s’est exporté du côté de la New Japan Pro Wrestling, se mesurant face à des noms tels qu’Antonio Inoki, Tatsumi Fujinami ou encore Abdullah the Butcher. C’est lors de ce périple que se construisit Hulk Hogan, qui dut apprendre à catcher de manière beaucoup plus technique qu’en Amérique.
Que de choses à noter de cet épisode mouvementé d’All Star Wrestling. Tout d’abord, on peut relever l’agréable présence d’Hulk Hogan et de Larry Zbyszko, ajoutant du prestige à ce programme. Le premier est à quelques semaines de porter le surnom de « Ichiban » au Japon, tandis que le second possède la heat de l’année, peut-être même de la décennie. On note également ici la toute première apparition de Ken Patera avec la ceinture Intercontinentale. Ce changement est l’occasion de redéfinir un nouveau régiment de challengers, cette fois-ci davantage du côté des babyfaces. Parmi ceux-ci, on peut citer les noms de Pedro Morales, Tito Santana, Ivan Putski ou encore Tony Atlas, promettant d’ores et déjà de belles affiches. L’âge n’est qu’un chiffre et René Goulet l’a ce soir prouvé en dominant largement un Tor Kamata d’habitude plus menaçant que ça. Absent des écrans de l’émission depuis 1978, notre Champion nous gratifiait ce soir de sa rarissime présence. Confronté à El Olympico, Backlund combattait ce soir dans une Wrestling Exhibition où l’objectif fut de se prouver l’un à l’autre d’un point de vue strictement technique. C’est tout naturellement que Backlund a pu s’imposer, possédant l’un des bagages en lutte amateur les plus impressionnants de l’histoire de la discipline. Ce combat sort du lot de ce qu’on voit d’habitude sur ce programme, proposant au spectateur un dépaysement fort agréable. Et pourquoi pas retenter l’expérience ?
Nathan Maingneur