CHAMPIONSHIP WRESTLING #30
13/09/1980
Il semblerait bien que cette semaine, Vince McMahon soit notre seul et unique hôte. Vince nous accueille dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie, alors que Bruno Sammartino, son compère de toujours, manque à l’appel.
Joe McHugh s’occupe des présentations sérotinales et nous annonce que cette heure de catch est placée sous le contrôle de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par quelques officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront ce soir sont messieurs Gilberto Roman, Dick Kroll, Billy Caputo et Dick Woehrle.
MATCH 1 : BARON MIKEL SCICLUNA VS ANGEL MARAVILLA (10:00)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS RÉGLEMENTAIRE
INDICATEUR : ½ *
Originaire de l’île de Malte, le seul d’ailleurs dans l’histoire de ce sport-spectacle, le Baron Scicluna n’est certes plus dans la fleur de l’âge, mais toujours intimidant. Souvent relégué à jouer le grand perdant, il n’en reste pas moins un farouche compétiteur. Il rencontrait ce soir un lutteur d’origine hispanique. Il s’agit d’Angel Maravilla, un nom que ni Joe McHugh ni Vince ne sait prononcer correctement.
D’emblée, le Baron s’impose en emmenant Maravilla au sol et c’est à peu près tout. Et en effet, il ne se passe rien ou presque, pendant ce combat. Scicluna répète le peu de prises qu’il utilise, et Angel ne sait absolument pas réagir. Car même s’il se sort des nombreuses étreintes du Baron, Maravilla ne capitalise jamais dessus, et même McMahon le remarque à l’antenne. Côté public, c’est complètement mort, et on entend presque la ventilation de la salle. Ah, je crois bien l’entend. C’est vide, c’est insipide, on ne peut compter à la limite que sur les mimiques du Baron, bien qu’on l’ait connu sous de meilleurs jours. Et comble de tout, c’est la cloche qui signe la fin de ce combat, qui n’a absolument jamais franchi la barre des dix minutes prévues. La confusion est telle que Maravilla et Scicluna continuent de se battre, mais doivent être séparées par l’arbitre. Extrêmement médiocre.
MATCH 2 : RIPPER HAWKINS W/CPT. LOU ALBANO VS STEVE KING (04:13)
VAINQUEUR : RIPPER HAWKINS
PRISE DE FINITION : SHOULDERBREAKER
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CONVAINCANT
Avant d’incarner les Moondogs, les types qui ont ensuite joué le rôle de King, Spot et Rex n’étaient que de simples catcheurs, parmi d’autres. Ce soir, l’un d’entre eux effectuait ses débuts sur ce programme. Il s’agit du futur Moondog Rex, Randy Colley de son vrai nom. Colley a commencé sa carrière en Floride, au début des années ’70, sous le nom de Jack Dalton, et a connu du succès avec Tim Dalton sous le nom des Dalton Brothers. Après un court passage du côté de la Mid-Atlantic Championship Wrestling, Colley rejoint la World Wrestling Federation en 1980. Sous la tutelle du capitaine Lou Albano, Colley catche sous le nom de Ripper Hawkins et rencontrait ce soir Steve King, le Saint-Patron des jobbers.
Agressif, Hawkins se focalise sur le bras gauche de King, usant et abusant de torsions en tous genre. Il enchaîne avec une série d’enfourchements, et couche King avec un Atomic Drop, une prise pourtant réservée au Champion du monde, Bob Backlund. Albano s’invite alors au micro de McMahon et beugle toutes sortes d’insanités. Le squash est assez bon, c’est du catch agressif mais sans réelle identité. Hawkins l’emporte toutefois avec un très beau Shoulderbreaker, parfaitement exécuté. Ce sera plus sympa avec les Moondogs.
