ALL STAR WRESTLING #70

ALL STAR WRESTLING #70

22/03/1980

All Star Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

De retour au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, Vince McMahon et « Wrestling’s Living Legend » Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous présentent la carte de ce programme All Star Wrestling.

Gary Cappetta s’occupe des rituelles présentations sérotinales et précise que le catch ici proposé sera sous la juridiction et la supervision des officiels de la Commission Athlétique d’État, représentée sur place par John Santoro. Dr. John Woods remplace à nouveau George Zahorian et siège en compagnie de l’intarissable Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de cette heure de catch étiquetée World Wrestling Federation seront Gilberto Roman et Dick Woehrle.


MATCH 1 : PAT PATTERSON VS JOHNNY RODZ (06:59)

VAINQUEUR : PAT PATTERSON

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

INDICATEUR : **


Couronné en septembre 1979 en tant qu’historique détenteur inaugural de la ceinture Intercontinentale, Pat Patterson est ce soir à l’honneur pour ouvrir le bal. En 1980, Pierre Clermont, de son nom de naissance a déjà près de vingt ans de carrière dans les pattes, catchant pour la première fois sur le ring du Palais des Sports de Montréal en 1958. S’exportant aux États-Unis au début des années 1960, Patterson effectue ses marques sur le territoire de San Francisco. Ce soir, Pat Patterson ne remet pas son or en jeu et se mesure simplement à « Unpredictable » Johnny Rodz, redoutable compétiteur issu des quartiers chauds de Brooklyn.

Avant d’entamer la rencontre, Johnny fait des pieds et des mains pour que l’arbitre s’assure que Patterson n’a rien caché sous sa genouillère… tout ça pour l’agresser subitement, lui brisant sa garde. Se focalisant sur son bras et son épaule gauche, Rodz domine les débats et fait preuve d’un catch toujours si acéré. Attention toutefois, Patterson est un battant et peut compter sur sa témérité, lui qui affiche toujours les cicatrices d’une large entaille au niveau du front. Porté par l’appui du public, Patterson revient et prend pour cible l’une des jambes de Johnny Rodz. Pleinement de retour, le Champion lui éclate le genou dans le poteau du ring à plusieurs reprises. Sur le ring, Rodz ne semble pas en sentir les effets, ou du moins ne le montre-t-il pas ! Ainsi, Johnny se sert des cordes à son avantage, prenant de l’appui pour asséner des coups de pied à Patterson, au sol. Un contre permet toutefois au québécois de l’emporter avec un Sunset Flip, au grand dam de Johnny Rodz qui voit une victoire de plus lui glisser des doigts. Mauvais perdant, Johnny y retourne mais se prend un énième revers, repartant en direction du vestiaire.


MATCH 2 : TONY ATLAS VS JOSÉ ESTRADA (08:50)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB

INDICATEUR : ***


Tout sourit à Tony Atlas, qui ne cesse d’enchaîner les succès depuis ses débuts en fin d’année 1979. Salué en haltérophile, en bodybuilding et récemment titré « M. USA » parmi d’autres récompenses, Atlas ne peut qu’être confiant quant à son futur sur les rings de catch. Ce soir, le natif de Roanoke en Virginie se mesure à son plus grand challenge à ce jour, en la personne de José Estrada, catcheur d’origine portoricaine et ancien Junior Heavyweight Champion en 1978.

On se cherche, on se tourne autour, Atlas semble prendre conscience qu’Estrada n’est pas l’habituel sous-fifre qu’on lui donne en pâture. Toutefois, Tony élève son jeu et nous sort un impressionnant ciseau de tête, emmenant Estrada au sol. On s’échange quelques tours de hanche et, en dépit de son expérience, le portoricain doit se reprendre à l’extérieur du ring. De retour, Atlas et Estrada s’échangent des sauts chassés, terminant au sol après un vaillant échange. Acculé dans l’un des coins à coups de poing, Atlas ne se laisse pas faire et répond coup pour coup, porté par l’appui de la foule d’Hamburg. Estrada essaie ensuite de le soulever en enfourchement, mais Tony tient fermement sur ses appuis. Envoyé au tapis quand même, Atlas se relève et en bloque un nouveau, pour cette fois-ci élever Estrada et le projeter au tapis à son tour. Malgré tout, Estrada fait preuve d’une solide résistance et se démène comme un beau diable. Mis à mal, Atlas s’offre un second souffle mérité et se déchaîne sur Estrada, lui portant un coup de tête. Le rattrapant dans sa chute, Atlas le retient et lui en porte un second. Mais ça ne suffit pas pour Tony Atlas qui savoure ce moment, lui en portant un troisième, puis un quatrième ! Au sol, Estrada est retourné en Boston Crab et abandonne presque instantanément, offrant à Tony Atlas sa plus belle victoire sur ce territoire. Mention toute particulière au perdant, qui aura su repousser Atlas dans ses retranchements, pour nous offrir un sublime et puissant retour de babyface.


– Sur un petit nuage, Atlas est entouré par quelques spectateurs et accepte de répondre à quelques questions de Bruno Sammartino. Tony revient sur son parcours, de la Caroline du Nord à la Géorgie en passant par la Pennsylvanie, qu’il affectionne tout particulièrement. En plus de ses précédents accomplissements, Tony Atlas n’a qu’un désir, celui de s’élever parmi les plus grands de ce sport. Idolâtrant Sammartino, Atlas souhaite se mesurer aux plus grands noms de la discipline, à commencer par Ken Patera et Hulk Hogan. Imaginez-vous ces affiches.


