CHAMPIONSHIP WRESTLING #9
29/03/1980
Vince McMahon et Bruno Sammartino sont nos hôtes et nous accueillent dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie. Ils nous annoncent le programme de cet épisode de Championship Wrestling et, sans plus attendre, nous passons à l’action.
Le célèbre Joe McHugh, au timbre reconnaissable entre mille, s’occupe des introductions et nous annonce que cette heure de catch est placée sous le contrôle de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par John Santoro et représentée en ringside par ses officiels. Dr. George Zahorian siège encore et toujours en compagnie de Mike Mittman, le gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront lors de ce programme sont cette semaine Gilberto Roman et Dick Kroll.
MATCH 1 : THE WILD SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO VS DOMINIC DENUCCI & MIKE MASTERS (08:32)
VAINQUEURS : THE WILD SAMOANS
PRISE DE FINITION : SAMOAN DROP
INDICATEUR : ** ¼
Dominic DeNucci ne se lasse donc jamais. L’italien s’associe ce soir à un gaillard du nom de Mike Masters, jeune garçon originaire du New Jersey qui a commencé sa carrière sous la tutelle de « Unpredictable « Johnny Rodz en 1979. Leurs adversaires rejoignent le ring sous une broncha, alors que le public semble chaud comme la braise. Les Wild Samoans sont encore et toujours accompagnés par le capitaine Lou Albano, sifflé comme rarement par la foule d’Allentown.
Sous les huées provoquées par l’agitation de leur manager, Afa et Sika se prêtent d’abord à un rite de préparation et s’échangent même quelques coups. Tout est prétexte à ce que le public s’enrage et c’est une bonne chose. Au bout de quelques minutes, le contact est engagé et DeNucci tombe rapidement dans le piège des Samoans. Étranglé, l’italien subit même les coups d’Albano, qui invective sans cesse le public. Briscard des rings endurci, Dominic en a vu d’autres et répond avec de grosses droites. À cet égard, le selling d’Afa est mémorable, ce dernier nous offrant de délicieuses expressions faciales à chacune des mandales de DeNucci. Apeuré par ce terrifiant spectacle, Masters est un peut-être un peu trop hésitant et se laisse prendre à partie. Assez rapidement, ce dernier subit un Samoan Drop et ne se relève pas du compte de trois de l’arbitre. Et comme pour rajouter de l’huile sur le feu, Albano ira lui mettre quelques coups de pied après sa défaite !
MATCH 2 : PAT PATTERSON VS MARC POLE (06:11)
VAINQUEUR : PAT PATTERSON
PRISE DE FINITION : O’CONNOR ROLL
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CORRECT
Champion Intercontinental depuis septembre 1979, Pat Patterson est dès lors passé dans le camp des chouchous du public. Affranchi du Grand Wizard of Wrestling et embrouillé avec Lou Albano, Patterson est désormais adoré des foules, en témoigne cette entrée ce soir dans l’enceinte du Agricultural Hall. Son antagoniste se tient sur le ring et n’est autre que Marc Pole, compétiteur endurci qui a plus d’une défaite à son actif sur les rings de la World Wrestling Federation.
Grand bagarreur, Patterson commence avec des droites et des gauches qui font fuir Pole en dehors du ring. Toutefois, Patterson n’est pas amusé par ce petit jeu et, à chaque fois que Pole prend la tangente, le québécois se fait une joie de l’y renvoyer, mais d’une façon beaucoup moins douce. Totalement désemparé, Pole tente de se saisir du marteau de la cloche, mais Patterson l’envoie à la place tête première sur la table des médecins et des officiels. Sur le ring, le Champion humilie son adversaire. Il lui mord les doigts, lui marche sur les pieds, l’attrape par la barbe et le tourne en bourrique. Patterson l’emporte ensuite avec un O’Connor Roll, enroulant ce grand gaillard en position de tombé pour le compte de trois.
