CHAMPIONSHIP WRESTLING #8
22/03/1980
Vince McMahon est notre hôte et sera bientôt rejoint par Bruno Sammartino. Vince nous présente le programme de ce Championship Wrestling encore et toujours enregistré dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie.
Joe McHugh s’occupe des présentations sérotinales et nous annonce que cette heure de catch est placée sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique de l’État de Pennsylvanie, présidée par John Santoro et représentée en ringside par quelques-uns de ses officiels. Dr. John Woods siège en compagnie de Mike Mittman, notre célèbre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront ce soir sont John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : PAT PATTERSON & RENÉ GOULET VS JOHNNY RODZ & BARON SCICLUNA (09:51)
VAINQUEURS : PAT PATTERSON & RENÉ GOULET
PRISE DE FINITION : STANDING DROPKICK
INDICATEUR : ** ¼
Après une semaine de catch à quatre, on recommence ce programme avec un match Tag Team et non des moindres. D’un côté du ring, le sinistre Baron Scicluna se tient aux côtés du sournois « Unpredictable » Johnny Rodz. De l’autre, un tandem franco-canadien s’est formé entre René Goulet et notre Champion Intercontinental, en la personne du populaire Pat Patterson.
Scicluna et Rodz sont d’abord tournés au ridicule par Patterson mais réussissent quand même à l’isoler plutôt rapidement de son partenaire. Johnny et le Baron cognent fort et le québécois dérouille en ce début de rencontre. Lorsqu’entre Goulet, c’est plus ou moins la même chose. Scicluna et rodz enchaînent les tags et ne laissent aucune seconde de répit à leurs antagonistes. Toutefois, Patterson et Goulet sont pleins de malice et parviennent à retourner le jeu des heels à leur avantage. La rencontre est rythmée et ne souffre d’aucun réel temps mort, ce qui est tout à fait appréciable. Patterson et Goulet reprennent la main et traînent alors Scicluna dans l’un des coins. Il lui éclatent ensuite l’une de ses jambes contre le poteau, au grand bonheur du public. Désormais, les québécois ont l’ascendant et gardent Rodz au sol. C’était sans compter sur les incessantes interventions du Baron, ce qui agace l’arbitre de la rencontre. Rodz est en perdition et, complètement groggy, se trompe alors de coin et encaisse les droites et les gauches. Goulet se débarrasse alors de Scicluna et laisse Patterson l’emporter au compte de trois à la suite d’une série de sauts chassés. Bon petit match en tag.
MATCH 2 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE VS FRANKIE WILLIAMS (07:11)
VAINQUEUR : LARRY SHARPE
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CORRECT
Une gueule d’ange aux airs de tête à claques, Larry Sharpe n’est pas le plus apprécié des catcheurs de la promotion. Le « Pretty Boy » est l’un des plus grands entraîneurs de cette génération et a contribué à former certains des plus grands noms du circuit américain. Ce soir, Sharpe se mesure à un jobber endurci, peut-être le plus célèbre de sa période, en la personne de Frankie Williams.
Immédiatement, Sharpe décide de se concentrer sur l’une des jambes de son adversaire. Et cette jambe, le « Pretty Boy » ne la lâche plus de toute la rencontre. Sharpe est en effet ce qu’on appelle un scientifique du catch. Spécialiste de la psychologie entre les cordes, Sharpe est méthodique mais cela ne l’empêche pas de subir quelques coups de Williams. Ce dernier est un vétéran des rings et en a vu d’autres, mais Sharpe est trop incisif et ne lâche pas cette jambe d’une semelle. Aux commentaires, Vince et Bruno parlent d’André le Géant et annoncent sa présence lors du prochain épisode. Et après une leçon de catch qui a quand même duré près de sept minutes, Larry Sharpe l’emporte au compte de trois avec un Powerslam sorti de nulle part, ressortant de ce combat avec un grand sourire.
MATCH 3 : DAVEY O’HANNON VS ANGELO GOMEZ (03:06)
VAINQUEUR : DAVEY O’HANNON
PRISE DE FINITION : BRISE-NUQUE
APPRÉCIATION : O’HANNON EST UNE STAR !
Originaire du New Jersey, Davey O’Hannon est ce qu’on pourrait appeler un persifleur du ring. Talent destiné à se coucher face à d’autres adversaires plus coriaces, il est très rare que ce jeune garçon ne décroche ne serait-ce qu’une maigre victoire. Ce soir, O’Hannon est opposé à Angelo Gomez et possède donc une chance d’obtenir gain de cause.
Possédant un gabarit plus large et une agressivité plus prononcée, Davey s’impose donc logiquement. On a même droit à quelques belles séquences de lutte au tapis qui révèlent la technicité de O’Hannon. Gomez se réveille et envoie alors Davey s’entremêler dans les cordes avec un saut chassé. À genoux, O’Hannon est suppliant mais réussit à reprendre le contrôle du combat. Il l’emporte ensuite avec un brise-nuque un peu sorti de nulle part et décroche une victoire trop rare pour ne pas être soulignée.
MATCH 4 : LARRY ZBYSZKO VS STEVE KING (05:26)
VAINQUEUR : LARRY ZBYSZKO
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : LA RÉACTION DU PUBLIC !
