CHAMPIONSHIP WRESTLING #34
11/10/1980
Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes et nous accueillent encore et toujours au sein du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie pour cette édition de Championship Wrestling. Au programme, nous aurons la présence de Tony Atlas, Pedro Morales, Ernie Ladd ou encore du Sgt. Slaughter qui affrontera « Quickdraw » Ricky McGraw.
Le légendaire Joe McHugh s’enquiert des présentations sérotinales et nous annonce que cette heure de catch étiquetée World Wrestling Federation est placée sous le contrôle et la juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds. Dr. George Zahorian siège en dehors du ring en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront tout au long de la soirée sont messieurs Dick Kroll, Angelo Savoldi, Gilberto Roman, Billy Caputo et Dick Woehrle.
MATCH 1 : DOMINIC DENUCCI VS JOSÉ ESTRADA (04:32)
VAINQUEUR : DOMINIC DENUCCI
PRISE DE FINITION : O’CONNOR ROLL
INDICATEUR : * ½
Originaire de Venise en Italie, Dominic DeNucci a – à l’image de Bruno Sammartino – élu son domicile du côté de Pittsburgh en Pennsylvanie. Légende vivante de ce sport-spectacle, l’italien rencontre ce soir José Estrada, ancien compère de « Unpredictable » Johnny Rodz au sein des Medicos qui demeure l’un des lutteurs les plus aguerris de cette promotion.
DeNucci commence en trombe et peut remercier Estrada de valdinguer d’un bout à l’autre du ring. De solides échanges débutent donc ce match qui s’annonce dynamique. Aussi habile qu’agile entre les cordes, Estrada ne perd donc pas une seconde et instaure un rythme effréné. Aux commentaires, Patterson nous apprend que DeNucci prépare sa propre sauce tomate. Un argument de choc, décidément. Plus tout à fait dans une forme olympique, Dominic n’est plus que l’ombre du lion qu’il était autrefois. Il réussit malgré tout à reprendre son match en main et tient même un temps tête à un Estrada carnassier. En difficulté, DeNucci se fait projeter dans les cordes mais – dans un éclair de lucidité – lui saute par-dessus la tête et l’enroule pour un compte de trois décisif. Dominic s’en sort de justesse au terme d’un match correct.
MATCH 2 : THE HANGMAN W/FREDDIE BLASSIE VS ANGEL MARAVILLA (05:57)
VAINQUEUR : THE HANGMAN
PRISE DE FINITION : HANGMAN’S NOOSE
INDICATEUR : *
On ne présente plus le légendaire « Classy » Freddie Blassie. Terreur des rings sur le territoire d’Hollywood en Californie pendant les années 1960, Blassie fut l’un des heels les plus férocement haïs des Sixties. Après avoir fait couler le sang pendant plus de trois décennies, Blassie s’est tourné vers un rôle de manager, endossé avec un immense succès. En cette année ’80, Freddie Blassie manage donc Hulk Hogan mais aussi le Hangman, apparement enrôlé à la suite d’un voyage en Europe. C’est ce même Hangman qu’on retrouve ce soir opposé à Angel Maravilla, nouvelle tête en provenance de République dominicaine.
Plus agile que son antagoniste, Maravilla fait tourner la tête d’un Hangman qui commence à perdre patience. Le bourreau prend toutefois l’avantage avec de gros coups de poing et de pied ainsi qu’avec un terrible Big Boot. Comme d’habitude, et pour ne rien arranger, Blassie y va de son petit coup de canne. Côté catch, c’est un peu mollasson et on sent tout de suite que Maravilla ne pourra rien y faire. En plus de cela, l’offensive du Hangman est plutôt lente, mais tout de même notablement méthodique. Il faut dire que le Bourreau catche comme tout bon heel qui se respecte. Maravilla s’offre un comeback mais le Hangman le laisse violemment s’écraser en dehors du ring. De retour entre les cordes, Angel subit le nœud coulant du bourreau qui le pend littéralement avec son Hangman’s Noose. L’arbitre fait sonner la cloche et c’est donc le Hangman qui ressort la tête haute de ce combat inégal, même si j’ai bien apprécié la fin.