MATCH 3 : OX BAKER W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS CHARLIE BROWN (02:12)
VAINQUEUR : OX BAKER
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : SOLIDE RETOUR POUR OX BAKER
Sur le ring, Charlie Brown est présenté à la foule en attendant que son adversaire effectue son entrée. On reconnaît la silhouette singulière de ce personnage. Sourcils broussailleux et grosse moustache, il s’agit du redoutable Ox Baker, l’un des catcheurs les plus craints de cette période. Le maître du Heart Punch, dont la légende raconte qu’il a causé la mort de plusieurs catcheurs qui auraient subi de coup de poing au cœur, a écumé les rings de différentes promotions à partir de 1962, de la Stampede Wrestling de Calgary à la World Wrestling Council de Porto Rico en passant par l’AWA. Il est ce soir accompagné au ring par Ernie Roth, plus connu sous le nom de Grand Wizard of Wrestling.
Dès le son de la cloche, Ox donne le ton en décimant ce pauvre Brown avec de très gros coups de poing. Jouant sur son apparence terrifiante, Ox nous gratifie de ses plus belles grimaces lorsqu’il étrangle son adversaire. Le passage à tabac est brutal et Brown se voit infliger une sale correction. Étonnamment, pas de Heart Punch ce soir, Baker l’emportant en moins de trois minutes avec une descente du coude.
MATCH 4 : « BIG » BOBBY DUNCUM W/CPT. LOU ALBANO VS RENÉ GOULET (04:16)
VAINQUEUR : BOBBY DUNCUM
PRISE DE FINITION : COUNT OUT
INDICATEUR : * ¾
Gilet en cuir et chapeau de cowboy, Bobby Duncum est l’un des hors-la-loi qui sèment le trouble sur ce territoire. Managé par un Lou Albano qui s’est ouvert une bière, Duncum se frotte ce soir à l’un des catcheurs les plus appréciés du moment, en la personne de René Goulet. Le franco-canadien s’est offert un petit retour en grâce en ce début d’année 1980 et voyons maintenant s’il est capable de tenir face à de plus gros défis.
Techniquement rôdé, Goulet prends le premier l’avantage avec une clé de bras, alors que le public fait du bruit. Oui, une réaction de la foule pour une clé de bras ! Le cowboy ne se laisse pas faire et répond avec un coup de genou dans l’abdomen qui coupe le souffle du québécois. Briscard des rings endurci par les coups et les chutes, Goulet ne se laisse pas abattre et nous régale avec une série de ciseaux de tête qui font réagir la foule. Duncum est en perdition mais se retire in-extremis d’une charge de Goulet dans l’un des coins, ce dernier s’écrasant lourdement en dehors du ring. L’arbitre compte mais Goulet est groggy et n’est pas en mesure de rejoindre le ring au compte de dix. La décision est sifflée alors que Dominic DeNucci accourt au chevet de son partenaire et ami.
MATCH 5 : TOR KAMATA W/FREDDIE BLASSIE VS STEVE KING (06:01)
VAINQUEUR : TOR KAMATA
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : SQUASH ASSEZ BROUILLON
Un faciès et un physique répugnant, Tor Kamata est une figure reconnaissable. Originaire de l’île d’Hawaï, Kamata a commencé sa carrière du côté des Central States, puis sur les rings de la Stampede Wrestling de Calgary, à partir de 1972. En 1976, ce spécialiste des techniques d’arts martiaux mixtes effectue ses débuts sur les rings de la World Wrestling Federation et y affronte notamment Bob Backlund. Tor Kamata a ensuite essentiellement combattu au Japon, en équipe avec Abdullah the Butcher ou contre des antagonistes tels que Bruiser Brody ou encore The Original Sheik, jusqu’en 1987. Accompagné au ring par « Classy » Freddie Blassie, Kamata se frotte ce soir à Steve King, notre Saint-Patron des jobbers.
