ALL STAR WRESTLING #93
08/11/1980
En costumes bleus, Vince McMahon et Pat Patterson nous accueillent dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie pour ce programme All Star Wrestling en date du 08 novembre 1980. Patterson a donc remplacé Bruno Sammartino et restera à ce poste jusqu’en 1984.
Gary Cappetta s’occupe des présentations sérotinales et stipule que le catch proposé ce soir est l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, représentée sur place par leurs officiels. Dr. John Woods siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres de cette heure de catch étiquetée World Wrestling Federation seront John Stanley, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS BARON MIKEL SCICLUNA & BLACK DEMON (07:56)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP
INDICATEUR : **
D’un côté, on retrouve un tandem de circonstances formé par le Baron Scicluna et Black Demon, également connu en tant que Don Serrano. De l’autre, un duo tout récemment formé entre Rick Martel et Tony Garea. L’un échoua avec Dominic DeNucci en demi-finale du tournoi organisé afin de déterminer de nouveaux Champions Tag Team. L’autre s’est incliné en finale de ce tournoi dont les Samoans sont ressortis avec l’or autour des hanches.
Scicluna et Martel commencent par s’échanger quelques contacts de Mat Wrestling. Sur ces premiers échanges, Martel est éblouissant de technicité. Sur le ring, Tony Garea est emmené au sol par le maltais et ses tricheries, qui passe ensuite le relais au Demon. Celui-ci se fait surprendre par l’agilité de Martel, ensuite calmé par un enfourchement et une série de sauts chassés. C’est désormais au tour de Garea de montrer toute l’étendue de son talent, se sortant alors d’une planchette japonaise en faisant la roue. Scicluna reprend un court avantage en envoyant Martel s’écraser l’épaule dans le poteau. Le québécois peut toutefois remonter sur le ring au compte de l’arbitre. S’ensuivent quelques tags rapides entre Martel et Garea, ceux-ci assénant ensuite un coup de coude et plusieurs sauts chassés au portoricain. Celui-ci se fait alors enrouler par un Sunset Flip de Martel pour le compte de trois, voyant ce duo de choc s’arroger sa première victoire au terme d’un bon match de catch.
MATCH 2 : PEDRO MORALES VS FRANK SAVAGE (05:41)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : LES ESPRITS S’ÉCHAUFFENT !
Fédérant sa terre natale de Porto Rico et les États-Unis sous un même étendard, Pedro Morales a écrit l’histoire du catch nord-américain en remportant certaines des ceintures les plus prestigieuses de la promotion. Originaire de Culebra, Puerto Rico, Morales est toujours aussi apprécié de la foule d’Hamburg. Pedro se mesure ce soir à Frank Savage, compétiteur annoncé d’Oklahoma dans l’État éponyme.
Quelques maigres coups, des étranglements et une attitude fuyante, ce Savage fait tout ce qu’il ne faut pas faire face à un compétiteur de la trempe de Morales. Et en effet, cela ne fait qu’agacer Pedro, qui répond en lui décochant une droite du tonnerre. Morales lui donne ensuite une leçon de catch, pas réellement tendre avec ce pauvre gars. Continuant avec ses étranglements, Morales s’agrippe à sa barbe et lui décoche un autre coup de poing façon « Puertorican Fire ». Pedro Morales le plie ensuite en Boston Crab et lui fait jeter l’éponge en un peu plus de cinq minutes.
– Pedro est ensuite reçu en ringside par Pat Patterson, qui s’occupe donc ici de sa première interview. Patterson l’encense mais Morales est plutôt préoccupé par ce qui semble se passer du côté de l’entrée des catcheurs. Pedro nous dit que Stan Hansen traîne dans le coin et lui propose directement de se battre avec lui ! Patterson aborde ensuite la question du tempérament du portoricain, tandis que celui-ci semble de plus en plus distrait par l’apparente présence d’Hansen. Patterson est toujours amer suite à sa perte de l’or Intercontinental, toujours possédé par Ken Patera. Il l’encourage ensuite à gagner la ceinture Intercontinentale.
MATCH 3 : STAN HANSEN VS RON SHAW (04:27)
VAINQUEUR : STAN HANSEN
PRISE DE FINITION : LARIAT
APPRÉCIATION : HANSEN EST DE RETOUR POUR FOUTRE LE BORDEL !
Originaire de Borger au Texas, ce cowboy sans foi ni loi est l’homme qui a brisé le cou de Bruno Sammartino. C’était en 1976, sur le ring du Madison Square Garden, lui conférant une notoriété sans égale. Stan Hansen est donc de retour sur ce territoire après un passage remarqué au Japon. Sur les rings de la New Japan Pro Wrestling, Hansen s’est notamment mesuré à Seiji Sakaguchi, Tatsumi Fujinami et Antonio Inoki.
Hansen se focalise – s’acharne – sur le bras de ce pauvre Ron Shaw, complètement pris de court par la brutalité de ce hors-la-loi des rings. Celui-ci semble encore plus enragé que lors de son premier run, alors managé par « Classy » Freddie Blassie. Hansen écrase lourdement le visage de ce pauvre gars avec de sales descente du genou. Stan Hansen l’emporte en très peu de choses avec sa Lariat, un coup de la corde à linge qu’on a longtemps présenté comme la cause de la blessure de Bruno Sammartino.