De mémoire, jamais personne n’a été autant sifflé que Larry Zbyszko. Bourreau de l’icône Sammartino, Larry Zbyszko effectue son entrée sous une véritable broncha. Autrefois très apprécié du public, Larry est aujourd’hui l’homme le plus détesté de la planète. Comme si cela ne suffisait pas (et c’est du génie), Zbyszko demande à Joe McHugh de l’annoncer en tant que « The New Living Legend », un surnom repris à Bruno Sammartino et qui fait entrer le public en éruption, déjà au bord de l’émeute.
À l’unisson, c’est tout le public d’Allentown qui scande « We Want Bruno ! » alors que ce dernier préfère quitter son poste. Comme pour jeter de l’huile sur le feu, Larry invective le public et refuse d’engager le contact avec Steve King. Et en guise de premier échange, il le couche avec une souplesse arrière portée avec fermeté. Toutefois, ne nous focalisons pas sur l’aspect in-ring du combat, finalement assez secondaire. Ce match est à écoute absolument, tant la réaction hostile de la foule se suffit à elle-même. Les chants du public ne s’arrêtent pas et Larry enchaîne les souplesses arrières. À la suite d’une énième de ces souplesses, Larry Zbyszko l’emporte en un peu plus de cinq minute, ensuite reçu par une pluie de sifflets et de huées.
MATCH 5 : DOMINIC DENUCCI VS JOSÉ ESTRADA (05:02)
VAINQUEUR : DOMINIC DENUCCI
PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP
INDICATEUR : * ¾
Originaire de Venise en Italie, Dominic DeNucci est un briscard des rings. Commençant sa carrière en 1959, d’abord en Europe puis aux États-Unis, l’italien est aujourd’hui sur la fin de son parcours de catcheur, mais sait encore infliger quelques roustes à quiconque irait lui manquer de respect. Ce soir, DeNucci se frotte à José Estrada et son regard sournois, qui toise toujours le public et ses adversaires.
Face au trépidant Estrada, l’énergie et la vivacité font défaut à DeNucci, qui est beaucoup plus âgé que son antagoniste. Toutefois, cela n’empêche pas Dominic de reprendre son match en main avec son style atypique. Gentiment enguirlandé par l’arbitre en raison d’un coup de poing fermé, l’italien cogne sur le pif d’Estrada ! Celui-ci répond avec des coups de pied et des coups de poing qui fatiguent Dominic. Aux commentaires, Vince et Bruno nous rappellent qu’Estrada est le premier Light Heavyweight Champion de l’histoire, titre perdu face à Tatsumi Fujinami en 1978. Et malgré sa fougue et se détermination, Estrada se laisse surprendre et perd le combat à la suite d’un Sunset Flip de Dominic DeNucci qui s’arroge une petite victoire en solo.
MATCH 6 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS MIKE MASTERS (02:40)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : PRISE DE L’OURS
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CLASSIQUE DE HOGAN
On conclut ce programme avec l’apparition du colosse blond. L’homme qu’on surnomme « The Incredible » Hulk Hogan est toujours invaincu et effectue son entrée sous les sifflets de la foule. Emmené au ring par « Classy » Freddie Blassie, Hogan possède un physique de titan et se mesure ce soir à un autre beau bébé certes moins impressionnant mais tout de même, en la personne de Mike Masters.
Puisqu’il s’agit du tout dernier combat de cette série d’enregistrements, de très nombreux spectateurs se lèvent et quittent la salle, une scène assez cocasse, surtout lorsqu’on sait tout le succès qu’ira rencontrer Hogan tout au long de la décennie. Même s’il possède un plutôt bon gabarit, Masters est totalement impuissant face à Hogan. Ce dernier lui écrase le dos contre les coins du ring et enchaîne avec une descente de la cuisse, que Masters esquive ! C’est peut-être l’occasion pour Masters de revenir, mais Hogan avorte le projet en le cadenassant dans sa prise de l’ours. Compressé par les larges biceps d’Hogan, ce jeune garçon jette rapidement l’éponge et offre la victoire à Hogan.
C’est une semaine comme on les aime du côté de la World Wrestling Federation. Du bon catch, des Champions et des personnages plus grands que nature se côtoient dans cette édition de Championship Wrestling, à quelques jours seulement d’un événement organisé au Madison Square Garden.
– Interrogé à propos des conditions de son retour, René Goulet clamait être à la recherche de son partenaire particulier. Et quel partenaire idéal que notre Champion Intercontinental, en la personne de Pat Patterson. Ensemble, les québécois ont décroché une bonne petite victoire à l’issue d’un bon petit match Tag Team.
– La tête dans le guidon dans sa guerre face aux Samoans d’Albano, Dominic DeNucci enchaîne les défaites les unes après les autres. Ce soir, DeNucci s’est arrogé une victoire en solo qui fait du bien au moral de la légende italienne.
– Davey O’Hannon est génial. Maître de la comédie entre les cordes au selling grandiose et aux expressions faciales délicieuses, ce persifleur du ring est trop souvent cantonné à se coucher lors de ce genre de rencontres. Ce soir opposé à Angelo Gomez, O’Hannon s’est offert une rare victoire qu’on apprécie d’autant plus.
– Bête noire du catch professionnel, Larry Zbyszko est peut-être, en ce début d’année ’80 l’homme le plus détesté au monde. Toutefois, ce passage à l’acte des plus répréhensibles et cette attitude détestable ont des conséquences, puisque deux jours après la diffusion de cette émission, Larry affrontait son maître, en la personne de Bruno Sammartino, dans l’enceinte sacrée du Madison Square Garden.
Nathan Maingneur