Avant même le son de la cloche, Kamata se jette sur King et le démolit à coups de pied et de genou. Lorsqu’il inflige de la douleur, Kamata grimace et tire la langue, un peu comme le faisait le grand King Curtis Iaukea. Ce match est un passage à tabac, aussi dérangeant que brutal et Kamata ne semble ressentir aucune compassion pour son triste adversaire. Il lui étire la mâchoire, lui griffe le visage et le mord telle une bête sauvage. King se donne un peu de force et réussit même à faire chuter le large Kamata avec un saut chassé. Effort de courte durée puisque Kamata l’emporte ensuite en enchaînant un atémi tranchant et une descente du genou au terme d’un match à sens unique assez long et plutôt brouillon.
MATCH 6 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS ANGELO GOMEZ (02:40)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER
APPRÉCIATION : PLUTÔT BON SQUASH D’HOGAN
Comme à l’accoutumée, nous concluons ce programme avec un combat du colosse à la chevelure blonde, en la personne de Hulk Hogan. Accompagné au ring par « The Fashion Plate of Wrestling » Freddie Blassie, Hogan porte une superbe cape colorée et dévoile sa musculature de titan. Son défi du soir patiente sagement dans le coin opposé, il s’agit de Angelo Gomez, jobber d’origine portoricaine.
La différence de gabarit est impressionnante et Hogan s’impose donc tout naturellement. Gomez n’est pas en mesure de répondre et est baladé d’un bout à l’autre du ring, écrasé à plusieurs reprises contre les coins du ring. Lorsqu’il subit un enfourchement, le bruit de sa chute résonne dans toute la salle. En moins de trois courtes minutes, Hogan l’emporte en lui brisant les vertèbres avec son Canadian Backbreaker, Gomez n’ayant pas vraiment d’autre choix que de jeter l’éponge.
– Vince et Bruno nous saluent et nous annoncent qu’un ancien combat de Bob Backlund sera diffusé lors du prochain épisode. On nous annonce également la présence de notre gloire nationale, en la personne d’André le Géant.
De l’ambiance, du catch et des brutes comme seule la World Wrestling Federation sait en produire, cette édition de Championship Wrestling nous a offert une belle heure de catch comme on en aimerait plus souvent.
– Le doute n’est plus permis. Les Samoans sont mûrs et prêts à s’arroger les ceintures de Champions Tag Team de la fédération. Auteurs d’une performance signature, Afa et Sika, mais aussi le capitaine Lou Albano ont été parfaits, tant dans le pouvoir de générer de la heat que dans le jeu de leurs personnages. Donnez-leurs les titres !
– Terreur des rings à l’affreux portrait, Ox Baker est l’un de ces catcheurs dont la légende n’est plus à faire. Contrairement à ce qui a été dit, ce grand moustachu aux sourcils épais n’effectuait pas ses débuts mais son retour sur les rings de la World Wrestling Federation. En effet, Baker a déjà combattu sur ce territoire en 1967 mais cette fois-ci, Ox n’y restera que quelques jours et n’y remettra plus jamais les pieds.
– Autre brute des rings de catch, Tor Kamata effectuait ce soir son retour sur les rings de la promotion. Ancien grand rival de Bob Backlund lorsque celui-ci n’était pas encore notre Champion du monde, Kamata devrait rapidement se focaliser sur Backlund et sa ceinture en or.
– Toujours sur son petit nuage, Pat Patterson est passé de l’un des compétiteurs les plus détestés à l’un des catcheurs les plus appréciés de la fédération. Et pour cause, son nom est même chanté lorsqu’il n’est pas sur le ring. À cette période, Patterson défend son titre face à des challengers charpentés tels que Bobby Duncum, qui s’arrogeait d’ailleurs ce soir une victoire ou encore Ken Patera, qui ira le battra dans moins d’un mois au Madison Square Garden.
– Hulk Hogan semble réellement invincible et l’on se demande qui pourrait être le premier homme à le battre tant le colosse blond continue de faire forte impression. De semaine en semaine, Hogan ne cesse d’enchaîner les succès et de parfaire son personnage qui fera les grandes heures de la prochaine décennie.
Nathan Maingneur