MATCH 3 : « PRETTY BOY » LARRY SHARPE VS STEVE KING (05:20)
VAINQUEUR : LARRY SHARPE
PRISE DE FINITION : PILEDRIVER
APPRÉCIATION : SQUASH PAS FRANCHEMENT PASSIONNANT
Des joues de gros poupon joufflu et un sourire de tête à claques, celui qu’on surnomme « Pretty Boy » Larry Sharpe ne peut qu’être copieusement sifflé par le public. Attention, ce jeune homme est un sacré lutteur et ce serait une erreur que de le sous-estimer. Et la suite de sa carrière le prouvera puisqu’en effet, Sharpe deviendra l’un des tous meilleurs entraîneurs du catch avec sa Monster’s Factory. Il se frottait ce soir à Steve King, le Saint-Patron des jobbers.
De ce pauvre Steve King, Sharpe en fait un cas d’école en lui offrant une leçon de catch aussi méthodique que chirurgicale. Larry donne le tempo en tuant immédiatement le rythme du combat avec une Clawhold portée à l’abdomen. Et bien qu’on ne puisse nier les qualités techniques de Sharpe, son style n’est pas franchement passionnant, malgré une agressivité plutôt intéressante. Dominé, King se permet quelques coups de poing et même un Armdrag, mais Sharpe le calme très rapidement avec un Piledriver destructeur qui lui permet de l’emporter au compte de trois. Peu concluant mais pas foncièrement mauvais non plus.
MATCH 4 : « MR. USA » TONY ATLAS VS KID SHARKY (03:01)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : VERTICAL SUPLEX
APPRÉCIATION : PERFORMANCE UN PEU QUELCONQUE DE TONY ATLAS
Toujours pas remonté en selle à la suite de sa défaite subie contre Ken Patera, Tony Atlas est toutefois là ce soir et figure dans un match en solo. Originaire de Roanoke en Virginie, Atlas possède toutefois le physique le plus dément de la promotion. En face de lui, Joe McHugh annonce un certain Kid Sharky, jobber local habitué de ce genre de matches.
Atlas s’impose de manière assez désintéressée et on ressent un réel manque d’implication. En réalité, il ne se passe pas grand chose – si ce n’est rien – et on dirait réellement qu’Atlas ne souhaite pas y mettre du sien. Tony montre enfin les muscles mais Sharky se loupe en voulant l’emmener au sol et se fait mal à l’épaule. Après une interminable phase d’observation, Sharky envoie deux trois coups mais Atlas le sèche et l’emporte de manière assez abrupte avec une souplesse arrière. Pas incroyable.
MATCH 5 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS « QUICKDRAW » RICK MCGRAW (04:22)
VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER
PRISE DE FINITION : SLAUGHTER CANNON
INDICATEUR : ***
Originaire de Charlotte en Caroline du Nord, le jeune Ricky McGraw se tient debout sur le ring et s’apprête à affronter son plus gros défi à date. Emmené en direction du ring par le Grand Wizard of Wrestling, cet ancien soldat des US Marines et ancien instructeur du camp militaire de Parris Island est reçu par de lourdes huées. Et en excellent heel qu’il est, le Sgt. Slaughter s’attire les foudres du public en haranguant la foule.
Le public d’Allentown prend donc rapidement parti pour McGraw alors qu’on aperçoit qu’Arnold Skaaland est assis en dehors du ring, en train de prendre des notes. McGraw porte le premier coup et surprend le sergent avec une droite dans le menton – et quel menton ! Slaughter est réticent à l’idée d’engager le combat, ce qui enrage encore plus la foule. Le sergent reprend toutefois le contrôle avec une jolie Back Suplex mais se laisse surprendre par un saut chassé du jeune McGraw, qui revient de plus belle avec un énorme surpassement qui fait lever la salle toute entière. Finalement, et au terme de moins de cinq minutes de match, le Sgt. Slaughter l’emporte avec son Slaughter Cannon, sa fameuse Lariat qui décapite littéralement ce pauvre Rick McGraw qui ne peut s’en dégage au compte de trois. Terrible.
– Slaughter et le Wizard s’invitent ensuite au micro de McMahon mais ce dernier refuse de les recevoir, et nous indique qu’il attend quelqu’un d’autre. Il s’agit d’Arnold Skaaland, qui confirme avoir repéré une faille dans le catch du sergent. Slaughter revient et – contre toute attente – il l’agresse sans vergogne, en utilisant sa tige d’instructeur ! Tony Atlas et René Goulet s’interposent et font fuir le sergent mais le mal est fait, et le courroux de Bob Backlund s’annonce d’ores et déjà palpitant.
