CHAMPIONSHIP WRESTLING #39

CHAMPIONSHIP WRESTLING #39

29/11/1980

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes de toujours et nous accueillent – une fois n’est pas coutume – dans l’enceinte du Agricultural Hall de la petite bourgade d’Allentown en Pennsylvanie pour ce Championship Wrestling, l’émission télé phare de la World Wrestling Federation. Au programme ce soir, la présence d’Ernie Ladd mais aussi de Stan Hansen, du Sgt. Slaughter et des affreux Moondogs. Vince commet une petite erreur en nous annonçant que nous allons voir nos Champions Tag Team que sont Tony Garea et Larry Zbyszko ! La bourde venant du fait que Tony Garea n’est pas en équipe avec Zbyszko mais bel et bien avec Rick Martel, son quatrième et dernier partenaire en Tag Team. 

L’annonceur qui remplace ce soir Joe McHugh procède aux introductions rituelles et nous indique que cette heure de catch sera placée sous le contrôle de la Commission Athlétique de la Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par quelques-uns de ses officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront ce soir sont messieurs Freddy Sparta, Gilberto Roman et Dick Woehrle.


MATCH 1 : « THE BIG CAT » ERNIE LADD W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS « BIG » RON SHAW (05:08)

VAINQUEUR : ERNIE LADD

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE

APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT OKAY DE LADD


Originaire de Rayville en Louisiane, Ernie Ladd a commencé sa carrière sportive sur les terrains de football de la Grambling State University et fut l’un des joueurs les plus imposants de l’AFL avant de transitionner vers le catch au début des années 1960. Surnommé « Big Cat » en raison de ses mensurations gigantesques, Ladd est devenu l’une des figures les plus détestées des années 1970, ainsi que le premier catcheur noir à jouer le rôle d’un heel. De retour sur les rings de la World Wrestling Federation en cette fin d’année 1980, Ladd se mesurait ce soir à « Big » Ron Shaw et était accompagné au ring par le Grand Wizard of Wrestling.

Comme à son habitude – et avec tous ses protégés – Ernie Roth prends toujours son temps pour s’occuper du vestibule de ses poulains. Fourbe, Ladd tends sa main à Shaw mais le public d’Allentown lui somme de ne pas la serrer. Ladd s’impose sans souci en trichant et en usant et abusant de tactiques illégales, au grand dam d’un Dick Woehrle autoritaire. Le « Big Cat » n’est plus dans la fleur de l’âge et a près de vingt ans de catch dans les pattes mais sait toujours combattre. Et il le prouve en envoyant ce pauvre Shaw sur la table des officiels, posant ensuite sous les quolibets de la foule. Avec son petit sparadrap sur la fesse droite, Ladd sèche Shaw avec un énorme Big Boot et l’emporte ensuite pour le compte de trois grâce à une descente du coude.


MATCH 2 : STAN « LARIAT » HANSEN W/FREDDIE BLASSIE VS GENE CRESPO (02:41)

VAINQUEUR : STAN HANSEN

PRISE DE FINITION : LARIAT

APPRÉCIATION : UN PEU MOLLASSON MAIS QUELLE LARIAT !


Lui aussi de retour sur les terres de la côte Est des États-Unis, Stan « The Lariat » Hansen est passé par le Japon et a secoué le pays du Soleil Levant au terme d’un run historique, faisant de lui le plus grand gaijin de l’histoire du Puroresu. Accompagné de son manager, en la personne de « Classy » Freddie Blassie, Hansen est toujours aussi craint. Et pour cause, il est l’homme qui a ni plus ni moins brisé la nuque de Bruno Sammartino en 1976 au Madison Square Garden. Ce soir à Championship Wrestling, il s’échauffait face à Gene Crespo.

Sans surprise, Hansen s’impose grâce à de gros coups qui claquent, faisant état d’un catch brut de décoffrage et sans fioritures. Ce pauvre Crespo regrette sans doute d’être sorti du lit et se fait valdinguer comme un moins que rien en dehors du ring. Là, gisant sur le sol dur et froid du gymnase d’Allentown, il se fait même malmener par Blassie, le roi des sales coups – pour rester poli et courtois. Retourné sur le ring façon Hansen, Crespo est pilonné et se mange un Lariat ahurissante de violence. Stan Hansen l’emporte naturellement et accroche une nouvelle victoire à son tableau de chasse.