MATCH 3 : BARON MIKEL SCICLUNA VS ANGELO GOMEZ (06:08)

VAINQUEUR : BARON MIKEL SCICLUNA

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT QUELCONQUE


De retour sur ce territoire au début de l’année 1980, Baron Mikel Scicluna entend bien s’arroger une victoire de plus, ce soir à All Star Wrestling. À trois ans de sa retraite des rings, Scicluna se mesure ce soir au portoricain Angelo Gomez, qui sert ce soir de souffre-douleur au seul catcheur originaire de l’île de Malte à ma connaissance.

Assez rapidement, Scicluna s’affaire à emmener Gomez au sol, le bloquant ensuite avec un étranglement et des clés de bras un peu archaïques. Utilisant d’habitude tout une panoplie d’objets illicites, le Baron joue dans les règles, ne s’autorisant quelques tirages de cheveux et doigts dans les yeux. Parfois, Gomez semble vainement se redonner du poil de la bête, mais cela ne sert à rien. L’écrasant au sol avec un enfourchement, Scicluna l’emporte ensuite avec une descente du genou, au terme d’un match à sens unique, un brin long.


MATCH 4 : TITO SANTANA VS JOJO ANDREWS (02:04)

VAINQUEUR : TITO SANTANA

PRISE DE FINITION : FLYING BODY PRESS

APPRÉCIATION : C’EST RAPIDE ET C’EST EFFICACE


Selon mes recherches, c’est la dernière fois qu’on voit JoJo Andrews de ce côté des territoires, celui s’exportant ensuite définitivement à la Stampede Wrestling de Calgary, où il se fera un nom sous le pseudonyme de Kasavubu, décédant tragiquement en 1982 des suites d’une crise cardiaque. Ce soir, Andrews se mesure au co-détenteur des ceintures par équipe de la World Wrestling Federation, en la personne de Tito Santana, fier partenaire d’Ivan Putski.

Tout en vitesse, Santana se lance et ne s’arrête pas ! Une série de sauts chassés, suivi de quelques esquives, ont raison de ce pauvre Andrews, qui succombe en deux minutes à peine d’un Flying Body Press, porté avec élan. Belle victoire pour Tito Santana qui sera ce soir allé à l’essentiel.


– Reçu au microphone par Bruno Sammartino, Santana crédite sa victoire à sa vitesse, utile face à un gabarit comme celui d’Andrews. Comme souvent lors de ces entretiens, Santana revient sur sa routine d’entraînement, qui s’est intensifiée depuis qu’il s’associe avec « Polish Power » Ivan Putski.


MATCH 5 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE VS MIKE MASTERS (05:31)

VAINQUEUR : LARRY SHARPE

PRISE DE FINITION : PILEDRIVER

APPRÉCIATION : VOUS SOUFFREZ D’INSOMNIE ? PLUS MAINTENANT 


On conclut cet épisode avec l’un des premiers grands entraîneurs de catch de renommée. « Pretty Boy » Larry Sharpe, toujours floqué d’une ample combinaison moulante et d’un sourire niais, reçoit les sifflets de la foule d’Hamburg. Ce soir, Sharpe se frotte à Mike Masters, qui en dépit d’une musculature ciselée, n’est encore qu’un apprenti.

Au son de la cloche, une partie du public se lève et semble vouloir quitter l’arène. Soit cet épisode est le dernier d’une série d’enregistrements, soit une partie de la foule s’est concertée pour aller aux toilettes. Alors qu’Hogan et Blassie avaient su pallier une telle situation, je doute que Sharpe en soit capable. Au vu des récentes performances de ce dernier, je peux difficilement prendre sa défense. Oscillant entre une technicité approximative et de lourds coups, Sharpe fait à nouveau durer le plaisir, son plaisir au détriment du notre. En effet, c’est à nouveau excessivement long, impossible de s’y investir et de vouloir supporter qui que ce soit. Seul point intéressant, Sharpe l’emporte avec un marteau-pilon, une prise redoutable mais encore peu popularisée sur ce territoire.


À quelques jours d’un grand événement au Madison Square Garden, cet épisode d’All Star Wrestling sait proposer de tout, pour toutes et tous. On apprécie la victoire éclair d’un Tito Santana efficace et dont le style plaît au public. Ce qu’on apprécie moins en revanche, ce sont les performances du Baron Scicluna et de Larry Sharpe. À près de cinquante-et-un ans, pas sûr que le catch du Baron soit encore adapté à la direction choisie par la promotion, celle de rajeunir ses compétiteurs et de moderniser ses représentations. Quant à Larry Sharpe, pas une seule fois n’ai-je du combattre contre l’endormissement lors de ses matches, tant ses performances sont d’un ennui monstre. Qu’on se le dise, autant Sharpe est un grand entraîneur, sans doute l’un des plus grands, mais sur le ring, ce n’est pas un bon catcheur. Depuis son retour en 1980, personne ne sortait de la salle en se disant « J’ai adoré ce match de Larry Sharpe ! ». Du bon, on en retrouve du côté de Patterson et de Johnny Rodz, qui nous ont offert un bon petit match d’ouverture. On regrette juste le rôle de Johnny Rodz, cantonné à perdre encore et encore, malgré un talent indéniable entre les cordes. Toutefois, le point clé de la soirée est à mettre au crédit de José Estrada et de Tony Atlas, auteurs d’un excellent combat, soutenu et compétitif, le premier du genre pour Atlas, qui en ressort plus que grandi. Ce dernier semble être sur une pente on-ne-peut-plus ascendante et devrait bientôt pouvoir commencer à caresser les cimes de la gloire, si on le lui permet. Mais ça, c’est une autre histoire.

Nathan Maingneur

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