ALL STAR WRESTLING #78
24/05/1980
Trois ans après la sortie et le succès du premier opus de la saga Star Wars, l’épisode de l’Empire contre-attaque est un tour de force signé George Lucas et reçoit les lauriers de la critique.
Toujours enregistré dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, ce programme All Star Wrestling nous est présenté par Vince McMahon et « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino.
Gary Cappetta s’occupe des rituelles présentations et stipule que le catch proposé ce soir sera sous le contrôle et l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée sur place par John Santoro. Dr. John Woods siège en ringside en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres seront ce soir John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : PAT PATTERSON VS JOSÉ ESTRADA (05:59)
VAINQUEUR : PAT PATTERSON
PRISE DE FINITION : SAUT CHASSÉ
INDICATEUR : ** ¼
José Estrada se tient sur le ring, portant des bottes d’un vert pomme. Habitué à perdre lors de ce genre de rencontres, il est fort probable que ce soir ne soit pas différent des autres soirs pour Estrada. À nouveau opposé à cette future tête d’affiche de la World Wrestling Council de Porto Rico, Pat Patterson est accueilli par les acclamations du public d’Hamburg. Le match a déjà eu lieu lors d’une récente édition de ce programme, mais devrait proposer du bon catch comme on l’aime.
Suite au premier échange, c’est Estrada qui prend temporairement l’ascendant avec un sale coup de genou dans les côtes de Patterson. Cadenassé en Full Nelson, Estrada choisit de mettre les pieds sur les cordes. Grossière erreur, puisque Patterson n’a qu’a le relâcher pour le faire retomber sur le dos, un spot récurrent du registre Comedy Wrestling. L’emmenant ensuite au sol, Patterson subit le catch fourbe du portoricain qui lui griffe le visage, s’agrippe à son nez et à ses cheveux. Acculé dans l’un des coins, Patterson encaisse de sales coups de pied en pleine face. Porté par l’appui du public et par son caractère orageux, Patterson revient avec un tour de hanches mais se rate sur un saut chassé. Estrada se croit malin et tourne alors le dos au rusé québécois. C’était sans compter sur le répondant de Patterson qui lui décoche un saut chassé dans le dos. Profitant du choc d’Estrada dans le coin, Patterson peut l’enrouler pour le tombé, l’emportant à la suite d’un bel échange.
MATCH 2 : PEDRO MORALES VS MARC POLE (05:01)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : LE PORTORICAIN S’IMPOSE AVEC PANACHE
Entraîné par Tony Altimore, Marc Pole est un compétiteur plutôt large, court sur pattes et peu apprécié du public. Originaire de Long Island, sa carrière sur ce territoire s’étale seulement entre 1978 et 1982, catchant ensuite jusqu’en 1988 pour des promotions régionales. Son adversaire fut un temps l’homme le plus populaire des territoires. Ancien détenteur de l’or suprême, Pedro Morales est encore, à près de quarante ans, un compétiteur de premier ordre, arborant un physique impressionnant.
On s’en doute un peu, Pole n’est pas de taille face à Morales, qui s’impose naturellement dès les premières secondes du combat. Aux commentaires, ce pauvre gars est vivement critiqué pour sa condition physique, pas des plus impeccables. Incompréhension totale lorsque Vince le compare à un certain Francis Dunn, un catcheur qui aurait été si mauvais qu’on l’aurait forcé à raccrocher ses bottes. Morales est fidèle à lui-même et à son « Puertorican Fire » et inflige une sévère correction à son antagoniste. Il l’emporte avec un Boston Crab en quelques minutes.
– Bruno Sammartino est en ringside et accueille un nouveau venu, en la personne de l’énergique « Quickdraw » Rick McGraw. Garçon de Charlotte en Caroline du Nord, celui-ci semble pétrifié par l’idée de parler à la caméra. Maladroitement, Ricky McGraw discute de son récent parcours et de sa routine d’entraînement. Les minutes ont du paraître une éternité pour ce jeune homme à deux doigts de craquer et de fondre en larmes. Sammartino semble compatir en rendant l’antenne, mettant un terme à ce moment plus que pénible.
MATCH 3 : « QUICKDRAW » RICK MCGRAW VS FRANK « MOOSE » MONROE (04:14)
VAINQUEUR : RICK MCGRAW
PRISE DE FINITION : FLYING BODY PRESS
APPRÉCIATION : IN-RING CORRECT SAUVANT UNE PROMO CATASTROPHE
Au sortir d’un entretien des plus angoissants, Rick McGraw a désormais l’occasion de se racheter sur le ring. Originaire de Charlotte en Caroline du Nord, Ricky a commencé s’entraîner en Floride en 1976, s’inspirant de Jack Brisco et d’Eddie Graham. Il s’est notamment distingué entre 1978 et 1979 sur le territoire de Mid-Atlantic Wrestling, signant ensuite avec la World Wrestling Federation en 1980. Son adversaire effectue son retour sur ce programme. Il s’agit du poilu et trapu Frank « Moose » Monroe, que nous n’avons plus aperçu depuis quelque temps.
La différence physique profite à McGraw, qui peut emmener le large Monroe au sol, l’empêchant de le malmener avec ses coups. Monroe reprend l’ascendant avec une sorte de Cobra Clutch, rapidement contré par l’agilité de McGraw. Celui-ci échoue toutefois lorsqu’il essaie de hisser « Moose » en enfourchement. Ce dernier revient et y va de ses lourds coups de poing. Le large canadien se fait prendre à son propre jeu en projetant son adversaire dans l’un des coins. Profitant de son plus petit gabarit, McGraw put prendre appui sur les cordes pour repartir en Crossbody sur Monroe, l’emportant au compte de trois. « Quickdraw » Ricky McGraw ira ensuite du côté de l’AWA pour ensuite s’illustrer avec Steve Travis, de retour à la World Wrestling Federation. Ricky McGraw meurt prématurément d’une crise cardiaque en 1985 à l’âge de 30 ans.
