ALL STAR WRESTLING #107
14/02/1981
Vince McMahon et Pat Patterson sont nos chers hôtes et nous présentent le programme de ce All Star Wrestling, encore et toujours enregistré dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. Toutefois, dirigeons nous d’abord du côté du Agricultural Hall d’Allentown pour un récent passage de Championship Wrestling.
Annonceur de légende au timbre inimitable, Joe McHugh nous épargne les introductions sérotinales et entame cette soirée. « Quickdraw » Ricky McGraw signe ici une poignée d’autographes et s’apprête à rencontrer Sgt. Slaughter. Ce dernier s’amène alors en compagnie de son manager, en la personne du Grand Wizard of Wrestling. Il se retrouve immédiatement confronté à ces chants « Gomer Pyle » qui l’énervent tant. Indigné, le sergent refuse de combattre tandis que McMahon essaie de lui grappiller quelques mots. Vince joue avec ses nerfs alors que le public s’en donne à cœur joie. Slaughter est fou de rage et choisit alors de repartir au vestiaire au grand bonheur de la foule. Gorilla Monsoon apparaît en contrebas et annonce à McHugh que Larry Sharpe sera le remplaçant du sergent pour ce match.
MATCH 1 : « QUICKDRAW » RICK MCGRAW VS « PRETTY BOY » LARRY SHARPE (03:51)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT OUT
APPRÉCIATION : SACRÉ SEGMENT D’AVANT-MATCH !
On n’a plus aperçu « Pretty Boy » Larry Sharpe depuis un bon bout de temps. S’inclinant face à Antonio Inoki au Showdown at Shea, Sharpe s’est fait plutôt discret sur ces programmes télévisés de catch nord-américain. Sur le ring, McGraw semble toujours aussi apprécié et possède l’avantage suite à ce petit segment.
Une étonnante poignée de main scelle ce qui s’annonce d’ores et déjà comme un duel technique. Que ce soit McGraw comme Sharpe, chacun possède un sacré bagage en lutte amateur et le démontre dans les premières phases de la rencontre. Suite à son passage au Japon entre 1979 et 1980, Sharpe s’est réellement amélioré et a acquis l’expérience qui fera de lui l’un des plus grands entraîneurs de l’histoire. Les esprits s’échauffent après quelques coups de travers et la situation dégénère alors en bagarre rangée à l’extérieur du ring. Sharpe et Ricky s’échangent des mandales et sont donc comptés par l’arbitre Dick Woehrle. Le son de la cloche ne semble rien y faire, McGraw et « Pretty Boy » continuent de se battre comme des chiffonniers jusqu’au rideau séparant l’entrée des vestiaires. Ce fut cours mais plutôt plaisant. Et quel segment d’ouverture !
– Nous sommes de retour au Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie pour cette édition d’All Star Wrestling en date du 14 février 1981. Gary Michael Cappetta s’occupe des présentations.
MATCH 2 : THE MOONDOGS W/CPT. LOU ALBANO VS JOHNNY RODZ & BLACK DEMON (07:07)
VAINQUEURS : THE MOONDOGS
PRISE DE FINITION : SPLASH
INDICATEUR : * ½
Sur le ring, celui qu’on surnomme « Unpredictable » Johnny Rodz s’associe ce soir avec l’un des seuls catcheurs masqués de la promotion. Il s’agit du Black Demon et de sa tenue quelque peu ridicule. Originaire des Caraïbes, ce dernier est également connu en tant que Don Serrano sur le circuit portoricain. Leurs antagonistes s’amènent au ring avec des regards fous et une dégaine totalement débraillée. Managés par Lou Albano, Rex et King sont les Moondogs et n’ont toujours pas été battus depuis leurs débuts en octobre 1980.
Le portoricain commence face à Rex et subit d’entrée de jeu le catch brut de décoffrage des Moondogs. Acculé dans le mauvais coin, King lui décoche de sales coups dans l’épaule et affiche un faciès terrifiant. Toujours aussi déjanté, Albano déchire sa chemise et utilise le morceau de tissu arraché pour étrangler le Black Demon. Dans le dos de l’arbitre Danny Davis, Albano redouble de roublardise et attache alors le poignet du portoricain à la corde supérieure. Johnny Rodz l’aide à s’en défaire et garde ce bout de chemise. Entrant sur le ring, Rodz utilise alors ce morceau de tissu pour étrangler les chiens d’Albano. Malgré son énergie atypique, Johnny se fait rapidement remettre à l’ordre par le poids des coups des Moondogs. Aux commentaires, Pat Patterson aborde les rumeurs sur sa retraite et dément être passé de l’autre côté du rideau. Il prétend toujours combattre, sans toutefois préciser où et face à qui. En réalité, Patterson a récemment reformé les Blond Bombers avec Ray Stevens, catchant sur les rings de l’AWA de Verne Gagne face à Mad Dog Vachon et consorts. Sur le ring, Black Demon ne sert pas à grand chose et subit plus qu’autre chose. Comme toujours, un enfourchement de Rex précède un Splash de King qui l’emporte pour son équipe. C’est si dommage pour Johnny Rodz qui possède un talent certain et qui a le potentiel d’être un aussi bon sale type qu’un bon chouchou du public.
