CHAMPIONSHIP WRESTLING #17
31/05/1980
Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous accueillent dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie pour ce Championship Wrestling, encore et toujours présenté par le promoteur Phil Zacko. Vince et Bruno nous informent que Tony Atlas, Ken Patera mais également les Samoans sont de la partie ce soir.
Joe McHugh s’occupe des présentations sérotinales et précise que cette heure de catch est placée sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par John Santoro et représentée sur place par quelques-uns de ses officiels. Le Dr. George Zahorian est absent et sera ce soir remplacé par l’un de ses confrères assis en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront lors de cette heure de catch nord-américain sont messieurs Dick Kroll, Gilberto Roman, John Stanley, Billy Caputo et Dick Woehrle.
MATCH 1 : « QUICKDRAW » RICK MCGRAW VS FRANK « MOOSE » MONROE (06:57)
VAINQUEUR : RICK MCGRAW
PRISE DE FINITION : HEADCISSORS
INDICATEUR : **
On n’arrête plus « Quickdraw » Ricky McGraw. Victorieux à chacune de ses apparitions et de surcroît à l’issue d’excellents combats, ce jeune prodige gravit les échelons du succès et semble promis à un futur brillant. Ce soir, ce garçon ordinaire de Charlotte en Caroline du Nord se mesure à un défi de taille, au sens littéral, en la personne de Frank « Moose » Monroe, gros gaillard originaire des steppes canadiennes.
Profitant de son agilité, Ricky lance les hostilités en emmenant Monroe au tapis. Maintenu au sol par une clé de jambes, Monroe s’en sort avec de sales tactiques de heel. Il reprend le dessus avec de gros coups de massue et en éclatant le visage de McGraw contre l’un des coins. On remarque qu’Arnold Skaaland, illustre manager de Bruno Sammartino et de Bob Backlund, s’est assis aux abords du ring. Courageusement, porté par une foule tout acquise à sa cause, McGraw résiste et tient tête à son large antagoniste. Poussé dans les cordes, Ricky rétorque avec une grosse gifle qui claque et accule ensuite « Moose » dans l’un des coins. Il le roue de coups et revient sur ses pieds avec un salto arrière. Ça ne sert à rien, mais c’est impressionnant. Ricky manque de l’emporter avec un Sunset Flip mais enchaîne directement avec une série de sauts chassés. Il emmène ensuite Monroe au sol avec un ciseau de tête plutôt brouillon et l’emporte donc au compte de trois, accrochant une victoire supplémentaire à son tableau de chasse.
– Au moment de regagner le vestiaire, Arnie Skaaland est accueilli par son ancien poulain, en la personne de Bruno Sammartino. Interrogé à propos de sa présence aux abords du ring, Skaaland confesse être impressionné par les performances de Ricky McGraw. Seul et unique manager « babyface » de cette période, Skaaland serait intéressé de prendre ce jeune garçon sous son aile.
MATCH 2 : PEDRO MORALES VS JOSÉ ESTRADA (07:33)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : O’CONNOR ROLL
INDICATEUR : **
Les apparences sont parfois trompeuses. Derrière cet air sournois et ce regard pernicieux se cache un excellent compétiteur, en la personne de José Estrada. L’ancien compère de « Unpredictable » Johnny Rodz se frotte ce soir à un ancien Champion du monde, et pas n’importe lequel. Originaire de Culebra dans l’archipel de Porto Rico, Pedro Morales s’est offert une sacrée remise en forme en ce début d’année ’80.
Fidèle à sa réputation de catcheur très physique et engageant, Pedro s’impose avec des Armdrags maintenus en clés de bras. Attention, sur le plan technique, Estrada ne doit pas être sous-estimé. Et en effet, Estrada se sort habilement des prises de Morales et répond avec de sales coups de poing au visage. Impeccable, Estrada pousse l’ancien Champion dans ses retranchements, ce qui plaît sans doute au portoricain. Car ce que ne supporte absolument pas Morales, c’est le manque d’intensité. Magnifique selling d’Estrada sur un brise-genou, au point qu’on vienne à se demander s’il est réellement blessé. Pedro nous gratifie d’un Headscissors et enchaîne avec ses fameuses mandales qui claquent jusque dans les derniers rangs. Estrada est en perdition et succombe ensuite à un O’Connor Roll porté avec fermeté.
– Les images du prochain combat sont extraites d’une récente édition de Championship Wrestling, enregistrée le 6 mai 1980.
MATCH 3 : HARLEY RACE VS STEVE KING (03:02)
VAINQUEUR : HARLEY RACE
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DU CHAMPION DE LA NWA
La semaine dernière, le titulaire du « Ten Pounds of Gold » en la personne d’Harley Race a foulé ce ring pour la toute première fois. Mal présenté et coupé lors de sa promo d’après-match, Harley Race a manqué d’exposition et n’a pas franchement marqué les esprits. En ce soir du 6 mai 1980, c’est Steve King, notre Saint-Patron des jobbers, qui se mesurait à Harley Race.
De tous les plus grands catcheurs méthodiques de l’histoire, Harley Race est peut-être le plus efficace. Calmement, posément, une prise après l’autre et un coup à la fois, Harley déroule son catch avec une fluidité déconcertante. King essaie un temps de reprendre le dessus avec des coups de poing mais est rapidement calmé par le Champion de la NWA. C’est à peu près le même match que la semaine dernière, ce sont à peu près les mêmes prises qui sont portées. Et comme la semaine dernière, Harley Race l’emporte avec une souplesse arrière portée avec fermeté.