MATCH 3 : SGT. SLAUGHTER W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS JIM DUGGAN (03:30)

VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER

PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH

APPRÉCIATION : SOLIDE PERFORMANCE DU SERGENT


Si ce jeune homme moustachu vous dit quelque chose, c’est normal. Il s’agit d’un certain Jim Duggan, pas encore bûcheron ni patriote et fraîchement passé au catch après un bref parcours sur les pelouses de la NFL. Il fut notamment signé par les Atlanta Falcons mais dut abandonner ses rêves à cause d’une blessure au genou. Pris sous l’aile de Fritz Von Erich, Duggan s’est fait les dents au Texas mais il fut repéré par Vince McMahon Sr. et fut invité à se produire sur ses terres. Son adversaire terrorise les rangs de la promotion depuis un moment déjà. Accompagné de son lieutenant, en la personne du Grand Wizard of Wrestling, le Sgt. Slaughter effectue son entrée sous les huées.

Encore une fois, le Grand Wizard s’illustre brillamment en faisant perdre un temps fou à l’arbitre et à Duggan en aidant le sergent à retirer tout son attirail. Fort d’un physique avantageux, Duggan frappe le premier mais Slaughter l’emmène au sol avec un franc collier arrière. C’est du catch à la dure, les deux hommes se renvoyant coups pour coups. On sent bien que le jeune Duggan en a dans le ventre et qu’il souhaite le montrer. Un peu bousculé quand même, Slaughter en termine toutefois avec son Cobra Clutch, sa clé d’endormissement létale dont personne – et je dis bien personne – n’a encore réussi à se dégager.


MATCH 4 : THE MOONDOGS W/« CPT. » LOU ALBANO VS DOMINIC DENUCCI & DON SERRANO (03:40)

VAINQUEURS : THE MOONDOGS

PRISE DE FINITION : SPLASH

APPRÉCIATION : LES MOONDOGS SONT UN SPECTACLE À PART ENTIÈRE


Notre prochain combat sera un match à quatre. Déjà présents sur le ring, se trouve un tandem composé de Don Serrano et du populaire Dominic DeNucci. Plus tout à fait dans la forme de sa carrière, l’italien navigue en eaux calmes et entame tout doucement une fin de carrière, nous gratifiant de temps en temps de sa présence toujours aussi joviale. Leurs adversaires sont l’une des nouvelles tendances de cette fin d’année 1980 et se sont rapidement imposés comme une menace de premier rang. Promenés jusqu’aux abords du ring par le capitaine Lou Albano, ce sont les Moondogs, King et Rex. Et il n’y a qu’a voir Albano lorsqu’il leur menace de les fouetter s’ils ne lâchent pas leurs os à mœlle.

Frustrés comme deux molosses a qui on a retiré leurs nonosses, les Moondogs sont plus violents et c’est peut-être là la stratégie du capitaine. Voyez ce plan sur King, qui mordille et arrache la protection de l’un des coins. Et ils trichent sans relâche, profitant de la faiblesse du vieux DeNucci qui fait ce qu’il peut. Et ce n’est pas ce pauvre Serrano qui ferait quelque chose. Il semble se passer quelque chose en hors-champ, ce qui détourne l’attention du public, et même d’Albano qui jette des regards inquiets. Et alors que DeNucci récupérait dans son coin, Serrano se fait éclater et subit un énorme Splash de King qui suffit pour le compte de trois. Fier de ses toutous, Albano leur donne de la viande crue. King va jusqu’à mordre Albano au sang, s’agrippant ensuite à cette plaie ouverte ! Mais quelle scène surréaliste !


MATCH 5 : TONY GAREA VS SYLVANO SOUSA (04:55)

VAINQUEUR : TONY GAREA

PRISE DE FINITION : ABDOMINAL STRETCH

APPRÉCIATION : MATCH CORRECT MAIS UN PEU LONGUET


On nous avait annoncé que nous verrions nos Champions Tag Team et nous n’en aurons ce soir qu’une moitié. Originaire d’Auckland en Nouvelle-Zélande, Tony Garea est un vétéran des rings qui a commencé sa carrière aux États-Unis au début des années 1970. En 1973, Garea remporte son premier titre en Tag avec Haystacks Calhoun, puis avec Dean Ho la même année et enfin avec Larry Zbyszko, en novembre 1978. À chaque fois, Mr. Fuji et Prof. Toru Tanaka étaient les Champions. Ce soir en solo, Garea rencontrait Sylvano Sousa, jobber d’origine portugaise habitué à ce genre de matches.