MATCH 3 : PEDRO MORALES VS JOSÉ ESTRADA (02:46)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : *
C’est une affiche qu’on connaît bien. En effet, Pedro Morales et José Estrada se sont déjà affrontés à trois reprises, rien qu’en cette année 1980, et à chaque fois dans d’assez bons combats. Accueilli comme il se doit par le public d’Allentown, Pedro Morales est présenté en tant qu’ancien Champion du monde, mais aussi ancien Champion Tag Team, puisqu’il a récemment rendu vacante sa moitié des ceintures, après sa victoire contre les Samoans au Shea Stadium.
Estrada a beau faire, il n’y arrive pas. Pedro est insaisissable et Estrada ne parvient pas à s’imposer durablement. Il profite toutefois d’une absence de Morales et le surprends avec de sales coups de pied et de poing. Mais à ce petit jeu, Pedro se débrouille assez bien et, à la surprise générale il l’emporte alors en moins de trois minutes grâce à un petit paquet. Inutile de l’écrire, mais c’est sans nul doute le plus oubliable de leurs combats. Dommage pour Pedro, mais surtout pour Estrada, rarement ridiculisé de la sorte.
MATCH 4 : THE WILD SAMOANS W/CPT. LOU ALBANO VS DOMINIC DENUCCI & RICK MARTEL (10:54)
VAINQUEURS : THE SAMOANS
PRISE DE FINITION : COUNT OUT
INDICATEUR : **
C’est la première des deux demi-finales du tournoi Tag Team, un tournoi organisé afin que soient couronnés de nouveaux Champions. Cette fois-ci vêtus de rouge, les Samoans ont à cœur de récupérer leurs ceintures, mais toutefois moins que leur manager, ce diable de capitaine Lou Albano. Leurs adversaires, c’est le duo que le public aimerait voir remporter ces ceintures. La fougue associée à l’expérience, c’est bien ce qui caractérise ce tandem composé de Dominic DeNucci et de Rick Martel.
Au son de la cloche, DeNucci et Martel se jettent sur les Samoans. Ils déroulent alors face à des Samoans en déroute, exactement selon le même schéma que lors du Showdown at Shea, lorsque les Samoans ont été battus. Au bord du ring, c’est la panique, et Albano se fait un sang d’encre. Cependant, le catch d’Afa et Sika a un temps raison de DeNucci, qui se retrouve en difficulté. La ruse, et l’expérience des anciens Champions leur permet ainsi de l’isoler tout en empêchant Martel de faire le changement. À chaque fois distrait, que ce soit par l’un des Samoans ou par Albano, l’arbitre manque de nombreux tags, ce qui rend le public fou de rage. Au terme de plusieurs tentatives infructueuses, Martel réussit quand même à rentrer et là, les mouches ont changé d’âne. Mais malgré sa fougue et sa passion entre les cordes, le québécois se retrouve lui aussi pris de court, alors que son partenaire n’est plus en mesure de faire grand chose. Revenu sur le ring, un DeNucci amoindri, mais pas moins courageux, se fait alors virer à l’extérieur du ring. Et là, c’est le drame, puisqu’il ne parvient pas à remonter au compte de dix. La décision provoque un tonnerre de huées alors que les Samoans s’en sortent encore une fois, et sont qualifiés pour la finale. Solide match à quatre, bien construit et avec de la bonne heat.
MATCH 5 : TONY GAREA & RENÉ GOULET VS SYLVANO SOUSA & THE BLACK DEMON (03:21)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RENÉ GOULET
PRISE DE FINITION : O’CONNOR ROLL
APPRÉCIATION : MATCH PROPRE MAIS PLUTÔT CLASSIQUE
Place à la seconde et donc dernière demi-finale du tournoi. Les gagnants iront en finale et affronteront les Samoans. Dans l’un des coins, un tandem de jobbers s’est hissé jusqu’ici sans qu’on sache trop pourquoi, ni comment. À cet égard, Vince nous éclaire, et rapporte qu’ils auraient remporté plusieurs combats dans le Midwest, ce qui semble peu probable. Il s’agit de Sylvano Sousa et du Black Demon, qui rencontraient donc le duo composé de Tony Garea et de René Goulet.