MATCH 4 : DOMINIC DENUCCI & RENÉ GOULET VS THE SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO (12:02)
VAINQUEURS : THE SAMOANS
PRISE DE FINITION : COUNT OUT
INDICATEUR : ** ¼
Associés depuis quelques temps, c’est ce soir l’occasion pour Dominic DeNucci et son compère René Goulet de prouver que l’âge n’est qu’un chiffre. Afa et Sika, victorieux de Tito Santana et d’Ivan Putski au Spectrum de Philadelphie, portent à cet égard l’or des ceintures Tag Team de la promotion. Accompagnés d’un Lou Albano agité, les Samoans ne remettront pas les ceintures en jeu. La limite de temps est spécialement repoussée à un quart d’heure.
Albano et ses protégés s’adonnent à leur rituel quelque peu original, voyant Afa et Sika s’envoyer une série de coups de tête. Sur le ring, Goulet et l’italien s’emparent des ceintures et les mettent autour de leur taille, faisant réagir le public d’Hamburg. Les Samoans réagissent et la bagarre commence, voyant Albano s’en mêler, repoussé par une droite de Dominic. À l’extérieur du ring, Albano s’emporte et jette ses tongs, voyant alors Sika descendre et lui remettre à ses pieds, le prenant ensuite dans ses bras avec un grand sourire. Enfin sur le ring, Afa et Sika sont tournés en ridicule par Goulet et DeNucci. Tandis qu’Afa dégustait sur le ring, Sika dégustait le cigare d’Albano. Sika a littéralement mangé le cigare de Lou Albano. Isolé de son partenaire, c’est au tour de Dominic de souffrir, se prenant de sales coups de la part d’Albano. En déroute, DeNucci passe le relais à Goulet, qui se fait également prendre à partie. Goulet passe un sale quart d’heure mais réussit à donner le tag à un Dominic chaud bouillant. Celui-ci se prend une série de coups de tête et est envoyé à l’extérieur du ring. Se défendant comme un beau diable, Dominic ne peut remonter sur le ring au compte de l’arbitre, qui fait alors sonner la cloche.
– C’est l’émeute, Dominic renvoyant Albano au vestiaire à coups de poing. De l’autre côté, Goulet s’écroule sous les coups des Samoans. DeNucci revient avec une chaise en bois, alors que le public s’emballe. Un coup de chaise sur le crâne de Sika n’y fait rien, celui-ci ne bouge pas d’un centimètre. Goulet les dégage avec un saut chassé, concluant ce match complètement délirant. Au microphone, Sammartino tente de s’interposer et éprouve quelques difficultés à calmer Goulet mais surtout DeNucci, chaud comme la braise. L’italien est en rogne et veut cogner sur Albano, tandis que Bruno doit rendre l’antenne.
MATCH 5 : TONY ATLAS VS FRANK SAVAGE (03:09)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : BON PETIT SQUASH POUR ATLAS
Vêtu d’un peignoir bleu marine, Tony Atlas signe quelques autographes. Ce compétiteur originaire de Roanoke en Virginie à la musculature de dieu grec s’est rapidement établi comme l’un des compétiteurs les plus appréciés de la promotion. Atlas se mesure ce soir à Frank Savage, un débutant qui catche sur ce territoire entre 1980 et 1984.
Possédant un physique hors-normes, Atlas n’a aucune difficulté à s’imposer face à un Savage plus que quelconque. Ce dernier a recours a des tactiques plutôt limites, sans doute pour camoufler de maigres capacités in-ring. Étranglé dans l’un des coins, Atlas s’en démène et répond avec ses coups, l’emportant en près de trois minutes avec une souplesse arrière, tout en sobriété.
Encore une fois, ce programme All Star Wrestling en date du 24 mai 1980 apporte son lot de belles choses. Fort d’un bon retour en forme, Pedro Morales peut compter sur sa popularité et sur sa réputation bouillonnante. On ne dit pas non à un éventuel face à face entre lui et Ken Patera. Un autre challenger réside peut-être en la personne de Tony Atlas, impressionnant à tous les égards. Que ce soit Atlas comme Morales, Ken Patera a du souci à se faire. Pat Patterson s’est à nouveau imposé avec panache face au redoutable José Estrada, comme ce fut déjà le cas lors d’un récent épisode. C’est un petit peu récurrent, comme face à Johnny Rodz, mais c’est heureusement toujours agréable. Fraîchement signé sur ce territoire, le jeune Ricky McGraw s’est d’abord perdu sur une promo catastrophique. Stressé, rougi et prêt à fondre en larmes, cette première expérience fut plus que pénible. Sur le ring, ce dernier fut dans son élément et put s’offrir une victoire affirmée face à « Moose » Monroe, de retour à l’antenne. L’attraction de la soirée fut toutefois ce combat par équipe complètement délirant entre Dominic DeNucci et René Goulet et les Samoans de Lou Albano. Concentré de divertissement, ce fut à la fois cocasse, étrange et totalement prenant. Le tout a ensuite débouché sur une scène d’émeute qu’on apprécie tout particulièrement dans le cadre de ce sport-spectacle.
Nathan Maingneur