MATCH 4 : KEN PATERA W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS TONY COLON (02:38)
VAINQUEUR : KEN PATERA
PRISE DE FINITION : SWINGING FULL NELSON
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT MOYEN
Deuxième détenteur de la ceinture de Champion Intercontinental depuis sa victoire contre Pat Patterson, Ken Patera est rapidement devenu l’un des catcheurs les plus détestés de la promotion. Accompagné au ring par un Grand Wizard of Wrestling aussi machiavélique que mystique, Patera rencontre ce soir un garçon du nom de Tony Colon, qui effectue ce soir ses débuts à l’antenne.
Après avoir pris tout son temps pour retirer sa combinaison rouge et pour parader avec le titre, Patera décime littéralement ce pauvre Colon. Pour des débuts, ce n’est pas terrible, mais en même temps, à quoi s’attendre en affrontant Ken Patera, alors au sommet de sa carrière. Comme beaucoup de jobbers de cette période, Colon semble vraiment manquer d’expérience. Patera l’emporte sans problèmes avec sa Swinging Full Nelson, avant d’en rajouter une couche avec de sales coups de pied au visage pendant que le Grand Wizard s’occupait de détourner le regard de l’arbitre.
MATCH 5 : THE SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO VS RENÉ GOULET & JIM DUGGAN (05:23)
VAINQUEURS : THE SAMOANS
PRISE DE FINITION : CLAWHOLD
APPRÉCIATION : DÉBUTS… PARTICULIERS POUR JIM DUGGAN !
Vétéran des rings, René Goulet est bel et bien de retour sur les ring de la World Wrestling Federation. À ses côtés se tient un jeune garçon moustachu qu’on semble reconnaître. Il s’agit d’un certain Jim Duggan, qui effectue ce soir ses débuts sur ce programme, encore bien loin de son personnage de héros patriote et fédérateur. Leurs antagonistes, ce sont les Champions Tag Team en personne. Managés par le capitaine Lou Albano, Afa et Sika sont les Wild Samoans. Manque de respect total, Albano se débarrasse des ceintures en les jetant hors du ring !
Immédiatement, les Samoans foncent sur leurs adversaires. Goulet est dégagé en dehors du ring tandis que Duggan est passé à tabac. Goulet revient en force et s’impose avec un gros saut chassé. Mais dès qu’entre Duggan, c’est la catastrophe. Le pauvre garçon subit une Clawhold pendant de très (trop) longues minutes. Et à chaque fois qu’il essaie de se relever, Duggan est inextricablement ramené au sol. Une fois de trop sans doute, puisqu’il ne se dégagera pas d’un énième retour au tapis, offrant la victoire aux Wild Samoans et à ce diable de Lou Albano.
MATCH 6 : « M. USA » TONY ATLAS VS MANNY SIACA (02:48)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : MILITARY PRESS SLAM
APPRÉCIATION : SQUASH ENCORE UNE FOIS PLUTÔT MOYENS
Une fois n’est pas coutume, on termine ce programme avec la présence de Tony Atlas. Il se frotte ce soir à un certain Manny Siaca, jobber d’origine portoricaine en activité depuis la fin des années 1970. Sur une pente on-ne-peut-plus ascendante, Tony Atlas accumule les victoires et commence tout doucement à se positionner comme un prétendant sérieux à la ceinture de Champion Intercontinental de Ken Patera.
Face à un compétiteur de la trempe d’Atlas, Siaca semble totalement à côté de la plaque. Pris dans un collier de tête à rallonge, Siaca subit sans réagir. C’est une petite promenade de santé pour Atlas qui déroule son catch avec une facilité déconcertante. Siaca réussit à envoyer quelques maigres coups de poing, mais Tony ne se laisse pas impressionner et le soulève à bout de bras pour l’écraser avec son Military Press Slam. Au vu du physique de Siaca, ce n’était pas gagné et pourtant, Atlas y est parvenu. Chapeau.
Le Champion Intercontinental, les Champions Tag Team, Harley Race, du bon catch, tous les ingrédients étaient réunis pour que le programme soit alléchant. Pourtant, cela n’a pas empêché d’avoir des matches moyens, voire mauvais, ce qui peut-être considéré comme du gâchis au vu du talent des différents compétiteurs.
– Rick McGraw n’aurait pu rêver de meilleurs débuts. Enchaînant les performances toutes plus impressionnantes les unes que les autres, McGraw a été repéré par Arnold Skaaland, qui semble vouloir le prendre sous son aile. Lorsqu’on y réfléchit, c’est complètement fou de se dire qu’à cette époque, on a considéré Ricky McGraw comme légitime à intégrer la liste très réduite des catcheurs managés par Arnold Skaaland, jusqu’alors composée de Bruno Sammartino et de Bob Backlund, rien que ça.
– Si Ricky McGraw a effectué de parfaits débuts, on ne peut pas en dire de même pour ce jeune garçon qui a fait ses premiers pas ce soir. Et pourtant, celui-ci a connu une carrière plus prolifique que McGraw. Il s’agissait en effet des débuts d’un certain Jim Duggan, qui a passé un très très très mauvais quart d’heure.
– Quand le catch est bon, le catch se suffit à lui-même. C’est exactement ce résumé que nous pourrions faire en parlant de ce match entre Pedro Morales et José Estrada. Simple, sans fioritures, ce genre de combats, on en veut toutes les semaines ! Pedro Morales se consolide ainsi en vue de passer aux choses sérieuses, tandis que José Estrada semble définitivement être le parfait adversaire en toutes circonstances.
– Mal présenté, coupé de sa promo d’après-match, on n’imaginait pas pareil traitement à l’égard du Champion du monde de la NWA, le représentant par excellence du catch nord-américain à cette période. Cette semaine, Race n’était pas présent, mais une séquence de l’un de ses plus récents combats a été diffusée. Quoi qu’en en dise, Harley Race, c’est le catch.
Nathan Maingneur