Sans surprises, et vous l’aurez compris, Goulet et Garea déroulent sans aucun problèmes face à un tandem complètement désabusé. De retour après une brève période d’absence hors des rings, Garea est propre dans son catch, mais ne prend pas de risques. De même peut être dit pour René Goulet, qui ne fait rien de transcendant. Ils l’emportent, mais alors sans aucune surprise, en l’espace de trois minutes et grâce à un O’Connor Roll de Garea. Facile, et quelque peu dénué d’intérêt, en fait.
MATCH 6 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS ANGELO GOMEZ (03:02)
VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER
PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT BRUTAL DU SERGENT
On termine ce programme avec une des nouvelles têtes de la World Wrestling Federation. Emmené au ring par Ernie Roth, l’alias du Grand Wizard of Wrestling, celui qu’on annonce en provenance du camp d’entraînement de Parris Island, est toujours invaincu. Il s’agit du Sgt. Slaughter, Robert Remus de son vrai nom. Son arme de prédilection, une variante de la prise du sommeil, baptisée Cobra Clutch, dont personne n’a encore réussi à se sortir. Il se frottait ce soir à Angelo Gomez.
Brutal, Slaughter cogne fort et impose d’emblée sa marque, celle de son poing, imprimée sur le torse de ce pauvre Angelo Gomez. Celui-ci essaie alors de revenir avec de maigres coups de poing, mais le sergent ne sent rien. Il lui porte une série d’enfourchements et de brise-dos, et l’emporte en l’espace de trois minutes avec son Cobra Clutch.
À peine couronnés Champions Tag Team, Bob Backlund et Pedro Morales ont rendu leurs titres, afin qu’une autre équipe puisse être couronnée. Un tournoi fut alors organisé par la promotion, dont les demi-finales se déroulaient ce soir, à Championship Wrestling. Et bien plus encore.
– Pedro Morales contre José Estrada. En règle générale, ce match-up est la caution catch par excellence de tout bon programme qui se respecte. Je suis au regret d’écrire que cela ne fut pas le cas ce soir. Car s’ils sont déjà affrontés en mai, puis en juillet lors d’un match mémorable, Morales et Estrada ont ce soir signés leur plus mauvaise rencontre à date, un pauvre combat expédié en même pas trois minutes, sans âme ni conscience.
– Ripper Hawkins, comme ça, ce nom ne dit rien à personne et pourtant, c’est bel et bien un ancien Champion Tag Team. Vous l’aurez reconnu, il s’agit en effet d’un futur Moondog Rex, le tiers des Moondogs aux côtés de King et de Spot. Ensemble, cet imprévisible trio, managé par le capitaine Lou Albano, ira rapidement chercher les ceintures de Champions Tag Team, courant de l’année 1981.
– Ces mêmes ceintures pour lesquelles se sont affrontés pas moins de quatre équipes. En effet, ce programme a été le théâtre des demi-finales du tournoi, organisé après que Bob Backlund et Pedro Morales ont rendu ces titres vacants. Lors de la première, René Goulet et Tony Garea l’ont remporté sans problèmes face à un tandem sans doute arrive jusqu’ici par hasard. Ils iront donc en finale, contre les gagnants de l’autre demi-finale.
– Si la première demi-finale fut l’affaire de quelques minutes seulement, la seconde nous a tenus en haleine durant une dizaine de minutes. Opposés aux anciens Champions, Afa et Sika, Rick Martel et Dominic DeNucci ont été roulés dans la farine. Encore une fois, et en grande partie grâce à ce diable de Lou Albano, les Samoans se sont imposés malgré tout et iront en finale contre Tony Garea et René Goulet. La finale aura lieu lors de la prochaine édition de Championship Wrestling et promet d’ores et déjà de faire des étincelles !
Nathan Maingneur