– « The Incredible » Hulk Hogan est ensuite reçu au microphone par Pat Patterson. Sans son manager Freddie Blassie à ses côtés, Hogan accepte de répondre à quelques questions. Interrogé sur de potentielles tensions au sein de la Blassie Army, Hogan rétorque en insultant Patterson et en associant son absence des écrans à la baisse des audiences de l’émission. Vivement provoqué et insulté, Patterson nous gratifie de ses meilleures expressions faciales. Hogan est à nouveau comparé à André le Géant et se décrit comme le seul homme réellement invaincu à ce jour. Hogan parle ensuite de sa routine avec une certaine arrogance et affiche un narcissisme que nous ne connaissions pas.
MATCH 3 : PEDRO MORALES VS MIKE SCHMIDT (02:58)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : SQUASH SANS RÉELLE SUBSTANCE
Actuel détenteur de la ceinture de Champion Intercontinental, Pedro Morales s’avance fièrement en direction du ring. Toujours aussi apprécié, ce fidèle représentant de la communauté Latino fut un temps le catcheur le plus populaire de la promotion (et peut-être des Territoires). Pedro est un vétéran des rings et aime se mesurer à de gros gabarits. En ce sens, son adversaire du soir devrait lui plaire. Il s’agit du large Mike Schmidt, aussi connu sous le nom de Mike Mihalko.
Alors que Morales place une clé de bras, Schmidt se réfugie dans les cordes, une tactique plutôt honteuse compte-tenu de son gabarit. Morales n’est pas en reste et apparaît en forme, même si c’est toujours les mêmes matches. Schmidt envoie quelques droites, mais gare à toi si Morales peut répondre ! Et comme dit, Pedro rétorque avec un sacrée coup de poing et enchaîne avec une mandale dans le panier à pain. Les quatre fers en l’air, Schmidt se fait retourner et craque des suites d’un Boston Crab du Champion Intercontinental.
MATCH 4 : THE HANGMAN & KILLER KHAN VS DOMINIC DENUCCI & « QUICKDRAW » RICK MCGRAW (08:51)
VAINQUEURS : THE HANGMAN & KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
INDICATEUR : ** ½
On passe à l’attraction de la soirée. Pour ce Tag Team match, la limite de temps réglementaire est repoussée à un quart d’heure, comme c’est d’usage. Du côté des heels, nous retrouvons deux représentants de la Blassie Army. The Hangman, absent des écrans depuis quelque temps déjà, s’associe ce soir avec Killer Khan, catcheur japonais annoncé de Mongolie. De l’autre côté, « Quickdraw » Ricky McGraw et Dominic DeNucci signaient une poignée d’autographes.
Ce dernier semble prêt à en découdre et peut être honnête, l’affiche est belle. D’autant plus que nous n’avons pas l’habitude de voir ce genre de matches sur ce programme. L’italien commence donc et ne se laisse pas intimider par le catch malhonnête et brutal de ses adversaires. Sur le ring, Ricky donne beaucoup d’énergie et impressionne de technicité. De retour, DeNucci est chaud comme la braise mais se retrouve rapidement pris à partie dans le mauvais coin. Profitant d’une distraction de l’arbitre, Khan et le bourreau étranglent Dominic en utilisant le nœud coulant de ce dernier. Passant presque inconscient, DeNucci revient et emporte avec lui tout le Fieldhouse d’Hamburg. Voyant que son partenaire est éreinté, McGraw s’autorise un blind tag et entre alors sur le ring pour se frotter à Khan. Ricky donne tout et fait preuve d’une résistance hors-du-commun en absorbant des atémis qui résonnent dans toute la salle. Malgré tout, le garçon de Charlotte en Caroline du Nord s’écroule sous le poids des coups de ses antagonistes. Et malgré toute la résilience qu’on lui connaît, ce dernier ne peut se sortir d’un brise-dos du bourreau, suivi de la mortifère descente du genou du japonais. McGraw ne se dégage pas et concède cette victoire au profit des protégés de « Classy » Freddie Blassie au terme d’un combat soutenu et disputé.