– Chaud bouillant, Stan Hansen est reçu au microphone par Vince McMahon. Grande gueule, Hansen mentionne l’existence d’une règle non-écrite qui l’aurait tenu éloigné de ce territoire pendant près de quatre années. Grâce à Freddie Blassie, Hansen est de retour et met en garde Pedro Morales et surtout Bob Backlund et sa ceinture de Champion. Interrogé à propos de sa fameuse Lariat, Hansen met également en garde Hulk Hogan, qui utilise selon lui une version édulcorée de sa prise de finition. Hansen conclut en clamant qu’il est ici pour foutre le bordel !
MATCH 4 : THE MOONDOGS W/CPT. LOU ALBANO VS CHARLIE BROWN & STEVE KING (07:08)
VAINQUEURS : THE MOONDOGS
PRISE DE FINITION : SPLASH
APPRÉCIATION : UN VENT FRAIS SOUFFLE SUR LA DIVISION TAG TEAM
Aboyant et rongeant un os, ces spécimens d’un tout autre genre sont l’une des récentes acquisitions de ce sacré Lou Albano. Tandis que l’un épouille littéralement le capitaine, l’autre mord les cordes du ring et mange la fleur du costume de l’annonceur. À l’origine, c’est Moondog Mayne qui fut le premier à porter ce personnage, celui-ci est toutefois décédé en 1978. Le premier se nomme Moondog King, également connu en tant que Sailor White, entraîné au Canada et au Québec par Gene Kiniski. Le second s’appelle Moondog Rex, un briscard des rings nord-américains qui a combattu sous différents pseudonymes à partir du début des années 1970. Originaire de Flint au Michigan, Moondog Rex fut ensuite rejoint par Moondog Spot en 1981 lorsque son compère King fut interdit de séjour sur le territoire américain. The Moondogs ont également catché sur les rings de la Continental Wrestling Association et de la Georgia Championship Wrestling.
Les Moondogs sont d’une impitoyable cruauté et passent à tabac ce pauvre Steve King. Un tag avec Charlie Brown n’y fait rien, c’est une punition pure et simple. Bien que ce ne soit pas un catch des plus scientifiques, ça cogne fort et c’est plutôt efficace. Malgré leur gabarit, King et Rex ont une bonne aisance entre les cordes et pourraient faire de bonnes choses face à Tony Garea et Rick Martel. Aux commentaires, Patterson et Vince regrettent que l’arbitre n’ait pas arrêté ce massacre. Un énorme enfourchement de Rex couche Brown tandis qu’un Splash de Moondog King enterre pour de bon les espoirs de ce pauvre gars. Victorieux pour la première fois, Rex et King se tiennent ensuite à quatre pattes auprès d’Albano, lui léchant les cuisses et les pieds. La scène est édifiante et carrément surréaliste.
MATCH 5 : KILLER KHAN W/CPT. LOU ALBANO VS MARC POLE (02:54)
VAINQUEUR : KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : KHAN SEMBLE ÊTRE UNE MENACE PLUTÔT SÉRIEUSE
Annoncé des steppes reculées de la Mongolie, celui qu’on surnomme Killer Khan est pourtant un catcheur d’origine japonaise. Ce compétiteur atypique est d’habitude managé par « Classy » Freddie Blassie, qui se fait ce soir remarquer pour son absence. C’est donc le capitaine Lou qui reprends du service en l’amenant au ring. Khan a effectué ses premiers pas sur les rings nippons en 1971, s’exportant ensuite de l’autre côté du Pacifique à partir de 1979 pour concourir aux États-Unis. Khan reste alors à la World Wrestling Federation jusqu’en 1981, après s’être notamment illustré face à André le Géant lors d’un Mongolian Stretcher Match.
Sur le ring, le style atypique de Khan se démarque immédiatement. En plus de ses Mongolian Chops, Khan crie de manière répétée à chacun de ses coups, ce qui n’est pas courant. Son défi du soir, en la personne de Marc Pole, est totalement impuissant et ne sert à rien. Hué et sifflé en masse, Killer Khan l’emporte toutefois en moins de trois minutes avec une descente du genou.
– Hormis la débâcle du Showdown at Shea, la scène Tag Team semble s’être redonnée du poil de la bête. Et ce, notamment au travers de ce tournoi où les Samoans se sont imposés pour regagner leur or. À cet égard, les finalistes Tony Garea et Rick Martel pourraient tout à fait s’affirmer comme le duo de choc de ces prochaines semaines et pourquoi pas, prétendre à ces ceintures. En ce mois de novembre 1980, le paysage de l’émission a beaucoup changé. On note l’arrivée des Moondogs, Rex et King aux côtés de Lou Albano et de Killer Khan, alors sous la tutelle de Freddie Blassie. Après quatre ans passés à terroriser les rings japonais avec son style inimitable, Stan Hansen est de retour sur la côte Est des États-Unis et compte bien faire sa loi sur ce territoire. Bob Backlund a du souci à se faire car les challengers semblent faire la queue pour sa ceinture, toujours aussi solidement accrochée à ses hanches. On sait à cet égard que Killer Khan ira le défier au mois de décembre, alors qu’Hansen aura sa chance en début d’année 1981, le tout culminant dans un match en cage aujourd’hui entré dans la postérité. Bruno Sammartino donc bel et bien passé la flamme à Pat Patterson. Ce fut un réel plaisir et un sincère honneur que d’écouter les sages paroles et commentaires de celui qui fut un temps et pour longtemps le porte-étendard d’une discipline toute entière.
Nathan Maingneur