Quelques enchaînements « à l’ancienne » voient Garea s’imposer en ce début de rencontre. Comme souvent avec les matches du néo-zélandais, l’action est peu passionnante mais les combinaisons terriblement efficaces. On est presque sur une exhibition de « Mat Wrestling » telles qu’elle se présentaient dans les années 1960. Peu, voire presque rien à dire sur le déroulé de ce match qui traîne un peu longueur et qui se termine en un peu moins de cinq minutes grâce à un Abdominal Stretch de Garea, qui fait jeter l’éponge à ce pauvre Sousa.


– Au sortir de son combat, Tony Garea est reçu au micro par Vince McMahon qui le félicite d’avoir vaincu les Samoans. Fièrement, Garea rappelle qu’il a remporté ces titres à quatre reprises et revient sur son historique de partenaires en tag. Sans surprises, Tony place Rick Martel – son binôme actuel – en tête de liste de tous ceux avec lesquels il a partagé l’or Tag Team.


MATCH 6 : « M.USA » TONY ATLAS VS MARC POLE (05:58)

VAINQUEUR : TONY ATLAS

PRISE DE FINITION : SPLASH

APPRÉCIATION : BELLE PERFORMANCE DE TONY ATLAS


Comme taillé dans un bloc de granite, Tony Atlas possède l’un des physiques les plus invraisemblables de la promotion. Sculpté tel Adonis, Atlas est toujours aussi populaire et se mesure ce soir à un tout autre gabarit. Et le contraste est d’autant plus saisissant qu’il s’agit de Marc Pole, un jobber à la morphologie plutôt ingrate. Originaire de Roanoke en Virginie et challenger au titre de Champion Intercontinental, Tony Atlas se doit de redorer son blason après une défaite humiliante au Shea Stadium contre Ken Patera. 

Pole fait l’erreur de s’en prendre au crâne d’Atlas, – dur comme une noix de coco – un poncif légèrement stéréotypant – mais jamais humiliant. Pole à le courage d’envoyer quelques coups, ce a quoi Tony répond avec de gros atémis. Au bout de quelques minutes passées à se faire étrangler, Atlas se donne un second souffle et, à bout de bras, hisse l’imposant Pole dans les airs, pour mieux l’abattre avec un Military Press Slam de fort belle facture. Il enfonce le clou en lui portant un Splash et l’emporte logiquement au compte de trois.


– On nous diffuse encore les images d’une rencontre entre « The Incredible » Hulk Hogan et Bill Berger qui remonte au mois de février 1980. Rien de bien passionnant, Hogan ferait mieux d’être là.


Un peu – carrément – anecdotique cet épisode de Championship Wrestling où il ne se passe rien – du moins, vraiment pas grand chose. Les sales types, Ernie Ladd, Sgt. Slaughter et les Moondogs étaient de sortie, Tony Garea apparaissait en solo et plus encore.

– Peu, si ce n’est rien à dire concernant ce programme. Ce fut en effet plutôt difficile de relever quoi que ce soit de réellement marquant. Les brutes étaient de sortie, nous l’avons vu avec Stan Hansen, le Sgt. Slaughter ou encore Ernie Ladd, qui sèment le trouble et forment de sérieux challengers pour le Champion du monde Bob Backlund, toujours aux abonnés absents.

– Aucun Champion n’est apparu ce soir mais cela aurait du être le cas. Et nous aurions en effet du avoir nos Champions Tag Team. Mais à cause de l’absence de Rick Martel, nous avons du nous contenter de Tony Garea en solo – ce qui n’est pas mal en soi – mais un peu moins palpitant qu’un match à quatre de nos Champions. Toutefois, de nouveaux challengers se sont créés. Il s’agit des Moondogs, qui choquent et dérangent plus à chaque apparition. Sous la coupe du terrible Lou Albano, ils semblent inarrêtables et pourraient parfaitement prendre de court les Champions.

– On regrette également l’absence de notre Champion Intercontinental, en la personne de Ken Patera, peu présent lors de ces programmes. Et c’est bien dommage parce qu’il y a des challengers. Et même si Tony Atlas reste un prétendant tout à fait légitime à cette ceinture, son échec semble l’avoir miné et il ne semble prendre aucune direction significative.

Nathan Maingneur

Les commentaires sont fermés