MATCH 5 : « KING KONG » ANGELO MOSCA W/CPT. LOU ALBANO VS STEVE KING (03:07)
VAINQUEUR : ANGELO MOSCA
PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER
APPRÉCIATION : MOSCA EST BRUTAL ET SANS MERCI
À peine signé sur ce territoire, Angelo « King Kong » Mosca s’est déjà imposé par sa force et sa brutalité. Âgé de quarante-quatre ans, Mosca est un briscard des rings et un ancien joueur de la CFL. Il apparaît ici en heel alors qu’il est toujours un héros local sur les rings du Canada. Managé par ce filou de Lou Albano, qui change un peu du registre des Tag Teams, Mosca se frotte ce soir à Steve King qui, soyons honnêtes, n’a pas la moindre chance.
Et dès les premiers instants de cette rencontre à sens unique, Mosca se fait entendre avec de sales coups de poing. En envoyant ses droites, Mosca affiche une gueule de catcheur, ce qui est plutôt appréciable. « King Kong » apparaît comme une brute et mate littéralement ce pauvre King, totalement humilié et mis au pas par l’ancien Champion de la Stampede Wrestling de Calgary. Il l’emporte en un peu plus de trois minutes avec un Canadian Backbreaker, ce qui semble être sa prise de finition.
MATCH 6 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN VS JIM DUGGAN (03:05)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : HOGAN HAMMER
APPRÉCIATION : SACRÉE AFFICHE LORSQU’ON LA MET EN PERSPECTIVE !
L’affiche est plutôt étonnante. Jim Duggan, alors seulement âgé de vingt-sept ans, s’oppose ce soir à « The Incredible » Hulk Hogan, qui affiche une musculature de colosse sous sa cape colorée. On note ici l’absence de « Classy » Freddie Blassie. Ce qui est intéressant, c’est ce que ces deux iront poursuivre une carrière en tant qu’icônes, d’une génération pour l’un et de l’Amérique pour l’autre. Tout récemment mis en relief par le Sgt. Slaughter, Duggan a pris de l’assurance et de la stature.
Toutefois, Duggan se heurte malgré tout à la montagne de muscles qu’est Hogan. Droites et gauches calment rapidement les ardeurs du natif de Glenn Falls dans l’État de New York. Celui-ci essaie quand même d’envoyer quelques droites, mais Hogan est trop fort. Le protégé de Blassie s’affirme avec un sale coup de genou et l’emporte en un peu plus de trois minutes avec son Hogan Hammer.
Pour la première fois depuis très longtemps, All Star Wrestling dure un petit peu plus longtemps qu’en temps normal et nous offre pour la toute première fois une sixième rencontre. Du côté des brutes de l’émission, Angelo Mosca et Hulk Hogan étaient à l’affiche en fin d’émission et se sont affirmés avec l’autorité qu’on leur connaît. Ce dernier eut même droit à une promo et transpirait du « Superstar » Billy Graham, qui fut l’une de ses inspirations, ce qui se ressent particulièrement ici. En Tag Team, les Moondogs continuent de collectionner les victoires et ne perdent pas un poil de leur momentum, gracieusement aidés par les frasques de ce sacré Lou Albano. Lors du match de la soirée, deux des quatre protégés de Freddie Blassie s’associaient face à un tandem composé de Dominic DeNucci et de Ricky McGraw. Ces derniers échouèrent, non sans un effort salué et honorable de la part de notre « Quickdraw ». C’est ce dernier qu’on retrouvait lors de ce passage de Championship Wrestling. Censé se mesurer à Sgt. Slaughter, il n’aura fallu que d’un chant « Gomer Pyle » pour que le sergent pète les plombs et reparte au vestiaire. Faute de quoi, Ricky dut se frotter au « Pretty Boy » Larry Sharpe. Chacun des segments de Slaughter est un petit bijou et implique l’entièreté de la foule, que ce soit au Agricultural Hall d’Allentown comme au Fieldhouse d’Hamburg. Le Cobra Clutch Challenge tient toujours et se poursuivra la semaine prochaine. C’est sans contexte l’élément le plus prenant de ces quelques émissions hebdomadaires.
Nathan Maingneur