MATCH 6 : PEDRO MORALES VS SYLVANO SOUSA (03:29)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : SQUASH CLASSIQUE DE PEDRO MORALES
Alors que l’immense majorité du public a le regard tourné hors-champ (car assistant sans doute à l’évacuation d’Arnold Skaaland par les médecins) le prochain combat s’apprête à avoir lieu. Sylvano Sousa, jobber habitué à ces matches à sens unique, attend l’arrivée de son adversaire du soir qui n’est autre que le légendaire Pedro Morales.
C’est le squash typique de Pedro Morales, cette même formule que le portoricain répète quasiment à chaque apparition. C’est à dire que Pedro domine, en ne se laissant surtout pas impressionner. Jusqu’à ce que son adversaire tente quelque chose d’un peu trop maigre à son goût. Car Pedro aime la castagne, la vraie bagarre. Et donc de là, Morales s’emballe et démonte son adversaire, pour l’emporter peu de temps ensuite avec son Boston Crab. Aux commentaires, le Dr. George Zahorian nous informe qu’Arnold Skaaland est secoué et qu’il souffre probablement d’une commotion. Sur le chemin du retour, Pedro oublie son veston, que notre gardien de la cloche Mike Mittman lui balance un peu brusquement, un geste que Pedro ne semble pas du tout avoir apprécié au vu de son attitude.
MATCH 7 : « BIG CAT » ERNIE LADD W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS FRANKIE WILLIAMS (02:19)
VAINQUEUR : ERNIE LADD
PRISE DE FINITION : DESCENTE DE LA CUISSE
APPRÉCIATION : SQUASH TRÈS EFFICACE D’ERNIE LADD
On termine ce programme par un dernier combat – le septième de la soirée. Sur le ring, nous retrouvons le roi des jobbers, j’ai nommé Frankie Williams. Aux côtés des Angelo Gomez et autre Steve King, Frankie Williams était de ceux qui se faisaient le plus botter les fesses à cette période et de côté de la carte des Territoires. Son adversaire effectue son retour après un passage du côté de la AJPW. Il s’agit du « Big Cat » Ernie Ladd, qui est ce soir accompagné par le Grand Wizard of Wrestling.
Culminant à plus de 2 mètres, Ladd est un géant des rings et s’impose d’entrée de jeu. Ce pauvre Williams ne peut pas faire grand chose et subit plus qu’autre chose le catch d’Ernie Ladd. Celui-ci n’est plus tout à fait dans la fleur de l’âge mais ce genre de matches sied parfaitement à des catcheurs de ce gabarit. À la Hulk Hogan, Ladd l’emporte en un peu plus de deux minutes à la suite d’un Big Boot et d’une belle descente de la cuisse, portée avec amplitude.
Un début d’émission plutôt timide qui a très rapidement gagné en intensité, en très grande partie grâce à la présence Sgt. Slaughter et son attaque d’Arnold Skaaland ! Ricky McGraw, Ernie Ladd, Pedro Morales et plus encore cette semaine à Championship Wrestling.
– Tout – et je dis bien tout – ce que touche le Sgt. Slaughter se transforme en or. Depuis son arrivée en milieu d’année 1980, le sergent est sur un sans-faute. Et sur le ring comme en dehors. Ce qu’il a d’ailleurs confirmé à l’issue d’un combat court mais rondement mené contre le jeune Ricky McGraw – qui n’a pas démérité – et qui est devenu, en l’espace de quatre minutes à peine, le héros du peuple. Malheureusement, McGraw n’a pas su vaincre le sergent, qui a climatisé la salle. Nous étions toutefois loin d’imaginer que Slaughter irait encore plus loin, beaucoup plus loin.
– Dès son arrivée sur ce territoire, le Sgt. Slaughter a immédiatement jeté son dévolu sur notre Champion du monde, en la personne de Bobby Backlund. Et au terme de semaines de trash-talking, une affiche se dessinait tout naturellement pour un clash au Madison Square Garden et Arnold Skaaland, manager de Backlund, était souvent observé en train de prendre des notes pour son Champion. Ce brave Arnie était toutefois loin de s’imaginer qu’il se ferait lâchement agresser par le sergent qui a confirmé ici qu’il est le heel numéro un de la promotion. L’affrontement avec Backlund s’annonce d’ores et déjà épique.
Nathan Maingneur